tu tiens sur tous les fronts

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TU TIENS SUR TOUS LES FRONTS
Christophe Tarkos / Roland Auzet
Dossier pédagogique réalisé par N. Rotman, conseiller relais théâtre - DAAC
I.
SOMMAIRE
II.
L’équipe artistique et technique ...............................................................................................................................................................2
1.
a.
L'auteur ........................................................................................................................................................................................................3
b.
Le metteur en scène ................................................................................................................................................................................4
c.
Les interprètes ou l'oxymore scénique .............................................................................................................................................4
1.
Hervé Pierre, .........................................................................................................................................................................................4
2.
Pascal Duquenne .................................................................................................................................................................................5
2.
Oeuvres utilisées pour le spectacle ..........................................................................................................................................................6
3.
Argument de la pièce : ..................................................................................................................................................................................6
4.
Notes sur la scénographie............................................................................................................................................................................6
A.
Le role de la peinture ..............................................................................................................................................................................7
B.
La déconstruction ou le crescendo.....................................................................................................................................................8
Pistes de travail et de réflexion avec les classes ..................................................................................................................................9
5.
E.
A.
Le texte, la scène… ...................................................................................................................................................................................9
B.
L'Autre ....................................................................................................................................................................................................... 10
C.
La musique ............................................................................................................................................................................................... 11
D.
La vidéo ..................................................................................................................................................................................................... 11
Liens internet ................................................................................................................................................................................................ 12
Sur la poésie de Christophe Tarkos ....................................................................................................................................................... 12
Sur le spectacle ............................................................................................................................................................................................. 12
F.
Extraits ............................................................................................................................................................................................................. 12
1. L’ÉQUIPE ARTISTIQUE ET TECHNIQUE
Conception, musique, mise en scène : Roland Auzet
Interprétation : Hervé Pierre - sociétaire de la Comédie Française - Pascal Duquenne
Scénographie : Goury
Création électronique : Olivier Pasquet assisté de Sandrine Pages
Création lumières : Bernard Revel
Vidéo : Arié van Egmond assisté d’Amélie Gehin
Assistant mise en scène : Julien Avril
Régie générale - plateau : Eric Grenot
Collaborateurs auprès de Pascal Duquenne : Gilbert Serres
A. L'AUTEUR
Christophe Tarkos (1963-2004) est une une sorte de poète maudit du XXeme siècle. Marseillais, performer...il meurt d'une tumeur au cerveau.
Sa poésie est surprenante. Fondée souvent sur la répétition, - R. Auzet parle d'ailleurs de « petites
mécaniques poétiques » - elle utilise souvent des mots simples ce qui n'est pas sans nous rappeler
l'héritage d'écrivains tels que Prévert ou Beckett...
Il avait l'habitude de faire de sa poésie, un spectacle. Aussi peut-on trouver sur la toile un certain
nombre de documents audio ou video où l'on voit Tarkos interpréter ses propres textes.
Il n'est donc pas étonnant que Roland Auzet ait voulu créer un spectacle à partir de ses poèmes.
B.
LE METTEUR EN SCÈNE
Roland Auzet né en 1964 est un artiste à multiples facettes : percussionniste, compositeur et metteur
en scène, il crée la compagnie Act-Opus, et s'intéresse notamment à certains écrivains contemporains :
Laurent Gaudé, Maurice G. Dantec etc...
Au début de sa carrière, Auzet crée des spectacles de cirque et de musique, puis il monte plusieurs spectacles de « théâtre musical ».
Il est nommé en 2007 Chevalier des Arts et des Lettres.
C. LES INTERPRÈTES OU L'OXYMORE SCÉNIQUE
1. HERVÉ PIERRE,
Né en 1955, est un comédien et un metteur en scène français. Pensionnaire à la comédie française en
2007, il est nommé sociétaire en janvier 2011. Il a été consacré en 2009 « meilleur comédien français »
pour la saison 2008-2009;
Travailleur infatigable, il a touché à tous les répertoires (Aristophane, Corneille, Shakespeare, Ibsen,
Feydeau, Lagarce etc...) et a collaboré avec d'illustres metteurs en scène (Planchon, Deschamps,
Pitoiset, Jemmet, Françon etc...).
Il a tourné également dans de nombreux films tels que Le hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau,
Karnaval de Thomas Vincent, Les saveurs du palais de Christian Vincent ou plus récemment dans Les
garçons et Guillaume à table de son camarade Guillaume Gallienne.
2. PASCAL DUQUENNE
est un comédien belge né en 1970; Atteint du syndrôme de Down, il remporte le prix d'interprétation
masculine au festival de Cannes pour Le huitième jour de Jaco Van Dormael en 1996 est un comédien
belge né en 1970; Atteint du syndrôme de Down, il s'initie aux arts du spectacle notamment au sein de
la troupe Créahm (création et handicap mental). Il remporte le prix d'interprétation masculine au festival de Cannes pour Le huitième jour de Jaco Van Dormael en 1996. Avec Créahm également, il s'initie à
la gravure et notamment à la technique du monotype (c'est-à-dire un procédé d'impression qui ne
permet pas de faire plusieurs épreuves).Il fait également une tournée en Europe avec le spectacle Le
père Noël voit rouge qui est interprété par plusieurs acteurs trisomiques.
En 2004, le roi Albert II de Belgique le nomme Commandeur de l'Ordre de la Couronne.
2. OEUVRES UTILISÉES POUR LE SPECTACLE
caisses 1998
Le signe 1999
Ecrits poétiques POL 2008
3. ARGUMENT DE LA PIÈCE :
Deux personnages dont on ne connait ni l'identité, ni la raison de leur présence dans un lieu mystérieux
et difficilement définissable se jaugent, se touchent, communiquent, se déchirent et se retrouvent enfin.
Huis clos de deux personnes qui vivent dans une pièce fermée, nous n’avons pas besoin de connaître leur identité ou leur
origine. Nous sommes face à un instantané de deux personnes qui essaient simplement d’être en vie.
Hervé Pierre
4. NOTES SUR LA SCÉNOGRAPHIE
Au début de la pièce, la scène est très clairement divisée en deux :
Côté jardin, on trouve Hervé Pierre. Les couleurs sont claires. L'on peut voir également un fauteuil
beige dans lequel on découvrira plus tard que des accessoires sont cachés (bouteilles, verres, lunettes
de soleil etc...). Au lointain, il y a un écran sur lequel sont projetées des vidéos.
Côté cour, il y a Pascal Duquenne. On distingue également un tableau noir, et un piano que l'on peut
actionner mécaniquement. On remarque enfin une sorte de cadre qui coupe la moitié du plateau en
formant une diagonale.
Les deux personnages sont habillés élégamment mais sobrement, c'est-à-dire qu'ils portent tous les
deux un costume cravate.
Force est donc de constater que le metteur en scène a voulu d'emblée travailler sur les contraires, sur la
rupture, la différence.
D'un côté, en effet c'est le monde de la parole et du mouvement, de l'autre on a le corps, le regard, la
peinture et le silence.
Ici règnent des couleurs claires, le gris, le blanc, là on a l'obscurité... On pourra rappeler aux élèves la
symbolique que peuvent revêtir le noir et le blanc en occident.
Pourtant ces deux mondes que tout opposait vont tout d'abord se rencontrer, puis interférer.
En effet, après un long silence qui permet aux spectateurs de s'installer, le personnage d'Hervé Pierre
prend enfin la parole et le premier poème de Tarkos, qui n'est pas sans nous rappeler la célèbre première phrase de Fin de Partie de Beckett1, sonne comme un renoncement :
Ca ne peut plus durer comme ça.
Il y a quelque chose qui ne va pas.
Ce n'est pas possible.
Il faut faire quelque chose.
On se retrouve dans n'importe quoi, la divagation, on ne sait plus où on met les pieds, il y a
tout et rien
personne ne sait plus ce qu'il fait, ça ne veut plus rien dire.
Ca ne peut plus durer. Cela part dans tous les sens.(...)
Et en effet, c'est le personnage de Pascal Duquenne qui va initier le mouvement, la rencontre, en traçant
sur son tableau noir d'abord, sur le sol ensuite, une courbe à la craie qui lui permette d'entrer dans
l'espace d'Hervé.
Les poèmes de Tarkos résonnent alors et vont traiter de différents thèmes tels que la pensée, la vie, la
conscience,
C'est important de penser, penser comme ça, penser parce que penser a un sens. (...)
la relation avec l'Autre
Vois cette gueule, c'est pas du visage ça, c'est de la gueule avec la tête (…)
l'amour, l'argent, le rêve etc...
Les rêves des enfants de huit ans, les rêves des enfants de huit ans et demi, les rêves des enfants
de huit ans et huit mois, (…) les rêves des enfants le long des nuits longues, les rêves changeants
des enfants de huit ans, les rêves des enfants de 12 ans (…)
Ainsi progressivement les deux personnages vont se mettre enfin à dialoguer, dans le silence et l'écoute.
A. LE ROLE DE LA PEINTURE
Le rôle de la peinture et de la couleur rouge, couleur médiane en quelque sorte entre le blanc et le noir
On le rappelle Duquenne a travaillé au sein du Créahm, et a été initié à la technique du monotype. Dans
le spectacle d'Auzet, c'est la peinture, le signe qui permet à son personnage de rencontrer celui d'Hervé
Pierre qui semblait murer dans son propre soliloque, c'est-à-dire son propre silence. Grâce à elle, le dia-
1
CLOV (regard fixe, voix blanche).
_ Fini, c'est fini, ça va finir, ca va peut-être finir.
logue, le jeu est enfin possible. Cependant au départ, les couleurs utilisées n'étaient que le noir et le
blanc, encore une fois symboles de l'incompatibilité, du refus, de l'intolérance. Or à un moment du spectacle, Pascal sort comme par magie un sceau de peinture rouge. Et là aussi, il est facile de réfléchir sur
ses différentes connotations. Le rouge, c'est souvent la couleur de la mort, de la révolte, de la passion,
mais c'est également la couleur de la vie, de l'élan, de l'amour. Ces jeux sur le couleur permettront alors
à Roland Auzet de créer un évident mélange destonalités : on oscillera en effet tout au long du spectacle
entre le tragique et le burlesque :
Certains prétendent que Dieu existe La formule détend.
En effet, nos deux personnages vont devenir peu à peu peinturlurés de rouge et de blanc ce qui n'est
pas sans nous rappeler les archétypes de l'auguste et du clown blanc.
B. LA DÉCONSTRUCTION OU LE CRESCENDO
Il y a en effet un contraste entre un début de pièce où règnent l'ordre et l'asymétrie ( pourvu que l'on
me permette le jeu de mots) et la fin de la pièce où il n'y a plus que le chaos. Tantôt les deux acteurs
étaient en costume, ils sont maintenant tout dépenaillés, et peinturlurés de rouge et de blanc. Puis
Pasqual Duquenne dans un cri de colère « Marre! » déchire les deux tableaux blancs et noirs où l'on
venait de peindre, puis il ensevelit son partenaire de jeu avec ces lambeaux de décors pendant que l'on
entend en voix off, le poème « heureusement qu'il est mort, ça fait du bien.(...) heureusement qu'il y en a
un qui disparaît qu'on ne revoit plus ».
Les deux acteurs alors sont tout dépenaillés, et peinturlurés de rouge et de blanc.
Et Pascal d'ouvrir une porte vers la coulisse pour finalement revenir chercher son partenaire de jeu.
« Viens ».
Et le plateau nu ou plus exactement dénudé va laisser encore une fois la place à la vidéo qui représente
comme très belle image finale les deux comparses de dos s'en aller heureusement...
5. PISTES DE TRAVAIL ET DE RÉFLEXION AVEC LES CLASSES
A. LE TEXTE, LA SCENE…
Il s'agit d'une adaptation théâtrale de textes poétiques. Aussi peut-on évidemment aborder avec les
élèves plusieurs objets d'étude. En 1ère par exemple, on peut à la fois travailler sur les objets d'étude
« poésie : quête du sens et théâtre texte et réprésentation ».
L'on pourra dès lors aborder le problème suivant : comment faire pour qu'un texte littéraire a fortiori
poétique puisse « passer la rampe ». Comment faire pour entendre et dire un poème ?
D'autant plus qu'ici l'un des acteurs ne parle quasiment jamais. Ainsi peut-on engager une réflexion sur
l'importance ou la non importance du texte de théâtre. Pascal Duquenne écoute la parole de l'autre,
tantôt sans un y prendre garde, tantôt en l'illustrant, soit en peignant, soit en répondant par un langage
non verbal (sourires, échange de regard, serrage de main, jeu avec les différents accessoires...)
«Le serrage de main est de se serrer la main. On ne fait le serrage de main. On se donne une poignée. Nous
nous sommes serré la main. Nous ne nous serrons pas les mains, nous ne nous faisons pas un serrage de
main, nous nous donnons une poignée de main. Nous nous poignons les mains, les mains se serrent. On en
a le droit.»
Roland Auzet explique en effet :
Nous pourrions presque dire que c’est l’histoire de deux hommes, l’un, Hervé Pierre, qui a la possibilité de
s’exprimer brillamment avec le langage, et l’autre, Pascal Duquenne, qui a décidé de ne pas parler (ou de
parler que quand lui l’a décidé), et de se dire, l’espace d’un instant, « et si on se taisait ? ». Parce qu’à force
de questionner le monde avec les médias, n’avons-nous pas brisé cette possibilité du silence pour
questionner le monde ?
B. L'AUTRE
Au delà du théâtre, et de la littérature, il est évident que Tu tiens sur tous les fronts est l'occasion de
réfléchir sur des questions citoyennes c'est-à-dire philosophiques:
Qu'est-ce que la différence ? Comment l'accepter ?
Qui est l'autre ? Est-il un autre, un autre que moi ou un autre moi ? N'est-ce pas finalement l'autre qui
me permet d'exister en tant que moi ?
Aussi quel est le rôle de la cité vis-à-vis des « différents » ? ( Evidemment, il sera facile pour l'enseignant
de faire des regroupements avec l'actualité récente nationale et internationale ( discrimination et
racisme envers différentes minorités ( homosexuels, roms, guerre civile en Centrafrique...). Il pourra
aussi montrer que le dénouement de la pièce est un joli message d'espoir. C'est le personnage de Pascal
qui ressuscite celui d'Hervé, comme si la soit disant norme avait besoin de « l'Anormal » pour
réellement exister. L'image finale bucolique diffusée sur l'écran (côté jardin évidemment ) a bien
entendu quelque chose de très émouvant.
De la même façon, le propos d'Auzet est de montrer que le théâtre n'est pas réservé à une élite, qu'il est
accessible à tous et même aux handicapés. L'on pourra par exemple rapprocher le cas de Pascal
Duquenne aux travaux de Pippo Delbono.
« La ressemblance ne se remarque pas. Seule la différence choque. » R. Auzet
C. LA MUSIQUE
Le rapport entre musique et poésie était évident dans l'Antiquité, il paraît évident que ce lien est
aujourd'hui ténu pour les élèves voire inexistant. Or on le répète Roland Auzet est avant tout un
musicien. Dans tous ses spectacles, celle-ci est omniprésente.
Et Tu tiens sur tous les fronts n'échappe pas à la règle. En effet, Pascal Duquenne lui avait confié qu'il y
avait deux choses qu'il ne pourrrait jamais faire dans la vie : conduire, et jouer du piano, car ces deux
activités réclament de faire plusieurs choses à la fois. Aussi Auzet utilise-t-il sur scène un piano qui a la
faculté de jouer seul. On notera d'ailleurs au passage le très joli nom de cet instrument magique : le
Midi.
Cela opère une certaine fascination : la confrontation de Pascal Duquenne à ce piano offre la possibilité
de l’émotion et du sens, du rapport entre texte et musique. R. Auzet
D. LA VIDÉO
C'est peut-être un des points le plus difficile à aborder. Rappelons toutefois que l'utilisation de la vidéo
au théâtre est de plus en plus fréquente en ce début du XXI° siècle. Pourtant elle ne fait pas toujours
l'unanimité. Pour Philippe Torreton par exemple, il est très « délicat d'unir harmonieusement l'image
théâtrale et l'image vidéo. L'image théâtrale subit et donc s'appauvrit au contact de l'image pixelisée. 2»
Le metteur en scène Bob Wilson quant à lui explique :
«Le contrepoint, c’est toute la difficulté. Prendre un article sur un sujet et une image en décalage pour
l’accompagner… C’est ce que j’essaye de faire au théâtre. La plupart des gens prennent un texte, puis
l’illustrent. Moi je pars des images et je travaille dessus. Puis je prends le texte séparément. Et enfin
j’assemble les deux. C’est comme mixer un film muet avec un feuilleton radiophonique. Cela vous permet
de trouver des connexions bizarres, et parfois il n’y a pas de connexions. Comment ce que je peux voir
peut m’aider à mieux entendre ? C’est ça, le défi. 3
Aussi Auzet conscient de ses difficultés a travaillé avec un vidéaste, Arié van Egmond. Celui a toujours
porté ses recherches sur la lumière et les rapports qu'elle entretient avec l'espace.
2
Petit lexique amoureux du théâtre Philippe Torreton Stock 2009
« Le contrepoint, c'est toute la difficulté » R. Solis Libération 28 novembre 2013
3
E. LIENS INTERNET
SUR LA POÉSIE DE CHRISTOPHE TARKOS
http://www.remue.net/article.php3?id_article=286
http://www.youtube.com/watch?v=fRuMzUtL90M
http://www.youtube.com/watch?v=TrqpNYSDmN4
SUR LE SPECTACLE
http://www.lapasserelle.info/tu_tiens.html
http://www.theatrelarenaissance.com/spectacle-en-tournee/deux-hommes-jonglainet-dans-leurtete
http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Tu-tiens-sur-tous-les-fronts/videos/
http://www.comedie-francaise.fr/comedien.php?&id=512&idcom=1203
F. EXTRAITS
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