L`Ukraine, la Russie et les puissances de l`Entente

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LlRillE, Ll RySSlE
ET LES
PlUSSIiCES DE
L'EIITEiîE
EXPOSE rOlJTIQUE
L'EX-MINISTHE UKKAlNlEiN DES AFIAIKES ÉTKAiNGÈRES
ALEXANDRE
CIIOllLI.lJlNE
BERNE
1918
L'UKRAINE, LA RUSSIE
ET LES
PUISSANCES DE L'ENTENTE
LlRillE, Ll BiSSl
I
ET LES
PilSSliCES DE L'ElTEiîE
EXPOSE POLITIQUE
DE
L'EX-MINISTRE UKRAINIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
ALEXANDRE CHOULGIJINE
BERNE
v/*
•t^'
1918
imi u Mimn
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2331122111?
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Èhrmm-rA'à
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,ABR4^-;
lU
'".ïf'f OF
1973
TORP^
INTRODUCTION
A
du régime de
l'époque
nienne à Kiev,
les
Rada
la
Centrale Ukrai-
fonctions de Ministre des affaires
étrangères étaient remplies par M.Alexandre Choulguine,
un des plus éminents hommes d'Etat de l'Ukraine.
Alexandre Choutguine entretenait des rapports amicaux avec les représentants des Puissances de l'Entente
qui se trouvaient à cette époque en Ukraine, et il a exprimé
ses vues et ses opinions dans plusieurs publications de
valeur qui méritent d'être rappelées à l'opinion publique
européenne au
moment
Nous extrayons de
homme
les
actuel.
la quantité
d'Etat deux articles sur
de déclarations de cet
la Russie,
l'Ukraine et
Puissances de lEntente, auxquels nous joindrons
documents concernant
nien
comme
la
reconnaissance de l'Etat ukrai-
nation souveraine.
Ces déclarations forment un tout avec
officielles faites
même
les
par
la
France
et la
les
déclarations
Grande-Bretagne à
la
époque.
Les éditeurs espèrent que cette petite brochure obtien-
dra l'attention des milieux compétents des Puissances de
l'Entente,
attention
quelle
actualité.
Berne, Novembre 1918.
mérite pleinement
vu son
I
LA RUSSIE ET LA RÉVOLUTION
I
Vers
du premier millénaire après
la fin
Etat apparut à
de Kiev
et
Mais
l'est
J.-G.
un nouvel
de l'Europe. C'était à l'époque
illustre
de Novgorod.
ne tarda pas à chang-er.
la situation
Il
semblait que
toute l'Europe orientale, sous la pression de divers peuples
nomades
et surtout
après les dévastations tartares, perdait
petit à petit et l'une après l'autre toutes ses capacités de
vie culturelle et politique.
C'est à ce
fit
moment, au milieu de
son apparition, là-bas, vers
plus sauvage
et
la
le
ce désastre,
que Moscou
nord, dans la contrée la
plus abandonnée. Les princes s'elFor-
cèrent de poser les fondements d'une organisation politique
de quelque chose qui ressemblât,
Etat.
de
Les Slaves de
de très loin, à un
cette région, s'adaptant
la vie locale et se
mais aussi
aux conditions
mélangeant aux tribus indigènes
noises, créèrent le type
pacifique,
même
du
«
velikorousse
très obstiné
dans
la
»
fin-
(grand russe)
poursuite de ses
desseins.
Pendant que l'Ukraine, dévastée à tout instant,
soit
par
ses voisins plus civilisés de l'Occident, soit par les Tartares
—8—
de Grimée, s'efforçait de se reconstituer en Etat,
la
Moscovie
un
jouissait d'une certaine tranquillité. Les Tartares qui, à
moment donné,
constituèrent une g-rande
menace pour
le
nord, y perdirent enfin le reste de leurs forces et s'éparpillèrent de tous les côtés. La Moscovie n'avait rien à redouter
non plus de
la
g-orod. Ainsi^ "sa
à former
part de l'Etat russo-lituanien et de Nov-
puissance s'àffërmit
bientôt
un Etat puissant, qui réunit sous son sceptre
principautés voisines,
la
et elle piafvint
même
celle
les
de Novgorod, avec toute
région septentrionale et une partie de la Lithuanie qu'elle
ne tarda pas à annexer. Elle ne craignait pas non plus
voisinage des Allemands de Livonie, auxquels Jvan
rible porta
en son temps un coup
déj^isif.
le
le
Ter-
Seules la Pologne
Suède restaient encore sur son chemin. Cherchant
l'ojççasion de retenir l'expansioardu vjeune Etat (Oriental. H
çti
(lai
arriva
même
qu'à l'époque des
«
troubles »
ils
la
i
domi-
nèrent presque totalement. Mais quelque temps après, la
Pologne étant arrivée à l'extrême limite de sa décomposition,
tout danger de ce côté se trouva écarté.
vers
le
début du XVIIP
lutter contre
la
siècle, elle n^élait
un Etat aussi immense
Moscovie à
cette
Quant
et
à la Suède,
plus à
même
de-
aussi fort que rétaitj
époque. La Suède passant parmi
les puisr>
sances dç second rang, la Pologne tombant en déchéance,
l'Allemagne divisée en de muitiplesjprincipautés, et n'osant
pas se niesurer avec
les, tsars
au contraire leur appui,
l'tt
Empire de Russie
»
la
de
mer Noire
la
Baltique.
à la
Russie, mais cherchant
Moscovie qui s'appelait déjà
se trouva définitivement libérée de
tous ses ennemis extérieurs. Cet
la
la
énorme Etat
mer Blanche, de
Que de peuples
et
s'étendait de
l'océan. Pacifique
à
de régions iL avait déjà,
engloutis, parmi lesquels l'Ukraine, qui s'était jointe libre-
ment à
4'un
pu
pensant vivre
lui
La
ëg-aïi.;
^Russie jornssait
n'aurait
i
composaient
direiid^^jipe^uples qui la
dans tous
paraissajien4,
à
a^sez enviablej ce qu'on
bien-èlre
cj^rtain
d'ëg-al
iji.^es
le^ caeij solides et
bien
fondements
létabJiisii!'))!
^^^nDeitemp^! ^s4enpip,9,0lle;$ubissîait>iil,:fi$t,o^i^iy)^
revers,: -mn^d foi s avicc Napoléon^;
k
>Un4[j.,,eliii11çeufois!!âiV«e!e
Crimée,; dans les Balkans et enfin avec
Japon, souvenirs
le
quelque chose de paâ-
forts désagréables. Toutefois, c'était
bonne humeur ejL
sa bonne santé.- C'est aujourd'hui seulement que vient de
sonner la dernière heure pour l'Empire de toutes les Russies
Russ^ie reprenait bien vite sa
sag-er et la
peut-être
est
même
beaucoup plus
»!;
pour
limitéç.i-,l
Moscovie proprement
la
lir.ii:
•.,ij,
au centre
Or,. fen Occident,
:
même
grande puissance vedait de se former,
craiignant
des
non sans raison
républiques,
appuyaient
de
et
les princes
les
i^n
i
de
^.•A-y'i\?.
i
l'Eijro{)e,
>
et les isârs
dite,
de
iVX-YX
une autre
de Russie
fantômes des révolutions,'
sortes
toutes
de l'Allemag-ne
et
de
constitutions,
surtout les rois
del
Prusse, voyant en eux cette force répressive qui pourrait,
l'occasion, leur prêter
ils
main
à;
forte contre la révolution. Ainsi
ne s'opposèrent jamais à l'union des principautés alle-
mandes en un puissant ensemble, bien que
aux
tout à fa^itcontraiiie
pelle
comment
gravement
Alexandre
dans sa
Pierre
atteinte
II,
,
intérêts,
111 aJla
et
(^e, (lai
même
Russie.
jusqu'à
.menacée d'une
cette
union fût
OaB^
sii-uver la
rap-
Prusseï
mort prématurée^'
de son côté, ne voulut pas aider la France:
malheureuse avec i'Empirje; dUiiOeoire^^^qui
venait seulement de se constituer^,;:! .-iVio'} ?/y^.{\'uui\\\ y^^)
'•Lesi
temps
lutte
anciens
tsars de
Russie ne remarquèrent passai
l'alliance intime qui s'était faite entre l'AlIitmag-ne et
l'Autriche-Hongrie, Etats jusqu'alors adversaires et ennemis.
—
11
est vrai
que
la
—
10
Russie se ressaisit peu à peu
chercher des alliés à l'ouest de l'Europe... Mais
trop tard.
La
g-uerre
mondiale
et
mit à
et se
il
la lutte contre
était déjà
un voisin
réellement fort montrèrent que la puissance de la Russie
était
éphémère, que
la
Moscovie n'avait réussi qu'à former,
à certaines conditions favorables, un Etat dont les parties,
en apparence unies, n'étaient pas
liées entre elles et
que
cet
Etat devait ou bien être transformé en un autre organisme
plus approprié aux conditions
démembré
selon les éléments
intérieures,
ou bien
être
hétérog-ènes qui le consti-
tuaient.
Autrefois, les théoriciens chauvins de la Moscovie des
XV-XVl^
siècles enseignaient
déchue,
été
que
la
première
Rome
après
deux premières,
l'est
et
Moscou
elle
était la
une quatrième devenait
laquelle
impossible... Mais cette troisième
les
ayant
deuxième Rome, Ryzance, étant tombée
la
aussi en déchéance à cause de ses péchés,
troisième
Rome
Rome
est
tombée comme
une nouvelle histoire commence à
de l'Europe.
II
La Russie
est
un pays où
la centralisation a
pris des
proportions inimaginables. El cette centralisation n'est pas
uniquement administrative,
les circonstances
Qui connaît
de
elle
pénètre aussi dans toutes
la vie russe.
l'aspect des
paysages russes se rappellera
immenses forêts, interrompues par des champs non
moins vastes d'un aspect triste et uniforme; aux champs
succèdent les marais et de nouveau des forêts sans fin.
ces
—
Quelques
11
—
dispersés çà
villag-es
apparaissent soudain à l'horizon,
de
Russie.
la
tristes, noirs. Tel le
de districts, on
villes
nord
sait
ce
représentent au milieu des vastes plaines de la
qu'elles
des tsars
terre
Quant aux
quelques hameaux
là,
et
;
la
département n'en
pauvreté, l'indigence... Le chef-lieu de
diffère
maisons entourées de
pas beaucoup
principales. Les paliers,
y en
s'il
a,
ce sont les
mêmes
Les rues, en général,
petits jardins.
ne sont pas pavées, sauf au milieu,
;
et
encore dans les rues
sont en bois. Les places
de marché sont toujours très sales. La pluie formant au
milieu des rues et des places des flaques d'eau, les porcs y
trouvent leur plus grand bonheur, ce qui fait encore le pittoresque des villes russes, autrement
Tout cela
est l'extérieur.
si
déconcertantes...
Passons maintenant à
la vie inté-
rieure.
Pour
s'en faire
une idée
exacte,
il
faudrait lire
Tchekow.
une erreur de croire que Tchekow n'a retracé dans ses
écrits que les mœurs des années 80 et 90. Son œuvre est
C'est
beaucoup plus vaste
généralement.
Le
«
et
plus importante qu'on ne
spleen
»
térisent
ayant
saisi
était
d'effroi
vital,
tous ces
Tœuvre de Tchekow, caracprovince russe. Un jeune Russe
représentés dans
admirablement
fait ses
croit
ou hypocondrie, rabattement
moral, l'inactivité, l'absence de tout ressort
traits si bien
le
la
études dans une des villes universitaires, était
lorsque
le
sort l'envoyait en province,
sûr de périr d'ennui.
Il
s'efforçait
de rester dans un de ces centres
si
par tous
les
où
il
moyens
renommés pour
leurs
somptueux, leurs musées, leurs théâtres, et pour
tous les trésors de leur vie intellectuelle. Mais là, comme
partout ailleurs, les biens matériels autant que spirituels
palais
—
12
—
n'étaient pas partag-és d'une manière égale entre les'idivers
Moscou en accaparaient la plus
grande partie et ce n'est pas en vain que Les trois sœurs, àt
Tchekow, nous sont représentées, soupirant dans un coijtt
p.imi S'-jh «^Tïnt
"jon'i-ïîihrtr'î ^ôt'nTrrnq n\
ajjrès Moscou
Icenitreè.îPëters bourg"
et
:
Cette centralisation à la fois intellectuelle et matérielle
n'était
pas exclusivement géographique. Tout
comme
Péterg-
Moscou qui dominaient l'énorme pays, il y avait
aussi une classe privilégiée et relativement peu nombreuse
bourg
et
d'intellectuelset de gens aisés qui jouissaient, à eux seul^,'
des fruits de cette civilisation. Certes cette classe était suffi-
samment nombreuse pour former au besoin un noyau important d'où aurait
pu surgir uae énergie
du progrès, mais cela n'eut pas
sonnes restèrent dans Tobscurité
classes, si différentes,
se
capable
de hâter
la
marche
lieu et des millions
de per-
du pays
d'élever le niveau intellectuel
demi sauvage. On peut
civilisatrice
la
et
plus compilée et à
demander comment
ces
opposées, purent vivre côte
si
jà
l'état
deux
côte.
V La classe intellectuelle avait ses traditions, une idéologie
très haute,
dans
le
le
une
monde
domaine de
littérature
entier.
et
une musique
Elle atteignit à
la science.
Mais
sorti
de
très appréciées
un haut degré dans
la serre
chaude de
«royaume des ténèbres»,
selon l'expression de Dôbrolioubov. Le drame de l'homme
((inutile» était continuel en Russie. Dès qu'uni intellectuel
Péters bourg, on se trouvait dans le
tentait
de
se rapprocher
qu'il lui était
du peuple
il
se persuadait aussitôt
complètement étranger etanutile^itib
i^Jr
Le peuple dominateur grand-russe souffrait lui-même
de la centralisation, mais
les
Ukrainiens, habitants de l'em^
pire des tzars, en souffraient encore bien davantage.
Cepen-
—
131
dan t, ce ne sont pas eux qui
héritent, à l'heure actuelle dé
de ce centralisme intellectuel
l'histoire,
«La
nord,, liai Grande-Russie...
et a'eSîVpeut^jêtre
et les patriotes
g-iqu0^iioq
-ivo'iq
—
fii
dé
et matériel,
troisième
Rome
mais
lé"
» chancelle''
p4s loin de l'abîme; Poui* les intellectuels
la
ob aiov
Grande-Russie,
ni
m/m^
isq
un
ol iiBt]j|pn'/l
Jn9m9m9TiJ0«
n.
-uipinf! noHh/i id'ilnv
.,Ni
cette
)iuû
de
la
chu te
serait tra-
uoiJulov;»'! ai ^'j-iéianm
ejlhupel PAinb ^slBnoiJBn
-mi
,La|mentalité de Fiûtelléctuél russe
la g-randeur illimitée
;
.''^•••— ^
li
sèi
.
.'^'uo;^
base sur l'i^éédé''
Russie. Très souvent pénitent,
pleurant sa propre incapacité, décourag-é
pétuellement par sa conscience
et
condamné
(traits patholog'iques,
'
péi**'
consé-
i
quence, du système russe), l'intellectuel russe reste cepéù^l
dant très
patri.Qte
n'est pas national,
rial.
au fond de l'âme. Et
il
si
ce patriotisme
est en tout cas itaipérialiste et territo-
Voilà pourquoi nous avons vu la classe intellectuelle
marcher côte à côte avec son ancien ennemi
De ipême
haut ridée du socialisme
a porté
verselle et s'est lancé S;ans réserve
les obstacles et la
,
La
jets,
ga^er ce
tels
que
ai
déception
et
et à l'ouvrier.
de la délivrance
dans
la
le g-uettaiént
ébranlé la Russie
Révolution.
de tous
et avec>èlle
de l'Allemagne
la défaite
tsarisme.
russe a toujours été l'ami du
l'intellectuel
peuple et a cherché à venir en aide au paysan
Il
le
^ijlth'i^
"
Mais'
côtéjs.'i''"'-
tous ses prd-'
et la prise
de Cons-
tantinople, qui étaient en réalité les véritables buts de l'Etat
russe.
Tous
résultat.
«
Ce
les
n'est pas
pénitents», M.
Mysl
>|jl^s
essais
1J.-Q.1
de s'en défaire sont restés sans
en vain .qu'un de ces intellectuels
Levineyla écri^tdads
lignes suivantes-
5
lé
«RouskaVa
«Il est inutile de dire que cette"
tâche répond réellemeait aupcibeisoiinsndie la Russie et qiie
—
14
l'existence de l'Etat russe, de
—
même que
consolidation
la
du nouveau régime intérieur et politique exig-ent une issue
victorieuse dans cette guerre. Mais s'appuyant malheureusement sur
les soldiats et les ouvriers qui, las
cherchaient qu'à
ne
manière,
la
y
mettre
de
fin
Révolution n'a pu suivre
soire.
Pourtant,
))
ment dans
la
les
de
quelle
la politique
gouvernement provi-
ne faut pas en voir la raison unique-
il
lassitude
du soldat, fatigué par de longs
combats. L'Etat russe, amalgamé
lui-même
la guerre,
n'importe
la voie
nationale, dans laquelle l'engageait le
de
et instable,
contenait en
éléments de sa défaite. M. Levine constate
plus loin qu'en Russie, qui de tous les belligérants est
plus arriéré dans
et
où
sens politique, culturel et économique,
le
les forces nationales, étant très
pu venir en aide à
crise
du pouvoir
leurs, ainsi
mois de
février,
du
comme
de
dère la Russie
la
faire face à
guerre. Tout ceci a
véritable Etat, son
dû continuer
toutes les
donné
lieu,
au
de l'ancien régime, qui
beaucoup de résistance.
comme un
aurait certainement
la
manifestée beaucoup plus vite qu'ail-
à la capitulation
reste pas fait
peu développées, n'ont
en Europe occidentale,
que l'impossibilité de
difficultés
n'a
l'Etat
s'est
grandes
le
la
Si l'on consi-
gouvernement
guerre, car la victoire
aurait ouvert à la Russie de grandes perspectives. Mais en
regardant les choses
d'illusions, en
de
la
voyant
telles qu'elles
le
sont et sans se faire
caractère de l'organisme politique
Russie, et surtout l'ignorance inouïe du peuple, on
acquiert vite la conviction que, dans ces circonstances, la
continuation de la guerre devenait un crime vis-à-vis du
même
Etat.
Les intellectuels russes, en commettant
de vouloir affermir
la révolution
la faute
par une guerre victorieuse,
—
préparèrent
la
eux-mêmes
la
—
15
débâcle et la décompositioD de
Russie.
Cependant
décomposition
la g-uerre
et
de
la
n'a pas été le seul
facteur de la
débâcle russes. La Révolution elle-
même, comme conséquence de
peut être aussi
la guerre,
rangée parmi ces facteurs. Les intellectuels mettaient tout
Non seulement
leur espoir dans la révolution.
les partis
de
l'extrême gauche et les cercles de la jeunesse, mais aussi
les
citoyens les plus considérés
et
les
plus réfléchis en
étaient épris. Bref, on en attendait des merveilles.
dissipa vite toutes
ces illusions. Elle dévoila
véritable face de ce peuple à
demi sauvage,
intellectuels, qui se croyait, à
de
la
brute prit
le
elle
bientôt la
et la classe
des
un moment donné, maîtresse
par
fut balayée
révolution,
Mais
la
vague populaire. La
dessus.
Les ouvriers
et les soldats renversèrent le
u
gouverne-
ment provisoire » avec la même facilité qu'avait été renversé
celui du tsar en février 191 7.
La classe ouvrière voyait jusqu'alors son ennemi dans
l'autocratie.
Après
la
chute de
celle-ci la
Russie devait se
transformer en un paradis terrestre, les forces productrices
du pays
se développer prodigieusement, la civilisation et la
culture russes, enchaînées jusqu'alors parle régime tsariste,
y avait un peu
de vrai dans ce point de vue. Rappelons-nous cette oppresatteindre le plus haut degré imaginable.
sion, ces exils en Sibérie, ces
Il
condamnations aux travaux
En bas de l'échelle
En haut des chefs
forcés qui caractérisaient l'ancien régime.
administrative
des satrapes
serviles.
absolument incapables. Des changements perpétuels de
ministères sans
le
moindre système. Une politique aventu-
—
16
—
réusé...
Tout cela dohriaiihâttiréllièment
sans
de
fin
de l'opposition. Par-dessus tout régnait
la part
avec toute
((l'autocrate)),
lieu à des'crïlî^'uê^^l
sa
câmarilla, au milieu d'in'
trigués et d'influences occultes, au milieu d'un relâchemèûî
dés riioeûrà k la Raspoutine, mêle au
superslilîbn,
'
tel est
le
spiritisrtie et a
M
'
tableau fidèle dé l'ànciéhii'è Russie.
NéanmôinsV^'éët'^iEln'éién 'rég4riitV
'"(!ë''tsa ri strié
rriillé
fois*
'
ndàudit pai^ lei^ilîtèlîéctuels r1a^sés7 était 'au fond ieutiti^iileur ânii. LÎè n-éét
dé l'oppression
que grâcè'à'
Cétté orgaiîisatioïi''séc\ilài]^e'
purent jouir éhcbfè' d'un
irilellectuels
*
retenait là' Vâ§ùe' populaire, que' lés
(^ùi
'
'certain
bièn-étrië''ët
s'adonner à leUrs travaux culturels, qu'ils croyaient être
entravés; au contraire, par l'ancien régime. Or, la révolu tioti
*
si
désirée s'est jouée de ceux qiii la provoquaient avec tâint
.anag^b si ihq siuié
^^ 2èle.
Disbtis^lé éiicoi^é tihë fois, là Rligsië'fot'miit' Un 'Véritable
damier^.
Là
'céiïtralisàtion
géographique
'
'et'
sbc'îàléiiïé toiité^
'
les richesses spirituelles et matérielles était potiéyéë
hommes
quétiiênfie les
instruits et les
nèreht dans un
ne surent discerner eiitréïâ
plus doués,
cerïîle
de
la classe intellectuelle. Ils tbiir-
vicieux.
D'un côté
là
haine
é't
là cri-
tique dé' l'aticién régime étaient bien motivées, mais ce
devait
'étire 'lè^
dévàgtàtibii'
remède, là Hévôlutibni' sè'trànsfbrinà
lié'
Russie, qui corhménçà par
là
Pëtrbgf'à(i,^fe%br^àssà
l'ih^^iïï^è ''trà|iïy
^
fiètlt'^à* ^éî!it
iskei cette
elle paraît
ùïïy *'
'là^téj^i bfi' dé*
passa^ tbtià^W^^
tré^brs'etfes'fn^ktn'ents'iié^'lâc^vilisation.'^
Actuellement,
éti'
îqui
tbns les terfîtbirèS "de"
d^IKiïèàtir Utir' son
Gommetiitmuver une
Idin*
meilleurs de la Russie,' lés plus
les
réalité sévère et les rêves
isi
oviJinJHlnlmbB
yitifôfi^n^?''^^"^^^^^
presque impossible a
décftlfl-'^'
La Russie subit
vrir.
les
conséquences immédiates de
centralisation géographique et sociale, qui font
part l'ancien empire se décompose en
un
la
que d'une
certain
nombre
d'Etats séparés, et que d'autre part, la classe intellectuelle,
confondue parla masse populaire avec
la «
bourgeoisie», est
obligée de se réfugier avec celle-ci et avec les capitalistes
dans des lieux sûrs,
brute »
tion.
le
Il
champ
loin de la vie courante, laissant à
libre
((
la
pour achever son œuvre de destruc-
est impossible de prévoir
quand
pour renverser
forces organisées surgiront
comment des
et
la
démagogie
et rétablir l'ordre.
IV
On
ne voit, en
en Russie,
avoir
une
que
effet,
la
pas d'autre issue pour
ruine...
le
moment,
pu cependant y en
Inutile de dire que la
aurait
Il
autre plus heureuse.
guerre aurait dû être arrêtée à temps. Ceci aurait pu prévenir les excès de la révolution, qui se serait faite plus tran-
quillement
et
d'une façon plus normale. Mais l'essentiel
n'est pas encore là.
dû comprendre ce
n'a encore saisi, les causes du
La Russie
qu'aucun de ses politiciens
aurait
tsarisme russe.
Connaissant ces causes,
les intellectuels
n'auraient pas
perdu leur temps à en combattre uniquement
songeant qu'à
la défaite
de l'autocratie.
jamais voulu admettre que
une
si
grande haine,
le
n'était
Ils
les effets,
ne
n'ont cependant
tsarisme, qui leur inspirait
que
la
conséquence naturelle
de l'immensité de l'empire russe, de sa trop grande étendue.
—
Un
«
empire,
g^rand
dans
autorité despotique
—
18
dit
Montesquieu,
celui qui gouverne.
promptitude des résolutions supplée à
où
elles sont
envoyées
;
que
faut
Il
que
la
distance des lieux
la
empêche
la crainte
négli-
la
du gouverneur ou du magistrat éloigné que la loi
et qu'elle change sans cesse
dans une seule tête
g-ence
soit
une
suppose
;
;
comme
les accidents, qui se multiplient toujours
à proportion de sa grandeur. » (Montesquieu,
dans
l'Etat
De V Esprit
des lois, livre 8, chap. XIX.)
Selon Montesquieu,
cains
;
les petits Etats
doivent être républi-
moyens doivent dépendre d'un monarque
les Etats
quant aux Etats de
très
grande étendue,
ils
;
sont nécessai-
rement gouvernés par des despotes. Bien qu'on ne
soit
pas
obligé de suivre à la lettre l'argumentation de Montesquieu,
l'histoire
du
XIX*^ siècle apportant quelques démentis à cer-
tains points de sa théorie, qui pourrait être revisée, la pen-
du génie du XVIIF
sée fondamentale
ral,
conserve cependant toute sa vigueur
Nous avons pu
la vérifier
en géné-
siècle, prise
sagesse.
et toute sa
entièrement dans
cas de la
le
Russie. Nous, Ukrainiens, n'avons pas cessé de
le
répéter
aux Russes, qui nous adressaient pour toute réponse un
sourire méfiant, ou
répondaient
:
«
si
nous insistions davantage, nous
Le moment n'est pas encore venu.
Dragomaniv, dans son célèbre ouvrage
»
intitulé
:
La
Pologne historique et la démocratie grand-russienne, rapporte certains des entretiens qu'il eut à ce sujet avec les
Grands-Russiens. Des conversations de ce genre, nous en
avons eu vingt
toujours sans
le
et
trente
moindre
ans
après
Dragomaniv, mais
résultat. Et pourtant quelle est la
cause de cette décadence, de cet
«
affaiblissement»
(comme
—
on avait
la
coutume de
la province,
par
puis
même
lution, éprouvé
affluence dans
le
centre lui— même.
rég-ime des tsars ait
tant de succès
si
territoire russe.
ments qui
en Russie centrale,
pu
Quelle est la
ressenti à l'époque de la
capitales.
les
—
l'appeler) éprouvé tout d'abord par
manque d^hommes
cause du
19
Gomment
ce n'est leur
si
se
que
fait-il
le
se maintenir si long-temps et avec
énorme du
ce n'est par suite de l'étendue
En
Révo-
grâce à cette étendue, les soulève-
effet,
se produisaient
dans une partie de l'empire ne
pouvaient avoir de répercussion dans
les autres parties,
De même,
distantes de deux ou trois mille kilomètres.
tout
mécontentement, né dans une des contrées de l'empire, ne
pouvait être partagé par les autres contrées à
heure
sur
et
le
même
le
impossible et les néces-
est
sités varient selon les lieux et le
situation,
temps. Profitant de cette
gouvernement envoyait tantôt
Russes pour réprimer
les
même
dans un pays aussi vaste
sujet; car
une communauté de sentiments
la
Ukrainiens, tantôt
eux-mêmes, qui composaient généralement
les
les
les
Grands-
Ukrainiens
cadres de la
g-arde impériale, étaient efficacement
employés à réprimer
Grands-Russes. Les cosaques,
montag-nards du Gau-
les
les
case, les Tatars, les Bachkirs et autres tribus primitives et
tour
obscures
servaient
ments
des Grands-Russes
et
et
impera
ment
la
», tel était le
Russie,
parait en
à leur
et le
plus de la
et
à
réprimer
les
des Ukrainiens.
soulève«
Divide
principe sur lequel se basait facile-
tsarisme qui l'avait bien compris, se
pompe des revues
militaires et de
diverses solennités patriotiques, et tenait fort bien en
mains
tout le pays.
Les intellectuels haïssaient
le
tsarisme, ne se rendant
—
pas compte que ce
dans
20
—
pas quelque chose d'accidentel
n'était
l'histoire russe. Ils le
confondaient avec cet
succéda au
de l'Europe occidentale, qui
tisme
»
lisme
» et
ne discernaient pas en
absolu-
«
lui ce
« féoda-
despotisme déguisé
qui a toujours été la forme politique traditionnelle de toutes
monarchies orientales. Voilà pourquoi
les
longtemps attendue par
Révolution,
la
les politiciens russes, n'a
si
pu aboutir
à rien d'autre qu'à la destruction de l'Etat. Cette révolution
n'a eu nullement le caractère de celles de
tale
;
TEurope occiden-
ne ressemble pas à l'héroïque révolution française
elle
de 1789. Celle-ci, qui possédait les forces créatrices
les
matériaux nécessaires à
aux
Etat, put faire face
la
construction
et tous
d'un nouvel
intérieures aussi bien
difficultés
l'Europe coalisée,
qu'aux attaques extérieures de toute
tandis qu'en Russie les forces créatrices ont été englouties
dans
la destruction
générale de la révolution, et ne se sont
révélées qu'aux confins de l'empire.
même,
Quant au centre
lui-
tombé en décomposition, infectant de son venin
parties de l'ancien empire des tsars.
est
il
toutes les
Les intellectuels
et les politiciens,
de
même que
le
gou-
vernement provisoire, n'ont pas voulu comprendre qu'une
fois le tsarisme aboli
tions
qui l'avaient
étrangère
intérieur.
fallait détruire aussitôt les
engendré.
Montesquieu,
dit
petite,
il
;
si
elle est
elle
grande,
«
une république
Si
est
détruite
elle se
Ce double inconvénient
condi-
par une force
détruit par
infecte
est
un
également
vice
les
démocraties et les aristocraties, soit qu'elles soient bonnes,
soit qu'elles soient
même
il
:
il
mauvaises. Le mal est dans
la
chose
n'j a aucune forme qui puisse y remédier. Ainsi
y a grande apparence que
les
hommes
auraient été
— 21 —
à la
obli§"és
fin
d'un seul,
titution
de vivre toujours sous
g-ouvernement
n'avaient imaginé une manière de cons-
s'ils
qui a tous les avantag'es intérieurs du gouverne-
ment républicain
force extérieure
la
et
Je parle de la république iédérative.
VEsprit des
Or,
le
le
pour
lois, livre 9,
mot de
((
chap.
»
du monarchisme.
(Montesquieu, De
I.)
fédération » a toujours été
un épouvan-
Russes. Bien qu'il y ait eu des partis politiques qui réclamaient la fédération dans leur programme,
tail
les
on n'a jamais su exactement ce qu'ils entendaient par
Car dès
s'agissait d'appliquer ce point de leur pro-
qu'il
gramme, des hommes
taient
«
tels
indignation
avec
inopportune». Tout
le
que Miakotine lui-même,
monde
comme
se rappelle aussi la
fameuse
d'une part,
avait
7,
au
du mouvement ukrainien.
Cependant, une issue aurait
si,
reje-
fédération
d'une
l'idée
réponse de Kerenski au congrès de Moscou, en 191
sujet
là.
passé,
la
été possible
pour
la
guerre avait été liquidée h temps
petit à
petit,
Russie
et si
on
par des réformes successives
venant d'en haut, à une fédération. C'est précisément ce que
ne purent jamais comprendre ceux qui étaient au pouvoir
à
Moscou
et à
Pétersbourg. Cette idée leur était tellement
étrange qu'aujourd'hui encore, dépossédés, dispersés dans
tous les coins de la Russie, souffrant de
font
que maudire l'Ukraine, maudire
le
la
ils
la
décompo-
ignoraient
malmener
dompter et la
se plaisaient à
l'Ukraine, réunissant leurs efforts pour la
Ils
ne
Lorsqu'ils étaient au pouvoir, appelés
à consolider l'Etat centraliste,
soumettre.
ils
fédéralisme «inop-
portun» qui, selon eux, sont responsables de
sition de la Russie.
faim,
totalement qu'une république,
99
aussi bien qu'une monarchie constitutionnelle de toute la
Russie
qu'à
un non-sens, une absurdité...
était
de
la suite
voqué par
la
la révolution,
guerre,
soit le rétablissement
il
de
Ils
ignoraient
ou plutôt de ce gâchis pro-
ne restait plus qu'une alternative,
la
comme
monarchie despotique,
après la révolution de 1906-1906, soit la destruction de la
Russie.
L'unique chance de salut
à la fédération.
qui a
Il
est à noter
était
que
c'est l'Ukraine, la contrée
Les Moscovites devraient prendre ce
considération et s'en étonner. Elle
régime de Kerenski
le
perdu, lorsque tout s'ébranla
sièg-e
une
passage
le
plus souffert de la Russie, qui a essayé de propager
le
la fédération.
dant
encore dans
de
fois
la
et
et
sous
le fit
même
que
fait
les tsars,
en
pen-
lorsque tout était
a la
brute» occupa
le
Russie. C'est alors que TUkraine tenta encore
de sauver
la
situation et chercha à réunir en
une
fédération les peuples et les régions de l'ancienne Russie.
Mais
il
était déjà trop tard.
y a des documents que nous conservons et qui
prouveront à la postérité combien injustes étaient envers
Il
l'Ukraine les
Au
lieu
« frères »
moscovites^.
de nous rendre justice,
la
nous envoyer ses malédictions, à nous
etc. Elle
s'obstine à croire
que
c'est
Moscovie continue à
traiter
de «traîtres»,
nous qui avons causé
Ces documents sont publiés dans le recueil de M. Choulj^uine,
duquel nous extrayons le présent article sur la Troisième Rome.
'
La
Politique,
—
la
chute de
traire, car
sauver
est hors de
la situation
Par contre,
—
Russie. Nous ne pouvons qu'affirmer
la
il
23
le
con-
doute que nous avons tenté de
en tâchant de créer une confédération.
détenteurs du pouvoir, à Pétersbourg-, ont
les
tout fait pour conduire la Russie à sa perte.
n'est ni par sentimentalisme, ni
Ce
pour maintenir une
que nous avons proposé
tradition ancienne
fédéralisme jusqu'au dernier moment, car
il
et
défendu
y avait parmi
nous des ennemis convaincus de toute alliance avec
Russie,
que
comme
le
la
par exemple M. Donzow, qui ne rêvaient
la destruction
de l'empire. Mais
de l'Ukraine, envisageant toutes
les
la
majorité des citoyens
difficultés qui s'oppo-
sent à la création immédiate d'un Etat ukrainien indépen-
dant après une
si
du pays à
l'org-anisation
armée puissante,
rimenté,
dants
»
les
longue période de sujétion,
la
l'intérieur,
la
telles
que
formation d'une
création d'un corps diplomatique expé-
finances,
combattaient
etc.,
les
«
indépen-
(samostiniki) et reconnaissaient la nécessité d'une
fédération avec la Russie.
Ils
espéraient qu'elle serait réali-
sée par le peuple lui-même, sans avoir recours à l'aide des
voisins de TOccident.
une tout autre direction et
nous fûmes bientôt obligés de nous séparer complètement
Cependant,
de
la
l'histoire
Russie anarchiste, à
prit
la suite
Moscovie nous qualifièrent de
Mais qui fut trahi
et
de quoi
les patriotes
de
« traîtres »...
par qui ?
L'Ukraine n'avait-elle pas
le
droit de décider librement
—
de son sort, selon
elle-même
—
24
proclamés par
les principes
la
Russie
?
Et comment devait-elle rëag-ir contre les événements de
décembre ? Quand le nord tomba dans une anarchie sans
précédent dans l'histoire, quand commença la lutte avec le
g-ouvernement bolcheviste,
étonnant que l'Ukraine
est-il
choisît la voie de l'indépendance?
Quel est
sité
le
motif de son appel aux Allemands? La néces-
de protég^er
Certes,
si
la
le
pajs contre
hordes sauvages du nord.
les
Moscovie avait pu nous garantir notre exis-
tence politique,
il
en aurait été tout autrement. Mais
ne faisait que nous opprimer
et
s'opposer à notre dévelop-
pement. Elle nous donna d'abord
dûmes supporter
les
elle
le
tsarisme, puis nous
conséquences du gâchis produit par
le
gouvernement provisoire. Enfin nous avons éprouvé dernièrement
la
Tout
sauvagerie des hordes bolchevistes
ceci n'est
pas enviable.
Il
!
que certains de
est vrai
nos intellectuels, surtout ceux qui ont renié leur propre
nationalité, ont eu le privilège d'être reçus
dans
les
milieux
choisis de la classe intellectuelle russe et de jouir de tous
les
avantages de leur situation. Mais
là.
Il
faut distinguer entre la
politique.
civilisation,
vie intellectuelle et la vie
mais
la
valeur de la
nous rendons hommage à sa haute
la politique
et
ukrainien n'ont rien à faire avec
naître en toute franchise
:
les
elle.
intérêts
Et
il
du peuple
faut le recop-
Pétersbourg n'a rien donné de
au peuple ukrainien.
Que
la
question n'est pas
Nous reconnaissons parfaitement
vie intellectuelle russe et
positif
la
Le retour du peuple ukrainien à
désirable? Envisageant cette question au
dire de l'avenir ?
Russie
est-il
—
point de vue de l'intérêt
25
—
du peuple,
faut répondre négati-
il
vement. Non, aucun retour n'est possible
Russie reste
si la
ce qu'elle était.
La chose
si elle
serait différente si elle changeait foncièrement,
reprenait son « aspect
nisme qui
humain
grand orga-
» et si ce
dans l'anarchie venait à se
se débat actuellement
transformer en un série de républiques, reliées entre
Mais alors ce ne
Ce
d'autrefois.
l'Orient^
à
l'instant,
il
veau
et
serait plus
serait
Russie connue,
Russie
la
une fédération des peuples
libres de
laquelle l'Ukraine pourrait se joindre.
n'y a pas de raison de croire à
un
Pour
pareil renou-
l'Ukraine ferait bien de penser à elle-même, de se
consolider
d'affermir sa situation vis-à-vis des voisins
et
qui occupent en ce
qu'une aide de
nous
la
elles.
serait
utopie...
Il
moment
la part
très
notre territoire.
Il
est évident
des jeunes républiques de TOrient
profitable,
est difficile aussi
tion et la vie sont riches
mais ce
n'est encore
qu'une
de prévoir l'avenir. La révolu-
en surprises.
Jetant un coup d'œil en arrière, nous devons constater
que l'ancienne Russie
subi
le sort
frappantes.
:
la
«
troisième
Rome
»
a
de ses sœurs aînées.
La Russie
phénomène
tombée
est
d'autrefois, l'ancienne Russie,
original
On y
et
curieux,
plein
voit, à côté d'élans
présente un
de contradictions
magnifiques d'une
très
haute portée morale, une sauvagerie des plus angoissantes,
un fond tout à
C'est
la
fait asiatique,
une erreur de
croire,
sous une face européenne.
comme on
l'a fait
souvent, que
Russie est symbolisée par cette superbe statue équestre
de Pierre
place
le
Grand qui
du Sénat.
se dresse sur les bords de la Neva,
Elle n'est point l'image de la Russie, cette
—
26
—
œuvre d'un génie étranger, transplantée dans l'extrême
nord.
Les slavophiles peuvent
Grand n'a rapproché
ficiellement.
la
être
satisfaits
:
Pierre le
Russie de l'Europe que très super-
Elle reste encore aujourd'hui
énigmatique
et
incomprise. Elle a conservé tous ses traits d'origine. Le
cheval
intrépide,
la
rencontre
du progrès,
main puissante de Pierre le Grand,
Russie. Celle-ci trouve une image fidèle dans
guidé par
la
s^élançant à
la
aux allures d'hippopotame qui
fait partie
n'est pas
le
cheval
du magnifique
groupe de Paul Troubetzkoï, place Nicolas, à Pétersbourg.
Et ce cheval n'est pas monté par
Pierre
le
despote génial que fut
Grand, mais par l'empereur autocrate de toute
Russie, Alexandre
Le 28
le
avril 1918.
III.
la
II
LES ALLIÉS DE LA RUSSIE ET L'UKRAINE
I
Nous avons
déjà eu l'occasion de constater que ces
derniers temps les alliés de
la
événements qui se passaient sur
avec les yeux des cadets,
et
Russie considéraient
le territoire
les
de l'Etat ami
auparavant avec ceux du Novoïé
Vremia.
Ils
n'ont jamais connu la Russie,
étudiée
par conséquent,
et,
personnelle
sur les
ils
questions
ils
ne l'ont jamais
ne peuvent avoir d'opinion
politiques
concernant.
la
Les années d'une long-ue alliance avec l'empire des tsars
(surtout pour les Français) ont été perdues sous ce rapport.
Avant
la
partisans
guerre
et
fidèles
pendant
la
de l'ancien
première période,
régime.
Il
ils
est vrai
furent
que ce
régime ne répondait point aux sympathies républicaines du
peuple français
et sociale
la
et
des Anglais, mais ce régime était
Grande- Russie
laquelle
encore moins à la discipline politique
ils
centralisée,
croyaient
en
fermement.
la
force
Les
le
symbole de
militaire
de
événements qui
eurent lieu au cours de cette guerre démontrèrent que ces
espérances n'étaient pas fondées, que
la
Russie avait
fait
banqueroute, non seulement au point de vue de l'organi-
—
28
—
de vue... Dès que
salion militaire, mais à tous les points
les Alliés s'en aperçurent,
se
sentir
fit
un mécontentement grandissant
parmi eux à l'égard de l'ancien régime.
Ils
commencèrent alors à
se
l'orientation des cadets.
Quelques changements survinrent,
mais
rapprocher insensiblement de
la situation resta toujours la
tsarisme
et
même
sur un point
:
le
MilioukofF étaient d'avis que la puissance de la
Russie résidait en son unité, des côtes de
Mer
l'Océan Pacifique, de la Mer Blanche à la
cela les Alliés croyaient
fermement
et
la
Finlande à
Noire, et en
aveuglément.
Ce point de vue répondait justement aux anciens prindu régime centralisateur de la France
ment acceptable pour l'Angleterre.
cipes
Il
que
est vrai
a appris à cette dernière à
l'histoire
une existence quasi
laisser
libre
à
en tout cas, de
les assimiler,
se trouve à côté.
anglais que
libérale,
le
Il
colonies,
ses
sont situées au delà des mers.
celles-ci
et était entière-
Il
mais
est impossible,
à l'inverse de l'Irlande, qui
paraissait donc tout naturel aux esprits
gouvernement russe,
s'appuyassent sur
le
ainsi
que l'opposition
principe de la Russie une,
indivisée et centralisée.
C'est de ce
point de vue que les Alliés jugeaient la
question ukrainienne ou, à proprement parler, cette question n'existait point avant la guerre, ni
ni
pour
Ils
pour
les Français,
les autres Alliés.
éprouvaient
guerre sur
le
le
besoin de baser
l'idéologie de
la
principe de la libération des peuples faibles
du joug des oppresseurs. L'ancienne Russie, de par tout
son passé, ne ressemblait évidemment pas à cette grande
force humanitaire et éclairée qui devait libérer l'humanité.
—
Il
29
céder sur quelques points, et au moins dans
lui fallait
des discours
faire
parade de générosité. G*est ainsi que
manifeste aux Polonais, après
la Serbie, satisfit
complètement
d'un
les intéresser le sort
ukraïnien
exercées
la
«
le
g"este
de
à l'é§-ard
de
la
la
En quoi pouvait
les Alliés.
peuple inconnu
presse,
de
le
majestueux envers
Qui d'entre eux connaissait
?
parole,
—
la
pensée, des espérances
du peuple
»,
représailles
les
littérature,
de
ukrainiennes ?
Quétait-ce que la Galicie ? Par qui était-elle habitée? Des
« considérations
d'ordre militaire »
forcèrent la Russie à
ruiner ce pays, et à déporter dans la lointaine Sibérie des
milliers de ses habitants... Les Français suivaient, à cette
époque,
ils
marche triomphale d'Ivanoff
la
de Broussiloff;
pleuraient Louvain, grinçaient des dents devant Reims,
refoulaient l'assaut
ennemi du cœur de
centre de la civilisation qu'est Paris.
moments
les ignoraient et
Mais avec
Ukraine
ne voulaient pas
le
».
le
l'Ukraine.
Gomment, dans des
temps
les
connaître
Ils
!
les Alliés s'aperçurent
néanmoins
mot
qui
se
manifestait autour de
Ge qui
se
préparait dans nos villages et
villes,
s'élever d'un
vaient
France, de ce
aux souffrances de l'Ukraine?
l'oreille
d'un mouvement
dans nos
la
aussi tragiques, pouvaient-ils, malgré toute leur
humanité, prêter
d'((
et
ce feu
ce
qui couvait sous la cendre pour
coup en une flambée grandiose,
remarquer n'ayant jamais étudié
Quant aux Sasonoff
et
ils
ni la
aux MilioukofF,
ne pou-
Russie
ni
ne
le
ils
voyaient pas, ou bien ne voulaient ni s'en apercevoir ni en
Les Alliés i;emarquèrent ce mouvement au delà de la
frontière et en furent informés peut-être pour la première
parler.
fois
par une source allemande... La diplomatie
alliée
en
—
—
30
conclut alors que les informations sur
d'Allemagne, toute
l'affaire devait
l'Ukraine venant
une
être
intrig-ue alle-
mande.
Sasonoff lui-même appuya cette opinion
gardèrent jusqu'au
moment où
à la grande surprise de tous,
la
Les Alliés
!
la
révolution éclata et où,
la voix
de l'Ukraine se
fit
entendre haute et impérieuse. Dès lors, quelque chose avait
changé...
mença
Au
printemps,
et
surtout en été, l'Entente
à tenir compte de l'Ukraine, mais
comme
négative... Elle partageait le point de vue
com-
d'une force
du gouvernement
provisoire en ce qui concernait les aspirations des Ukrai-
niens à l'autonomie et à
Cependant, au mois de
la
nationalisation
juillet,
les
de l'armée.
Français tout d'abord,
puis leurs alliés, envoyèrent des représentants pour se ren-
commen-
seigner sur place. C'est alors seulement qu'ils
cèrent à comprendre que sous ce
mouvement
se cachait
une
force impossible à créer par des intrigues.
Le premier Français qui se rapprocha de nous avec
l'intention sincère de savoir la vérité fut
s'aperçut
force des
Jean Pélissier.
Il
immédiatement que nous avions pour nous la
sympathies populaires. En
connaissance de
l'activité
même
temps, prenant
du nouveau gouvernement
et
des
dispositions d'esprit de notre société, Pélissier pressentit
et
que
déclara dans ses écrits officieux et politiques,
hommes
politiques de l'Ukraine ne tiendraient compte
les
que
des intérêts de leur pays, et non de ceux de l'Allemagne,
de l'Autriche, de
la
Russie ou autres. C'est pourquoi on
pourrait attirer cette force nouvelle de son côté
faisait prévoir
un bénéfice
faudrait lui tendre la main.
national.
Pour
cette
si
on
raison
lui
il
—
31
—
Et puis les Français voyaient qu'en Ukraine
raient
ils
trouve-
non seulement une ressemblance chmatérique avec
France,
mais
semblable à
aussi
d'une
possibilité
la
nationale
unité
quoique encore dans un
la leur,
la
état indécis,
unité qu'ils n'avaient pu trouver dans une ville internatio-
nale et déjà à moitié bolchévisle
Français se disaient
Les
Petrograd.
faut poursuivre la g-uerre,
Il
:
comme
mais
Petrog-rad en est-elle capable? Et voici que, sous l'influence
de leur idée
guerre jusqu'à
fixe, la
commencèrent à balancer
force,
du
ments
et les
Mais
g-rad.
les
En
la victoire
les valeurs.
Les renseigne:
à Kiev...
anciennes traditions inclinaient du côté de Petrodéfinitive,
soutinrent les centralisateurs jus-
ils
nouvelle désagrég-ation de la Russie,
la
désagrégation qui revêtit
sous l'influence de
la
n'y avait
il
précisément à
et
de ces deux principes que les
Alliés s'opposèrent continuellement.
Ils
:
principe de la fédération. Mais c^est
le
la réalisation
heurtèrent au
un organisme aussi
que deux remèdes la
une décentralisation large
cessation des hostilités et
immédiate, basée sur
caractère d'une catastrophe,
le
guerre, néfaste à
faible, et contre laquelle
changea.
!
ils
côté était la
impressions nouvelles répondaient
qu'au bout, jusqu'à
se
De quel
ou de .Kiev
côté de Petrograd
complète,
Ce
n'est
que
lorsqu'ils
bolchévisme que leur manière de voir
cessèrent de croire à la Russie centralisée.
II
Nos rapports avec
les
diviser en trois périodes
demi
privée,
:
la seconde,
Alliés de la Russie peuvent se
la
première à demi officieuse et à
tout officieuse, et enfin la troi-
sième, celle des relations diplomatiques officielles.
rôle
dans ces rapports échut aux Français, bien que peu à
actif
peu
Un
les Ang-lais, les
Américains,
les
Roumains,
les Italiens
Serbes eussent suivi leur exemple.
et les
La période
à
demi
officieuse, période des relations d'oc-
commença encore en
casion,
été.
A
cette
de longues conversations politiques sur
époque eurent
la situation et sur-
tout sur les aspirations et les intentions
En automne, au mois
lieu
des Ukrainiens.
d'octobre, ces relations se poursui-
avec plus d'intensité et devinrent vraiment impor-
virent
tantes après le troisième universal.
Alors commencèrent les relations officieuses. J'en fais
remonter
de
la
le
début au
général Tabouis, chef
major au service de l'Angleterre,
et le
Fitz-Williams, se présenta à moi
taire
le
mission militaire au quartier général du front nord-
avec ses officiers
est,
moment où
comme
ministre ou secré-
des Affaires étrangères et déclara que les Alliés en
général,
et
France en particulier, voyaient avec une
la
grande sympathie
la
renaissance politique et nationale de
rUkraine. Sachant que
la constitution
d'une nouvelle répu-
blique, surtout dans ces conditions, n'était pas chose facile,
les
gouvernements
en quoi
ils
alliés offraient leur aide et
pourraient être utiles à l'Ukraine.
heure tout fut rédigé par
Selon
le
désir
demandaient
Au
bout d'une
écrit
sous forme de note verbale.
je
ne donnai point de réponse
du cabinet,
définitive à leur proposition et à leur question entièrement
concrète
sur un
;
tel
je leur déclarai
que pour ouvrir des pourparlers
sujet avec la France
en manifesterait
le
désir,
il
ou toute autre puissance qui
était
indispensable qu'aupara-
vant ces puissances reconnussent expressément par un acte
— 33 —
officiel
la
république démocratique de l'Ukraine
et qu'elles
établissent avec nous des relations diplomatiques en nous
envoyant leurs représentants. Après quoi
les relations ces-
sèrent pour quelque temps et ce n'est qu'au bout d'un mois,
à
peu près, que
cette fois
le
g-énéral
de représentant
Tabouis reparut en
officiel
qualité
du gouvernement français
auprès du gouvernement de la république démocratique de
l'Ukraine. C'était pendant la seconde
décembre. Bientôt après arriva
gleterre,
M. Bagee.
le
moitié du mois de
chargé d'affaires de l'An-
La Roumanie
agit
de même, mais
nous ne possédons pas de documents à son sujet car
s'agissait alors de conférer au représentant de la
titre
par
mêlèrent toutes
ment
Roumanie
d'envoyé extraordinaire. Les événements,
et autres le
la suite,
il
les cartes et
rompirent totale-
cette période des relations internationales
de l'Ukraine.
III
Pendant tout ce temps,
alliées à
Kiev
firent
les représentants
des puissances
preuve d'un grand intérêt à l'endroit
des événements qui se déroulaient devant leurs yeux.
entretinrent des relations actives avec
de Petrograd
étaient
même
et
comme
corps diplomatique
de Jassy. Par l'intermédiaire de Jassy,
en relations directes avec Paris
des instructions en conséquence.
Kiev,
le
à l'époque
Il
même que
de Jaroslav, devait devenir un
attirait les Alliés
Kiev? Nous avons déjà remarqué que, peu
Alliés avaient
ils
et recevaient
semblait
grand centre diplomatique. Qu'est-ce qui
à
Ils
à peu, les
perdu leur confiance en Petrograd,
et qu'ils
3
—
s'en étaient
même
totalement séparés après
bolcheviks. Quand, dans
rappelais leur ancienne
faisaient
que hocher
la fédération
—
34
le
triomphe des
mes discussions avec
foi
la tête.
eux, je leur
en la Russie centralisée,
ils
est évident, opinaient-ils,
Il
ne
que
Tunique moyen de sauvetage. Mais, en
est
même temps, ils continuaient
la même politique qui avait
à poursuivre envers l'Ukraine
ruiné
la
Russie de jadis. Par
moment, il semblait que nous avions réussi à leur ouvrir
les yeux sur les défauts de cette politique, à les arracher aux
intérêts du jour pour fixer leur attention sur leurs propres
dans l'avenir
intérêts
tionales.
était à
et
sur de vastes perspectives interna-
Mais de nouvelles instructions arrivaient
recommencer. En ce qui concerne
est à reg-retter
que
le
et tout
les Français,
il
comprendre
la
seul civil capable de
situation politique, le journaliste Pélissier, ait été entière-
ment étranger
à la politique, les affaires étant dirigées par
des militaires qui, en dehors des intérêts actuels de la
guerre, ne voulaient rien voir.
Lors de
la
chute du Gouvernent Provisoire, quand les
Commissaires du Peuple entreprirent leurs démarches
inter-
nationales, les Français et d'autres Alliés se montrèrent très
irrités.
A
leurs
yeux Pétersbourg devenait
au
chie, l'Ukraine,
contraire,
de former un Etat. Et
continuer
la
guerre à
quer que
ceci
était
ils
pourrait
le
daient-ils.
faire.
Nous
;
leur
pays de l'ordre capable
Nous dûmes
elle seule
leur expli-
absolument impossible; que
et
«
centre de l'anar-
espéraient que l'Ukraine allait
ukrainien ne voulait pas plus
ples de la Russie
le
le
que,
peuple
guerre que les autres peu-
la
même
s'il
en avait
le désir,
alors
que
le
il
ne
demanGouvernement
Et votre armée nationale?
prouvâmes
le
»
—
appuyé par
Provisoire,
les
35
Alliés
tous les obstacles possibles à
nationale
;
—
eux-mêmes, avait mis
la
formation d'une armée
que, malgré tout notre
désir, les soldats ukrai-
niens de l'armée russe qui n'avaient pu se séparer étaient
tellement dispersés sur tous les fronts, que par
le fait
même
ukrainiennes étaient non seulement divisées, mais
aussi exposées à la corruption dont souffrait l'armée russe;
les forces
de plus
il
impossible de les protég-er contre ce danger,
était
Cependant vous avez encore des troupes sur le front
sud-ouest? » Nous dûmes encore une fois leur enlever cette
«
illusion en leur faisant observer
vernement Provisoire
les fractions
que grâce au
même Gou-
ukrainiennes de ce front
au milieu de différentes autres nations compo-
se perdaient
sées pour la plupart de bolcheviks....
Ensuite nous attirâmes leur attention sur l'anarchie toujours grandissante, sur la possibilité d'une guerre avec le
Nord, que nous prévoyions déjà. Les Français n'eurent plus
d'objections à faire et se bornèrent à maudire les bolche-
viks
et...
dûmes
Gouvernement Provisoire. Plus tard, nous
déclarer que la seule issue possible dans ces
le
leur
conditions était
la
conclusion d'un armistice
;
après que les
bolcheviks avaient ordonné la fraternisation avec l'ennemi
et
avaient
commencé des démarches pour un
Bresl-Litowsk,
dans
le
même
et
le
général Tcherbatcheff avait agi
sens avec les
restait plus qu'à
la
que
armistice à
Roumains au sud,
il
ne nous
envoyer immédiatement des délégués pour
paix; lorsque nous leur fîmes savoir tout cela par une
note spéciale et officielle, leur indignation devint
qu'ils
si
grande
rompirent toutes relations avec nous durant plusieurs
jours de suite.
Ils
furent surtout indignés
du caractère de
—
36
—
quelques expressions employées dans
Rada
la
résolution de la
Centrale, lesquelles n'étaient peut-être pas très diplo-
matiques.
Mais au bout d'une semaine à peu près,
les
Français se
présentèrent à nouveau avec des paroles fort conciliantes.
D'après eux, l'armistice était indispensable. Nous devions
comprendre que
le
la force militaire
appartenaient aux Alliés de la Russie
dèle.
A
ce
droit, la civilisation, la justice et enfin
moment, nous,
clure qu'une paix selon
pourquoi, ajoutaient-ils,
droit,
de
la
militaire
flaient
les
les
il
Ukrainiens, ne pouvions condésirs
fallait,
civilisation, etc.,
au
des Allemands. C'est
nom
de
du
la justice,
que nous fussions une
Par quels moyens?...
active....
infi-
n'en
ils
force
souf-
mot.
IV
Les Alliés supposaient qu'ils possédaient un plan
sage de
la
concert avec
campagne
le
Don,
orientale
la
:
fort
l'Ukraine devait agir de
Roumanie,
les Polonais,
les Tchè-
ques et autres armées nationales qu'ils se proposaient de
former. Les Français parlaient
sud libérée de
la
aucun cas
la
croyant que
d'une fédération du
source d'anarchie qu'était
proposaient de nous
ainsi de suite.
même
faciliter
Nous fumes
le
nos relations avec
le
ils
se
Don
et
forcés de leur expliquer qu'en
guerre n'était possible, qu'ils se trompaient en
le
Don
était
d'une solidité à toute épreuve, que
aucune organisation politique déterminée,
qu'au contraire l'anarchie grandissait chaque jour; enfin
celui-ci n'avait
et
nord;
que décidément nous avions besoin de
la paix.
—
Mais
les Alliés n'en
rent de parler sur
—
37
voulurent point démordre,
un ton plus énerg-ique
réponse plus décisive encore.
de
l'idée
mencer à
croire
que
la
essayè-
obtinrent une
parurent alors accepter
avec un g-rand intérêt qu'ils suivirent
événements de Brest
les
et
la paix. G^est
Ils
et
ils
et ils
semblèrent eux-mêmes com-
paix générale n'était plus
que peut-être l'Ukraine ne
faisait
si
éloignée
que tourner
la
page
d'une période historique nouvelle. Mais bientôt leur disposition
d'esprit changea. Ils
que
paix soit retardée
la
le
recommencèrent à demander
même
plus possible et que
pourparlers soient totalement rompus. C'était au
où, grâce aux
comme
leur
moment
mesures des bolcheviks, toute l'armée,
que
nôtre, était dispersée, alors
la
les
la
bandes
les
anarchistes étaient maîtres de la moitié de l'Ukraine.
Comment rompre
les
pourparlers de paix dans de telles
conditions? demandions-nous. La paix, c'est
d'apaiser
le
peuple. Et puis
tion actuelle, les
maîtres de tout
pas
le
moyen
est évident que, vu la situaAllemands peuvent sans peine se rendre
pays. Mais on nous répondait « Ne faites
:
mais ne signez pas
la guerre,
seul
le
il
la paix.
Les Allemands
sont impuissants à faire une grande offensive. »
((
Et que pensez-vous, en quoi pouvons-nous espérer?»
leur demandai-je. «
En quoi
devenir les ennemis de la
justice, etc., etc.,
par
la guerre,
il
que
au
lieu
de faire
civilisation,
du
la
même une vague
;
gique, de la
Serbie
de
droit,
la
populaire balaie votre
suivez audacieusement la voie de la Belet
de
la
Roumanie... Sur
du congrès, où nous serons vainqueurs,
triomphera... »
paix et de
vaut mieux que votre pays soit détruit
gouvernement
vert
?
la
le
tapis
justice
—
38
—
Que pouvait-on répondre sérieusement
à de telles pro-
positions ?
Les diplomates militaires de
France étaient arrivés
la
aux mêmes principes que devait proclamer plus tard
bolchevik Trotsky. Cependant, dès que
les Alliés virent
le
que
les
bolcheviks étaient incapables de conclure la paix avec
les
Allemands,
ils
chang-èrent d'attitude à leur égard. Les
bolcheviks s^approchaient de Kiev,
pagne effrénée contre l'Ukraine,
et
menaient une cam-
en
même temps
centrale de ruiner la paix et les autres déclaraient
qu'elle l'avait déjà signée avec la «bourgeoisie
etc.
pu-
des proclamations, dont les unes accusaient la
bliaient
Rada
ils
moment que
C'est à ce
le
allemande»,
représentant de la France
condamnant le bolchévisme il était
pourtant obligé de reconnaître que sur quelques points les
déclara que tout en
bolcheviks avaient raison
tion qu'il avait sous les
séparée
;
tement
la
:
les trois
quarts de
la
proclama-
yeux étaient opposés à une paix
en vérité un quart seulement accusait injus-
et
Rada
d'orientation bourgeoise...
Les Alliés se mirent à se forger des chimères.
et
La politique de l'Entente en Ukraine manqua de suite
de fermeté... Elle suivit une voie complètement erronée,
qui causa
la
ruine de la Russie. Mais nous, qui suivions
notre propre voie,
rapprocher
la
nous devions nous rappeler
qu'il fallait
question des alliances politiques et des rap-
ports internationaux de celle des intérêts immédiats pouvant
—
39
—
unir les Etats et les peuples. Nous considérions la politique
de
la
diplomatie française
compte des
tenait pas
nous
intérêts réels
ne ferons pas
et cela
çais,
vous
comme
la
erronée parce qu'elle ne
pouvant nous unir. «Non,
disions-nous aux Fran-
guerre,
est désag-réable.
Mais
Au
la
guerre est-elle
point de vue poli-
la seule
des relations internationales ?
tique,
vous faut en Europe orientale des centres org-anisés,
il
réellement forts et indépendants. Croyez-vous encore à la
Russie centralisée, au retour du
quo ante
staiii
belliim et
ante revolulionem, croyez-vous à la résurrection des morts?
Non
!
alors vous devez chercher
un nouveau centre
poli-
tique et vous devez l'aider à devenir réellement indépen-
dant.
Un
de ces centres, c'est l'Ukraine. Qu'elle devienne
entièrement libre, qu'elle forme une fédération
du sud, ou bien
Etats
des peuples
fédération
importe pourvu qu'elle
d'être
soit
notre but et
les Etats
partie de
la g-rande
Russie,
peu vous
l'ancienne
forte.
les
Car alors
elle
cessera
mains des puissances
Elle ne sera pas forcée d'accomplir leur volonté.
force réelle et
tel est
de
une brebis docile entre
centrales.
Une
qu'elle fasse
avec les
une indépendance vraie de notre
le
vôtre.
Au
Etat,
point de vue économique,
de l'Entente, riches en capitaux, sont encore plus
intéressés à l'existence de l'Ukraine.
Il
est clair
que
l'Alle-
mag-ne aspirait à satisfaire ses besoins économiques en
Ukraine,
même
affranchi les
avant la paix. Gela
Français
et leurs
alliés
n'a
cependant pas
de leur tâche
;
au
contraire, cela les a forcés à faire tout leur possible
pour
contrebalancer Tinfluence économique allemande...
D'un
autre côté,
l'Ukraine. »
il
est
évident que tout cela
est profitable
à
40
—
Les Alliés écoulaient, mais
ils
—
n'avaient pas la force de
chang-er radicalement leur politique à l'est de l'Europe...
En terminant
la
critique
de leur conduite à
l'ég-ard
de
l'Ukraine, nous devons reconnaître que dans notre propre
collective,
fut toujours
nous avons commis des erreurs
non moins
grandes que
celles
de l'Entente. Tantôt les relations avec
républiques bourgeoises
les «
mot
malgré toutes
les accusations,
politique, qui,
«
diplomatie
»
et les
monarchies
», tantôt le
paraissaient nous faire peur, ou bien,
simplement, nous n'étions pas habitués à une existence
internationale.
Le ministre des Affaires étrangères devait
défendre à grand'peine chaque pas qu'il
faisait.
Et puis,
nous nous sommes abusés sur nos forces militaires.
commencement de décembre, nous avions examiné
Si,
au
les faits
avec lucidité, beaucoup de choses ne seraient pas arrivées.
On nous
emprunts
a proposé maintes fois
d'Etat,
et
même
une aide technique, des
des produits qu'en aucun cas
nous n'aurions reçus de l'Allemagne.
Si,
ordre,
au mois de décembre, nos finances avaient
si
été
en
nous avions reçu des marchandises (une quantité
en avait été déchargée à Vladivostok
garantissaient
le
et
les
transport à travers la Russie
Anglais en
si
nous
les
achetions), peut-être aurions-nous une paix différente, peutêtre aurions cédé
moins de
blé, peut-être
nous serions-nous
passés de l'aide militaire des Allemands, car l'argent aurait
pu nous donner une armée nationale,
l'ordre social et des
marchandises.
Mais nous avons lardé
et l'aventure bolchéviste a tout
balayé. Cependant, tout cela, ce sont des suppositions sur
le
passé, et
l'homme d'Etat ne
doit contempler
que
l'avenir.
41
On y
voit se dessiner
le
—
congrès
international...
Nous
devons nous y faire une place, nous devons prendre part
au conseil international des puissances. Les plus grands
Etats de l'univers
et,
à leur exemple, la majorité des Etats
secondaires se sont partagés entre deux alliances, celle de
l'Entente et celle de la Quadruple Alliance...
lité
Une
En
d'Etat nouveau nous ne devons faire partie d'aucune.
neutralité absolue, voilà ce
que réclame notre
intérêt
deux parties sont intéressées à notre existence
à notre prospérité. C'est sur cela que nous devons nous
national. Les
et
notre qua-
baser pour obtenir une indépendance véritable.
III
DOCUMENTS
Note adressée
à tous
les
fondées
et
le
5 décembre par
le
Secrétariat Général,
Gouvernements des Républiques nouvellement
des régions autonomes de Russie.
Le Gouvernement de
la
République Populaire Ukrai-
nienne (Secrétariat Général) a envoyé
le
26 novembre à tous
gouvernements des républiques nouvellement fondées
les
en Russie, à savoir
Est,
:
au Gouvernement de l'Union du Sud-
au Gouvernement de
local de la Transcaucasie,
autonome
et autres,
de
la Sibérie
autonome, au Comité
au Gouvernement de
même
la
Moldavie
qu'au Conseil Populaire de
Pétersbourg, une note en faveur de la création d'un Gouver-
nement
^
socialiste
homog-ène sur
la
base du fédéralisme^.
Nous regrettons vivement de ne pouvoir reproduire
note du 25 novembre, mais au
moment
ici
letexte authentique de la
de l'impression de cette brochure, de nouveaux
troubles en Ukraine nous empêchent d'obtenir du Ministère des Affaires Etrangères
la
pu
copie exacte de tous les documents.
dans
reproduites dans
recueillir
déjà
la
les
Nous ne donnons donc que
anciens numéros de journaux
la «
Nova Rada
») ainsi
que
les
(les
ce que nous avons
notes ont été assez fidèlement
documents dont nous possédions
copie.
Quant à l'idée d'un gouvernement socialiste sur la base du fédéralisme, nous
devons ajouter que l'association de ces deux principes nous a toujours paru dépourvue
de sens. Cependant les parti^ans d'un Ministère Socialiste pour toute la Russie justifiaient leur idée en disant que l'élément hostile à la fédération s'abstiendrait lui-même
de participer au gouvernement, tandis que la masse populaire ne pourrait donner son
adhésion qu'à un ministère socialiste. En outre, ils craignaient le refus de la grande
Russie d'entrer dans la confédération projetée, si on repoussait l'idée d'un Ministère
Socialiste, qu'on opposait à cette
époque au gouvernement bolchevik.
—
Maintenant
qu'il
43
—
évident que la Constituante
est
ne
pourra travailler efficacement par suite de Pabsence d'un
pouvoir reconnu par toute
la Russie,
il
est nécessaire de
fonder un gouvernement s'appuyant sur l'autorité des républiques actuellement en formation et sur la démocratie socialiste
de toute
la
Russie.
Le Secrétariat Général n'a obtenu aucune réponse à sa
note, ni de la
naux. Seul
le
Rada
Populaire, ni des gouvernements régio-
gouvernement de l'Armée du Don a répondu
par ses représentants qu'il
était favorable à
la
formation
d'un Ministère Socialiste à base de fédéralisme.
Voulant terminer
les
négociations
le
plus vite possible,
poussé aussi par une série d'événements venant de toutes
les contrées
le
moment
de
est
la
Russie,
le
Secrétariat Général trouve
venu de poser
ratif russe, obligatoire
les
que
bases du futur Etat fédé-
pour toutes
les
régions de la Russie.
Selon lui ces bases, prises dans leurs grandes lignes,
doivent être les suivantes
:
organisation politique de chaque
Etat de Russie sur un fondement républicain et démocratique,
liberté
individuelle,
parole, de la presse, des
liberté
de
conscience,
de
la
réunions, des grèves, respect du
domicile, etc.
En même temps
le
Secrétariat Général se
prononce en
faveur de la non-immixtion des républiques fédérées dans
leur vie politique réciproque, tant que celle-ci ne sort pas
des limites prévues par les bases
comme
citées plus haut.
République Ukrainienne consicriminelle toute tentative d'empiétement
Le Gouvernement de
dère donc
communes
la
sur les droits d'indépendance intérieure de chaque république.
—
44
—
Le Secrétariat Général combattra énerg-iquement tout
attentat dirigé contre les droits
nienne
il
;
de
République Ukrai-
la
promet son appui aux républiques de Russie
franchement démocratiques dans leur
lutte contre les
usur-
pateurs du droit.
Si ces
bases sont reconnues par toutes les républiques
et si celles-ci
trouvent sur leur territoire des conditions favo-
rables à l'introduction des libertés politiques, le Secrétariat
Général ne verra de son côté aucun obstacle à joindre ses
efforts à
ceux des autres peuples de Russie pour
tion d'un
nouveau gouvernement
le terrain
pour un bon fonctionnement de
fédéraliste;
il
la
forma-
préparera
Constituante
la
aussi bien que pour une paix générale et démocratique de
l'Europe entière.
Signé
:
Le Chef du
Secrétariat
Général
:
V. Vinnit-
chenko.
Le Secrétaire d'Etal aux Affaires Etrangères
:
O. Choulguine.
Le Chef de
Note adressée
le
ii
la Chancellerie
:
J.
décembre igiy par
Mirnv.
le
Secrétariat
général de la Républicjue populaire ukrainienne à
tous les pai/$ belligérants et neutres.
Le
gouvernement de
nienne porte à
la
neutres ce qui suit
la
République populaire ukrai-
connaissance des Etats belligérants
:
et
—
Le troisième
populaire ukrainienne
parmi
—
a IJniversal » (manifeste)
du 7-20 novembre
trale
45
de
la
Rada cen-
191 7, a proclamé la République
et,
par cet acte, a défini sa place
les nations.
Ayant en vue
la
formation d'une Union fédérative entre
toutes les républiques de l'ancien empire russe, la
Répu-
blique populaire ukrainienne, dans la personne du Secréchoisit actuellement la voie de l'indépen-
tariat g-énéral,
dance dans
aura
le
ses relations inlernalionales, jusqu'à l'heure où
lieu le partag-e de la représentation internationale entre
gouvernement de
la
République ukrainienne
et le g-oùver-
nemenl fédéral de la future fédération.
En conséquence, le Secrétariat j^'énéral tient à faire connaître aux Etats et aux peuples de l'univers le point de vue
adopté par la République populaire ukrainienne dans les
négociations de pays, qui commenceront ces jours-ci à
Brest-Lilovsk, entre les représentants du Soviet des commissaires du peuple et les gouvernements des Etats en
guerre avec
la
Russie.
Considérant que
la
guerre actuelle est un grand fléau pour
tous les Etats et surtout pour les travailleurs, que les Etats
belligérants devraient renoncer à tout anexionnisme et enta-
mer immédiatement des pourparlers de
trale
ou Parlement de
la
paix, la
Rada cen-
République ukrainienne juge
de mettre à l'ordre du jour de
la
utile
république nouvellement
créée la question de la paix et de s'en occuper activement.
Après avoir
fait ressortir,
dans son troisième Universal
(manifeste), la nécessité urgente de la paix, la
a voulu conclure un armistice
tants
et,
du Secrétariat général ont
Rada
centrale
dans ce but, des représenété
envoyés sur
le front
du
—
sud-ouest et
le front
veruement de
Rada
—
roumain, qui ne forment plus aujour-
même
d'hui qu'un seul et
46
République populaire. En
la
soumis au
front ukrainien,
même
g'ou-
temps,
la
centrale a charg-é le Secrétariat général d'informer les
Etats alliés de ces pourparlers, ce qui a été fait en temps et
lieu.
Puis, lorsque
le
Soviet des commissaires du
peuple,
après entente avec les g-ouvernements des Etats en guerre
avec la Russie, a procédé à l'exécution de l'armistice sur
tous les fronts,
le
Secrétariat général a envoyé ses repré-
sentants à Brest-Litovsk, à
tion.
Le Secrétariat général
titre
de contrôle
attire l'attention
bien que les représentants des
et
sur
d'informale fait
que
commissaires du peuple
aient été avisés de l'arrivée des délégués de l'Ukraine,
ils
ont signé arbitrairement un armistice général sans avoir
consulté, au préalable,
le
gouvernement de
la
République
populaire.
Or, maintenant que conformément au dernier article
des conditions de l'armistice,
le
Soviet des commissaires
du peuple entre en pourparlers de paix avec les gouvernements allemand, austro-hongrois, turc et bulgare, le Secrétariat général déclare, au nom de la République populaire,
ce qui suit
1.
la
Toute
la
démocratie de l'Etat ukrainien désire
la fin
de
guerre universelle et l'établissement d^une paix générale.
2.
Etat,
3.
ment
le
:
Cette paix doit garantir à
même
chaque nation, dans chaque
à la plus petite, le droit de décider de son sort.
Afin que les peuples puissent se prononcer sincèreet
librement,
leur garantir.
il
faut créer des conditions qui puissent
—
[\.
47
—
Par conséquent, toute annexion
est inadmissible, soit
de vive force, soit par voie de convention
:
nul territoire ne
saurait être annexé de quelque façon que ce soit sans le
consentement des habitants.
5.
aux
De même pour
les contributions
intérêts de la classe travailliste
Les
6.
devront être
établis
7
.
peuples
petits
et Etats
qui sont contraires
du monde
entier.
dévastés par la guerre
dédommagés conformément aux règlements
au congrès de
la paix.
La République populaire ukrainienne, qui possède
actuellement son propre front, doit figurer
indépendante dans
comme
les affaires internationales,
et
unité
prendre
part à côté des autres Etats à toutes les négociations de
paix, congrès et conférences.
8.
Le pouvoir du Soviet des commissaires du peuple ne
s'étend pas à tout
à la
territoire
de
la
Russie, en particulier
République populaire ukrainienne. En conséquence,
une paix signée à
guerre avec
que
le
si les
aussi par
9.
la
la suite
de pourparlers avec les Etats en
Russie ne sera obligatoire pour l'Ukraine
conditions de cette paix sont reconnues et signées
le
gouvernement de
Une paix
la
République populaire.
générale pour toute la Russie ne saurait être
conclue par un gouvernement fédératif reconnu par toutes
les
républiques
et
régions organisées en Etats. Si un gou-
vernement de ce genre
droit de conclure la paix
n'est pas
au
nom
prochainement
de toute
aux représentants réunis de toutes
les
la
établi, le
Russie passera
Républiques
et
régions.
Convaincu de
la nécessité
d'une paix générale
et
démo-
cratique, et désireux de la voir s'établir le plus vite possible,
—
48
—
attachant d'autre part une g-rande importance à toutes les
pour y contribuer,
tentatives faites
le
Secrétariat g-énëral
estime nécessaire d'envoyer ses représentants à la conféBrest-Litovsk, persuadé que finalement la paix
rence de
Congrès international, auquel
sera conclue au
la
Répu-
blique ukrainienne invite tous les belligérants à participer.
Le chef du Secrétariat général
V.
:
ViNNITCHENKO.
Le Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères
:
0. Choulguine.
Aux
Gouvernement» des Républiques fondées sur
toire russe, ig décembre.
Le Secrétariat Général ou Gouvernement de
la
terri-
Répu-
blique Populaire Ukrainienne s'est employé plus d'une fois
pour
la
cause de l'établissement d'un gouvernement fédéré
de toutes
du
sol
les
et
de toutes l«s régions jaillies
de l'ancien empire russe. Néanmoins jusqu^à présent
toutes ses
démarches n'ont pas abouti au résultat cherché.
Cependant,
mées
ment
républiques
il
est
dans
l'intérêt
des Républiques susnom-
d^arriver, si ce n'est à l'établissement d'un
fédéral,
commune au
gouverne-
du moins à une entente visant à une
action
cours des pourparlers de paix qui ont lieu
actuellement à Brest-Litovsk.
Voici
du
1 1
comment
le
Secrétariat Général définit dans sa note
décembre adressée aux Etats belligérants
et neutres
—
fe
pouvoir
([ui
aurait
—
4!»
nom
droit de couolnre la paix an
le
de
fonte la Russie.
Le pouvoir du Soviet des Commissaires du Peuple
ne s'étend pas sur tout le territoire de la Russie et particu8.
^
lièrement sur
le territoire
de
la
République Populaire Ukrai-
nienne. Par conséquent une paix signée par la Russie n'enl'Ukraine que
^aij;era
reconnues
et
les conditions
si
signées par
le
de cette paix sont
Gouvernement de
la
République
Populaire Ukrainienne.
^
Une
9.
paix i»énérale pour toute la Russie ne saurait
être conclue cjue par
par toutes
Si
un i»ouvernement
républiques
les
un gouvernement de
établi, le droit
et
(fédératil'j
ce g-enre n'est pas
de conclure
la
reconnu
régions org-anisées en Etats.
paix au
nom
prochainement
de toute
la
Russie
passera aux représentants réunis de toutes ces républiques
et
régions.
Le
ment
Secr<''tariat
Général propose donc à votre Gouverne-
ainsi qu'à ceux
des autres Répvdjliques de Russie,
d'envoyer immédiatement des représentants à
de Rresl— Lilovsk, par voie de Kiev.
raisons d'ordre
partir,
lui la
le
technique,
ces
Si
Conférence
la
pourtant pour des
représentants
ne peuvent
Secrélarial (iénéral vous propose de prendre sur
défense temporaire des intérêts de votre République,
les confiant à sa délégation à Bresl-Litovsk.
Considérant
la
Conférence de Brest-Litovsk
comme
pré-
paialoire au Con^-rès international de la Paix qui décidera
définitivement des rappoits internationaux concernant aussi
bien l'Ukraine que les autres pays intéressés,
ment de
le
Gouverne-
République Populaire Ukrainienne, tant
n'aura pas reçu la réponse de votre Gouvernement
la
qu'il
et
do
—
50
_
ceux des autres Këpuhliques, ne pourra entrer en pourpar-
qu'au
lers à Brest
nom
Joignant ci-après
tle la
Hépublique Ukrainienne
propres intérêts.
et selon ses
tion
seul de la
le texte
intégral de la note sur la ques-
paix, nous soulig-nons encore
une
fois,
considé-
rant que la prolontj;-ation de la guerre porterait grand tort
aux
inléi'èts
de toute
la
démocratie, aussi bien de l'Ukraine
que des autres répuj^liques
et
Gouvernement de l'Ukraine
vise en
régions de la Russie, que
même temps
indépendamment de
une paix
à
répondant aux intérêts des démocraties de tous
le
les Etats,
nombre de
leur rôle politique et du
leurs habitants.
Le Chef du Secrétariat Général
:
V. Vinnitchenko.
Le Secrétaire d'Ktat aux Affaires Etrangères
:
O. Choul-
truine.
La
Le
22
(le
/'('ccjtliofi
décembre
1(1
a eu lieu
franraise.
(/é/é<j(ition
dans
maison du Secrétaire
la
d'Etat pour les aiï'aires intérieures (rue Institutska,
/jo) la
réception officielle du représentant de la République franyaise auprès
laire
du Secrétariat général de
ukrainienne,
i^énc'ral
Franc<' était accoinpai'nc''
ment
nommé pour
Tabouis. Le représentant de
du vice-consul
M. Arquel,
et
franç^ais,
la
récem-
des attachés mili-
colonels Vanieu et Dens.
taii'cs,
r^es
tariat
Kiev,
République popu-
la
délégués français ont été reçus
général,
\'.-l\.
|)ar h'
chef du Secré-
Vinnitchenko, dans son cal)inel,
en
—
la
51
—
présence du secrétaire d'Etal pour les affaires étrangères,
M. 0. Ghoulg"uine,
Le
g"énéral.
et
g-énéral
membres du
d'autres
Tabouis
a adressé au
Conseil ukrainien les paroles suivantes
Monsieur
((
»
le
Secrétariat
président du
:
président du Conseil,
Désirant confirmer ses intentions amicales envers la
République de l'Ukraine,
le
g-ouvernement de
française m'a fait savoir par télégraphe
(le
communication existant actuellement)
qu'il
la
République
moyen de
me nommait
seul
représentant de la République française auprès du g-ouver-
nement de
République de TUkraine.
la
un an que je me trouve sur le territoire
de l'Ukraine. Pendant ce temps, j'ai eu l'occasion d'étudier
»
Voici bientôt
l'histoire
de l'ancienne Ukraine,
avec attention
j'ai suivi
développement de son mouvement national
tater les efforts
dans
le
accomplis par
but de créer
la
et j'ai
le
pu cons-
République de l'Ukraine
et d'établir les
forces morales et
phy-
siques nécessaires à l'organisation d'un Etat. Tout cela, je
l'ai
suivi avec
reux
et
fier.
un
Monsieur
cet intérêt n'est
mant son
intérêt toujours
le
croissant et je suis heu-
président, de voir qu'aujourd'hui
pas seulement personnel, car en
représentant,
française approuve
ma
le
gouvernement de
manière d'agir
et
la
me nom-
République
m'autorise à pour-
suivre officiellement les excellentes relations qui se sont
déjà établies entre nous. Je vous apporte l'assurance for-
melle que la France, qui est
décisif,
rielles la
la
première à
faire ce geste
soutiendra de toutes ses forces morales et maté-
République de l'Ukraine dans
les efforts qu'elle
accomplira pour continuer à marcher dans
la voie
que se
sont tracée les Alliés et qu'ils poursuivront sans hésitation
j
o:^
à l'avenir en pleine connaissance de leurs droits et de leurs
devoirs, devant la démocratie
du monde
entier et de l'hu-
manité.
))
Personnellement, je
me
consacrerai à cette tâche avec
cœur d'un Français. »
Dans sa réponse, prononcée en français, le président du
Conseil des ministres, M. Vinnitchenko, a exprimé toute
toute Ténerg-ie d'un soldat et avec le
la satisfaction
avec laquelle
le
g-ouvernement de l'Ukraine
a reçu la nouvelle de la nomination d'un représentant
ciel
de
que
le
la
France auprès de
lui.
offi-
M. Vinnitchenko a déclaré
peuple ukrainien apprécierait à sa juste valeur
sympathie que sa libération du joug séculaire
la
et sa volonté
de se créer une vie nouvelle sur son propre sol ont rencontrée
dans
la libre
France.
«
Dans nos cœurs,
a ajouté M. Vin-
nitchenko, l'amitié pour la France républicaine a toujours
été très vive et les idéals
pour
desquels la
la réalisation
démocratie française a lutté ont toujours été vivants dans
la
tradition
du peuple ukrainien.
parcouru par
le
Le chemin historique,
peuple français dans ses aspirations cons-
tantes vers les principes de liberté, a toujours servi d'exemple
aux peuples dans leurs propres
efPorts vers la libération.»
En terminant, M. Vinnitchenko
a salué le général Tabouis
comme
premier représentant
le territoire
de
la
officiel
d'un Etat étranger sur
République de l'Ukraine, sur
du peuple ukrainien
le
République française, général Tabouis,
Conseil des ministres, M. Vinnitchenko,
et
représentant de
le
le
président du
ministre des
M. Choulguine, un entretien a eu lieu
affaires politiques, au cours duquel la
Affaires étrangères,
entre eux sur les
même
libéré.
Après l'échange de salutations entre
la
le sol
—
—
53
question de la paix a été abordée. Le ministre des Affaires
étrangères, M. Ghoulguine, a
désirait sincèrement la paix,
aux
intérêts,
remarquer que l'Ukraine
mais une paix qui répondrait
non seulement de l'Ukraine, mais de
cratie en g-énéral.
et
fait
La reconnaissance
de son g-ouvernement par
officielle
la
démo-
de l'Ukraine
République française donne
la
à l'Ukraine l'appui moral qui lui est
nécessaire et qui
si
l'aidera à défendre ses intérêts nationaux
au Gong-rès de
la
paix.
Le général Tabouis a répondu que
ses Alliés,
désirait la paix,
la
France,
comme
mais une paix qui fournirait
une garantie de sa durabilité.
Mission Militaire Française
en
RUSSIE
Front S
Kiev,
O.
le
3/18 Décenil)re 1917.
Texte des paroles, adressées à Monsieur
Vinnitchenko, Premier Secrétaire général de
la
République
Tabouis de
la
Ukrainienne,
par
le
Général
Mission Militaire Française au
front sud-ouest le 5/18
Décembre
1917.
Les Puissances Alliées n'ont pas encore pris une décision officielle vis-à-vis de l'Ukraine, mais j'ai déjà été chargé
de transmettre à M. Ghoulguine
pour
les efforts
que
fait le
la
sympathie des Alliés
Gouvernenient Ukrainien dans
le
but de rétablir l'ordre, de reconstituer une force de résistance et rester fidèle aux Alliés.
J'avais cru de
mon
devoir de ne pas attendre un Mandat
—
officiel et
le
—
54
de vous demander de m'entrelenir avec vous, dans
but de ne pas perdre un temps précieux, de ne pas être
au dépourvu
pris
le
si
moment
venait d^agir, et par suite
de préparer les matériaux d'une discussion éventuelle relativement aux secours financiers
techniques que les Alliés
et
pourraient fournir à l'Ukraine pour l'aider dans son œuvre
g-ig-antesque d'organisation et de relèvement.
Je suis heureux d'avoir pris cette initiative, car hier soir
j'ai
et
reçu ordre de vous inviter, en vue d'une aide financière
technique que la France pourrait apporter à l'Ukraine,
à préciser et à faire transmettre à l'ambassade de France au
plus
tôt,
programme que
le
pense réaliser
Par
cette
et les
le
Gouvernement Ukrainien
besoins correspondants.
démarche que
vous rendre compte que
les
je fais, le premier, vous
sympathies de
la
pouvez
France à votre
endroit sont réelles et effectives.
Tabouis.
Légation
**
en
de
France
iiciiiuc
ROUMANIE
_
^
République Française
,
,
,
.
Jassy,
le
29
Décembre
1917.
Le Ministre de France en Roumanie à
Monsieur le Général Tabouis, Commissaire de
la République Française en Ukraine.
J'ai
l'honneur de porter à votre connaissance que
le
Gouvernement Français vous a désigné comme Commissaire de la République Française en Ukraine.
Je vous prie de vouloir bien en
informer Monsieur
le
— 55Secrélaire Général des Affaires Etranj^ères
du Gouvernement
Ukrainien, en remettant entre ses mains
la
présente
lettre,
qui vous accrédite en cette qualité.
Saint- AuLAiHE.
LE
GÉNÉRAL
République Française
Commissaire de
la
République
...
Kiev,
21
,
le
Décembre
1917.
3 Janvier 191».
Le Général Tabouis, Commissaire de la
République Fran<;aise auprès du Gouvernemeut de la République Ukrainienne, à Monsieur le
Secrétaire
Général aux Affaires
Etrangères de la République Ukrainienne.
Monsieur
J'ai
le
Secrétaire Général.
l'honneur de vous prier de porter à
la
connaissance
du Gouvernement de la République Ukrainienne, que le
Gouvernement de la République Française m'a désigné
comme Commissaire
de la République Française auprès
du Gouvernement de
la
République Ukrainienne.
Je vous demanderai, en conséquence, de bien vouloir
me
faire savoir quel jour et à quelle
au chef du Gouvernement
ma
heure
je
pourrai faire
visite solennelle
de présen-
tation officielle.
Veuillez, Monsieur
rance de
ma
le
Secrétaire Général, agréer l'assu-
haute considération.
ÏABOUIS.
—
LE
56
—
GÉNÉRAL
République Française
Commissaire de
la
République
Kiev,
le -*U/1
1
Janvier i;tl8.
Le Général Tabouis, Commissaire de la
République Française auprès du Gouvernement de la République Ukrainienne, à Mon-
aux Affaires EtranGouvernement de la République
sieur le Secrétaire d'Etal
gères
du
Ukrainienne.
Le 5/19 décembre, dans une entrevue à laquelle assistaient M. Vinnitchenko, Président du Conseil, et les Secrétaires d'Etat aux Affaires Etrangères, aux Finances, au
Ravitaillement, aux Voies
j'ai
et
Communications, à
eu l'honneur de présenter
la
la Justice,
demande suivante
:
(Suit la répétition du texte de la noie verbale du général Tabouis du 5 décembre, c'est-àdire d'une date antérieure à sa nomination comme ministre du gouvernement français auprès
delà République ukrainienne.)
Depuis
cielles
Vu
cette date, la
France
est entrée
en relations offi-
avec l'Ukraine,
la
marche rapide des événements
et
pour éviter toute
perte de temps, j'ai l'honneur de vous prier de bien vouloir
me
faire tenir cette
réponse aussitôt que possible.
Tabouis.
Oi
Représentant
de
la
GRANDE BRETAGNE
A Sou
des
Excellence
Ministres
de
le
la
PrésidenI,
République
du Conseil
Nationale
Ukrainienne.
i*
Excellence
J'ai
!
l'honneur de Vous informer que
de Sa Majesté Britannique m'a
phique,
le
Gouvernement
nommé, par
la voie télégra-
seule possible actuellement. Représentant de la
la
Grande-Bretagne en Ukraine.
Mon Gouvernement m'a
rance de sa bonne volonté.
le
chargé de vous donner l'assuIl
appuyera de toutes Ses forces
Gouvernement Ukrainien dans
tâche qu'il a entreprise
la
de faire œuvre de bon gouvernement, de maintenir l'ordre
et
de combattre
Démocratie
En
et
le
Puissances Centrales, ennemies de
la
de l'Humanité.
ce qui
Monsieur
les
me
concerne en particulier,
Président, de
entier concours
pour
Vous donner
la réalisation
j'ai
l'honneur.
l'assurance de
de Notre idéal
mon
commun.
PiCTON Bagee
Représentant de
m
i
la
Grande-Bretagne en Ukraine.
IMPRIMERIES REUNI€S
S. A.
LAUSANNE.
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