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Changement climatique au Sahel
En bref :
en automne 2013 le cinquième rapport
d’évaluation du Groupement intergouvernemental
d’experts sur les évolutions du climat (GIEC) est
paru. Il confirme les connaissances précédentes
sur le changement climatique, mais met en évi-
dence que ses effets se feront sentir plus rapide-
ment que prévu. Les populations des régions parti-
culièrement sensibles, par exemple le Sahel, vont
être soumises de façon plus marquée encore aux
événements climatiques extrêmes. Or, les pays du
Sahel font partie des pays les plus pauvres et les
moins développés de la planète. Cette pauvreté
est un sérieux obstacle aux stratégies d’adapta-
tion nécessaires pour faire face à ces inévitables
changements. Les personnes en extrême pauvreté
ne sont pas en mesure d’augmenter durablement
leur résilience, d’adopter le comportement adé-
quat vis-à-vis des changements climatiques, de
réduire les effets des catastrophes et de maîtriser
seules les situations de crise.
La maîtrise de la pauvreté est donc le premier
pas à faire pour faire face efficacement aux
conséquences du changement climatique. Plu-
sieurs pays de la région du Sahel disposent de
ressources considérables, mais leurs terres fer-
tiles sont cédées aux investisseurs internationaux
pour l’agro-industrie d’exportation et leurs reve-
nus provenant de l’exploitation des matières pre-
mières (par exemple le pétrole) ne profitent qu’à
quelques rares privilégiés. Les conflits politiques
empêchent les populations civiles d’améliorer
leurs conditions de vie.
Néanmoins, on observe sur place quelques initia-
tives prometteuses qui visent à assurer la sécu-
rité alimentaire et à réduire la pauvreté tout en
s’adaptant aux changements climatiques. Dans
cette prise de position, Caritas Suisse montre les
activités qu’elle met en place avec la population
locale affectée. Caritas désigne également les
champs d’action dont les acteurs étatiques et la
société civile devraient se saisir en priorité pour
remédier aux causes structurelles des crises hu-
manitaires dues aux famines et aux inondations.
En automne 2013 est paru le cinquième rapport d’évalua-
tion du GIEC, le Groupement intergouvernemental d’ex-
perts sur les évolutions du climat (en anglais : Intergovern-
mental Panel on Climate Change, IPCC). Ce rapport
confirme les conclusions du rapport précédent, datant de
2007, selon lequel le réchauffement climatique progresse
irrémédiablement. De nombreux systèmes naturels sont
touchés par des changements climatiques régionaux, no-
tamment des hausses de température. Le nouveau rap-
port du GIEC met aussi en évidence le fait que les effets
du changement climatique se font sentir plus rapidement
que prévu lors de précédentes évaluations. On estimait
jusqu’ici que la température moyenne mondiale allait aug-
menter de 2 degrés Celsius au maximum par rapport au
niveau qui prévalait au début de l’ère industrielle : cette
estimation semble désormais remise en question. Pour
cela, il aurait fallu que le cumul des différentes sources de
production de CO
2
(charbon, pétrole, gaz et bois) plafonne
à 1000 milliards de tonnes au maximum. La moitié de ce
« budget » a déjà été utilisé. En outre, selon les pronostics
du GIEC, le niveau des océans monte plus rapidement que
prévu : on parle désormais d’une augmentation de 26 à 81
centimètres jusqu’à la fin de ce siècle.
Il est difficile de prévoir avec exactitude quelles seront les
conséquences, pour l’économie et les populations, des
changements climatiques, des saisons et des ressources
en eau. Mais plus personne ne conteste que le change-
ment climatique représente l’un des défis majeurs de notre
époque, car il a un impact sur l’existence, le bien-être et le
développement de toutes les sociétés. Les modèles cou-
rants de la sécurité sociale et économique sont remis en
question. Les pays en voie de développement sont par-
ticulièrement touchés par les conséquences du change-
ment climatique puisque sécheresses, inondations et cy-
clones se multiplient, et qu’une augmentation du niveau
des océans se confirme. Cela entraîne toute une série de
conséquences liminaires moins visibles : conflits autour
des ressources en eau qui se raréfient, pertes des bases
traditionnelles de l’existence, accroissement des mouve-
ments migratoires.