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Ces résultats sont les réponses de l’Europe à tous les Cassandre qui annonçaient un peu
prématurément son effondrement après la crise de 2008. Ces résultats sont le fruit des politiques de
stabilisation budgétaire et fiscale, du renforcement des politiques structurelles qui favorisent une
économie plus compétitive, qui privilégient une réglementation efficace, qui combat les cartels et les
monopoles, qui favorisent la mobilité du capital humain en Europe et finalement qui donne toutes
ses chances à l’innovation condition sine qua non de la croissance de demain.
Certes tout ceci ne se fait pas en un jour. En 1957, l’Europe c’était 6 pays et tout le monde parlait le
français. A l’heure du café, quand le serveur disait « café ? », tout le monde répondait unanimement
en français « Oui merci ». Maintenant, l’Europe c’est 28 pays et à la pause-café, celui-ci voudra un
café serré, celui-là un café avec un peu de lait, cet autre un café avec beaucoup de lait mais sans
sucre, ou un café avec un peu de lait mais avec du sucre qui n’est pas du sucre, sans compter ceux
qui veulent du thé, du thé au citron, du thé avec du lait mais sans sucre ou du thé à la menthe ou du
thé de Chine, il y a aussi ceux qui veulent une tisane, un cappucino, un cortado, un express mais aussi
un verre d’eau plate, une eau minérale gazeuse et puis il y en a un - je ne vous dirais pas son nom –
qui veut un Armagnac (qui comme vous le savez est un breuvage qu’on élève sagement au sud-ouest
de Toulouse – ne repartez pas de Toulouse sans en avoir apprécié les charmes).
A l’image d’une pause-café, l’Europe est une tour de Babel politique. Pas facile de prendre des
décisions. Ce qui est remarquable, c’est que malgré les critiques, les pertes de temps et les
inefficacités en tous genres, l’Europe avance. Ne croyez pas que je me satisfasse de cette situation.
Comme beaucoup d’économistes de ma génération, nous appelons les plus jeunes générations à
faire le saut vers un vrai fédéralisme en Europe. Et je crois que la jeunesse européenne y est prête. Il
nous faut une gouvernance politique plus claire, plus efficace et plus moderne si nous voulons
relever les défis économiques et sociaux engendrés par la globalisation des marchés et des
industries, par la révolution technologique du tout numérique, par les progrès phénoménaux de la
médecine et de la biologie et par les impacts du changement climatique.
Est-ce réaliste de parler ainsi alors que se déroule en ce moment la crise la plus grave qu’ait connu
l’EU, avec la sortie possible de la Grèce de la zone Euro. Et bien paradoxalement, je vois dans le
déroulement de cette crise, une étape importante dans la maturité de l’Europe. Nous ne sommes
plus il y a 5 ans lors de la première crise grecque. Les mécanismes dont nous nous sommes dotés et
les décisions de solidarité qui font porter la dette grecque par les Etats européens ont
considérablement réduit le risque systémique. De la même manière, je considère comme très
positives les discussions engagées par le Royaume-Uni pour éviter un Brexit car elles aboutiront
inévitablement à une cohérence plus forte de l’organisation politique européenne.
Quand on a la chance de posséder, sur un territoire relativement réduit à l’échelle mondiale, autant
de richesses qui s’appellent Londres, Rome, Amsterdam, Madrid, Stockholm, Paris, Barcelone, Milan,
Lisbonne, Prague, Vienne, Toulouse et j’en oublie tant, construire l’avenir européen est une ardente
nécessité pour y maintenir la paix.
Dans ce contexte, que dire de la France ? Je n’hésite pas un instant à prendre à mon compte ce que
John Chambers, le Président de Cisco, numéro un mondial des équipements de réseau disait de la
France en février dernier :