Septembre 2011 la tournée des sociétés de Fcp Mission : diminuer la volatilité En période de turbulence, les fonds de fonds et la gestion tactique ont la cote. Par Jean-François Barbe aucun doute possible : les turbulences récentes des marchés boursiers renforceront le conservatisme des investisseurs individuels, qui s’est imposé avec force lors du krach de 2008. Cependant, les fonds de fonds et la gestion tactique pourraient être plus populaires que jamais, selon un sondage informel effectué auprès des spécialistes en fonds communs. « Même mon mari m’a demandé si les actions étaient encore un bon choix d’investissement ! », lance en riant Nancy Paquet, vice-présidente régionale, Distribution aux conseillers, chez Placements Banque Nationale. Responsable de la vente des produits de la Banque auprès des cabinets multidisciplinaires et des courtiers de plein exercice, Nancy Paquet est aux premières loges de l’interminable spectacle qui tient le haut de l’affiche depuis septembre 2008, date fatidique de l’effondrement de la banque d’investissement Lehman Brothers. « Depuis deux ans, on pose beaucoup de questions au x conseillers au sujet des fonds d’actions américaines et des fonds d’actions mondiales et internationales. Par contre, les ventes ne suivent pas, car les gens craignent le marché des actions. Évidemment, la récente chute des marchés boursiers ne fera rien pour arranger les choses. Au contraire ! », témoigne-t-elle. L e s p o r t e f e u i ll e s pourraient surprendre Depuis la chute boursière de 2008, les fonds à revenus fixes ont nettement eu la cote auprès des investisseurs au détail. « Les gens veulent du revenu, idéalement, sous une forme qui soit avantageuse sur le plan fiscal », explique Nancy Paquet. Cependant, au fur et à mesure que les investisseurs ont digéré le choc survenu en 2008, leurs champs d’intérêt se sont progressivement élargis. « À compter d’avril 2009, on a obser vé un commencement d’engou­e ment pour les fonds équilibrés et un peu d’intérêt, mais moins marqué, pour les dépasse 1,4 G$, ce qui est au-delà de nos prévisions. Ils sont composés de catégories d’actif très diversifiées et leur volatilité est généralement moindre que dans l’univers des fonds communs. Par exemple, en 2008, le Portefeuille Méritage Équilibré a enregistré des rendements de – 12,5 %, par rapport à – 20 % pour la moyenne des fonds équilibrés », dit-elle. Robert Ruffolo, vice-président, ventes, Québec et Atlantique, chez Placements Franklin Templeton, précise que les Portefeuilles Quotentiel représentent, grosso modo, la moitié des ventes de l’entreprise. « La diversificaIl y a de plus en plus de fonds tion des portefeuilles diminue qui ont des mandats ouverts, et le risque et c’est ce que cherchent dans lesquels les gestionnaires la plupa r t de s ont les coudées franches. invest isseurs à l’heure actuelle », — Bernard Letendre dit-il. Même son de fonds d’actions qui distribuent cloche chez Patrick Loranger, des dividendes », poursuit la res- directeur, Gestion des produits ponsable de la promotion des de placement individuels chez produits de la Banque Nationale. Standard Life. « Les portefeuilles Personne ne dispose d’une sont ceux de nos produits qui se boule de cristal, mais en cette vendent le mieux. Ce type de propériode de volatilité boursière, duit, clé en main, est plus diver­ plusieurs croient que les fonds de sifié, il est également beaucoup fonds prendront de l’élan. moins volatil. C’est là un arguSigne de leur importance, l’an- ment de poids dans la situation née dernière, le chef de la di­- actuelle », remarque-t-il. rectio­n de Scotia Asset ManageG e s t i o n tac t i q u e ment s’était dit surpris de l’importance de la demande en la Vice-président et directeur matière. « C’est venu de nulle régional des ventes, Québec, chez part. Je dirais qu’environ le quart Invesco Canada, Alain Huard de l’industrie est maintenant croit aussi que les portefeuilles composé de fonds de fonds », attireront davantage de clients avait dit Glen Gowland. investisseurs. Pourquoi les fonds de fonds En outre, il estime que la gesseraient-ils donc plus attrayants tion tactique devrait accroître sa en cette deuxième moitié de popularité au cours de la prochai2011 ? Nancy Paquet souligne ne année, et ce, tant auprès des leur capacité à procurer la diver- investisseurs que des conseillers. sification tant recherchée et à La gestion tactique consiste à atténuer la volatilité si redoutée. accroître la marge de manœuvre « Prenons les portefeuilles du gestionnaire par rapport à des Méritage de la Banque Nationale, éléments d’actif d’une catégorie lancés en octobre 2006. Leur actif donnée (par exemple, les liquidités à l’intérieur de la catégorie revenus fixes) ou par rapport à des titres particuliers. « De plus en plus de conseillers favorisent la gestion tactique, car ils veulent que les gestionnaires actifs en actions ou en titres à profitent des occasions de marrevenus fixes. ché. Par exemple, pourquoi limiEn avril, Fidelity mettait en ter l’or à un pourcentage de 3 % marché le Fonds Fidelity du portefeuille si l’on pense que Stratégies et tactiques, qui le prix de l’or continuera à augvise à « saisir les meilleures menter ? », explique Alain Huard. occasions de placement parmi « Dans une optique de gestion les différentes catégories tactique, un gestionnaire pourd’actifs et au sein d’une même rait hausser à court terme l’élécatégorie, et ce, partout dans ment d’actif or à 8 ou 9 % du porle monde ». tefeuille », illustre-t-il. Soulignons que le seul nou­ Bernard Letendre, vice-présiveau fonds lancé par Place­ dent régional, Est-du-Canada, ments NordOuest & Éthiques Gestion de patrimoine chez au cours de la dernière année Financière Manuvie, partage est géré de façon tactique. Il éga lement ce point de v ue. s’agit du Fonds tactique de « Aujourd’hui, la gestion tactique rendement NordOuest, qui ne s’impose. Souvenons-nous qu’en comporte pas de limite par 2008, le meilleur fonds d’actions rapport à la catégorie d’actif, américaines ne pouvait qu’être à la capitalisation boursière et perdant, avec – 30 %. Dans des à la géographie. marchés volatils, il faut pouvoir - Jean-François Barbe bouger, et vite ! », dit-il. Bernard Letendre observe qu’il Gestion tactique : exemples récents L es fonds de revenus fixes n’échappent pas à la vague de la gestion tac­ tique, comme le montre l’exem­ ple de la Scotia. Lancé en juillet, le Fonds Scotia revenu avan­ tage investira dans des titres à revenu fixe et des titres de participation axés sur le revenu sans restriction quant à la capi­ talisation boursière, au secteur d’entreprise ou à la répartition géographique. Selon Scotia, il convient à ceux qui acceptent un risque « moyen ». Quant à Standard Life, elle a modifié, en juin, le mandat du Fonds mondial de revenu men­ suel Standard Life et l’a re­nommé Fonds de revenu tactique Standard Life. Ce fonds pourra dorénavant investir de 0 à 100 % de ses Finance et investissement | B3 fonds de placement Notre revue des nouveautés de l’industrie, tirée de finance-investissement.com Franklin Templeton crée un nouveau produit, le Fonds Temple­ ton Marchés frontières. Le fonds investira 80 % de son actif dans les marchés frontières, des pays parmi lesquels on retrouve le Bangladesh, le Sri Lanka, l’Azerbaïdjan, la Rouma­ nie, la Jordanie, la Tunisie, la Colombie, le Paraguay, le Kenya et la Zambie. Selon Franklin Templeton, les fonds des marchés frontières subissent peu de volatilité puisqu’ils investissent dans des marchés peu corrélés entre eux. Invesco Canada lance le fonds de Catégorie QQQ PowerSha­ res. Ce fonds commun permettra aux épargnants d’être expo­ sés au populaire PowerShares QQQ, coté aux États-Unis. Le PowerShares QQQ permet d’accéder aux 100 sociétés améri­ caines et mondiales non financières les plus importantes du NASDAQ, selon la capitalisation boursière. Gestion d’actifs Scotia ajoute deux fonds communs de place­ ment à sa famille de produits. D’abord, le Fonds Scotia revenu avantage a pour objectif d’offrir un revenu constant et une appréciation à long terme du capital en investissant dans un portefeuille diversifié de titres à revenu fixe et de titres bour­ siers axés sur le revenu. Puis, le Fonds Scotia équilibré en dol­ lars américains, qui a pour but d’offrir une appréciation à long terme du capital et un revenu constant en dollars américains. Placements Mackenzie crée le Fonds bouclier canadien Mac­ kenzie Universal. Il s’agit d’un fonds d’actions canadiennes qui cherche à générer des rendements absolus corrigés du risque en dollars canadiens et à préserver son capital dans toutes les phases du marché. RBC Gestion mondiale d’actifs lance le Fonds d’obligations mondiales à revenu mensuel BlueBay, dont le sous-conseiller est BlueBay Asset Management. Ce produit est destiné aux investisseurs particuliers et institutionnels du Canada. Il inves­ tit principalement dans des titres de créance à rendement élevé, des titres de créance de sociétés et de gouvernements de marchés émergents et des obligations mondiales convertibles. Services de placement PH&N conçoit une série de fonds pour aider les particuliers à investir pendant leurs années d’emploi et à la retraite. Chacun des Fonds Objectif retraite PH&N investit dans un portefeuille bien diversifié d’actions et de titres à revenu fixe par l’intermédiaire de la détention de parts d’autres fonds communs. À mesure qu’approche la date de la retraite associée à chaque fonds, puis une fois cette date pas­ sée, la répartition de l’actif du fonds devient progressivement plus prudente. y a « de plus en plus de fonds qui ont des mandats ouverts, et dans lesquels les gestionnaires ont les coudées franches ». Il cite en exemple le Fonds à revenu stratégique Manuvie. Sur cinq ans, ce fonds de 1,6 G$ affiche des rendements annualisés de 8,6 %, par rapport à 4,1 % pour sa catégorie de référence, selon les données de Morningstar. L’ h e u r e d u c h o i x À une époque où les marchés peuvent ressembler à des montagnes russes, il devient souvent difficile de convaincre ses clients de leur potentiel d’enrichissement. Comment y parvenir, alors ? En prenant le temps de bien compren­dre ses clients, leur tolérance à la volatilité ainsi que leurs horizons d’investissement, répondent à l’unisson les responsables des ventes des sociétés de FCP interrogés. Autrement dit, il sera très dif­ ficile d’inciter des clients à la patience s’ils ne peuvent pas accepter une baisse de 10 % des marchés. Plus encore s’ils comptent prendre leur retraite d’ici un an ou deux. S’ils peuvent se permettre d’attendre, un argument massue peut les inspirer à conserver leurs positions sur les marchés, à savoir leur capacité à vivre leurs vieux jours en bonne santé financière. « Plusieurs devront choisir. Rester sur les marchés ou convertir leurs avoirs en certificats de placement garanti (CPG) », ré­sume Nancy Paquet. Et dans ce cas, se résigner à travailler quelques années de plus ou se serrer la ceinture pendant la retraite. FI Suivez notre TOURNÉE des fonds négociés en Bourse sur finance-investissement.com