
Dossier | Gesundheitsforschung
42 Notre société connaît depuis peu une médicalisation du  
social, et, à l’inverse, une socialisation de la médecine. Les 
apports des sciences sociales de la médecine et de la santé 
constituent plus que jamais une piste de recherche impor-
tante. Des dynamiques collaboratives entre deux mondes, le 
social d’une part, et la médecine d’autre part, permettent la 
convergence du médical, du sanitaire et du social et consti-
tuent ainsi une zone d’échange qui respecte les spécialités et 
points de vue de chaque acteur.
Entre médicalisation et socialisation
Dès les années 1950, les thèmes et terrains médicaux 
ont foisonné dans le champ de l’analyse sociale. Cette 
situation découle en partie d’un constat anthropolo-
gique: «Medicine has helped make us the kinds of liv-
ing creatures that we have become at the start of the 
21st century. […] Medicine […] makes us what we are by 
reshaping the relations of meaning through which we 
experience our worlds.»1. Ce constat se situe à la croi-
sée de deux phénomènes majeurs. D’une part, la médi-
calisation et la sanitarisation2 du social: un nombre sans 
cesse croissant de conditions ou de situations de la vie 
quotidienne sont devenues des questions médicales, 
déléguées aux médecins et autres professionnels de la 
santé reconnus comme tels par les systèmes de sécurité 
sociale3. D’autre part, la socialisation de la médecine et de 
la santé: la pratique médicale et les dispositifs de santé 
sont devenus de plus en plus socialement hétéronomes, 
sur le plan organisationnel et institutionnel, comme 
1 Nikolas Rose, «Beyond medicalisation», The Lancet 369 (2007) 
700–702, 701.
2 Fassin F. (2000): «Entre politiques du vivant et politiques de la vie. 
Pour une anthropologie de la santé», Anthropologie et sociétés, 24, 
95 -116 .
3 Panese F., Barras V. (2008): «Médicalisation de la ‹vie› et re-
configurations médicales», Revue de sciences sociales, no spécial 
«Ethique et santé», 39.
aux niveaux de la production des connaissances médi-
cales4 et des pratiques cliniques; ces dernières étant no-
tamment marquées par l’intégration dans la clinique de 
facteurs sociaux et culturels participant des désordres 
organiques et psychiques (disparités, vulnérabilités, 
traditions, etc.) et, symétriquement, par la reconnais-
sance de la dimension expérientielle des patients façon-
nés par leur parcours thérapeutique et leur environne-
ment social.
Des postures différentiées
Cette brève mise en perspective permet d’esquisser les 
apports des sciences sociales de la médecine et de la 
santé. Ils sont intimement liés à l’articulation différen-
tiée des sciences sociales aux mondes médicaux et sani-
taires. Grossièrement dit, les productions du domaine 
se distribuent entre deux pôles: d’un côté, les approches 
«externalistes» qui privilégient les facteurs externes 
des évolutions médicales et sanitaires, et qui déploient 
leurs effets plutôt sur la gouvernance des systèmes de 
santé; de l’autre, la «sociologie embarquée»5  qui, par-
ce qu’elle participe de l’«intervention», est susceptible 
d’avoir des effets plus marqués sur les situations et les 
pratiques concrètes de prise en charge. Notons que cette 
distribution est aussi corrélée, sur le plan socio-insti-
tutionnel, à des modes d’insertion eux-aussi différen-
tiés des chercheurs et, sur les plans épistémologiques 
et méthodologiques, à des protocoles de recherche assez 
différents, caractérisés par une intégration variable du 
«terrain». L’une des modalités les plus intégratives se-
rait la «Participatory research» en santé qui implique 
«the co-construction of research between researchers 
and people affected by the issues under study (e.g., pa-
tients, community members, community health pro-
fessionals, representatives of community-based orga-
nizations) and/or decision makers who apply research 
findings (e.g., health managers, policymakers, com-
munity leaders).»6
4 Cf. par ex. les apports de l’épistémologie sociale de la médecine: 
Berg M., Mol A. (ed.) (1998): Differences in Medicine: Unraveling 
Practices, Techniques, and Bodies. Durham, N.C.: Duke University 
Press, 1998.
5 Bourrier M. (2010): «Pour une sociologie ‹embarquée› des univers 
à risque?», Tsantsa, Revue de la société suisse d’Ethnologie, No 15, 
«Anthropologie et journalisme», pp. 28–37.
6 Jagosh J, Macaulay AC, Pluye P, Salsberg J, Bush PL, Henderson J, 
Sirett E, Wong G, Cargo M, Herbert CP, Seifer SD, Green LW, Green-
halgh T. (2012): «Uncovering the benefits of participatory research: 
implications of a realist review for health research and practice», 
Milbank Quarterly, 90(2): 311–46.
Situation des sciences  
sociales de la médecine et 
de la santé
Francesco Panese, professeur d’études sociales des sciences et 
de la médecine à l’Université de Lausanne