LlRillE, Ll RySSlE ET LES PlUSSIiCES DE L'EIITEiîE EXPOSE rOlJTIQUE L'EX-MINISTHE UKKAlNlEiN DES AFIAIKES ÉTKAiNGÈRES ALEXANDRE CIIOllLI.lJlNE BERNE 1918 L'UKRAINE, LA RUSSIE ET LES PUISSANCES DE L'ENTENTE LlRillE, Ll BiSSl I ET LES PilSSliCES DE L'ElTEiîE EXPOSE POLITIQUE DE L'EX-MINISTRE UKRAINIEN DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ALEXANDRE CHOULGIJINE BERNE v/* •t^' 1918 imi u Mimn 8aj Ta nmn m aiîoiTuo^ï 2331122111? mmm 3(1 'àWAdmmTA mmmk ?M Wàmmm I Èhrmm-rA'à SOg n /9/2 ,ABR4^-; lU '".ïf'f OF 1973 TORP^ INTRODUCTION A du régime de l'époque nienne à Kiev, les Rada la Centrale Ukrai- fonctions de Ministre des affaires étrangères étaient remplies par M.Alexandre Choulguine, un des plus éminents hommes d'Etat de l'Ukraine. Alexandre Choutguine entretenait des rapports amicaux avec les représentants des Puissances de l'Entente qui se trouvaient à cette époque en Ukraine, et il a exprimé ses vues et ses opinions dans plusieurs publications de valeur qui méritent d'être rappelées à l'opinion publique européenne au moment Nous extrayons de homme les actuel. la quantité d'Etat deux articles sur de déclarations de cet la Russie, l'Ukraine et Puissances de lEntente, auxquels nous joindrons documents concernant nien comme la reconnaissance de l'Etat ukrai- nation souveraine. Ces déclarations forment un tout avec officielles faites même les par la France et la les déclarations Grande-Bretagne à la époque. Les éditeurs espèrent que cette petite brochure obtien- dra l'attention des milieux compétents des Puissances de l'Entente, attention quelle actualité. Berne, Novembre 1918. mérite pleinement vu son I LA RUSSIE ET LA RÉVOLUTION I Vers du premier millénaire après la fin Etat apparut à de Kiev et Mais l'est J.-G. un nouvel de l'Europe. C'était à l'époque illustre de Novgorod. ne tarda pas à chang-er. la situation Il semblait que toute l'Europe orientale, sous la pression de divers peuples nomades et surtout après les dévastations tartares, perdait petit à petit et l'une après l'autre toutes ses capacités de vie culturelle et politique. C'est à ce fit moment, au milieu de son apparition, là-bas, vers plus sauvage et la le ce désastre, que Moscou nord, dans la contrée la plus abandonnée. Les princes s'elFor- cèrent de poser les fondements d'une organisation politique de quelque chose qui ressemblât, Etat. de Les Slaves de de très loin, à un cette région, s'adaptant la vie locale et se mais aussi aux conditions mélangeant aux tribus indigènes noises, créèrent le type pacifique, même du « velikorousse très obstiné dans la » fin- (grand russe) poursuite de ses desseins. Pendant que l'Ukraine, dévastée à tout instant, soit par ses voisins plus civilisés de l'Occident, soit par les Tartares —8— de Grimée, s'efforçait de se reconstituer en Etat, la Moscovie un jouissait d'une certaine tranquillité. Les Tartares qui, à moment donné, constituèrent une g-rande menace pour le nord, y perdirent enfin le reste de leurs forces et s'éparpillèrent de tous les côtés. La Moscovie n'avait rien à redouter non plus de la g-orod. Ainsi^ "sa à former part de l'Etat russo-lituanien et de Nov- puissance s'àffërmit bientôt un Etat puissant, qui réunit sous son sceptre principautés voisines, la et elle piafvint même celle les de Novgorod, avec toute région septentrionale et une partie de la Lithuanie qu'elle ne tarda pas à annexer. Elle ne craignait pas non plus voisinage des Allemands de Livonie, auxquels Jvan rible porta en son temps un coup déj^isif. le le Ter- Seules la Pologne Suède restaient encore sur son chemin. Cherchant l'ojççasion de retenir l'expansioardu vjeune Etat (Oriental. H çti (lai arriva même qu'à l'époque des « troubles » ils la i domi- nèrent presque totalement. Mais quelque temps après, la Pologne étant arrivée à l'extrême limite de sa décomposition, tout danger de ce côté se trouva écarté. vers le début du XVIIP lutter contre la siècle, elle n^élait un Etat aussi immense Moscovie à cette Quant et à la Suède, plus à même de- aussi fort que rétaitj époque. La Suède passant parmi les puisr> sances dç second rang, la Pologne tombant en déchéance, l'Allemagne divisée en de muitiplesjprincipautés, et n'osant pas se niesurer avec les, tsars au contraire leur appui, l'tt Empire de Russie » la de mer Noire la Baltique. à la Russie, mais cherchant Moscovie qui s'appelait déjà se trouva définitivement libérée de tous ses ennemis extérieurs. Cet la la énorme Etat mer Blanche, de Que de peuples et s'étendait de l'océan. Pacifique à de régions iL avait déjà, engloutis, parmi lesquels l'Ukraine, qui s'était jointe libre- ment à 4'un pu pensant vivre lui La ëg-aïi.; ^Russie jornssait n'aurait i composaient direiid^^jipe^uples qui la dans tous paraissajien4, à a^sez enviablej ce qu'on bien-èlre cj^rtain d'ëg-al iji.^es le^ caeij solides et bien fondements létabJiisii!'))! ^^^nDeitemp^! ^s4enpip,9,0lle;$ubissîait>iil,:fi$t,o^i^iy)^ revers,: -mn^d foi s avicc Napoléon^; k >Un4[j.,,eliii11çeufois!!âiV«e!e Crimée,; dans les Balkans et enfin avec Japon, souvenirs le quelque chose de paâ- forts désagréables. Toutefois, c'était bonne humeur ejL sa bonne santé.- C'est aujourd'hui seulement que vient de sonner la dernière heure pour l'Empire de toutes les Russies Russ^ie reprenait bien vite sa sag-er et la peut-être est même beaucoup plus »!; pour limitéç.i-,l Moscovie proprement la lir.ii: •.,ij, au centre Or,. fen Occident, : même grande puissance vedait de se former, craiignant des non sans raison républiques, appuyaient de et les princes les i^n i de ^.•A-y'i\?. i l'Eijro{)e, > et les isârs dite, de iVX-YX une autre de Russie fantômes des révolutions,' sortes toutes de l'Allemag-ne et de constitutions, surtout les rois del Prusse, voyant en eux cette force répressive qui pourrait, l'occasion, leur prêter ils main à; forte contre la révolution. Ainsi ne s'opposèrent jamais à l'union des principautés alle- mandes en un puissant ensemble, bien que aux tout à fa^itcontraiiie pelle comment gravement Alexandre dans sa Pierre atteinte II, , intérêts, 111 aJla et (^e, (lai même Russie. jusqu'à .menacée d'une cette union fût OaB^ sii-uver la rap- Prusseï mort prématurée^' de son côté, ne voulut pas aider la France: malheureuse avec i'Empirje; dUiiOeoire^^^qui venait seulement de se constituer^,;:! .-iVio'} ?/y^.{\'uui\\\ y^^) '•Lesi temps lutte anciens tsars de Russie ne remarquèrent passai l'alliance intime qui s'était faite entre l'AlIitmag-ne et l'Autriche-Hongrie, Etats jusqu'alors adversaires et ennemis. — 11 est vrai que la — 10 Russie se ressaisit peu à peu chercher des alliés à l'ouest de l'Europe... Mais trop tard. La g-uerre mondiale et mit à et se il la lutte contre était déjà un voisin réellement fort montrèrent que la puissance de la Russie était éphémère, que la Moscovie n'avait réussi qu'à former, à certaines conditions favorables, un Etat dont les parties, en apparence unies, n'étaient pas liées entre elles et que cet Etat devait ou bien être transformé en un autre organisme plus approprié aux conditions démembré selon les éléments intérieures, ou bien être hétérog-ènes qui le consti- tuaient. Autrefois, les théoriciens chauvins de la Moscovie des XV-XVl^ siècles enseignaient déchue, été que la première Rome après deux premières, l'est et Moscou elle était la une quatrième devenait laquelle impossible... Mais cette troisième les ayant deuxième Rome, Ryzance, étant tombée la aussi en déchéance à cause de ses péchés, troisième Rome Rome est tombée comme une nouvelle histoire commence à de l'Europe. II La Russie est un pays où la centralisation a pris des proportions inimaginables. El cette centralisation n'est pas uniquement administrative, les circonstances Qui connaît de elle pénètre aussi dans toutes la vie russe. l'aspect des paysages russes se rappellera immenses forêts, interrompues par des champs non moins vastes d'un aspect triste et uniforme; aux champs succèdent les marais et de nouveau des forêts sans fin. ces — Quelques 11 — dispersés çà villag-es apparaissent soudain à l'horizon, de Russie. la tristes, noirs. Tel le de districts, on villes nord sait ce représentent au milieu des vastes plaines de la qu'elles des tsars terre Quant aux quelques hameaux là, et ; la département n'en pauvreté, l'indigence... Le chef-lieu de diffère maisons entourées de pas beaucoup principales. Les paliers, y en s'il a, ce sont les mêmes Les rues, en général, petits jardins. ne sont pas pavées, sauf au milieu, ; et encore dans les rues sont en bois. Les places de marché sont toujours très sales. La pluie formant au milieu des rues et des places des flaques d'eau, les porcs y trouvent leur plus grand bonheur, ce qui fait encore le pittoresque des villes russes, autrement Tout cela est l'extérieur. si déconcertantes... Passons maintenant à la vie inté- rieure. Pour s'en faire une idée exacte, il faudrait lire Tchekow. une erreur de croire que Tchekow n'a retracé dans ses écrits que les mœurs des années 80 et 90. Son œuvre est C'est beaucoup plus vaste généralement. Le « et plus importante qu'on ne spleen » térisent ayant saisi était d'effroi vital, tous ces Tœuvre de Tchekow, caracprovince russe. Un jeune Russe représentés dans admirablement fait ses croit ou hypocondrie, rabattement moral, l'inactivité, l'absence de tout ressort traits si bien le la études dans une des villes universitaires, était lorsque le sort l'envoyait en province, sûr de périr d'ennui. Il s'efforçait de rester dans un de ces centres si par tous les où il moyens renommés pour leurs somptueux, leurs musées, leurs théâtres, et pour tous les trésors de leur vie intellectuelle. Mais là, comme partout ailleurs, les biens matériels autant que spirituels palais — 12 — n'étaient pas partag-és d'une manière égale entre les'idivers Moscou en accaparaient la plus grande partie et ce n'est pas en vain que Les trois sœurs, àt Tchekow, nous sont représentées, soupirant dans un coijtt p.imi S'-jh «^Tïnt "jon'i-ïîihrtr'î ^ôt'nTrrnq n\ ajjrès Moscou Icenitreè.îPëters bourg" et : Cette centralisation à la fois intellectuelle et matérielle n'était pas exclusivement géographique. Tout comme Péterg- Moscou qui dominaient l'énorme pays, il y avait aussi une classe privilégiée et relativement peu nombreuse bourg et d'intellectuelset de gens aisés qui jouissaient, à eux seul^,' des fruits de cette civilisation. Certes cette classe était suffi- samment nombreuse pour former au besoin un noyau important d'où aurait pu surgir uae énergie du progrès, mais cela n'eut pas sonnes restèrent dans Tobscurité classes, si différentes, se capable de hâter la marche lieu et des millions de per- du pays d'élever le niveau intellectuel demi sauvage. On peut civilisatrice la et plus compilée et à demander comment ces opposées, purent vivre côte si jà l'état deux côte. V La classe intellectuelle avait ses traditions, une idéologie très haute, dans le le une monde domaine de littérature entier. et une musique Elle atteignit à la science. Mais sorti de très appréciées un haut degré dans la serre chaude de «royaume des ténèbres», selon l'expression de Dôbrolioubov. Le drame de l'homme ((inutile» était continuel en Russie. Dès qu'uni intellectuel Péters bourg, on se trouvait dans le tentait de se rapprocher qu'il lui était du peuple il se persuadait aussitôt complètement étranger etanutile^itib i^Jr Le peuple dominateur grand-russe souffrait lui-même de la centralisation, mais les Ukrainiens, habitants de l'em^ pire des tzars, en souffraient encore bien davantage. Cepen- — 131 dan t, ce ne sont pas eux qui héritent, à l'heure actuelle dé de ce centralisme intellectuel l'histoire, «La nord,, liai Grande-Russie... et a'eSîVpeut^jêtre et les patriotes g-iqu0^iioq -ivo'iq — fii dé et matériel, troisième Rome mais lé" » chancelle'' p4s loin de l'abîme; Poui* les intellectuels la ob aiov Grande-Russie, ni m/m^ isq un ol iiBt]j|pn'/l Jn9m9m9TiJ0« n. -uipinf! noHh/i id'ilnv .,Ni cette )iuû de la chu te serait tra- uoiJulov;»'! ai ^'j-iéianm ejlhupel PAinb ^slBnoiJBn -mi ,La|mentalité de Fiûtelléctuél russe la g-randeur illimitée ; .''^•••— ^ li sèi . .'^'uo;^ base sur l'i^éédé'' Russie. Très souvent pénitent, pleurant sa propre incapacité, décourag-é pétuellement par sa conscience et condamné (traits patholog'iques, ' péi**' consé- i quence, du système russe), l'intellectuel russe reste cepéù^l dant très patri.Qte n'est pas national, rial. au fond de l'âme. Et il si ce patriotisme est en tout cas itaipérialiste et territo- Voilà pourquoi nous avons vu la classe intellectuelle marcher côte à côte avec son ancien ennemi De ipême haut ridée du socialisme a porté verselle et s'est lancé S;ans réserve les obstacles et la , La jets, ga^er ce tels que ai déception et et à l'ouvrier. de la délivrance dans la le g-uettaiént ébranlé la Russie Révolution. de tous et avec>èlle de l'Allemagne la défaite tsarisme. russe a toujours été l'ami du l'intellectuel peuple et a cherché à venir en aide au paysan Il le ^ijlth'i^ " Mais' côtéjs.'i''"'- tous ses prd-' et la prise de Cons- tantinople, qui étaient en réalité les véritables buts de l'Etat russe. Tous résultat. « Ce les n'est pas pénitents», M. Mysl >|jl^s essais 1J.-Q.1 de s'en défaire sont restés sans en vain .qu'un de ces intellectuels Levineyla écri^tdads lignes suivantes- 5 lé «RouskaVa «Il est inutile de dire que cette" tâche répond réellemeait aupcibeisoiinsndie la Russie et qiie — 14 l'existence de l'Etat russe, de — même que consolidation la du nouveau régime intérieur et politique exig-ent une issue victorieuse dans cette guerre. Mais s'appuyant malheureusement sur les soldiats et les ouvriers qui, las cherchaient qu'à ne manière, la y mettre de fin Révolution n'a pu suivre soire. Pourtant, )) ment dans la les de quelle la politique gouvernement provi- ne faut pas en voir la raison unique- il lassitude du soldat, fatigué par de longs combats. L'Etat russe, amalgamé lui-même la guerre, n'importe la voie nationale, dans laquelle l'engageait le de et instable, contenait en éléments de sa défaite. M. Levine constate plus loin qu'en Russie, qui de tous les belligérants est plus arriéré dans et où sens politique, culturel et économique, le les forces nationales, étant très pu venir en aide à crise du pouvoir leurs, ainsi mois de février, du comme de dère la Russie la faire face à guerre. Tout ceci a véritable Etat, son dû continuer toutes les donné lieu, au de l'ancien régime, qui beaucoup de résistance. comme un aurait certainement la manifestée beaucoup plus vite qu'ail- à la capitulation reste pas fait peu développées, n'ont en Europe occidentale, que l'impossibilité de difficultés n'a l'Etat s'est grandes le la Si l'on consi- gouvernement guerre, car la victoire aurait ouvert à la Russie de grandes perspectives. Mais en regardant les choses d'illusions, en de la voyant telles qu'elles le sont et sans se faire caractère de l'organisme politique Russie, et surtout l'ignorance inouïe du peuple, on acquiert vite la conviction que, dans ces circonstances, la continuation de la guerre devenait un crime vis-à-vis du même Etat. Les intellectuels russes, en commettant de vouloir affermir la révolution la faute par une guerre victorieuse, — préparèrent la eux-mêmes la — 15 débâcle et la décompositioD de Russie. Cependant décomposition la g-uerre et de la n'a pas été le seul facteur de la débâcle russes. La Révolution elle- même, comme conséquence de peut être aussi la guerre, rangée parmi ces facteurs. Les intellectuels mettaient tout Non seulement leur espoir dans la révolution. les partis de l'extrême gauche et les cercles de la jeunesse, mais aussi les citoyens les plus considérés et les plus réfléchis en étaient épris. Bref, on en attendait des merveilles. dissipa vite toutes ces illusions. Elle dévoila véritable face de ce peuple à demi sauvage, intellectuels, qui se croyait, à de la brute prit le elle bientôt la et la classe des un moment donné, maîtresse par fut balayée révolution, Mais la vague populaire. La dessus. Les ouvriers et les soldats renversèrent le u gouverne- ment provisoire » avec la même facilité qu'avait été renversé celui du tsar en février 191 7. La classe ouvrière voyait jusqu'alors son ennemi dans l'autocratie. Après la chute de celle-ci la Russie devait se transformer en un paradis terrestre, les forces productrices du pays se développer prodigieusement, la civilisation et la culture russes, enchaînées jusqu'alors parle régime tsariste, y avait un peu de vrai dans ce point de vue. Rappelons-nous cette oppresatteindre le plus haut degré imaginable. sion, ces exils en Sibérie, ces Il condamnations aux travaux En bas de l'échelle En haut des chefs forcés qui caractérisaient l'ancien régime. administrative des satrapes serviles. absolument incapables. Des changements perpétuels de ministères sans le moindre système. Une politique aventu- — 16 — réusé... Tout cela dohriaiihâttiréllièment sans de fin de l'opposition. Par-dessus tout régnait la part avec toute ((l'autocrate)), lieu à des'crïlî^'uê^^l sa câmarilla, au milieu d'in' trigués et d'influences occultes, au milieu d'un relâchemèûî dés riioeûrà k la Raspoutine, mêle au superslilîbn, ' tel est le spiritisrtie et a M ' tableau fidèle dé l'ànciéhii'è Russie. NéanmôinsV^'éët'^iEln'éién 'rég4riitV '"(!ë''tsa ri strié rriillé fois* ' ndàudit pai^ lei^ilîtèlîéctuels r1a^sés7 était 'au fond ieutiti^iileur ânii. LÎè n-éét dé l'oppression que grâcè'à' Cétté orgaiîisatioïi''séc\ilài]^e' purent jouir éhcbfè' d'un irilellectuels * retenait là' Vâ§ùe' populaire, que' lés (^ùi ' 'certain bièn-étrië''ët s'adonner à leUrs travaux culturels, qu'ils croyaient être entravés; au contraire, par l'ancien régime. Or, la révolu tioti * si désirée s'est jouée de ceux qiii la provoquaient avec tâint .anag^b si ihq siuié ^^ 2èle. Disbtis^lé éiicoi^é tihë fois, là Rligsië'fot'miit' Un 'Véritable damier^. Là 'céiïtralisàtion géographique ' 'et' sbc'îàléiiïé toiité^ ' les richesses spirituelles et matérielles était potiéyéë hommes quétiiênfie les instruits et les nèreht dans un ne surent discerner eiitréïâ plus doués, cerïîle de la classe intellectuelle. Ils tbiir- vicieux. D'un côté là haine é't là cri- tique dé' l'aticién régime étaient bien motivées, mais ce devait 'étire 'lè^ dévàgtàtibii' remède, là Hévôlutibni' sè'trànsfbrinà lié' Russie, qui corhménçà par là Pëtrbgf'à(i,^fe%br^àssà l'ih^^iïï^è ''trà|iïy ^ fiètlt'^à* ^éî!it iskei cette elle paraît ùïïy *' 'là^téj^i bfi' dé* passa^ tbtià^W^^ tré^brs'etfes'fn^ktn'ents'iié^'lâc^vilisation.'^ Actuellement, éti' îqui tbns les terfîtbirèS "de" d^IKiïèàtir Utir' son Gommetiitmuver une Idin* meilleurs de la Russie,' lés plus les réalité sévère et les rêves isi oviJinJHlnlmbB yitifôfi^n^?''^^"^^^^^ presque impossible a décftlfl-'^' La Russie subit vrir. les conséquences immédiates de centralisation géographique et sociale, qui font part l'ancien empire se décompose en un la que d'une certain nombre d'Etats séparés, et que d'autre part, la classe intellectuelle, confondue parla masse populaire avec la « bourgeoisie», est obligée de se réfugier avec celle-ci et avec les capitalistes dans des lieux sûrs, brute » tion. le Il champ loin de la vie courante, laissant à libre (( la pour achever son œuvre de destruc- est impossible de prévoir quand pour renverser forces organisées surgiront comment des et la démagogie et rétablir l'ordre. IV On ne voit, en en Russie, avoir une que effet, la pas d'autre issue pour ruine... le moment, pu cependant y en Inutile de dire que la aurait Il autre plus heureuse. guerre aurait dû être arrêtée à temps. Ceci aurait pu prévenir les excès de la révolution, qui se serait faite plus tran- quillement et d'une façon plus normale. Mais l'essentiel n'est pas encore là. dû comprendre ce n'a encore saisi, les causes du La Russie qu'aucun de ses politiciens aurait tsarisme russe. Connaissant ces causes, les intellectuels n'auraient pas perdu leur temps à en combattre uniquement songeant qu'à la défaite de l'autocratie. jamais voulu admettre que une si grande haine, le n'était Ils les effets, ne n'ont cependant tsarisme, qui leur inspirait que la conséquence naturelle de l'immensité de l'empire russe, de sa trop grande étendue. — Un « empire, g^rand dans autorité despotique — 18 dit Montesquieu, celui qui gouverne. promptitude des résolutions supplée à où elles sont envoyées ; que faut Il que la distance des lieux la empêche la crainte négli- la du gouverneur ou du magistrat éloigné que la loi et qu'elle change sans cesse dans une seule tête g-ence soit une suppose ; ; comme les accidents, qui se multiplient toujours à proportion de sa grandeur. » (Montesquieu, dans l'Etat De V Esprit des lois, livre 8, chap. XIX.) Selon Montesquieu, cains ; les petits Etats doivent être républi- moyens doivent dépendre d'un monarque les Etats quant aux Etats de très grande étendue, ils ; sont nécessai- rement gouvernés par des despotes. Bien qu'on ne soit pas obligé de suivre à la lettre l'argumentation de Montesquieu, l'histoire du XIX*^ siècle apportant quelques démentis à cer- tains points de sa théorie, qui pourrait être revisée, la pen- du génie du XVIIF sée fondamentale ral, conserve cependant toute sa vigueur Nous avons pu la vérifier en géné- siècle, prise sagesse. et toute sa entièrement dans cas de la le Russie. Nous, Ukrainiens, n'avons pas cessé de le répéter aux Russes, qui nous adressaient pour toute réponse un sourire méfiant, ou répondaient : « si nous insistions davantage, nous Le moment n'est pas encore venu. Dragomaniv, dans son célèbre ouvrage » intitulé : La Pologne historique et la démocratie grand-russienne, rapporte certains des entretiens qu'il eut à ce sujet avec les Grands-Russiens. Des conversations de ce genre, nous en avons eu vingt toujours sans le et trente moindre ans après Dragomaniv, mais résultat. Et pourtant quelle est la cause de cette décadence, de cet « affaiblissement» (comme — on avait la coutume de la province, par puis même lution, éprouvé affluence dans le centre lui— même. rég-ime des tsars ait tant de succès si territoire russe. ments qui en Russie centrale, pu Quelle est la ressenti à l'époque de la capitales. les — l'appeler) éprouvé tout d'abord par manque d^hommes cause du 19 Gomment ce n'est leur si se que fait-il le se maintenir si long-temps et avec énorme du ce n'est par suite de l'étendue En Révo- grâce à cette étendue, les soulève- effet, se produisaient dans une partie de l'empire ne pouvaient avoir de répercussion dans les autres parties, De même, distantes de deux ou trois mille kilomètres. tout mécontentement, né dans une des contrées de l'empire, ne pouvait être partagé par les autres contrées à heure sur et le même le impossible et les néces- est sités varient selon les lieux et le situation, temps. Profitant de cette gouvernement envoyait tantôt Russes pour réprimer les même dans un pays aussi vaste sujet; car une communauté de sentiments la Ukrainiens, tantôt eux-mêmes, qui composaient généralement les les les Grands- Ukrainiens cadres de la g-arde impériale, étaient efficacement employés à réprimer Grands-Russes. Les cosaques, montag-nards du Gau- les les case, les Tatars, les Bachkirs et autres tribus primitives et tour obscures servaient ments des Grands-Russes et et impera ment la », tel était le Russie, parait en à leur et le plus de la et à réprimer les des Ukrainiens. soulève« Divide principe sur lequel se basait facile- tsarisme qui l'avait bien compris, se pompe des revues militaires et de diverses solennités patriotiques, et tenait fort bien en mains tout le pays. Les intellectuels haïssaient le tsarisme, ne se rendant — pas compte que ce dans 20 — pas quelque chose d'accidentel n'était l'histoire russe. Ils le confondaient avec cet succéda au de l'Europe occidentale, qui tisme » lisme » et ne discernaient pas en absolu- « lui ce « féoda- despotisme déguisé qui a toujours été la forme politique traditionnelle de toutes monarchies orientales. Voilà pourquoi les longtemps attendue par Révolution, la les politiciens russes, n'a si pu aboutir à rien d'autre qu'à la destruction de l'Etat. Cette révolution n'a eu nullement le caractère de celles de tale ; TEurope occiden- ne ressemble pas à l'héroïque révolution française elle de 1789. Celle-ci, qui possédait les forces créatrices les matériaux nécessaires à aux Etat, put faire face la construction et tous d'un nouvel intérieures aussi bien difficultés l'Europe coalisée, qu'aux attaques extérieures de toute tandis qu'en Russie les forces créatrices ont été englouties dans la destruction générale de la révolution, et ne se sont révélées qu'aux confins de l'empire. même, Quant au centre lui- tombé en décomposition, infectant de son venin parties de l'ancien empire des tsars. est il toutes les Les intellectuels et les politiciens, de même que le gou- vernement provisoire, n'ont pas voulu comprendre qu'une fois le tsarisme aboli tions qui l'avaient étrangère intérieur. fallait détruire aussitôt les engendré. Montesquieu, dit petite, il ; si elle est elle grande, « une république Si est détruite elle se Ce double inconvénient condi- par une force détruit par infecte est un également vice les démocraties et les aristocraties, soit qu'elles soient bonnes, soit qu'elles soient même il : il mauvaises. Le mal est dans la chose n'j a aucune forme qui puisse y remédier. Ainsi y a grande apparence que les hommes auraient été — 21 — à la obli§"és fin d'un seul, titution de vivre toujours sous g-ouvernement n'avaient imaginé une manière de cons- s'ils qui a tous les avantag'es intérieurs du gouverne- ment républicain force extérieure la et Je parle de la république iédérative. VEsprit des Or, le le pour lois, livre 9, mot de (( chap. » du monarchisme. (Montesquieu, De I.) fédération » a toujours été un épouvan- Russes. Bien qu'il y ait eu des partis politiques qui réclamaient la fédération dans leur programme, tail les on n'a jamais su exactement ce qu'ils entendaient par Car dès s'agissait d'appliquer ce point de leur pro- qu'il gramme, des hommes taient « tels indignation avec inopportune». Tout le que Miakotine lui-même, monde comme se rappelle aussi la fameuse d'une part, avait 7, au du mouvement ukrainien. Cependant, une issue aurait si, reje- fédération d'une l'idée réponse de Kerenski au congrès de Moscou, en 191 sujet là. passé, la été possible pour la guerre avait été liquidée h temps petit à petit, Russie et si on par des réformes successives venant d'en haut, à une fédération. C'est précisément ce que ne purent jamais comprendre ceux qui étaient au pouvoir à Moscou et à Pétersbourg. Cette idée leur était tellement étrange qu'aujourd'hui encore, dépossédés, dispersés dans tous les coins de la Russie, souffrant de font que maudire l'Ukraine, maudire le la ils la décompo- ignoraient malmener dompter et la se plaisaient à l'Ukraine, réunissant leurs efforts pour la Ils ne Lorsqu'ils étaient au pouvoir, appelés à consolider l'Etat centraliste, soumettre. ils fédéralisme «inop- portun» qui, selon eux, sont responsables de sition de la Russie. faim, totalement qu'une république, 99 aussi bien qu'une monarchie constitutionnelle de toute la Russie qu'à un non-sens, une absurdité... était de la suite voqué par la la révolution, guerre, soit le rétablissement il de Ils ignoraient ou plutôt de ce gâchis pro- ne restait plus qu'une alternative, la comme monarchie despotique, après la révolution de 1906-1906, soit la destruction de la Russie. L'unique chance de salut à la fédération. qui a Il est à noter était que c'est l'Ukraine, la contrée Les Moscovites devraient prendre ce considération et s'en étonner. Elle régime de Kerenski le perdu, lorsque tout s'ébranla sièg-e une passage le plus souffert de la Russie, qui a essayé de propager le la fédération. dant encore dans de fois la et et sous le fit même que fait les tsars, en pen- lorsque tout était a la brute» occupa le Russie. C'est alors que TUkraine tenta encore de sauver la situation et chercha à réunir en une fédération les peuples et les régions de l'ancienne Russie. Mais il était déjà trop tard. y a des documents que nous conservons et qui prouveront à la postérité combien injustes étaient envers Il l'Ukraine les Au lieu « frères » moscovites^. de nous rendre justice, la nous envoyer ses malédictions, à nous etc. Elle s'obstine à croire que c'est Moscovie continue à traiter de «traîtres», nous qui avons causé Ces documents sont publiés dans le recueil de M. Choulj^uine, duquel nous extrayons le présent article sur la Troisième Rome. ' La Politique, — la chute de traire, car sauver est hors de la situation Par contre, — Russie. Nous ne pouvons qu'affirmer la il 23 le con- doute que nous avons tenté de en tâchant de créer une confédération. détenteurs du pouvoir, à Pétersbourg-, ont les tout fait pour conduire la Russie à sa perte. n'est ni par sentimentalisme, ni Ce pour maintenir une que nous avons proposé tradition ancienne fédéralisme jusqu'au dernier moment, car il et défendu y avait parmi nous des ennemis convaincus de toute alliance avec Russie, que comme le la par exemple M. Donzow, qui ne rêvaient la destruction de l'empire. Mais de l'Ukraine, envisageant toutes les la majorité des citoyens difficultés qui s'oppo- sent à la création immédiate d'un Etat ukrainien indépen- dant après une si du pays à l'org-anisation armée puissante, rimenté, dants » les longue période de sujétion, la l'intérieur, la telles que formation d'une création d'un corps diplomatique expé- finances, combattaient etc., les « indépen- (samostiniki) et reconnaissaient la nécessité d'une fédération avec la Russie. Ils espéraient qu'elle serait réali- sée par le peuple lui-même, sans avoir recours à l'aide des voisins de TOccident. une tout autre direction et nous fûmes bientôt obligés de nous séparer complètement Cependant, de la l'histoire Russie anarchiste, à prit la suite Moscovie nous qualifièrent de Mais qui fut trahi et de quoi les patriotes de « traîtres »... par qui ? L'Ukraine n'avait-elle pas le droit de décider librement — de son sort, selon elle-même — 24 proclamés par les principes la Russie ? Et comment devait-elle rëag-ir contre les événements de décembre ? Quand le nord tomba dans une anarchie sans précédent dans l'histoire, quand commença la lutte avec le g-ouvernement bolcheviste, étonnant que l'Ukraine est-il choisît la voie de l'indépendance? Quel est sité le motif de son appel aux Allemands? La néces- de protég^er Certes, si la le pajs contre hordes sauvages du nord. les Moscovie avait pu nous garantir notre exis- tence politique, il en aurait été tout autrement. Mais ne faisait que nous opprimer et s'opposer à notre dévelop- pement. Elle nous donna d'abord dûmes supporter les elle le tsarisme, puis nous conséquences du gâchis produit par le gouvernement provisoire. Enfin nous avons éprouvé dernièrement la Tout sauvagerie des hordes bolchevistes ceci n'est pas enviable. Il ! que certains de est vrai nos intellectuels, surtout ceux qui ont renié leur propre nationalité, ont eu le privilège d'être reçus dans les milieux choisis de la classe intellectuelle russe et de jouir de tous les avantages de leur situation. Mais là. Il faut distinguer entre la politique. civilisation, vie intellectuelle et la vie mais la valeur de la nous rendons hommage à sa haute la politique et ukrainien n'ont rien à faire avec naître en toute franchise : les elle. intérêts Et il du peuple faut le recop- Pétersbourg n'a rien donné de au peuple ukrainien. Que la question n'est pas Nous reconnaissons parfaitement vie intellectuelle russe et positif la Le retour du peuple ukrainien à désirable? Envisageant cette question au dire de l'avenir ? Russie est-il — point de vue de l'intérêt 25 — du peuple, faut répondre négati- il vement. Non, aucun retour n'est possible Russie reste si la ce qu'elle était. La chose si elle serait différente si elle changeait foncièrement, reprenait son « aspect nisme qui humain grand orga- » et si ce dans l'anarchie venait à se se débat actuellement transformer en un série de républiques, reliées entre Mais alors ce ne Ce d'autrefois. l'Orient^ à l'instant, il veau et serait plus serait Russie connue, Russie la une fédération des peuples libres de laquelle l'Ukraine pourrait se joindre. n'y a pas de raison de croire à un Pour pareil renou- l'Ukraine ferait bien de penser à elle-même, de se consolider d'affermir sa situation vis-à-vis des voisins et qui occupent en ce qu'une aide de nous la elles. serait utopie... Il moment la part très notre territoire. Il est évident des jeunes républiques de TOrient profitable, est difficile aussi tion et la vie sont riches mais ce n'est encore qu'une de prévoir l'avenir. La révolu- en surprises. Jetant un coup d'œil en arrière, nous devons constater que l'ancienne Russie subi le sort frappantes. : la « troisième Rome » a de ses sœurs aînées. La Russie phénomène tombée est d'autrefois, l'ancienne Russie, original On y et curieux, plein voit, à côté d'élans présente un de contradictions magnifiques d'une très haute portée morale, une sauvagerie des plus angoissantes, un fond tout à C'est la fait asiatique, une erreur de croire, sous une face européenne. comme on l'a fait souvent, que Russie est symbolisée par cette superbe statue équestre de Pierre place le Grand qui du Sénat. se dresse sur les bords de la Neva, Elle n'est point l'image de la Russie, cette — 26 — œuvre d'un génie étranger, transplantée dans l'extrême nord. Les slavophiles peuvent Grand n'a rapproché ficiellement. la être satisfaits : Pierre le Russie de l'Europe que très super- Elle reste encore aujourd'hui énigmatique et incomprise. Elle a conservé tous ses traits d'origine. Le cheval intrépide, la rencontre du progrès, main puissante de Pierre le Grand, Russie. Celle-ci trouve une image fidèle dans guidé par la s^élançant à la aux allures d'hippopotame qui fait partie n'est pas le cheval du magnifique groupe de Paul Troubetzkoï, place Nicolas, à Pétersbourg. Et ce cheval n'est pas monté par Pierre le despote génial que fut Grand, mais par l'empereur autocrate de toute Russie, Alexandre Le 28 le avril 1918. III. la II LES ALLIÉS DE LA RUSSIE ET L'UKRAINE I Nous avons déjà eu l'occasion de constater que ces derniers temps les alliés de la événements qui se passaient sur avec les yeux des cadets, et Russie considéraient le territoire les de l'Etat ami auparavant avec ceux du Novoïé Vremia. Ils n'ont jamais connu la Russie, étudiée par conséquent, et, personnelle sur les ils questions ils ne l'ont jamais ne peuvent avoir d'opinion politiques concernant. la Les années d'une long-ue alliance avec l'empire des tsars (surtout pour les Français) ont été perdues sous ce rapport. Avant la partisans guerre et fidèles pendant la de l'ancien première période, régime. Il ils est vrai furent que ce régime ne répondait point aux sympathies républicaines du peuple français et sociale la et des Anglais, mais ce régime était Grande- Russie laquelle encore moins à la discipline politique ils centralisée, croyaient en fermement. la force Les le symbole de militaire de événements qui eurent lieu au cours de cette guerre démontrèrent que ces espérances n'étaient pas fondées, que la Russie avait fait banqueroute, non seulement au point de vue de l'organi- — 28 — de vue... Dès que salion militaire, mais à tous les points les Alliés s'en aperçurent, se sentir fit un mécontentement grandissant parmi eux à l'égard de l'ancien régime. Ils commencèrent alors à se l'orientation des cadets. Quelques changements survinrent, mais rapprocher insensiblement de la situation resta toujours la tsarisme et même sur un point : le MilioukofF étaient d'avis que la puissance de la Russie résidait en son unité, des côtes de Mer l'Océan Pacifique, de la Mer Blanche à la cela les Alliés croyaient fermement et la Finlande à Noire, et en aveuglément. Ce point de vue répondait justement aux anciens prindu régime centralisateur de la France ment acceptable pour l'Angleterre. cipes Il que est vrai a appris à cette dernière à l'histoire une existence quasi laisser libre à en tout cas, de les assimiler, se trouve à côté. anglais que libérale, le Il colonies, ses sont situées au delà des mers. celles-ci et était entière- Il mais est impossible, à l'inverse de l'Irlande, qui paraissait donc tout naturel aux esprits gouvernement russe, s'appuyassent sur le ainsi que l'opposition principe de la Russie une, indivisée et centralisée. C'est de ce point de vue que les Alliés jugeaient la question ukrainienne ou, à proprement parler, cette question n'existait point avant la guerre, ni ni pour Ils pour les Français, les autres Alliés. éprouvaient guerre sur le le besoin de baser l'idéologie de la principe de la libération des peuples faibles du joug des oppresseurs. L'ancienne Russie, de par tout son passé, ne ressemblait évidemment pas à cette grande force humanitaire et éclairée qui devait libérer l'humanité. — Il 29 céder sur quelques points, et au moins dans lui fallait des discours faire parade de générosité. G*est ainsi que manifeste aux Polonais, après la Serbie, satisfit complètement d'un les intéresser le sort ukraïnien exercées la « le g"este de à l'é§-ard de la la En quoi pouvait les Alliés. peuple inconnu presse, de le majestueux envers Qui d'entre eux connaissait ? parole, — la pensée, des espérances du peuple », représailles les littérature, de ukrainiennes ? Quétait-ce que la Galicie ? Par qui était-elle habitée? Des « considérations d'ordre militaire » forcèrent la Russie à ruiner ce pays, et à déporter dans la lointaine Sibérie des milliers de ses habitants... Les Français suivaient, à cette époque, ils marche triomphale d'Ivanoff la de Broussiloff; pleuraient Louvain, grinçaient des dents devant Reims, refoulaient l'assaut ennemi du cœur de centre de la civilisation qu'est Paris. moments les ignoraient et Mais avec Ukraine ne voulaient pas le ». le l'Ukraine. Gomment, dans des temps les connaître Ils ! les Alliés s'aperçurent néanmoins mot qui se manifestait autour de Ge qui se préparait dans nos villages et villes, s'élever d'un vaient France, de ce aux souffrances de l'Ukraine? l'oreille d'un mouvement dans nos la aussi tragiques, pouvaient-ils, malgré toute leur humanité, prêter d'(( et ce feu ce qui couvait sous la cendre pour coup en une flambée grandiose, remarquer n'ayant jamais étudié Quant aux Sasonoff et ils ni la aux MilioukofF, ne pou- Russie ni ne le ils voyaient pas, ou bien ne voulaient ni s'en apercevoir ni en Les Alliés i;emarquèrent ce mouvement au delà de la frontière et en furent informés peut-être pour la première parler. fois par une source allemande... La diplomatie alliée en — — 30 conclut alors que les informations sur d'Allemagne, toute l'affaire devait l'Ukraine venant une être intrig-ue alle- mande. Sasonoff lui-même appuya cette opinion gardèrent jusqu'au moment où à la grande surprise de tous, la Les Alliés ! la révolution éclata et où, la voix de l'Ukraine se fit entendre haute et impérieuse. Dès lors, quelque chose avait changé... mença Au printemps, et surtout en été, l'Entente à tenir compte de l'Ukraine, mais comme négative... Elle partageait le point de vue com- d'une force du gouvernement provisoire en ce qui concernait les aspirations des Ukrai- niens à l'autonomie et à Cependant, au mois de la nationalisation juillet, les de l'armée. Français tout d'abord, puis leurs alliés, envoyèrent des représentants pour se ren- commen- seigner sur place. C'est alors seulement qu'ils cèrent à comprendre que sous ce mouvement se cachait une force impossible à créer par des intrigues. Le premier Français qui se rapprocha de nous avec l'intention sincère de savoir la vérité fut s'aperçut force des Jean Pélissier. Il immédiatement que nous avions pour nous la sympathies populaires. En connaissance de l'activité même temps, prenant du nouveau gouvernement et des dispositions d'esprit de notre société, Pélissier pressentit et que déclara dans ses écrits officieux et politiques, hommes politiques de l'Ukraine ne tiendraient compte les que des intérêts de leur pays, et non de ceux de l'Allemagne, de l'Autriche, de la Russie ou autres. C'est pourquoi on pourrait attirer cette force nouvelle de son côté faisait prévoir un bénéfice faudrait lui tendre la main. national. Pour cette si on raison lui il — 31 — Et puis les Français voyaient qu'en Ukraine raient ils trouve- non seulement une ressemblance chmatérique avec France, mais semblable à aussi d'une possibilité la nationale unité quoique encore dans un la leur, la état indécis, unité qu'ils n'avaient pu trouver dans une ville internatio- nale et déjà à moitié bolchévisle Français se disaient Les Petrograd. faut poursuivre la g-uerre, Il : comme mais Petrog-rad en est-elle capable? Et voici que, sous l'influence de leur idée guerre jusqu'à fixe, la commencèrent à balancer force, du ments et les Mais g-rad. les En la victoire les valeurs. Les renseigne: à Kiev... anciennes traditions inclinaient du côté de Petrodéfinitive, soutinrent les centralisateurs jus- ils nouvelle désagrég-ation de la Russie, la désagrégation qui revêtit sous l'influence de la n'y avait il précisément à et de ces deux principes que les Alliés s'opposèrent continuellement. Ils : principe de la fédération. Mais c^est le la réalisation heurtèrent au un organisme aussi que deux remèdes la une décentralisation large cessation des hostilités et immédiate, basée sur caractère d'une catastrophe, le guerre, néfaste à faible, et contre laquelle changea. ! ils côté était la impressions nouvelles répondaient qu'au bout, jusqu'à se De quel ou de .Kiev côté de Petrograd complète, Ce n'est que lorsqu'ils bolchévisme que leur manière de voir cessèrent de croire à la Russie centralisée. II Nos rapports avec les diviser en trois périodes demi privée, : la seconde, Alliés de la Russie peuvent se la première à demi officieuse et à tout officieuse, et enfin la troi- sième, celle des relations diplomatiques officielles. rôle dans ces rapports échut aux Français, bien que peu à actif peu Un les Ang-lais, les Américains, les Roumains, les Italiens Serbes eussent suivi leur exemple. et les La période à demi officieuse, période des relations d'oc- commença encore en casion, été. A cette de longues conversations politiques sur époque eurent la situation et sur- tout sur les aspirations et les intentions En automne, au mois lieu des Ukrainiens. d'octobre, ces relations se poursui- avec plus d'intensité et devinrent vraiment impor- virent tantes après le troisième universal. Alors commencèrent les relations officieuses. J'en fais remonter de la le début au général Tabouis, chef major au service de l'Angleterre, et le Fitz-Williams, se présenta à moi taire le mission militaire au quartier général du front nord- avec ses officiers est, moment où comme ministre ou secré- des Affaires étrangères et déclara que les Alliés en général, et France en particulier, voyaient avec une la grande sympathie la renaissance politique et nationale de rUkraine. Sachant que la constitution d'une nouvelle répu- blique, surtout dans ces conditions, n'était pas chose facile, les gouvernements en quoi ils alliés offraient leur aide et pourraient être utiles à l'Ukraine. heure tout fut rédigé par Selon le désir demandaient Au bout d'une écrit sous forme de note verbale. je ne donnai point de réponse du cabinet, définitive à leur proposition et à leur question entièrement concrète sur un ; tel je leur déclarai que pour ouvrir des pourparlers sujet avec la France en manifesterait le désir, il ou toute autre puissance qui était indispensable qu'aupara- vant ces puissances reconnussent expressément par un acte — 33 — officiel la république démocratique de l'Ukraine et qu'elles établissent avec nous des relations diplomatiques en nous envoyant leurs représentants. Après quoi les relations ces- sèrent pour quelque temps et ce n'est qu'au bout d'un mois, à peu près, que cette fois le g-énéral de représentant Tabouis reparut en officiel qualité du gouvernement français auprès du gouvernement de la république démocratique de l'Ukraine. C'était pendant la seconde décembre. Bientôt après arriva gleterre, M. Bagee. le moitié du mois de chargé d'affaires de l'An- La Roumanie agit de même, mais nous ne possédons pas de documents à son sujet car s'agissait alors de conférer au représentant de la titre par mêlèrent toutes ment Roumanie d'envoyé extraordinaire. Les événements, et autres le la suite, il les cartes et rompirent totale- cette période des relations internationales de l'Ukraine. III Pendant tout ce temps, alliées à Kiev firent les représentants des puissances preuve d'un grand intérêt à l'endroit des événements qui se déroulaient devant leurs yeux. entretinrent des relations actives avec de Petrograd étaient même et comme corps diplomatique de Jassy. Par l'intermédiaire de Jassy, en relations directes avec Paris des instructions en conséquence. Kiev, le à l'époque Il même que de Jaroslav, devait devenir un attirait les Alliés Kiev? Nous avons déjà remarqué que, peu Alliés avaient ils et recevaient semblait grand centre diplomatique. Qu'est-ce qui à Ils à peu, les perdu leur confiance en Petrograd, et qu'ils 3 — s'en étaient même totalement séparés après bolcheviks. Quand, dans rappelais leur ancienne faisaient que hocher la fédération — 34 le triomphe des mes discussions avec foi la tête. eux, je leur en la Russie centralisée, ils est évident, opinaient-ils, Il ne que Tunique moyen de sauvetage. Mais, en est même temps, ils continuaient la même politique qui avait à poursuivre envers l'Ukraine ruiné la Russie de jadis. Par moment, il semblait que nous avions réussi à leur ouvrir les yeux sur les défauts de cette politique, à les arracher aux intérêts du jour pour fixer leur attention sur leurs propres dans l'avenir intérêts tionales. était à et sur de vastes perspectives interna- Mais de nouvelles instructions arrivaient recommencer. En ce qui concerne est à reg-retter que le et tout les Français, il comprendre la seul civil capable de situation politique, le journaliste Pélissier, ait été entière- ment étranger à la politique, les affaires étant dirigées par des militaires qui, en dehors des intérêts actuels de la guerre, ne voulaient rien voir. Lors de la chute du Gouvernent Provisoire, quand les Commissaires du Peuple entreprirent leurs démarches inter- nationales, les Français et d'autres Alliés se montrèrent très irrités. A leurs yeux Pétersbourg devenait au chie, l'Ukraine, contraire, de former un Etat. Et continuer la guerre à quer que ceci était ils pourrait le daient-ils. faire. Nous ; leur pays de l'ordre capable Nous dûmes elle seule leur expli- absolument impossible; que et « centre de l'anar- espéraient que l'Ukraine allait ukrainien ne voulait pas plus ples de la Russie le le que, peuple guerre que les autres peu- la même s'il en avait le désir, alors que le il ne demanGouvernement Et votre armée nationale? prouvâmes le » — appuyé par Provisoire, les 35 Alliés tous les obstacles possibles à nationale ; — eux-mêmes, avait mis la formation d'une armée que, malgré tout notre désir, les soldats ukrai- niens de l'armée russe qui n'avaient pu se séparer étaient tellement dispersés sur tous les fronts, que par le fait même ukrainiennes étaient non seulement divisées, mais aussi exposées à la corruption dont souffrait l'armée russe; les forces de plus il impossible de les protég-er contre ce danger, était Cependant vous avez encore des troupes sur le front sud-ouest? » Nous dûmes encore une fois leur enlever cette « illusion en leur faisant observer vernement Provisoire les fractions que grâce au même Gou- ukrainiennes de ce front au milieu de différentes autres nations compo- se perdaient sées pour la plupart de bolcheviks.... Ensuite nous attirâmes leur attention sur l'anarchie toujours grandissante, sur la possibilité d'une guerre avec le Nord, que nous prévoyions déjà. Les Français n'eurent plus d'objections à faire et se bornèrent à maudire les bolche- viks et... dûmes Gouvernement Provisoire. Plus tard, nous déclarer que la seule issue possible dans ces le leur conditions était la conclusion d'un armistice ; après que les bolcheviks avaient ordonné la fraternisation avec l'ennemi et avaient commencé des démarches pour un Bresl-Litowsk, dans le même et le général Tcherbatcheff avait agi sens avec les restait plus qu'à la que armistice à Roumains au sud, il ne nous envoyer immédiatement des délégués pour paix; lorsque nous leur fîmes savoir tout cela par une note spéciale et officielle, leur indignation devint qu'ils si grande rompirent toutes relations avec nous durant plusieurs jours de suite. Ils furent surtout indignés du caractère de — 36 — quelques expressions employées dans Rada la résolution de la Centrale, lesquelles n'étaient peut-être pas très diplo- matiques. Mais au bout d'une semaine à peu près, les Français se présentèrent à nouveau avec des paroles fort conciliantes. D'après eux, l'armistice était indispensable. Nous devions comprendre que le la force militaire appartenaient aux Alliés de la Russie dèle. A ce droit, la civilisation, la justice et enfin moment, nous, clure qu'une paix selon pourquoi, ajoutaient-ils, droit, de la militaire flaient les les il Ukrainiens, ne pouvions condésirs fallait, civilisation, etc., au des Allemands. C'est nom de du la justice, que nous fussions une Par quels moyens?... active.... infi- n'en ils force souf- mot. IV Les Alliés supposaient qu'ils possédaient un plan sage de la concert avec campagne le Don, orientale la : fort l'Ukraine devait agir de Roumanie, les Polonais, les Tchè- ques et autres armées nationales qu'ils se proposaient de former. Les Français parlaient sud libérée de la aucun cas la croyant que d'une fédération du source d'anarchie qu'était proposaient de nous ainsi de suite. même faciliter Nous fumes le nos relations avec le ils se Don et forcés de leur expliquer qu'en guerre n'était possible, qu'ils se trompaient en le Don était d'une solidité à toute épreuve, que aucune organisation politique déterminée, qu'au contraire l'anarchie grandissait chaque jour; enfin celui-ci n'avait et nord; que décidément nous avions besoin de la paix. — Mais les Alliés n'en rent de parler sur — 37 voulurent point démordre, un ton plus énerg-ique réponse plus décisive encore. de l'idée mencer à croire que la essayè- obtinrent une parurent alors accepter avec un g-rand intérêt qu'ils suivirent événements de Brest les et la paix. G^est Ils et ils et ils semblèrent eux-mêmes com- paix générale n'était plus que peut-être l'Ukraine ne faisait si éloignée que tourner la page d'une période historique nouvelle. Mais bientôt leur disposition d'esprit changea. Ils que paix soit retardée la le recommencèrent à demander même plus possible et que pourparlers soient totalement rompus. C'était au où, grâce aux comme leur moment mesures des bolcheviks, toute l'armée, que nôtre, était dispersée, alors la les la bandes les anarchistes étaient maîtres de la moitié de l'Ukraine. Comment rompre les pourparlers de paix dans de telles conditions? demandions-nous. La paix, c'est d'apaiser le peuple. Et puis tion actuelle, les maîtres de tout pas le moyen est évident que, vu la situaAllemands peuvent sans peine se rendre pays. Mais on nous répondait « Ne faites : mais ne signez pas la guerre, seul le il la paix. Les Allemands sont impuissants à faire une grande offensive. » (( Et que pensez-vous, en quoi pouvons-nous espérer?» leur demandai-je. « En quoi devenir les ennemis de la justice, etc., etc., par la guerre, il que au lieu de faire civilisation, du la même une vague ; gique, de la Serbie de droit, la populaire balaie votre suivez audacieusement la voie de la Belet de la Roumanie... Sur du congrès, où nous serons vainqueurs, triomphera... » paix et de vaut mieux que votre pays soit détruit gouvernement vert ? la le tapis justice — 38 — Que pouvait-on répondre sérieusement à de telles pro- positions ? Les diplomates militaires de France étaient arrivés la aux mêmes principes que devait proclamer plus tard bolchevik Trotsky. Cependant, dès que les Alliés virent le que les bolcheviks étaient incapables de conclure la paix avec les Allemands, ils chang-èrent d'attitude à leur égard. Les bolcheviks s^approchaient de Kiev, pagne effrénée contre l'Ukraine, et menaient une cam- en même temps centrale de ruiner la paix et les autres déclaraient qu'elle l'avait déjà signée avec la «bourgeoisie etc. pu- des proclamations, dont les unes accusaient la bliaient Rada ils moment que C'est à ce le allemande», représentant de la France condamnant le bolchévisme il était pourtant obligé de reconnaître que sur quelques points les déclara que tout en bolcheviks avaient raison tion qu'il avait sous les séparée ; tement la : les trois quarts de la proclama- yeux étaient opposés à une paix en vérité un quart seulement accusait injus- et Rada d'orientation bourgeoise... Les Alliés se mirent à se forger des chimères. et La politique de l'Entente en Ukraine manqua de suite de fermeté... Elle suivit une voie complètement erronée, qui causa la ruine de la Russie. Mais nous, qui suivions notre propre voie, rapprocher la nous devions nous rappeler qu'il fallait question des alliances politiques et des rap- ports internationaux de celle des intérêts immédiats pouvant — 39 — unir les Etats et les peuples. Nous considérions la politique de la diplomatie française compte des tenait pas nous intérêts réels ne ferons pas et cela çais, vous comme la erronée parce qu'elle ne pouvant nous unir. «Non, disions-nous aux Fran- guerre, est désag-réable. Mais Au la guerre est-elle point de vue poli- la seule des relations internationales ? tique, vous faut en Europe orientale des centres org-anisés, il réellement forts et indépendants. Croyez-vous encore à la Russie centralisée, au retour du quo ante staiii belliim et ante revolulionem, croyez-vous à la résurrection des morts? Non ! alors vous devez chercher un nouveau centre poli- tique et vous devez l'aider à devenir réellement indépen- dant. Un de ces centres, c'est l'Ukraine. Qu'elle devienne entièrement libre, qu'elle forme une fédération du sud, ou bien Etats des peuples fédération importe pourvu qu'elle d'être soit notre but et les Etats partie de la g-rande Russie, peu vous l'ancienne forte. les Car alors elle cessera mains des puissances Elle ne sera pas forcée d'accomplir leur volonté. force réelle et tel est de une brebis docile entre centrales. Une qu'elle fasse avec les une indépendance vraie de notre le vôtre. Au Etat, point de vue économique, de l'Entente, riches en capitaux, sont encore plus intéressés à l'existence de l'Ukraine. Il est clair que l'Alle- mag-ne aspirait à satisfaire ses besoins économiques en Ukraine, même affranchi les avant la paix. Gela Français et leurs alliés n'a cependant pas de leur tâche ; au contraire, cela les a forcés à faire tout leur possible pour contrebalancer Tinfluence économique allemande... D'un autre côté, l'Ukraine. » il est évident que tout cela est profitable à 40 — Les Alliés écoulaient, mais ils — n'avaient pas la force de chang-er radicalement leur politique à l'est de l'Europe... En terminant la critique de leur conduite à l'ég-ard de l'Ukraine, nous devons reconnaître que dans notre propre collective, fut toujours nous avons commis des erreurs non moins grandes que celles de l'Entente. Tantôt les relations avec républiques bourgeoises les « mot malgré toutes les accusations, politique, qui, « diplomatie » et les monarchies », tantôt le paraissaient nous faire peur, ou bien, simplement, nous n'étions pas habitués à une existence internationale. Le ministre des Affaires étrangères devait défendre à grand'peine chaque pas qu'il faisait. Et puis, nous nous sommes abusés sur nos forces militaires. commencement de décembre, nous avions examiné Si, au les faits avec lucidité, beaucoup de choses ne seraient pas arrivées. On nous emprunts a proposé maintes fois d'Etat, et même une aide technique, des des produits qu'en aucun cas nous n'aurions reçus de l'Allemagne. Si, ordre, au mois de décembre, nos finances avaient si été en nous avions reçu des marchandises (une quantité en avait été déchargée à Vladivostok garantissaient le et les transport à travers la Russie Anglais en si nous les achetions), peut-être aurions-nous une paix différente, peutêtre aurions cédé moins de blé, peut-être nous serions-nous passés de l'aide militaire des Allemands, car l'argent aurait pu nous donner une armée nationale, l'ordre social et des marchandises. Mais nous avons lardé et l'aventure bolchéviste a tout balayé. Cependant, tout cela, ce sont des suppositions sur le passé, et l'homme d'Etat ne doit contempler que l'avenir. 41 On y voit se dessiner le — congrès international... Nous devons nous y faire une place, nous devons prendre part au conseil international des puissances. Les plus grands Etats de l'univers et, à leur exemple, la majorité des Etats secondaires se sont partagés entre deux alliances, celle de l'Entente et celle de la Quadruple Alliance... lité Une En d'Etat nouveau nous ne devons faire partie d'aucune. neutralité absolue, voilà ce que réclame notre intérêt deux parties sont intéressées à notre existence à notre prospérité. C'est sur cela que nous devons nous national. Les et notre qua- baser pour obtenir une indépendance véritable. III DOCUMENTS Note adressée à tous les fondées et le 5 décembre par le Secrétariat Général, Gouvernements des Républiques nouvellement des régions autonomes de Russie. Le Gouvernement de la République Populaire Ukrai- nienne (Secrétariat Général) a envoyé le 26 novembre à tous gouvernements des républiques nouvellement fondées les en Russie, à savoir Est, : au Gouvernement de l'Union du Sud- au Gouvernement de local de la Transcaucasie, autonome et autres, de la Sibérie autonome, au Comité au Gouvernement de même la Moldavie qu'au Conseil Populaire de Pétersbourg, une note en faveur de la création d'un Gouver- nement ^ socialiste homog-ène sur la base du fédéralisme^. Nous regrettons vivement de ne pouvoir reproduire note du 25 novembre, mais au moment ici letexte authentique de la de l'impression de cette brochure, de nouveaux troubles en Ukraine nous empêchent d'obtenir du Ministère des Affaires Etrangères la pu copie exacte de tous les documents. dans reproduites dans recueillir déjà la les Nous ne donnons donc que anciens numéros de journaux la « Nova Rada ») ainsi que les (les ce que nous avons notes ont été assez fidèlement documents dont nous possédions copie. Quant à l'idée d'un gouvernement socialiste sur la base du fédéralisme, nous devons ajouter que l'association de ces deux principes nous a toujours paru dépourvue de sens. Cependant les parti^ans d'un Ministère Socialiste pour toute la Russie justifiaient leur idée en disant que l'élément hostile à la fédération s'abstiendrait lui-même de participer au gouvernement, tandis que la masse populaire ne pourrait donner son adhésion qu'à un ministère socialiste. En outre, ils craignaient le refus de la grande Russie d'entrer dans la confédération projetée, si on repoussait l'idée d'un Ministère Socialiste, qu'on opposait à cette époque au gouvernement bolchevik. — Maintenant qu'il 43 — évident que la Constituante est ne pourra travailler efficacement par suite de Pabsence d'un pouvoir reconnu par toute la Russie, il est nécessaire de fonder un gouvernement s'appuyant sur l'autorité des républiques actuellement en formation et sur la démocratie socialiste de toute la Russie. Le Secrétariat Général n'a obtenu aucune réponse à sa note, ni de la naux. Seul le Rada Populaire, ni des gouvernements régio- gouvernement de l'Armée du Don a répondu par ses représentants qu'il était favorable à la formation d'un Ministère Socialiste à base de fédéralisme. Voulant terminer les négociations le plus vite possible, poussé aussi par une série d'événements venant de toutes les contrées le moment de est la Russie, le Secrétariat Général trouve venu de poser ratif russe, obligatoire les que bases du futur Etat fédé- pour toutes les régions de la Russie. Selon lui ces bases, prises dans leurs grandes lignes, doivent être les suivantes : organisation politique de chaque Etat de Russie sur un fondement républicain et démocratique, liberté individuelle, parole, de la presse, des liberté de conscience, de la réunions, des grèves, respect du domicile, etc. En même temps le Secrétariat Général se prononce en faveur de la non-immixtion des républiques fédérées dans leur vie politique réciproque, tant que celle-ci ne sort pas des limites prévues par les bases comme citées plus haut. République Ukrainienne consicriminelle toute tentative d'empiétement Le Gouvernement de dère donc communes la sur les droits d'indépendance intérieure de chaque république. — 44 — Le Secrétariat Général combattra énerg-iquement tout attentat dirigé contre les droits nienne il ; de République Ukrai- la promet son appui aux républiques de Russie franchement démocratiques dans leur lutte contre les usur- pateurs du droit. Si ces bases sont reconnues par toutes les républiques et si celles-ci trouvent sur leur territoire des conditions favo- rables à l'introduction des libertés politiques, le Secrétariat Général ne verra de son côté aucun obstacle à joindre ses efforts à ceux des autres peuples de Russie pour tion d'un nouveau gouvernement le terrain pour un bon fonctionnement de fédéraliste; il la forma- préparera Constituante la aussi bien que pour une paix générale et démocratique de l'Europe entière. Signé : Le Chef du Secrétariat Général : V. Vinnit- chenko. Le Secrétaire d'Etal aux Affaires Etrangères : O. Choulguine. Le Chef de Note adressée le ii la Chancellerie : J. décembre igiy par Mirnv. le Secrétariat général de la Républicjue populaire ukrainienne à tous les pai/$ belligérants et neutres. Le gouvernement de nienne porte à la neutres ce qui suit la République populaire ukrai- connaissance des Etats belligérants : et — Le troisième populaire ukrainienne parmi — a IJniversal » (manifeste) du 7-20 novembre trale 45 de la Rada cen- 191 7, a proclamé la République et, par cet acte, a défini sa place les nations. Ayant en vue la formation d'une Union fédérative entre toutes les républiques de l'ancien empire russe, la Répu- blique populaire ukrainienne, dans la personne du Secréchoisit actuellement la voie de l'indépen- tariat g-énéral, dance dans aura le ses relations inlernalionales, jusqu'à l'heure où lieu le partag-e de la représentation internationale entre gouvernement de la République ukrainienne et le g-oùver- nemenl fédéral de la future fédération. En conséquence, le Secrétariat j^'énéral tient à faire connaître aux Etats et aux peuples de l'univers le point de vue adopté par la République populaire ukrainienne dans les négociations de pays, qui commenceront ces jours-ci à Brest-Lilovsk, entre les représentants du Soviet des commissaires du peuple et les gouvernements des Etats en guerre avec la Russie. Considérant que la guerre actuelle est un grand fléau pour tous les Etats et surtout pour les travailleurs, que les Etats belligérants devraient renoncer à tout anexionnisme et enta- mer immédiatement des pourparlers de trale ou Parlement de la paix, la Rada cen- République ukrainienne juge de mettre à l'ordre du jour de la utile république nouvellement créée la question de la paix et de s'en occuper activement. Après avoir fait ressortir, dans son troisième Universal (manifeste), la nécessité urgente de la paix, la a voulu conclure un armistice tants et, du Secrétariat général ont Rada centrale dans ce but, des représenété envoyés sur le front du — sud-ouest et le front veruement de Rada — roumain, qui ne forment plus aujour- même d'hui qu'un seul et 46 République populaire. En la soumis au front ukrainien, même g'ou- temps, la centrale a charg-é le Secrétariat général d'informer les Etats alliés de ces pourparlers, ce qui a été fait en temps et lieu. Puis, lorsque le Soviet des commissaires du peuple, après entente avec les g-ouvernements des Etats en guerre avec la Russie, a procédé à l'exécution de l'armistice sur tous les fronts, le Secrétariat général a envoyé ses repré- sentants à Brest-Litovsk, à tion. Le Secrétariat général titre de contrôle attire l'attention bien que les représentants des et sur d'informale fait que commissaires du peuple aient été avisés de l'arrivée des délégués de l'Ukraine, ils ont signé arbitrairement un armistice général sans avoir consulté, au préalable, le gouvernement de la République populaire. Or, maintenant que conformément au dernier article des conditions de l'armistice, le Soviet des commissaires du peuple entre en pourparlers de paix avec les gouvernements allemand, austro-hongrois, turc et bulgare, le Secrétariat général déclare, au nom de la République populaire, ce qui suit 1. la Toute la démocratie de l'Etat ukrainien désire la fin de guerre universelle et l'établissement d^une paix générale. 2. Etat, 3. ment le : Cette paix doit garantir à même chaque nation, dans chaque à la plus petite, le droit de décider de son sort. Afin que les peuples puissent se prononcer sincèreet librement, leur garantir. il faut créer des conditions qui puissent — [\. 47 — Par conséquent, toute annexion est inadmissible, soit de vive force, soit par voie de convention : nul territoire ne saurait être annexé de quelque façon que ce soit sans le consentement des habitants. 5. aux De même pour les contributions intérêts de la classe travailliste Les 6. devront être établis 7 . peuples petits et Etats qui sont contraires du monde entier. dévastés par la guerre dédommagés conformément aux règlements au congrès de la paix. La République populaire ukrainienne, qui possède actuellement son propre front, doit figurer indépendante dans comme les affaires internationales, et unité prendre part à côté des autres Etats à toutes les négociations de paix, congrès et conférences. 8. Le pouvoir du Soviet des commissaires du peuple ne s'étend pas à tout à la territoire de la Russie, en particulier République populaire ukrainienne. En conséquence, une paix signée à guerre avec que le si les aussi par 9. la la suite de pourparlers avec les Etats en Russie ne sera obligatoire pour l'Ukraine conditions de cette paix sont reconnues et signées le gouvernement de Une paix la République populaire. générale pour toute la Russie ne saurait être conclue par un gouvernement fédératif reconnu par toutes les républiques et régions organisées en Etats. Si un gou- vernement de ce genre droit de conclure la paix n'est pas au nom prochainement de toute aux représentants réunis de toutes les la établi, le Russie passera Républiques et régions. Convaincu de la nécessité d'une paix générale et démo- cratique, et désireux de la voir s'établir le plus vite possible, — 48 — attachant d'autre part une g-rande importance à toutes les pour y contribuer, tentatives faites le Secrétariat g-énëral estime nécessaire d'envoyer ses représentants à la conféBrest-Litovsk, persuadé que finalement la paix rence de Congrès international, auquel sera conclue au la Répu- blique ukrainienne invite tous les belligérants à participer. Le chef du Secrétariat général V. : ViNNITCHENKO. Le Secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères : 0. Choulguine. Aux Gouvernement» des Républiques fondées sur toire russe, ig décembre. Le Secrétariat Général ou Gouvernement de la terri- Répu- blique Populaire Ukrainienne s'est employé plus d'une fois pour la cause de l'établissement d'un gouvernement fédéré de toutes du sol les et de toutes l«s régions jaillies de l'ancien empire russe. Néanmoins jusqu^à présent toutes ses démarches n'ont pas abouti au résultat cherché. Cependant, mées ment républiques il est dans l'intérêt des Républiques susnom- d^arriver, si ce n'est à l'établissement d'un fédéral, commune au gouverne- du moins à une entente visant à une action cours des pourparlers de paix qui ont lieu actuellement à Brest-Litovsk. Voici du 1 1 comment le Secrétariat Général définit dans sa note décembre adressée aux Etats belligérants et neutres — fe pouvoir ([ui aurait — 4!» nom droit de couolnre la paix an le de fonte la Russie. Le pouvoir du Soviet des Commissaires du Peuple ne s'étend pas sur tout le territoire de la Russie et particu8. ^ lièrement sur le territoire de la République Populaire Ukrai- nienne. Par conséquent une paix signée par la Russie n'enl'Ukraine que ^aij;era reconnues et les conditions si signées par le de cette paix sont Gouvernement de la République Populaire Ukrainienne. ^ Une 9. paix i»énérale pour toute la Russie ne saurait être conclue cjue par par toutes Si un i»ouvernement républiques les un gouvernement de établi, le droit et (fédératil'j ce g-enre n'est pas de conclure la reconnu régions org-anisées en Etats. paix au nom prochainement de toute la Russie passera aux représentants réunis de toutes ces républiques et régions. Le ment Secr<''tariat Général propose donc à votre Gouverne- ainsi qu'à ceux des autres Répvdjliques de Russie, d'envoyer immédiatement des représentants à de Rresl— Lilovsk, par voie de Kiev. raisons d'ordre partir, lui la le technique, ces Si Conférence la pourtant pour des représentants ne peuvent Secrélarial (iénéral vous propose de prendre sur défense temporaire des intérêts de votre République, les confiant à sa délégation à Bresl-Litovsk. Considérant la Conférence de Brest-Litovsk comme pré- paialoire au Con^-rès international de la Paix qui décidera définitivement des rappoits internationaux concernant aussi bien l'Ukraine que les autres pays intéressés, ment de le Gouverne- République Populaire Ukrainienne, tant n'aura pas reçu la réponse de votre Gouvernement la qu'il et do — 50 _ ceux des autres Këpuhliques, ne pourra entrer en pourpar- qu'au lers à Brest nom Joignant ci-après tle la Hépublique Ukrainienne propres intérêts. et selon ses tion seul de la le texte intégral de la note sur la ques- paix, nous soulig-nons encore une fois, considé- rant que la prolontj;-ation de la guerre porterait grand tort aux inléi'èts de toute la démocratie, aussi bien de l'Ukraine que des autres répuj^liques et Gouvernement de l'Ukraine vise en régions de la Russie, que même temps indépendamment de une paix à répondant aux intérêts des démocraties de tous le les Etats, nombre de leur rôle politique et du leurs habitants. Le Chef du Secrétariat Général : V. Vinnitchenko. Le Secrétaire d'Ktat aux Affaires Etrangères : O. Choul- truine. La Le 22 (le /'('ccjtliofi décembre 1(1 a eu lieu franraise. (/é/é<j(ition dans maison du Secrétaire la d'Etat pour les aiï'aires intérieures (rue Institutska, /jo) la réception officielle du représentant de la République franyaise auprès laire du Secrétariat général de ukrainienne, i^énc'ral Franc<' était accoinpai'nc'' ment nommé pour Tabouis. Le représentant de du vice-consul M. Arquel, et franç^ais, la récem- des attachés mili- colonels Vanieu et Dens. taii'cs, r^es tariat Kiev, République popu- la délégués français ont été reçus général, \'.-l\. |)ar h' chef du Secré- Vinnitchenko, dans son cal)inel, en — la 51 — présence du secrétaire d'Etal pour les affaires étrangères, M. 0. Ghoulg"uine, Le g"énéral. et g-énéral membres du d'autres Tabouis a adressé au Conseil ukrainien les paroles suivantes Monsieur (( » le Secrétariat président du : président du Conseil, Désirant confirmer ses intentions amicales envers la République de l'Ukraine, le g-ouvernement de française m'a fait savoir par télégraphe (le communication existant actuellement) qu'il la République moyen de me nommait seul représentant de la République française auprès du g-ouver- nement de République de TUkraine. la un an que je me trouve sur le territoire de l'Ukraine. Pendant ce temps, j'ai eu l'occasion d'étudier » Voici bientôt l'histoire de l'ancienne Ukraine, avec attention j'ai suivi développement de son mouvement national tater les efforts dans le accomplis par but de créer la et j'ai le pu cons- République de l'Ukraine et d'établir les forces morales et phy- siques nécessaires à l'organisation d'un Etat. Tout cela, je l'ai suivi avec reux et fier. un Monsieur cet intérêt n'est mant son intérêt toujours le croissant et je suis heu- président, de voir qu'aujourd'hui pas seulement personnel, car en représentant, française approuve ma le gouvernement de manière d'agir et la me nom- République m'autorise à pour- suivre officiellement les excellentes relations qui se sont déjà établies entre nous. Je vous apporte l'assurance for- melle que la France, qui est décisif, rielles la la première à faire ce geste soutiendra de toutes ses forces morales et maté- République de l'Ukraine dans les efforts qu'elle accomplira pour continuer à marcher dans la voie que se sont tracée les Alliés et qu'ils poursuivront sans hésitation j o:^ à l'avenir en pleine connaissance de leurs droits et de leurs devoirs, devant la démocratie du monde entier et de l'hu- manité. )) Personnellement, je me consacrerai à cette tâche avec cœur d'un Français. » Dans sa réponse, prononcée en français, le président du Conseil des ministres, M. Vinnitchenko, a exprimé toute toute Ténerg-ie d'un soldat et avec le la satisfaction avec laquelle le g-ouvernement de l'Ukraine a reçu la nouvelle de la nomination d'un représentant ciel de que le la France auprès de lui. offi- M. Vinnitchenko a déclaré peuple ukrainien apprécierait à sa juste valeur sympathie que sa libération du joug séculaire la et sa volonté de se créer une vie nouvelle sur son propre sol ont rencontrée dans la libre France. « Dans nos cœurs, a ajouté M. Vin- nitchenko, l'amitié pour la France républicaine a toujours été très vive et les idéals pour desquels la la réalisation démocratie française a lutté ont toujours été vivants dans la tradition du peuple ukrainien. parcouru par le Le chemin historique, peuple français dans ses aspirations cons- tantes vers les principes de liberté, a toujours servi d'exemple aux peuples dans leurs propres efPorts vers la libération.» En terminant, M. Vinnitchenko a salué le général Tabouis comme premier représentant le territoire de la officiel d'un Etat étranger sur République de l'Ukraine, sur du peuple ukrainien le République française, général Tabouis, Conseil des ministres, M. Vinnitchenko, et représentant de le le président du ministre des M. Choulguine, un entretien a eu lieu affaires politiques, au cours duquel la Affaires étrangères, entre eux sur les même libéré. Après l'échange de salutations entre la le sol — — 53 question de la paix a été abordée. Le ministre des Affaires étrangères, M. Ghoulguine, a désirait sincèrement la paix, aux intérêts, remarquer que l'Ukraine mais une paix qui répondrait non seulement de l'Ukraine, mais de cratie en g-énéral. et fait La reconnaissance de son g-ouvernement par officielle la démo- de l'Ukraine République française donne la à l'Ukraine l'appui moral qui lui est nécessaire et qui si l'aidera à défendre ses intérêts nationaux au Gong-rès de la paix. Le général Tabouis a répondu que ses Alliés, désirait la paix, la France, comme mais une paix qui fournirait une garantie de sa durabilité. Mission Militaire Française en RUSSIE Front S Kiev, O. le 3/18 Décenil)re 1917. Texte des paroles, adressées à Monsieur Vinnitchenko, Premier Secrétaire général de la République Tabouis de la Ukrainienne, par le Général Mission Militaire Française au front sud-ouest le 5/18 Décembre 1917. Les Puissances Alliées n'ont pas encore pris une décision officielle vis-à-vis de l'Ukraine, mais j'ai déjà été chargé de transmettre à M. Ghoulguine pour les efforts que fait le la sympathie des Alliés Gouvernenient Ukrainien dans le but de rétablir l'ordre, de reconstituer une force de résistance et rester fidèle aux Alliés. J'avais cru de mon devoir de ne pas attendre un Mandat — officiel et le — 54 de vous demander de m'entrelenir avec vous, dans but de ne pas perdre un temps précieux, de ne pas être au dépourvu pris le si moment venait d^agir, et par suite de préparer les matériaux d'une discussion éventuelle relativement aux secours financiers techniques que les Alliés et pourraient fournir à l'Ukraine pour l'aider dans son œuvre g-ig-antesque d'organisation et de relèvement. Je suis heureux d'avoir pris cette initiative, car hier soir j'ai et reçu ordre de vous inviter, en vue d'une aide financière technique que la France pourrait apporter à l'Ukraine, à préciser et à faire transmettre à l'ambassade de France au plus tôt, programme que le pense réaliser Par cette et les le Gouvernement Ukrainien besoins correspondants. démarche que vous rendre compte que les je fais, le premier, vous sympathies de la pouvez France à votre endroit sont réelles et effectives. Tabouis. Légation ** en de France iiciiiuc ROUMANIE _ ^ République Française , , , . Jassy, le 29 Décembre 1917. Le Ministre de France en Roumanie à Monsieur le Général Tabouis, Commissaire de la République Française en Ukraine. J'ai l'honneur de porter à votre connaissance que le Gouvernement Français vous a désigné comme Commissaire de la République Française en Ukraine. Je vous prie de vouloir bien en informer Monsieur le — 55Secrélaire Général des Affaires Etranj^ères du Gouvernement Ukrainien, en remettant entre ses mains la présente lettre, qui vous accrédite en cette qualité. Saint- AuLAiHE. LE GÉNÉRAL République Française Commissaire de la République ... Kiev, 21 , le Décembre 1917. 3 Janvier 191». Le Général Tabouis, Commissaire de la République Fran<;aise auprès du Gouvernemeut de la République Ukrainienne, à Monsieur le Secrétaire Général aux Affaires Etrangères de la République Ukrainienne. Monsieur J'ai le Secrétaire Général. l'honneur de vous prier de porter à la connaissance du Gouvernement de la République Ukrainienne, que le Gouvernement de la République Française m'a désigné comme Commissaire de la République Française auprès du Gouvernement de la République Ukrainienne. Je vous demanderai, en conséquence, de bien vouloir me faire savoir quel jour et à quelle au chef du Gouvernement ma heure je pourrai faire visite solennelle de présen- tation officielle. Veuillez, Monsieur rance de ma le Secrétaire Général, agréer l'assu- haute considération. ÏABOUIS. — LE 56 — GÉNÉRAL République Française Commissaire de la République Kiev, le -*U/1 1 Janvier i;tl8. Le Général Tabouis, Commissaire de la République Française auprès du Gouvernement de la République Ukrainienne, à Mon- aux Affaires EtranGouvernement de la République sieur le Secrétaire d'Etal gères du Ukrainienne. Le 5/19 décembre, dans une entrevue à laquelle assistaient M. Vinnitchenko, Président du Conseil, et les Secrétaires d'Etat aux Affaires Etrangères, aux Finances, au Ravitaillement, aux Voies j'ai et Communications, à eu l'honneur de présenter la la Justice, demande suivante : (Suit la répétition du texte de la noie verbale du général Tabouis du 5 décembre, c'est-àdire d'une date antérieure à sa nomination comme ministre du gouvernement français auprès delà République ukrainienne.) Depuis cielles Vu cette date, la France est entrée en relations offi- avec l'Ukraine, la marche rapide des événements et pour éviter toute perte de temps, j'ai l'honneur de vous prier de bien vouloir me faire tenir cette réponse aussitôt que possible. Tabouis. Oi Représentant de la GRANDE BRETAGNE A Sou des Excellence Ministres de le la PrésidenI, République du Conseil Nationale Ukrainienne. i* Excellence J'ai ! l'honneur de Vous informer que de Sa Majesté Britannique m'a phique, le Gouvernement nommé, par la voie télégra- seule possible actuellement. Représentant de la la Grande-Bretagne en Ukraine. Mon Gouvernement m'a rance de sa bonne volonté. le chargé de vous donner l'assuIl appuyera de toutes Ses forces Gouvernement Ukrainien dans tâche qu'il a entreprise la de faire œuvre de bon gouvernement, de maintenir l'ordre et de combattre Démocratie En et le Puissances Centrales, ennemies de la de l'Humanité. ce qui Monsieur les me concerne en particulier, Président, de entier concours pour Vous donner la réalisation j'ai l'honneur. l'assurance de de Notre idéal mon commun. PiCTON Bagee Représentant de m i la Grande-Bretagne en Ukraine. IMPRIMERIES REUNI€S S. A. LAUSANNE.