Cancer et conditions de vie précaires – version abrégée
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domicile et le lieu de traitement. Les médicaments prescrits sont aussi parfois – selon le système
d’assurance-maladie – à l’origine de frais élevés.
Q Les frais indirects: il paraît que des coûts indirects causés par des pertes de revenu surgissent moins
fréquemment que des coûts directs. Et pourtant quand une personne perd une partie de son revenu pour
cause de maladie cancéreuse, les montants en jeu sont souvent très élevés. Les pertes de revenu sont
certes plus rares, mais, quand elles surviennent, d’un montant nettement plus important que les frais
directs. Pour des différences méthodologiques, les comparaisons entre les études ne sont pas toujours
aisées faute de savoir si d’éventuels autres montants ont été pris en compte (prestations d’assurance,
maintien du versement du salaire, compensation des vacances ou des heures supplémentaires, etc.).
Q L’axe temporel: les analyses longitudinales centrées sur l’axe temporel sont relativement rares. La ten-
dance indique que la charge financière moyenne pour la personne malade du cancer et sa famille est
concentrée dans les premiers mois suivant le diagnostic; une augmentation des coûts est aussi constatée
pendant la phase terminale. Cependant, la durée d’observation ne dépasse qu’exceptionellement 18 mois.
Des études sur le cancer des enfants arrivent à la conclusion que la période de traitement stationnaire est
plus coûteuse pour la personne malade du cancer et sa famille que la période de traitement ambulatoire.
Q Les charges à long terme et l’intégration au marché du travail: les conséquences à long terme
d’une maladie cancéreuse peuvent être estimées en réduisant le cercle des participants étudiés aux per-
sonnes dont le diagnostic de cancer remonte à plusieurs années. De telles enquêtes sont en général cen-
trées sur l’intégration au marché du travail des anciens patients atteints de cancer. Le bilan est plutôt posi-
tif pour la plupart d’entre eux. Certes, les personnes actives avant la maladie cancéreuse n’ont pas toutes
réussi à se réinsérer dans la vie professionnelle. Le taux de réinsertion se situe, selon plusieurs enquêtes,
autour des deux tiers. Mais un tel taux – ou avoisinant – est en principe considéré comme positif dès lors
que certaines personnes n’ont volontairement pas repris d’activité lucrative ou ont opté pour une retraite
anticipée en raison de leur âge. En plus, plusieurs études montrent, que le revenu du ménage des person-
nes avec une anamnèse de cancer ne se distingue pas sensiblement du revenu d’autres ménages. En ce
qui concèrne le volume de travail et le niveau de salaire des anciens patients atteints de cancer, les résul-
tats divergent: Surtout les études qui s’occupent de l’activité professionnelle suite au diagnostic, démon-
trent des différences qui, toutefois, semblent décroître avec le temps.
Q Les facteurs d’influence: la plupart des études ne s’expriment qu’avec réserve sur les facteurs influen-
çant le niveau des charges financières assumées par les malades du cancer et leurs familles (à l’exception
des deux critères déjà mentionnées: l’éloignement des lieux de traitement stationnaire et l’écart entre
traitement stationnaire et traitement ambulatoire). Les effets les plus évidents apparaissent dans les famil-
les où c’est l’enfant qui est atteint de cancer. Plusieurs études constatent des charges financières plus
élevées pour les familles monoparentales. Les enquêtes sur le cancer de l’enfant montrent que les frais
augmentent avec la taille de la famille. Ce sont surtout les enquêtes sur l’intégration à long terme sur le
marché du travail qui s’occupent des comparaisons entre les différents types de cancer. Dans ce contexte,
les maladies cancéreuses dans la partie du cou ou de la tête, les cancers du sein, de l’estomac ou de
l’intestin ainsi que les maladies cancéreuses des organes de réproduction féminins, se révèlent particuliè-
rement problématiques.
Q L’ampleur des charges financières: comme nous l’avons mentionné en préambule, aucune étude ne
s’est penchée explicitement sur le risque de pauvreté induit par la maladie cancéreuse. Plusieurs font la
relation entre les frais directs et indirects d’une part et le revenu de la personne malade ou le revenu de la
famille d’autre part, montrant une augmentation parfois fort considérable des charges (d’un quart ou
plus). Une tendance indique que plus le revenu baisse, plus les charges augmentent. Quoi qu’il en soit, la
durée de ces coûts est en règle générale inconnue, de même que la capacité des familles concernées à
absorber ces charges en adaptant leur style de vie ou en compensant par des prélèvements sur leur for-