Un guide pour mêler agriculture et biodiversité
Des outils à destination des agriculteurs
AMÉLIORER LA BIODIVERSITÉ
DANS SON EXPLOITATION
PRÉFACE
Depuis 2009, la direction de la qualité du Groupe
Casino et l’association Humanité et Biodiversité
développent un partenariat visant à sensibiliser
les personnels du groupe, mais également
ses fournisseurs de produits alimentaires, en
particulier de fruits et légumes, aux enjeux de la
biodiversité.
C’est dans ce cadre qu’a été décidé en 2012 d’éla-
borer un outil de diagnostic des « infrastructures
écologiques » (zones enherbées, haies et bosquets,
zones humides diverses, murets…) des exploita-
tions agricoles. Il s’agissait de montrer que ces
espaces non cultivés pouvaient, non seulement
être propices à laccueil d’une biodiversité élevée,
mais aussi que cette biodiversité pouvait consti-
tuer un atout pour contribuer à des pratiques
agricoles plus économes en intrants, à travers
le rôle bénéfique de diverses espèces auxiliaires
(oiseaux, insectes…). Ces espaces, parfois consi-
dérés comme « improductifs », pouvaient donc
produire des « services écologiques » au béné-
fice tant des agriculteurs que de l’ensemble de
la société.
Encore fallait-il ne pas se contenter, comme
le demande la Politique Agricole Commune
européenne, de réaliser un simple inventaire
quantitatif de ces surfaces mais de proposer
en outre un outil d’analyse qualitative de ces
infrastructures. En effet, selon sa localisation,
sa topographie, les espèces végétales présentes
et son mode de gestion, une même surface
pourra se révéler quasiment sans intérêt ou, à
l’inverse, extrêmement propice à l’accueil d’une
biodiversité élevée.
Le cahier des charges de cette opération commune
comportait par ailleurs deux autres conditions.
La première était de permettre un autodiagnostic
par les producteurs, sans l’appui d’experts de
la biodiversité. Doù la recherche de critères
relativement simples, assortis chacun d’une
cotation en deux ou trois niveaux (0, 1 ou 2),
permettant le calcul d’une note globale indicative
pour une infrastructure donnée. Pour s’assurer
de son caractère aisément utilisable, cette grille
d’autodiagnostic a été testée sur plusieurs
exploitations par des agriculteurs volontaires,
dans le cadre d’un groupe de travail qui a fait
régulièrement le bilan de cette opération. Les
entreprises ayant pris part à ce groupe de travail
sont :
Iris Contrôle (Damien Blard)
Limdor (pomme)
Kultive (betterave)
Provence Pêche (pêche)
Réart Vallée (pêche)
La Chambre d’agriculture de la Sarthe
(Philippe Guillet)
La seconde condition était de ne pas présenter
cette grille comme un outil de normalisation,
visant à édicter des seuils et des critères à
respecter – de nombreux outils existent déjà
dans ce domaine −, mais comme un guide
d’accompagnement pour une démarche de
progrès. Cinq axes de progression ont donc
été définis, chacun étant accompagnés de
propositions pour des réalisations concrètes.
Chaque opérateur peut donc choisir, selon
les caractéristiques de son exploitation et les
résultats de son autodiagnostic, le ou les axes de
progression qui lui semblent les plus opportuns.
À l’issue de cette expérience, l’association
Humanité et Biodiversité a proposé au Groupe
Casino de rendre publics ces deux volets, grille
de diagnostic et démarche de progrès, pour qu’ils
puissent être largement utilisés et éventuellement
améliorés par les utilisateurs. C’est ce travail, dont
la publication a fait l’objet d’un soutien du Groupe
Casino, que nous vous proposons de découvrir.
Philippe Imbert
Directeur Qualité du Groupe Casino
Bernard Chevassus-au-Louis
Président de Humanité et Biodiversité
>
RÉFLEXIONS DANS
LE CADRE D’UN
PARTENARIAT AVEC
LE GROUPE CASINO
SUR LA MARQUE
TERRE ET SAVEUR.
SOMMAIRE
1.
RÉALISER DES AUTODIAGNOSTICS
DE LA BIODIVERSITÉ DES INFRASTRUCTURES
ÉCOLOGIQUES DANS LES EXPLOITATIONS AGRICOLES 4
PRÉSENTATION GÉNÉRALE 5
DIAGNOSTIC GLOBAL DE L’EXPLOITATION 8
LE CAS DES ARBRES, ARBUSTES, HAIES ET LISIÈRES 10
LE CAS DES MARES, FOSSÉS ET BORDS DE COURS D’EAU 12
LE CAS DES MURETS ET TERRASSES À MURETS 14
2.
S’ENGAGER DANS UNE DÉMARCHE DE PROGRÈS :
PRÉSENTATION DES ACTIONS POSSIBLES 16
AXE 1 : AMÉLIORER LES INFRASTRUCTURES ÉCOLOGIQUES 18
DE L’EXPLOITATION
AXE 2 : RÉDUIRE LES PRESSIONS 19
AXE 3 : MIEUX CONNAÎTRE LA BIODIVERSITÉ 20
AXE 4 : RENFORCER L’INSERTION TERRITORIALE 20
AXE 5 : MAINTENIR ET CRÉER DES MICRO-HABITATS
SUR L’EXPLOITATION 21
ANNEXES 22
3
1
PRÉSENTATION GÉNÉRALE
En prenant en compte la biodiversité au sein de leur exploitation, les agri-
culteurs peuvent viser deux objectifs complémentaires au développement
durable.
Le premier, que lon peut résumer par « la biodiversité pour l’agriculture»,
consiste à mobiliser les ressources de la biodiversité pour pratiquer une
agriculture plus économe et plus autonome, qu’il s’agisse de favoriser la
pollinisation, de profiter de l’action de diverses espèces auxiliaires (oiseaux,
insectes…) pour lutter contre les ravageurs ou de mieux capter, par des
peuplements diversifiés, l’énergie solaire ou les éléments nutritifs du sol.
Le second, « l’agriculture pour la biodiversité », part du constat que le
maintien, et surtout l’amélioration de l’état de la biodiversité sur une grande
partie de notre territoire dépend des pratiques agricoles et donc que les
agriculteurs ont, de ce fait, une responsabilité sociale et environnementale
vis-à-vis de ce patrimoine.
Cette prise en compte de la biodiversité peut se faire, d’une part, au sein
des espaces cultivés : ce sont les approches visant à favoriser la diversité
variétale, à pratiquer des rotations plus longues et plus riches en espèces,
à favoriser la présence d’espèces messicoles… Elle peut, d’autre part,
s’intéresser aux espaces non cultivés présents sur l’exploitation (zones
enherbées, haies et bosquets, zones humides diverses, murets...) désignés
globalement sous le terme « d’infrastructures écologiques ». L’objectif de
ce document est de permettre aux agriculteurs de porter un nouveau
regard sur cet aspect de leur exploitation, sur le fait que de multiples
espèces animales ou végétales en sont également des « usagers »
permanents ou occasionnels. Il s’agit aussi de montrer que des initiatives
simples sont souvent possibles pour concilier les objectifs légitimes
de la production agricole et les besoins de ces multiples usagers.
RÉALISER DES AUTODIAGNOSTICS
DE LA BIODIVERSITÉ DES
INFRASTRUCTURES ÉCOLOGIQUES
DANS LES EXPLOITATIONS AGRICOLES
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