124, juin 2005
LES ONYCHOMYCOSES DES PIEDS : UN SUJET D’ACTUALITÉ
S125
aux levures. Il est donc recommandé en cas d’in-
fection mycosique mixte. Le schéma posologique
est celui d’une thérapie dite pulsée (" pulse thera-
py ").
Il s’agit de cures répétées d’une semaine de
traitement (à raison de 4 co à 100mg /j) suivies de
3 semaines d’interruption thérapeutique.
Le traitement d’une onychomycose des mains
nécessite 2 cures alors que pour les pieds il en faut
3 à 4.
Les effets indésirables, rares, sont similaires à
ceux de la terbinafine. L’hépatotoxicité est plus
importante que celle de la terbinafine . Quant aux
interactions médicamenteuses, l’itraconazole est
principalement métabolisé par le CYP3A. Chez le
diabétique, afin d’éviter des " pics d’interaction
médicamenteuse " par la thérapie pulsée, certains
recommandent la prise d’itraconazole selon un
schéma continu (2 co à 100 mg/jour).
Pour ces deux antimycosiques systémiques le
taux de guérison varie d’une étude à l’autre entre
80 et 90 % pour les ongles des mains et entre 70 et
80 % pour celles des pieds.
La troisième alternative est la prise de flucona-
zole (Diflucan®) à la posologie de 200 mg (1 cap-
sule) 1 x/semaine. Le fluconazole a d’incontesta-
bles succès à son actif dans le cadre de l’onycho-
mycose. Le dossier scientifique est moins étoffé
que celui des deux autres antimycosiques préci-
tés, dans la mesure où contrairement à ceux-ci il
ne comporte pas d’étude comparative entre anti-
mycosiques.
Son efficacité est néanmoins indéniable au long
cours lorsqu’on le compare à un placebo (7). Selon
l’expérience des dermatologues en Belgique, le
succès de ce traitement n’est envisageable que s’il
est suffisamment prolongé (1 an ?), ce qui consti-
tue sa particularité. Des échecs peuvent s’observer
en dépit de cette attitude thérapeutique volonta-
riste.
Un traitement local par amorolfine (Locéryl®)
peut compléter la prise en charge par antimyco-
siques systémiques (5,6), en particulier chez les
patients diabétiques.
En plus de prescrire la médication appropriée
aux patients, il peut être indiqué de procéder à
l’exérèse de la partie pathologique de l’ongle dans
le but d’augmenter la réponse thérapeutique et de
diminuer le risque de récidive. La collaboration
étroite avec un podologue s’avère sur ce point
particulièrement bénéfique.
L’échec thérapeutique existe ; les causes les
plus probables sont l’erreur diagnostique, le
manque de compliance , la distribution insuffisan-
te de l’antimycosique dans l’ongle, l’immunosup-
pression, la résistance éventuelle de certains ger-
mes et notamment de levures opportunistes.
Il faut savoir aussi que malgré un traitement
bien conduit l’ongle peut rester dystrophique; ceci
est surtout vrai chez la personne âgée ou le patient
diabétique avec des troubles circulatoires périphé-
riques. Aussi, certaines équipes recommandent
des cures prolongées, bien au delà de 3 ou 4 mois,
" à la demande " selon l’évolution clinique, et ici
encore, tout particulièrement chez le patient dia-
bétique.
En prévention des récidives le savonnage régu-
lier avec la povidone iodée (isoBétadine Savon
Germicide®) peut être utile.
RÉFÉRENCES
1. Roberts D.T., Taylor W.D., Boyle J. Guidelines for treatment of
onychomycosis. Brit. J. Dermatol. 2003 ; 148 ; 402-410
2. Roujeau J.-C, Sigurgeirsson B., Korting H.-C., Kerl H., Paul C.
Chronic dermatomycoses of the foot as risk factors for acute
bacterial cellulitis of the leg : a case control study. Dermatology
2004 ; 209 ; 301-307.
3.
Gupta A.K., Konnikov M., Mac Donald P., Rich P., Rodger N.W.,
Edmonds M.W., Mc Manus R., Summerbell R.C. Prevalence and
epidemiology of toenail onychomycosis in diabetic subjects : a
multicenter survey. Brit. J. Dermatol. 1998 ; 139 ; 665-671
4.
Rich P., Hare A. Onychomycosis in a special patient population:
focus on the diabetic. Intern.J.Dermatol 1999 ; 38 (suppl.2) ; 17-19
5.
Robbins J.M. Treatment of onychomycosis in the diabetic
patient population. Journal of diabetes and its complications 2003 ;
17 ; 98-104
6. Farkas B., Paul C., Dobozy A., Hunyadi J., Horvath A., Fekete
G. Terbinafine (Lamisil®) treatment of toenail onychomycosis
in patients with insulin-dependent and non-insulin depen-
dent diabetes mellitus: a multicenter trial. Brit. J. Dermatol.
2002 ; 146 ; 254-260.
7. Gupta A.K., Scher R.K., Rich P. Fluconazole for the treatment
of onychomycosis : an update. Int. J. Dermatol. 1998 ; 37 : 815-
820.