Prologue
1.
« La Gaule avait été fermée et fortiée par la nature
avec un art véritable. »
Flavius JOSÈPHE
Flavius JOSÈPHE (37-100), Guerres des Juifs
La constatation de cet historien juif du Iersiècle se retrouve chez son confrère latin Ammien Marcellin
au IVesiècle. Mais fleuves et montagnes ne sont pas infranchissables. La Gaule (lointain ancêtre de
la France) a périodiquement subi des vagues d’invasions, profitant par ailleurs d’une exceptionnelle
diversité de peuplements et de civilisations. Il faut attendre le Moyen Âge pour que le pays acquière un
territoire à peu près hexagonal, en même temps que sa cohésion, sa conscience nationale et, plus tard,
une notion précise de lafrontière.
La théorie des frontières naturelles – selon laquelle Rhin, Alpes et Pyrénées doivent former les limites
continentales de la France, Océan et Méditerranée complétant l’hexagone – existe sans doute à l’état
latent dans la politique des rois de l’Ancien Régime, même si les historiens sont partagés sur ce point.
En tout cas, elle explosera sous la Révolution où «les armées victorieuses reculent les limites jusqu’aux
barrières que la nature nous a données» (Carnot), avant que Napoléon ne franchisse lesbornes.
2.
« Les Celtes, pensait-on à Marseille, étaient à la fois
impossibles à dompter et toujours prêts à se vendre. »
Camille JULLIAN
Camille JULLIAN (1859-1933), Histoire de la Gaule (1908-1921)
Historien de référence pour cette longue et lointaine période, Jullian rapporte cette opinion des
habitants de Marseille (Massilia), ville fondée au début du VIesiècle av. J.-C.par les Grecs de Phocée
(venus d’Asie mineure) et aujourd’hui encore appelée cité phocéenne. À la même époque, les Celtes,
venus de l’Est par vagues successives depuis déjà un millénaire, occupent massivement l’Europe et
notamment la Gaule. Ils se mêlent aux peuples déjà présents: Ligures du Midi et Ibères du Sud-Ouest,
sans créer véritablement de civilisationceltique.
Leur apport est cependant essentiel: ils ont substitué à l’usage du bronze celui du fer, métal plus solide
pour les lances, les épées, les faux, les socs de charrue, le cerclage des tonneaux de bois. Marseille, cité
opulente, à la population cosmopolite et ranée, fut en relations constantes avec les tribus celtes de
la vallée du Rhône. Les Celtes (ainsi dénommés par les Grecs) restent dans l’histoire sous le nom que
leur donnèrent les Romains: Galli,Gaulois.
Gaule•Prologue