courriel du 19 février 2013

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Rattachement du département Arts au Collegium Lettre et Langues
À: "Pierre Mutzenhardt"
Envoyé: Mardi 19 Février 2013 09:21:39
Objet: Protestation du département Arts
Metz, le 19 février 2013,
Monsieur le président, cher collègue,
Le directeur du département Arts, Fabrice Montebello, a reçu le 8 février dernier un courrier
électronique de notre collègue Nicolas Brucker, directeur adjoint du collegium Arts, Lettres et
Langues, lui indiquant que « la décision a été prise de rattacher Arts à l'UFR Lettres et
Langues » tout en précisant : « Nous savons tous que cette décision se fait contre ta volonté
et celle de tes collègues ».
Nous confirmons le caractère arbitraire, incohérent et injuste de cette décision et nous la
rejetons avec fermeté.
Une décision arbitraire
Cette décision est arbitraire car elle a été prise sans la consultation, ni l’accord des membres
du département Arts. Elle est arbitraire car elle nie l’autorité et la légitimité de l’UFR Sciences
Humaines et Arts (SHA) dont le département Arts fait partie. La demande de maintien du
département Arts au sein de l’UFR Sciences Humaines et Arts et donc son rattachement
logique au Collegium Sciences Humaines et Sociales (SHS) ont été votés dès le mois de
février 2011 dans le cadre du Conseil du département Arts et rappelés plusieurs fois au sein
des Conseils de l'UFR Sciences Humaines et Arts, ainsi qu'au moment de la mise en place
des dossiers d'habilitation de licence et de master pour le prochain plan quinquennal 20132017. Cette position a encore été répétée lors de la première réunion du Collegium Arts,
Lettres et Langues (ALL), le lundi 6 février 2012 à Nancy et de nouveau le 4 février 2013 à
Metz en présence de nos collègues Jean-Baptiste Lanfranchi, directeur de l’UFR SHA,
Pierre Degott, directeur de l’UFR Lettres et Langues, Pascale Fade, Directrice du Collegium
ALL et Nicolas Brucker, directeur adjoint. La décision qui a été prise est un passage en force
contraire aux règles de fonctionnement de la démocratie universitaire et aux principes
élémentaires de la collégialité.
Une décision incohérente
Cette décision arbitraire est aussi incohérente au regard des critères que vous ne cessez de
mettre en avant vous-même : de la qualité des diplômes à la rigueur budgétaire. Le
déplacement physique des enseignants du département et des 720 étudiants inscrits dans le
département Arts, des locaux de l’UFR SHA à ceux de l’UFR LL, nécessitera la mise en
place d’un équipement technologique spécifique - vidéo projecteur, enceintes, bornes de
branchement, rideaux occultant dans toutes les salles – que nous avons mis des années à
obtenir au sein de l’UFR SHA et qui représenterait un nouveau coût financier en
contradiction avec votre courrier du 5 février dernier adressé aux directeurs de Collegiums,
de pôles scientifiques, de composantes, de laboratoires et de directeurs administratifs
invitant « en toute responsabilité, à un budget rectificatif en diminution tant au niveau des
dépenses de fonctionnement que des dépenses d’investissement ». La décision est
incohérente du point de vue scientifique également. Les formations en Arts se sont
développées à l'Université de Metz depuis le milieu des années 1990. Leur succès est lié à
la prise en compte du développement de l'emploi culturel local, l’expansion du marché des
loisirs, le rôle des nouvelles technologies dans la diffusion des œuvres et la transmission de
la culture artistique, ainsi qu’à un travail de recherche interdisciplinaire qui a consisté à
penser conjointement des objets comme l'Art, la culture de masse et les industries culturelles
- jusque là séparés par la tradition académique - en s'appuyant sur les sciences sociales.
Cette innovation locale explique la très forte cohérence des formations proposées par le
département Arts notamment dans le lien pédagogie-recherche-insertion professionnelle.
Elle explique surtout le fait que tous les collègues du département Arts sont membres de
laboratoires - comme le 2L2S (Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales), le CREM (Centre
de Recherche et d'Etudes sur les Médias) et le CRULH (Centre de Recherche Universitaire
Lorrain d'Histoire) - qui relèvent du domaine des Sciences Humaines et Sociales. Revenir
dans le giron des lettres, c’est nier cette évolution-innovation et sanctionner une régression.
Pourquoi vouloir retirer à nos formations l’appartenance au domaine des Sciences Humaines
et Sociales, que l’AERES et le Ministère nous ont reconnu ? Pourquoi nous obliger à
rejoindre les lettres et les langues, pendant que les enseignants et les étudiants de la
nouvelle formation de licence en histoire de l’art, proposée par Nancy à partir de la rentrée
prochaine resteront dans le Collegium Sciences Humaines et Sociales en vertu de leur
rattachement disciplinaire à la 22ème section (histoire contemporaine) ? Pourquoi ce qui
vaut pour nous ne vaut pas pour les autres ? Quel schéma académique peut justifier une
telle proposition ?
Une décision injuste
Arbitraire et incohérente, cette décision est surtout injuste. Les enseignants du département
Arts n’ont pas ménagé leurs efforts pour répondre aux exigences de la fusion, malgré un
calendrier serré et des conditions de travail dégradées, que n’a pas arrangé un des taux
d’encadrement les plus bas de toute l’université. La tentative de rapprochement de la licence
arts du spectacle et audiovisuelles de Metz avec la licence « Culture, arts et société » de
Nancy a échoué malgré les propositions audacieuses et contraires à nos intérêts que nous
avions avancées. La tentative d’intégrer au sein de la mention du Master Arts et Culture de
Metz, deux autres spécialités nancéiennes (dont la création d’une nouvelle formation «
culture de masse, culture de jeunesse ») n’a pas été validée par l’AERES et le Ministère.
Dans les deux cas, nous n’avons pas cessé d’interpeller les deux VP CEVU de l’ex-UPVM et
de l’ex-Nancy 2 sur le caractère incohérent de ces mariages « forcés » et leur échec
potentiel. Dès le mois de mai 2011, nous avions alerté le VP-CEVU de l’ex-Nancy 2 des
risques d’échec que courait une mention de licence « Culture, arts et société » portée par
des collègues de lettres, c’est-à-dire par des collègues qui ne sont spécialisés ni en «
Culture », ni en « Arts », ni en « société ». Dès l’intégration des deux spécialités
nancéiennes dans le Master Arts et culture, nous avions souligné que la distance
géographique séparant Metz de Nancy, obligerait à mettre en place à Nancy un M1 qui
transformerait de fait, les deux spécialités nancéiennes en mention « tubulaire », c’est-à-dire
sous la forme d’un dispositif d’organisation pédagogique officiellement rejeté par l’AERES.
Dans les deux cas, l’AERES et le Ministère nous ont donné raison.
Deux poids, deux mesures
Vous avez fait le choix de soutenir et de maintenir la licence « Culture, arts et société »,
devenue « licence études culturelles ». Vous avez milité auprès de la DGESIP pour la
création de la nouvelle mention de Master « études culturelles contemporaines » en retirant
les deux spécialités de Nancy de la mention messine. A chaque fois, vous avez pris ces
décisions sans nous y associer ni même nous en informer au préalable. Cette attitude n’est
pas seulement irrespectueuse du travail considérable que nous avons fourni, elle est
également en contradiction avec les règles élémentaires de la collégialité universitaire, ainsi
qu’avec le respect des compétences propres à chaque champ disciplinaire.
Ces efforts exceptionnels pour maintenir à flots des formations fragilisées à Nancy par les
évaluations négatives de l’AERES et du ministère, contrastent avec la manière dont les
formations en Arts du site messin – par ailleurs, mieux évaluées – sont traitées. Comme du
temps de l’ex-président Johann de l’ex-UPVM, les formations en Arts de l’enseignement
supérieur à Metz sont malmenées et méprisées. Nos coups de téléphone sonnent dans le
vide, nos emails se perdent dans la toile, nos demandes de rencontre répétées demeurent
sans réponse. Depuis des années, avec des moyens dérisoires, nous faisons face à des flux
d’étudiants qui ne cesse d’augmenter générant des dysfonctionnements de plus en plus
inquiétants, dans l’indifférence générale. Ainsi l’AERES note que « l’encadrement de la
licence Culture, arts et société est pléthorique : 37 enseignants-chercheurs et 32
professionnels sont mobilisés pour des flux attendus en première année de 150 étudiants
environ. Si encore cette abondance recouvrait une grande diversité de disciplines, elle
pourrait trouver une justification, mais tel n’est pas le cas. »
Pour encadrer plus de 720 étudiants, de la première année au doctorat, et assurer la
formation de deux licences généralistes, deux licences professionnelles, un master composé
de 4 spécialités et un doctorat, le département Arts dispose précisément, en terme de
personnels titulaires, de 4 professeurs, 8 MCF, 2 PRCE, 2 PAST, 1,5 biatss, et un ATER
ministériel. Au mois d'avril 2012, l'UFR SHA avait évalué à 36% seulement le total des
heures d'enseignement proposées par toutes les formations du département Arts, assurées
par les enseignants titulaires, et à 45 le nombre moyen d'étudiants par enseignant (il s'agit
du taux d'encadrement le plus faible de toute l'UFR SHA).
En un an de participation forcée au Collegium Arts, lettres et langues – avec 2 réunions sur 3
délibérément organisées à Nancy – nous avons obtenu quelques rustines pour l’année 20122013, très exactement 2,5 postes d’ATER, à partir d’un redéploiement de deux postes en
provenance du site de Metz et de 0,5 poste en provenance du site de Nancy. Nous avons
voté avec le Collegium ALL la reconduction d’un poste de professeur de grec ancien pour
une filière ne dépassant pas la quinzaine d’étudiants, mais nos demandes de transformation
ou de créations de postes pour faire face à des formations qui se comptent en centaines
d’étudiants, sont restées lettres mortes.
La décision de rattacher le département Arts à l'UFR Lettres et Langues est arbitraire,
incohérente et injuste. Elle est aussi arbitraire, incohérente et injuste que le fait de ne pas
répondre à nos appels ou de privilégier des formations au détriment des autres, en tenant
pour rien le travail et l’investissement considérable accomplis par les collègues du
département Arts depuis près de 15 ans sur le site de Metz au service de nos étudiants et de
notre institution académique.
Nous rejetons cette décision absurde avec fermeté et nous réclamons pour nos formations
des recrutements immédiats. Nous demandons un entretien avec vous le plus rapidement
possible. Dans l’immédiat et en signe de protestation, nous annulons la tenue des jurys
d’examen du premier semestre. Sans prise en compte de notre appel, nous serons dans
l’obligation d’envisager des formes de protestation plus radicales. Une réunion d’information
sera organisée à destination des étudiants du département Arts jeudi 21 février 2013 à
10h30 pour les informer de la situation. Ce courrier sera rendu public et envoyé à l’ensemble
de la communauté universitaire.
Veuillez recevoir Monsieur le président, cher collègue, l’expression de nos sentiments les
meilleurs,
Fabrice MONTEBELLO, PR, 18ème section, Arts du spectacle (ADS) cinéma, directeur du
département Arts, directeur du Master arts et culture, assesseur à la recherche UFR SHA,
assesseur 2L2S – 2L2S
Catherine BOURDIEU, MCF, 22ème section, histoire de l’art, directrice L3 Arts du Spectacle
(ADS) parcours Conception et Mise en Œuvre de Projets Culturels (CMOPC) - CRULH
Laurent COMMAILLE (département d’histoire), MCF, 22ème section (Histoire
contemporaine) co-directeur L3 ADS, parcours CMOPC - CRULH
Jean-Sébastien DE PANGE, dramaturge, PAST
Frédéric GIMELLO-MESPLOMB, MCF-HDR, 18ème section, ADS cinéma, directeur du
Master spécialité Expertise et Médiation Culturelle – 2L2S
Olivier GOETZ, MCF, 18ème section, ADS théâtre, responsable L3 ADS, co-responsable
Licences professionnelles « activités artistiques et culturelles » – 2L2S
Chantal GUINEBAULT, MCF, 18ème section, ADS théâtre – CREM
Roland HUESCA, PR, 18ème section, ADS théâtre-danse, directeur M1 Arts et Culture –
2L2S
Claire LAHUERTA, PR, 18ème section, Arts plastiques, directrice du Master spécialité M2
Scénographie et Arts de l’exposition, responsable L2 Arts plastiques - CREM
Jean-Marc LEVERATTO (département de sociologie), PR sociologie (19ème section),
directeur du Master spécialité recherche Arts et industries culturelles, directeur du 2L2S –
2L2S
Olivier LUSSAC, PR 18ème section, Arts plastiques – 2L2S
Katalin POR, MCF 18ème section ADS cinéma, responsable L1 ADS, directrice des études L
Arts du Spectacle et Audiovisuel – 2L2S
Natalie PRESAGER, PRCE 18ème section Arts plastiques, responsable 1ère année Arts
plastiques
Donato ROTUNNO, Producteur de films et cinéastes, PAST
Sonia SERAFIN, BIATSS, Directrice des deux licences professionnelles « Activités
culturelles et artistiques » (mention développement culturel et mention musique actuelle)
Natacha THIÉRY, MCF 18ème section, ADS cinéma, responsable L2 ADS – 2L2S
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