Homélie de la Ste Trinité 2012 3 juin 2012 « Dieu existe-t-il ? Qui est-il ? » C'est avec cette question que St Thomas d'Aquin, le plus grand théologien de tous les temps, commence sa grande œuvre « La somme théologique ». C'est la question que tous les hommes de toutes les cultures et de tous les temps se sont posée et l'orientation que chaque homme donne à sa vie dépend en grande partie de la réponse qu'il choisit. Si nous croyons que Dieu est l'Etre suprême impassible qui punit nos faux pas c'est la crainte qui dominera. Mais si pour nous Dieu est amour la fête de la Sainte Trinité prend une autre dimension. Alors elle nous rappelle que Dieu n'est pas loin de nous dans un ciel inaccessible mais qu'il s'est fait homme qu'il nous a parlé que nous pouvons entrer en communion d'amour avec lui qu'il est plein de miséricorde et qu'enfin il nous attend pour nous combler de bonheur pour l'éternité. En regardant le cours de l'histoire nous constatons que souvent les hommes ont essayé de dire Dieu ou les dieux en partant de ce qu'ils voyaient dans la nature de sorte qu'ils projetaient Dieu dans le soleil ou la lune et lui donnaient le nom de Zeus ou Apollo. On est parti du monde pour dire Dieu auquel on attribuait des caractères humains. C'est pourquoi les hommes ont essayé d'être dans les bonnes grâces de ce Dieu trop humain en vue de le concilier. Mais il faudra en arriver à la révélation biblique pour inverser cette tendance. Ici c'est Dieu qui va se révéler aux hommes et ils vont découvrir que c'est eux qui sont créés à l'image de Dieu et non l'inverse. Cette révélation d'un Dieu personnel qui libère un petit peuple menacé de génocide en Egypte va connaître son point culminant en Jésus qui a révélé le mystère de la sainte Trinité. Ce mystère si incompréhensible qu'il soit pour nous est de ceux qui répondent à une des attentes les plus profondes de l'humanité et qui se concentre dans le cœur de tout homme : la soif d'aimer et d'être aimé. Eh bien Dieu est Celui qui aime comme jamais un être humain ne pourra aimer. Dieu est trois personnes qui s'aiment de façon infinie au point de ne plus faire qu'un. C'est cela le mystère du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Et nous chrétiens nous croyons que nous sommes créés à l'image de Dieu. Nous qui sommes baptisés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit nous sommes appelés à former un seul corps en rendant ce mystère de Dieu présent dans notre monde aussi bien dans la vie de l'Eglise que dans la vie de tous les jours entre les hommes. A travers nos différences et nos diversités nous sommes invités à essayer d'être un peu image de cet amour du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Et pour terminer reconnaissons que nous nous trouvons devant un mystère qui nous dépasse et qui en même temps nous enveloppe parce qu’au baptême nous avons été « habillés » de l'amour de Dieu « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Inclinons-nous devant ce mystère qui nous est aussi incompréhensible que pour St Augustin cet autre grand théologien et évêque de Carthage au IVème siècle. La légende raconte que du temps où il préparait son livre sur la Trinité il se promenait en méditant profondément le long de la plage de Carthage lorsqu'il voyait un enfant qui remplissait un coquillage d'eau de mer et la versait ensuite dans un trou dans le sable. «Qu'est-ce que tu fais-là ? » lui demandait St Augustin. «Je veux verser toute l'eau de la mer dans ce trou » dit l'enfant. «Mais tu n'y arriveras jamais » répond St Augustin. Et l'enfant de lui répondre : «Eh bien il est plus facile pour moi de verser toute l'eau de la mer dans ce petit trou que pour toi de comprendre ce que tu cherches à comprendre ». Là-dessus l'enfant que la Tradition croit avoir reconnu disparut. Et des années plus tard Augustin va écrire son De Trinitate où il dit que le mystère de Dieu se comprend avec le cœur et non avec l'intelligence. Dieu est ainsi : pour le trouver il faut le chercher avec son cœur. Icône de la Trinité ou Les trois anges à Mambré (1410), Galerie Tretiakov, Moscou Il s'agit des trois hommes apparus à Abraham Gn 18 que Roublev, à la suite des Pères de l'Église, interprète comme une figure du mystère de la Trinité indivisible.