Saint Denis, le 10 novembre 2016
Prévision saisonnière d’activité cyclonique
dans le Sud-Ouest de l’océan Indien :
Saison 2016-2017.
Le scénario le plus probable pour la prochaine saison cyclonique tend vers
une activité inférieure à la normale sur le bassin cyclonique du Sud-Ouest
de l’océan Indien.
Nous estimons qu’il y a une probabilité de 60% de connaître une saison cyclonique 2016-
2017 d'activité inférieure à la normale. Il existe aussi une probabilité de 30% que la saison
soit finalement proche de la normale et une probabilité de seulement 10% de connaître une
saison plus active que la normale. Cette probabilité à 60 % correspond à un nombre total de
tempêtes et de cyclones sur la saison, inférieur ou égal à 8 (saison peu active qui se rencontre
en moyenne une fois tous les 4 ans). Cette prévision inclut les 2 systèmes atypiques et « hors-
saison » déjà passés (ABELA, 1ère forte tempête tropicale observée en juillet et BRANSBY,
1ère dépression subtropicale observée au mois d’octobre). Ce résultat s’appuie principalement
sur le maintien pour une grande partie de la saison, de conditions anormalement sèches, en
moyenne, au sein de la zone privilégiée de formation des systèmes dépressionnaires
tropicaux.
La naissance des phénomènes cycloniques devrait se faire de façon préférentielle sur la zone
Est voire extrême Est du bassin, au détriment des zones Centre et, à un degré moindre, Ouest.
Au niveau des types de trajectoires, après plusieurs saisons successives avec une dominante
méridienne (c’est à dire des systèmes ayant tendance à se déplacer rapidement vers le sud),
nous devrions observer cette année un retour à des trajectoires plus habituelles pour le bassin,
avec une composante vers l’ouest plus marquée.
Nous insistons sur le fait que ces prévisions ne présagent rien de l’impact éventuel sur les
terres habitées de la zone. Parce qu’il suffit d’un seul système pour connaître un impact
pouvant être catastrophique, même une saison peu active peut être source de dégâts majeurs.
Il convient donc de mettre en œuvre dès à présent et comme chaque année, les précautions
d’usage de début de saison cyclonique.
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Contexte de grande échelle attendu sur le bassin pour l'été 2016-
2017.
A l'échelle du globe, l'important épisode El Niño de fin d'année 2015, qui avait été le moteur
principal de la variabilité climatique, s'est achevé à la fin du premier trimestre 2016. Depuis,
les conditions atmosphériques et océaniques sont revenues à des valeurs normales dans le
Pacifique équatorial tout en étant proches actuellement des seuils d'un faible épisode La Niña.
Au cours de la prochaine saison cyclonique de l'hémisphère Sud, des conditions neutres ou un
faible épisode La Niña sont envisagés. La faiblesse de ce signal suggère que, contrairement à
l'année dernière, l'ENSO (El Niño Southern Oscillation, acronyme qui désigne l'ensemble des
phases du phénomène, à savoir chaude pour El Niño et froide pour La Niña) ne devrait pas
être le moteur principal de la variabilité climatique à l'échelle globale.
Dans ce cas, ce sont alors les phénomènes régionaux à l'échelle de l'océan Indien, qui peuvent
prendre le pas pour devenir le moteur de la variabilité climatique régionale. Le Dipole de
l'Océan Indien (DOI ou IOD en anglais), qui traduit des anomalies de circulations
atmosphériques et océaniques entre l'est et l'ouest de l'océan Indien équatorial, a connu durant
l'hiver austral, une amplitude record associée à des conditions anormalement sèches sur
l'ouest du bassin (avec des températures de surface de la mer plus fraîches) et des conditions
plus humides sur l'est du bassin et l'Indonésie (avec des températures de surface de mer plus
élevées). Le composante océanique de cette oscillation est, comme à chaque printemps
austral, en voie de déclin et devrait complètement s'estomper d'ici la fin de l'année. La
configuration atmosphérique, elle, reste bien en place et devrait le rester une bonne partie de
l’été prochain en liaison possible avec le contexte global proche La Niña, qui a une réponse
similaire.
Ces anomalies sèches sur l’océan Indien tropical central notamment, devraient s’accompagner
de l’établissement tardif du flux de mousson alimentant en humidité la Zone de Convergence
Intertropicale (ZCIT), lieu de formation privilégié des phénomènes cycloniques sur le Sud-
Ouest de l’océan Indien. D’autre part, on devrait aussi observer des pressions atmosphériques
plus élevées que la normale sur une grande partie ouest et centre du bassin, signes de masses
d’air en moyenne moins sujettes à pouvoir développer des orages ou des fortes pluies.
Avec l’atténuation graduelle du Dipole de l’Océan Indien, on peut raisonnablement penser
que ces conditions anormalement sèches au sein de la ZCIT pourraient devenir moins
marquées en deuxième partie de saison. L’incertitude sur ce point est encore assez grande à
l’heure actuelle. Cela sera précisé au cours d’un communiqué de « mi-parcours », qui sera
édité fin janvier, pour actualiser l’activité attendue lors de la deuxième partie de saison.
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Ci-dessus, carte prévue d’anomalies de précipitations sur la période décembre-janvier-
février dans le domaine tropical et au niveau global. Les zones en marron représentent des
conditions prévues en moyenne plus sèches que la normale et les zones en vert, des conditions
prévues en moyenne plus humides. Consensus des projections, établies au mois d'octobre,
faites par les modèles climatiques des centres européen, anglais, français et américain
(EUROSIP). Source : site du centre européen de prévisions météorologiques à moyen terme.
Eléments méthodologiques
La présente prévision est basée sur une approche statistico-dynamique qui a permis, dans un
premier temps et sur une période d’apprentissage de plusieurs saisons cycloniques,
d’identifier les modes de variabilité de certains paramètres de grande échelle (températures de
surface de la mer, composante zonale du vent à environ 1500 m et composante zonale du vent
en haute altitude) les mieux corrélés aux paramètres descriptifs de l’activité d’une saison
cyclonique (nombre de phénomènes, nombre de jours tempêtes et cyclones, …, anomalie de
longitude de genèse, anomalie zonale et méridienne de déplacement).
Dans un second temps, nous avons utilisé les prévisions ensemblistes du modèle de climat du
Centre européen en nous appuyant sur les paramètres prévus de grande échelle cités
précédemment, afin de déterminer les paramètres prévus de l’activité cyclonique de la
prochaine saison, par utilisation des relations statistiques établies lors de la période
d’apprentissage. L’évaluation de la qualité de ce modèle pour chacun des paramètres de
grande échelle mis en entrée sur les saisons précédentes, montre que ses performances sont les
meilleures en utilisant la température de surface de la mer (paramètre le mieux prévu par les
modèles de climat) et la composante zonale du vent à 1500 m (mais dans une moindre mesure
que la température de surface de la mer).
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Cette prévision a aussi été comparée à l’approche dynamique qui consiste « à compter »
directement le nombre et la répartition géographique des phénomènes cycloniques simulés par
le modèle de climat du Centre européen. Les résultats de l’approche directe sont globalement
concordants avec l’approche statistico-dynamique.
Contact presse :
Sébastien Langlade, Ingénieur prévisionniste, 02.62.92.11.11,
sebastien.langlade @meteo.fr
Philippe Caroff, responsable opérationnel du centre des cyclones tropicaux du Sud-Ouest de
l'océan Indien, 02.62.92.11.06,
philippe.carof[email protected]
Philippe Garnier, responsable communication, 02.62.92.11.35,
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