8 – Chambre Infos-16 - Viticulture-Oenologie - Dossier technique n° 7 - Avril 2007
CHANGEMENT DU CLIMAT
ET EVOLUTION DE LA VITICULTURE
En cette période d’élection où l’environnement est un peu plus au cœur des débats, il paraît important de
faire un point sur la tendance du réchauffement climatique et ses conséquences en viticulture. C’est un fait
aujourd’hui avéré par toute la communauté scienti que : la planète connaît une période de réchauffement cli-
matique qui devrait s’accélérer dans les prochaines années et décennies. Comme pour d’autres activités agri-
coles, ce réchauffement climatique ne sera pas sans effet sur la viticulture mondiale.
Pourquoi parle-t-on
de réchauffement climatique ?
La température moyenne de notre
planète résulte de l’équilibre entre le
ux de rayonnement qui lui parvient
du soleil et le ux de rayonnement
infrarouge renvoyé vers l’espace. La
répartition de la température au ni-
veau du sol dépend de la quantité de
gaz à effet de serre (GES) présents
dans l’atmosphère. Sans eux, la tem-
pérature moyenne serait de - 18°C et
la terre serait inhabitable. Leur pré-
sence amène cette température à
15°C.
Les gaz à effet de serre (GES) sont
naturellement très peu abondants.
Mais la consommation croissante
de combustibles fossiles tels que le
pétrole, le gaz et le charbon pour sa-
tisfaire les besoins humains, entraî-
nent l’émission de grandes quantités
de CO2 dans l’atmosphère. De plus
les activités agricoles et industrielles
ajoutent aussi des quantités consi-
dérables de méthane, d’oxydes ni-
treux et de chloro uorocarbure dans
l’atmosphère.
Ensemble, tous ces gaz condui-
sent à ce que l’on appelle l’effet de
serre élargi parce qu’ils absorbent
tout le rayonnement infrarouge, en-
traînant ainsi une hausse des tem-
pératures et une modi cation de la
répartition des précipitations.
Quelles incidences
sur la répartition
du vignoble français ?
La température moyenne de la
surface de la terre a augmenté entre
0.6 et 0.9 °C depuis 1860. Le meilleur
calcul indique qu’elle pourrait aug-
menter d’1.8 à 2.5°C d’ici le milieu
du siècle en fonction des émissions
industrielles futures.
On estime aujourd’hui qu’une
augmentation de 1°C de la tempéra-
ture moyenne correspondrait à un dé-
placement relatif du climat d’environ
200 km vers le Nord. Le réchauffe-
ment devrait profondément modi er
le monde viticole. La présence de la
vigne pourrait s’étendre de manière
plus signi cative au-delà du 50ième
parallèle Nord, limite de la culture de
la vigne en France. La Grande Breta-
gne pourrait ainsi renouer avec son
passé historique viticole.
Les cépages ont des exigences
climatiques et sont adaptés aux ré-
gions où ils sont produits. En Alsa-
ce, par exemple, le riesling, le pinot
gris et le gewurztraminer, cépages
«froids» par excellence, se dévelop-
pent parfaitement sous le climat plus
continental de l’est de la France alors
que le grenache et la syrah, sont
adaptés à des conditions météorolo-
giques du sud du pays. La tempéra-
ture est donc le facteur qui détermine
la répartition des cépages à l’échelle
du vignoble français.
Des chercheurs américains des
universités de l’Oregon, de l’Utah, du
Colorado et du Connecticut ont mené
en 2005 une étude très intéressante
mettant en relation le changement
climatique et ses conséquences sur
la qualité des vins à l’échelle mon-
diale.
En partant de l’hypothèse que des
conditions climatiques béné ques
sont favorables à la qualité d’un vin et
que celle-ci peut-être appréciée par
les notes de dégustation, les auteurs
ont comparé, année après année, les
notes attribuées avec la moyenne
des températures mesurées pendant
la période de croissance des vignes
correspondantes.