Le cil du loup - Cie Demain il fera jour

Le cil du loup
Texte et mise en scène de Vincent Clergironnet
Interprétation : Cécile Mauclair
Musique : Cédric Le Guillerm
Costume : Camille Lacombe
A partir de 7 ans.
Durée : 50 minutes
Une création de la Cie Demain il fera jour

Magdalena
Dans le fin fond de la forêt, elle gronde, pète, renifle, raconte,
grogne... Ses dents de devant sont des falaises qui se découvrent quand elle
rit ou quand lui vient l'envie de mordre le mollet d'un randonneur trop
paisible. Elle est une femme montagne, une femme grotte, une femme
source... Certains diraient une sorcière.
Son ventre est énorme et l'on ne sait pas bien si c'est des enfants
qu'elle a mangés ou de ceux qu'elle a fait naître. Elle dit : « Approchez,
approchez... » avec des airs étranges, puis soudain s'écrie, en se tordant la
bouche : « Mais qu'est-ce que vous fichez là bon sang ? »
Bienvenue dans l'antre de l'énorme ogresse, asseyez-vous sur son
jupon de feuilles mortes et laissez-vous conter les histoires de courage et de
vie. Elle sait... tout. Mais ne cherchez pas à tout connaître, car il n'est pas
toujours bon de tout savoir... et certains mystères doivent rester voilés.

Note d'intention
Par Vincent Clergironnet
C'est, à toutes les étapes de la vie, un mouvement permanent que celui de quitter ce que
nous avons déjà apprivoisé pour nous porter vers de nouvelles aventures. Cela peut s'appeler
grandir, vivre, vieillir, éduquer, travailler, s'épanouir, aimer... peu importe, ce mouvement et ce
passage par une zone de non-savoir est un mouvement universel et permanent. A tous ces
endroits de la vie, nous sommes confrontés au mystère et à l'inquiétude, nous devons traverser,
éclairés par la seule soif de déboucher. Et c'est à cet endroit là qu'à notre sens nous pouvons avoir
recours à ce que l'on appelle l'intuition. Face à l'inconnu, c'est l'intuition qui seule parfois, peut
nous servir de lanterne.
Or il est difficile de parler aujourd'hui de l'intuition. Le terme est suspect, il a trait à
l'irrationnel, à une forme d'impalpable et l'on résoudra l'affaire en disant que c'est une chose
subjective et intime. Comment apprendre ou expérimenter ce que c'est que l'intuition quand il
s'agit d'une chose intime et subjective, qui appartient à chacun ?
Nous pensons que le théâtre et le monde des histoires est un lieu pour cela. Un lieu pour
aiguiser les parts intimes et subjectives de nous-mêmes, un lieu pour nous les révéler et nous les
faire sentir, pour nous les faire reconnaître.
C'est d'ailleurs le sujet de nombre d'histoires... La petite fille devra quitter le territoire connu
pour s'enfoncer dans la forêt effrayante, pleine de mystères et de dangers. Elle est seule. Elle n'est
protégée que par quelques objets magiques qui lui auront été donnés avant son voyage, un
conseil, une parole de sa mère ou sa bonne étoile. Dans nombre d'histoires l'enfant est lâché dans
la nature avec pour seul conseil « Quand le moment sera venu souviens-toi de... »... Cet impératif
« souviens-toi de... » est parti lié d'un doux mélange de bon sens et d'intuition.
C'est cet endroit-là que nous souhaitons explorer et fréquenter. L'endroit où l'on envoie les
enfants dans la forêt et où ils doivent manifester leurs qualités secrètes, se révéler à eux mêmes, se
dépasser pour triompher des épreuves de la vie.
Nous leur proposons donc ici de partir à la rencontre d'un personnage inquiétant et
mystérieux... extraordinairement vivant et peut être plus vivant que la vie elle même... Un
personnage des profondeurs de la forêt...

Dispositif.
1. L'accueil
Avant que les spectateurs n'entrent dans la salle, ils sont accueillis par le metteur en
scène du spectacle (Voir ci-dessous nos réflexions autour de la notion d'accueil du
public).
Dans un coin de la salle, une loge « à vue » est installée et la comédienne se
maquille durant l'entrée du public dans la salle. Ce temps dans lequel elle glisse
dans l'univers du personnage devient un temps partagé avec le public auxquels nous
proposons d'être le complice d'une métamorphose.
2. Bord de scène
Après le spectacle, nous proposons systématiquement un temps d'échange avec la
comédienne et le metteur en scène du spectacle.
3. En amont
Nous proposons en amont du spectacle des ateliers de deux types :
- L'endroit du spectateur
Etre spectateur, c'est se mettre dans un endroit d'écoute et d'intimité avec soi-
même. Un endroit d'indépendance où personne ne peut intervenir pour dire ce qui
est juste et ce qui ne l'est pas. C'est à chacun de sentir ce qu'il aime et ce qu'il
n'aime pas. Cet endroit du spectateur est un endroit sacré qui, et c'est le sens de cet
atelier, peut être fréquenté en amont du spectacle par des expériences mettant en
jeu des notions comme l'imagination, la sensibilité personnelle, l'originalité, le
voyage intérieur.
Il s'agit de chercher et de comprendre avec les enfants quel est cet endroit (et non
de le leur « apprendre »).
- Atelier de pratique du théâtre
Autour des thèmes, des personnages et des histoires du spectacle, nous proposons
aux enfants un atelier de pratique du théâtre dont l'axe principal est : « comment
oser avec et devant les autres ».

Pour aller plus loin.
Contribution à une réflexion autour du jeune public
Le travail que nous faisons avec le jeune public est, depuis la naissance de la compagnie, au
cœur de notre activité. Il a depuis quelques années, pris une place plus précise dans le cadre des
ateliers de pratique que nous proposons. Notre travail est issu d'une longue expérience de près de
15 ans d'actions et de réflexions. Il est toujours en bordure de notre travail artistique et suit un
chemin parallèle sur lequel nous portons une attention soutenue et que nous investissons comme
un espace de recherche.
L'objectif des actions que nous menons est de permettre aux enfants de faire un parcours
de découverte ou de redécouverte de leurs capacités à créer avec et devant les autres. Ce parcours
procède avant tout de la confiance que chacun va pouvoir se faire et de la bienveillance dont il sera
entouré par cette équipe qu'au théâtre on appelle « compagnie ». La Cie Demain il fera jour
s'astreint dans le cadre des ateliers qu'elle dirige, à ne jamais quitter ces deux évidences et à les
poser comme le socle de toute sa pratique. Bien avant l'aspect technique du jeu d'acteur, nous
nous intéressons à son positionnement intérieur. La compagnie a pour cela développé un certain
nombre de points de repère :
- Nous ne sommes pas des enseignants de théâtre. Nous sommes des artistes qui accompagnent
d'autres artistes (amateurs en l'occurrence) et leur proposent un cadre de création qu'ils vont
pouvoir investir en mobilisant leurs talents. Ceux-ci vont se révéler par et dans la pratique, parce
que les participants se seront autorisés à être proches d'eux même, de leurs intuitions, de leurs
sensations.
- Il s'agit avant tout de fréquenter un endroit de « non-savoir » qui est à la fois stimulant et
inconfortable et qui demande à chacun de se mobiliser en confiance et d'oser.
- Au théâtre, tout est juste. Non seulement nous avons le droit à l'erreur mais encore, l'erreur est
riche et féconde. Tout, absolument et rigoureusement tout, est matière pour créer : de la plus
petite hésitation, jusqu'au plus grand enthousiasme.
- Le regard de soi-même et des autres est une puissance à apprivoiser. Pour cela nous proposons
d'abandonner à l'entrée des ateliers que nous dirigeons, les commentaires et les jugement sur soi-
même et sur les autres pour créer une compagnie qui pose un regard neuf et bienveillant sur
chacun.
Dans le fond, cette pratique est absolument accordée avec notre travail artistique qui se
donne pour objet le pouvoir de création de l'être humain, où comment nous pouvons être les
créateurs de notre réalité. Il va de soi qu'entre les deux mondes, celui de la création et celui de la
formation, nous développons depuis des années des passerelles. Ce travail de lien entre action
culturelle et création s'est particulièrement intensifié avec la création de Madame K qui permet à la
périphérie du spectacle toute une série d'actions (visite du décor, ateliers, exposition, répétition
publique...)