REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - JUIN 2008 - N°403 // 35
$0.1-*$"5*0/4*/'&$5*&64&4"13453"/41-"/5"5*0/
2.3.4. Adénovirus (ADV)
Il existe plus de 40 types d’ADV humains. Ces virus sont
surtout responsables d’infections respiratoires (types 1 à 7),
de gastroentérites (types 40 et 41) ou de kératoconjonctivi-
tes (types 8), les infections par les autres types d’ADV sont
asymptomatiques dans la grande majorité des cas.
Chez les transplantés adultes, la survenue d’une viré-
mie à ADV est relativement fréquente, elle reste le plus
souvent transitoire avec des conséquences limitées [24].
Chez les sujets immunodéprimés, les infections à ADV
peuvent résulter d’une primo-infection, essentiellement
chez l’enfant, ou de la réactivation d’un virus latent dans
le tissu lymphoïde (amygdales, plaques de Peyer) ou le rein
(types 11, 34, 35). Chez les transplantés, les infections à
ADV sont dues principalement aux types 1, 2, 4, 5, 6, 7,
11, 31, 34 et 35 [6, 21]. Chez l’immunodéprimé, les infec-
tions à ADV peuvent être sévères, avec des localisations
viscérales, notamment pneumopathies et hépatites. Une
des complications les plus fréquentes des infections à
ADV chez les transplantés est représentée par la cystite
hémorragique due principalement aux types 11, 34 et 35.
La maladie disséminée à ADV, d’une extrême gravité, est
responsable d’une mortalité élevée. Elle survient surtout
chez les enfants et est observée avec une plus grande
fréquence après greffe de moelle allogénique dont elle
constitue une complication redoutable [14, 49].
2.3.5. Papillomavirus
Il existe plus de 100 types de papillomavirus humains (HPV).
Certains types ont un tropisme cutané et sont responsables
de lésions cutanées bénignes (verrues) beaucoup plus rare-
ment malignes, alors que d’autres types ont un tropisme
muqueux et se localisent essentiellement au niveau des
muqueuses ano-génitales. Les HPV à tropisme muqueux
se subdivisent en HPV à bas risque et à haut risque. Les
HPV à bas risque, en particulier les types 6 et 11, ne sont
responsables que de lésions bénignes de type condylomes
acuminés. Les HPV à haut risque, en particulier les types 16
et 18, sont responsables de lésions pouvant évoluer vers un
cancer invasif. La persistance de l’infection à HPV, indispen-
sable au développement des lésions précancéreuses puis
cancéreuses est favorisée par l’immunodépression.
Les lésions bénignes (verrues, condylomes acuminés) ou
malignes (cancer du col, de l’anus…) liées aux HPV ont une
incidence nettement augmentées chez les sujets immuno-
déprimés [37, 44]. On observe aussi chez les transplantés
une fréquence accrue des carcinomes cutanés dans lesquels
les HPV de type 5 et 8 paraissent jouer un rôle [46].
3. Les risques liés aux différents
types de transplantation
3.1. Risques communs
Les infections dues aux différents herpesvirus, résultant le
plus souvent d’une réactivation virale, sont extrêmement
fréquentes après transplantation d’organe solide ou de
moelle osseuse.
Une infection à CMV survient chez la majorité des trans-
plantés avec une sévérité très variable allant de l’infection
infra-clinique jusqu’aux atteinte viscérales pouvant mettre
en jeu le pronostic vital. Cette sévérité dépend en parti-
culier du type d’infection (primo-infection ou réactivation/
réinfection) et à l’intensité de l’immunodépression.
Le développement de lésions herpétiques dues à la réac-
tivation de HSV-1 ou HSV-2 ou la survenue d’un zona due
à la réactivation du VZV sont également des complications
fréquentes des transplantations d’organe ou de moelle
osseuse allogénique. Les réactivations à EBV, HHV-6 ou
HHV-7 sont fréquentes et restent souvent infra-cliniques.
Les atteintes à virus BK (néphropathies, cystites hémorra-
giques), les leucoencéphalites multifocales progressives
à virus JC, ou les infections disséminées à adénovirus,
témoignent d’une immunodépression intense et peu-
vent survenir après transplantation d’organe solide ou de
moelle osseuse.
3.2. Risques particuliers
3.2.1. Transplantation rénale
La néphropathie à virus BK est une complication bien plus
fréquente chez le transplanté rénal que chez les autres
transplantés. Le risque de survenue d’une virémie à virus
BK post-transplantation est cinq fois plus élevé après
transplantation rénale qu’après transplantation hépatique
ou cardiaque [39]. Chez le transplanté rénal, la survenue
d’une virurie à virus BK est fréquente, de l’ordre de 50 %
des cas ; une virémie peut être observée dans 10 à 15 %
des cas et la néphropathie à virus BK s’observe chez environ
5 % des patients [3, 23]. La majorité des néphropathies
à virus BK s’observent au cours de la première année
post-transplantation, mais peuvent survenir jusqu’à 5 ans
post-transplantation. Le risque est corrélé à l’intensité de
l’immunodépression. En l’absence d’une prise en charge
rapide, la perte du greffon est une complication fréquente
de la néphropathie à virus BK.
3.2.2. Transplantation hépatique
Les virus posant un problème particulier après une trans-
plantation hépatique sont les virus des hépatites B et C,
en raison du risque de récidive sur le greffon lorsque le
patient était porteur de ces virus en pré-transplantation. Les
traitements antiviraux et l’administration d’immunoglobu-
lines anti-HBs permettent de limiter le risque de récidive du
virus de l’hépatite B ou d’en limiter les conséquences. Les
risques liés au virus de l’hépatite C sont plus difcilement
contrôlables. En cas de récidive du virus de l’hépatite C,
la progression des lésions est souvent plus rapide et plus
intense que chez les sujets non transplantés.
3.2.3. Transplantation cardiaque et cardio-pulmonaire
L’artériosclérose du greffon, ou vasculopathie coronarienne,
est une complication de la transplantation cardiaque et le
rôle des virus, en particulier du CMV, est bien établi [47].
En transplantation cardiaque pédiatrique, la présence de
génome viral dans le myocarde, ADV en particulier, est
associée à la survenue d’une vasculopathie et à la perte
du greffon [42].
En transplantation pulmonaire, les infections à virus à tro-
pisme respiratoire tels que virus respiratoire syncytial (VRS),
virus parainuenza ou ADV sont fréquentes et peuvent être
très sévères avec une issue fatale [11, 31].