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A ctualités sur les pathologies de l’automne
Actualités sur les pathologies de l’automne
La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n° 306-307 - septembre-décembre 2006
La phase intermédiaire correspond à la dissémination de
l’infection et peut s’exprimer en plusieurs tableaux :
✓ Les tableaux neurologiques, qui apparaissent 2 à 4 semaines
après l’inoculation. Ce sont des atteintes radiculaires à prédo-
minance sensitive faites de dysesthésies systématisées dans le
territoire de la morsure, de méningites lymphocytaires pauci-
symptomatiques à type de céphalées sans raideur méningée. Chez
l’enfant, la manifestation la plus fréquente de ces neuroborrélioses
est la paralysie faciale, qui se totalise en 1 à 2 jours, fréquemment
bilatérale, mais alors souvent décalée dans le temps, d’évolution
spontanément favorable, comme le serait une paralysie de Bell
(2, 3). En Finlande, zone de forte endémie, environ 2 % des PF
seraient secondaires à une borréliose de Lyme (4).
✓ Les tableaux rhumatologiques, qui apparaissent 1 à 6 mois
après l’inoculation. Ce sont typiquement des monoarthrites
ou oligoarthrites des grosses articulations, peu douloureuses,
évoluant par poussées récidivantes brèves.
✓ Les autres tableaux sont moins fréquents : le lymphocytome
cutané bénin, brun jaune à violacé du lobule de l’oreille, du
mamelon ou du scrotum, des troubles de la conduction cardia-
que, des péricardites ou myocardites, des atteintes de l’œil au
niveau de n’importe lequel de ses segments.
La phase tardive ou chronique apparaît en l’absence de traite-
ment des phases précédentes et comporte des arthrites chroniques,
des neuropathies axonales (mais il n’y a généralement pas à ce sta-
de d’atteinte des nerfs crâniens), des manifestations neurologiques
centrales (troubles de l’attention, troubles mnésiques…) enfi n, une
dermatite particulière, l’acrodermatite chronique atrophiante de
Pick-Herxheimer. Ces manifestations tardives ou chroniques sont
sans amélioration spontanée en l’absence de traitement.
LES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
La stratégie diagnostique sérologique actuelle d’une infection à
B. burgdorferi sl s’établit en deux temps (1). Un premier test immuno-
enzymatique de dépistage (Elisa) des anticorps anti-B. burgdorferi sl
est réalisé à la recherche d’IgG et/ou d’IgM, puis, en cas de positivité,
un test par immunoempreintes (Western Blot) vient confi rmer ou
infi rmer la spécifi cité des anticorps initialement détectés.
En cas de forte suspicion clinique, et si une première sérologie est
négative, il faut réaliser une deuxième sérologie trois semaines plus
tard pour objectiver une séroconversion ; en eff et, les IgM ont un
délai d’apparition de deux à trois semaines et les IgG de deux à trois
mois après le début de l’infection locale. La présence d’IgM non suivie
de séroconversion d’IgG peut être le fait de réactions croisées (virus
d’Epstein-Barr, virus Herpès simplex, virus de l’immunodéfi cience
humaine, tréponématose…) ou d’un traitement précoce. Au stade
de l’infection chronique, les IgG sont souvent très élevées.
Le caractère mal standardisé de ces examens biologiques expli-
que la pratique de l’étude du liquide céphalorachidien par ponc-
tion lombaire dans les neuroborrélioses, à la recherche d’une
lymphocytose et d’IgG spécifi ques.
FACE À UNE PARALYSIE FACIALE
APPAREMMENT A FRIGORE, QUE FAIRE ?
Une étude multicentrique française, réalisée entre 1990 et 1992,
exclut de réaliser systématiquement une sérologie de borréliose
face à une PF qui se présenterait comme une paralysie a frigore
en l’absence d’une symptomatologie associée évocatrice d’une
possible borréliose (5, 6). En eff et, dans cette étude, la positivité
de ces examens, de 2 % en immunofl uorescence et de 1,3 % en
immunoempreintes, était identique à celle observée dans la
population témoin (série de 293 PF apparemment a frigore,
244 sujets témoins), exprimant des réactions croisées ou une
infection antérieure guérie.
Toutefois, il paraît utile face à toute PF a frigore de penser à
cette rare éventualité et de rechercher par l’interrogatoire, à
titre systématique :
– une morsure de tique en zone d’endémie ;
– un érythème migrant ;
– un méningisme ou des arthralgies ;
– et, bien sûr, une bilatéralisation de la PF.
C’est dans ce contexte clinique qu’une sérologie sanguine sera
demandée : sa négativité conduira à son renouvellement trois mois
plus tard ; sa positivité conduira à une ponction lombaire.
LE TRAITEMENT
Une morsure de tique ne nécessite aucun traitement (en dehors
du cas de la femme enceinte), mais une simple surveillance
clinique.
Un érythème migrant conduit à un traitement antibiotique
per os par amoxicilline, céfuroxime axétil ou érythromycine
pendant une à deux semaines.
Une paralysie faciale conduit à un traitement intraveineux par
ceftriaxone ou céfotaxime pendant 2 à 4 semaines. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. De Martino S, Jaulhac B. La borréliose de Lyme. Rev Prat 2005;55:471-7.
2. Kuntzer T, Bogousslavsky J, Peter O. Maladie de Lyme et neuroborréliose.
EMC Traité de neurologie 1998:17-051-B-40.
3. Smith V, Traquina DN. Pediatric bilateral facial paralysis. Laryngoscope
1998;108:519-23.
4. Peltomaa M, Pyykko I, Seppala I, Viljanen M. Lyme borreliosis and facial
paralysis: A prospective analysis of risk factors and outcome. Am J Otolaryngol
2002;23:125-32.
5. Ruel M. Borréliose de Lyme. Ann Med Interne 1998;144:117-26.
6. Rogeaux O, Bourrel M. Maladie de Lyme. EMC Traité de Maladies infectieu-
ses 1997:8-037-E-10.