emporteraitdanssonderniervoyagelabuttedeRê,celled’où
jaillitunjourlalumière.
Mais ici, à Gizeh, le tertre originel a pris les dimensions
d’une montagne ; elle abrite les rois, devenus à leur tour des
Benoud’or.
Etgravirlesmarchesversleciel…
Lesoleilperceentredeuxnuagesetdardeunrayonoblique
ettrèsblancquimepercutecommeunrappelàl’ordre.Alors,
m’approcher, ne pas me contenter d’être l’observatrice qui
évalue, mesure, note, ces trois indispensables de l’archéologie
qui,s’ilssontutilesenleurtempspournepasdivaguer,doivent
être temporairement rangés dans les rayons des bibliothèques
universitaires. Car l’esprit scientifique peut éloigner d’une
connaissance d’un autre ordre, d’une manière de poétique des
lieuxàlaquellelaseuleraisonfaitobstacle.Cetteconnaissance
passeaussiparlasensationphysique,crissementdusablesous
les pieds, chaleur de la pierre infusée dans tout le corps et
éblouissementsolairequandl’astreestàsonzénithet,quepar
les torrides jours d’été nilotiques, il vous aimante et vous
accableàlafois.
Ainsi, rien ne peut se comparer à cette impression
vertigineusequiconsisteàseplacerauplusprèsdelabasedela
gigantesque « demeure d’éternité » de Chéops – un nom qui
exprime la quintessence de la religion funéraire pharaonique
pour laquelle on construit en pierre de taille sa tombe et en
briquescruessamaison–colléàsoncorpstailléendiamant,et
àleverlesyeuxauciel,quesacimenecessededésigneraux
pauvres mortels obsédés par les mètres cubes entassés ici, les
pseudo-mystèresetprophétiesqu’ellesrenfermeraientouencore