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I. I
L’immunité recouvre les mécanismes de défense d’un organisme vis-à-vis d’une agression,
qu’elle provienne de l’environnement (les micro-organismes, par exemple) ou d’une modifi -
cation de ses propres constituants (les cellules cancéreuses, par exemple). D’une façon plus
générale, l’immunité biologique correspond à l’ensemble des mécanismes développés par
un organisme pour se maintenir en bonne santé, immun dans le sens sain.
Le concept de l’immunisation naît avec Jenner en 1756. Des vachères avaient des pustules
ressemblant à celles de la variole sur les mains, et lors d’épidémie à la variole, elles étaient
préservées, elles étaient immunisées. Puis, en 1890, Pasteur met en évidence l’existence
des microbes, et notamment des bactéries. Il cultive des cellules de chiens enragés, puis les
chauffe et les injecte à un berger mordu. Celui-ci en sort indemne. Il s’agit du vaccin contre
la rage.
L’immunité de l’organisme repose en fait sur sa capacité à reconnaître et à éliminer le non
soi, via les réponses immunitaires, tout en respectant le soi.
A. Notion du soi
Le soi d’un individu est défi ni par l’ensemble des molécules synthétisées par son organisme
qui résultent de l’expression de son génome. Les molécules du soi sont tolérées par le
système immunitaire, c’est-à-dire qu’elles ne déclenchent pas de mécanismes de défense.
Certaines de ces molécules ont un caractère propre à chaque individu et constituent la carte
d’identité moléculaire de celui-ci. Il s’agit des molécules du Complexe Majeur d’Histocompa-
tibilité (CMH) ou du système HLA pour « Human Leucocyte Antigen », et des marqueurs de
surface des hématies dont font partie le système ABO et le système Rhésus.
1. Les molécules du système HLA : «
Human Leucocyte Antigen
»
Ce sont les marqueurs majeurs du soi biologique ; on parle d’antigènes majeurs. Il s’agit de
glycoprotéines membranaires spécifi ques d’un individu. Chez l’Homme, elles sont codées
par un ensemble de 6 gènes liés, très polymorphes, portés par la paire de chromosome 6 :
les gènes A, B, C, DP, DQ et DR. Cette partie du génome constitue le complexe majeur d’his-
tocompatibilité : le CMH. Pour chacun des gènes du CMH, il existe un grand nombre d’allèles
tous co-dominants. Ceci étant à l’origine d’un nombre de combinaisons extrêmement élevé.
En effet, la probabilité que deux personnes non apparentées possèdent les mêmes mar-
queurs HLA est quasi nulle. En revanche, cette probabilité s’élève chez les parents proches,
car tous les allèles portés par un chromosome sont transmis en bloc, appelé haplotype,
comme s’il s’agissait d’un seul gène.
Ces marqueurs sont également nommés antigènes de transplantation, puisque ce sont
eux qui sont impliqués dans l’acceptation ou le rejet des greffes. Ils commandent donc
la compatibilité ou l’incompatibilité entre deux tissus lors d’une greffe (voir Transplantation
d’organe, p. 263). La grande diversité de ces marqueurs cellulaires explique les précautions
à prendre lors de transplantations d’organes ou de greffes de tissus. Il faut donc déterminer
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