EXPÉRIENCE DE SCÉNARIO
Cemodèle afait l’objet d’une étude d’impact de l’augmentation de laconcentration en dioxyde de
carbone (CO2). Pour cela, on part d’une simulation réalisée par le servicemétéorologiquebritan-
nique(UKMO)avec unmodèle globalcouplé océan-atmosphèrede résolution horizontale d’environ
300 km (Johns et al .,1997). Cette simulation débuteavecle taux de CO2observéaux alentours de
l’année 1860, utiliseles taux annuels observés jusqu’en 1990,puis seprolonge jusqu’en 2080 en
augmentant annuellement de 1%laconcentration en CO2(voir Jones et al.,1997). Notreexpé-
rienceconsisteà simuler 10ans avecle modèle à résolution variable utilisant les températures de
surfacedelamer simulées de 1987 à1996 et le taux actuel de CO2,à savoir 354 ppm volu-
miques(2),et 10ans en utilisant les températures de surfacedelamer simulées de 2057 à 2066 et
un taux de CO2doublé (708ppm). Une simulation préalable de 6 mois avecdes températures de
surfacedelamer climatologiques et un taux nominaldeCO2aété réalisée pour assurer grossière-
ment l’équilibredynamiquedu modèle et éviter les dérives initiales inévitables lorsqu’on démarre
l’intégration avecdes conditions initiales issues d’observations météorologiques.
IMPACT SUR LE CLIMAT DE L’EUROPE
Le réchauffement sur l’Europe est alors en moyenne de 2,0°Cen hiver et de 2,4°Cen été. En
hiver,le réchauffement est modéré sur les régions àclimat océanique. Ilest plus intense sur les
régions méditerranéennes.Enété,on assisteplutôt à uncontrastelatitudinal,le réchauffement
étant supérieur à 2 °Cau sudde50°Net dans une plage de 1-2°Cau norddecelui-ci. Au prin-
temps et en automne,on obtient un réchauffement de l’ordrede 2 °C.Ce réchauffement est statis-
tiquement significatif en toute saison. C’est sur les régions au sud-ouest de l’Europe quela
différenced’impact entrel’hiver et l’étéest laplus marquée. La températuremoyenne quotidienne
est calculée comme lademi-somme de la températureminimale et maximale. Enfait,l’impact sur
ces deux températures n’est pas identique. Enhiver,on constatequele réchauffement porteplus
sur la températureminimale (impact de l’effet de serre sur le refroidissement nocturne dans une
atmosphère stable). Enété,c’est sur la températuremaximale quele réchauffement est le plus
grand (àcausedel’assèchement du sol qui réduit la régulation par évaporation).
Contrairement àl’impact sur la température,le comportement des précipitations en hiver est l’in-
versedu comportement en été. Enhiver,les précipitations augmentent de 10% sur lapartie Nord
de l’Europe et de 30% sur lapartie Sud. Cet impact est statistiquement significatif. Enété,on
observe une diminution de 10% sur le Nord,et de 30% sur lapartie Suddu continent.L’évapo-
ration augmenteégalement en hiver,mais dans une moindremesure; elle diminueenétéde10%,
cequiconduit à unbilanexcédentairedel’anomalie de l’ordrede40mm/an.
L’impact sur l’humiditéest assez faible. Encequiconcerne l’humidité relativedel’air,on passede
83%à81 %endoublant le taux de CO2.Cet écart est très faible sionlecompareàl’écart entre
l’hiver et l’étéquiest 10fois plus élevé. Enfait,le réchauffement de l’air conduit à une augmenta-
tion de l’humidité saturante,conformément àla relation de Clausius-Clapeyron,et l’humidité spéci-
fiqueaugmente,de manièreàmaintenir un taux presqueconstant.Ainsi,lacolonne atmosphérique
voit saquantitéd’eau augmenter en moyenne de 2,5kg/m2.L’augmentation des précipitations
d’hiver n’apas d’impact sur l’humiditédes sols.Enété,on assisteà unassèchement dans l’ex-
trême Suddel’Europe (Sud-Est de l’Espagne,Grèce,Italie du Sud). La zone d’interception racinaire
voit saquantitéd’eau diminuer de 10kg/m2 en étéet en hiver,et de 24kg/m2en automne,cequi
restemodéré,comparéàlacapacitémoyenne de l’ordrede400 kg/m 2.Au printemps,le contenu
Rev.For.Fr.LII -numéro spécial 2000
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Les changements climatiques et la situation de laforêt française
(2)354 millionièmes du volume atmosphérique.