Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS Inépuisable, Les combustibles primaires du réacteur sont le deutérium et le tritium. Le deutérium peut s’extraire en grande quantité de l’eau de mer. Ce qui rend chaque pays moins dépendant de livraisons de combustible en provenance d’autres parties de la planète. Une faible quantité de ce combustible suffit d’ailleurs à couvrir les besoins en électricité d’un européen moyen durant toute sa vie: environ 10 grammes de deutérium et 15 grammes de tritium. Avec la fusion thermonucléaire, l’humanité disposerait d’une source d’énergie pour plusieurs milliers d'années. Sûr … La quantité de combustible présente à chaque instant dans le réacteur, quelques grammes, est très faible. Ce qui s’oppose de manière radicale à la présence de tonnes de combustible pendant plusieurs mois dans le cœur d’un réacteur de fission nucléaire. Le processus de fusion ne dépend pas d’une réaction en chaîne et ne peut donner lieu à un emballement du réacteur. La moindre perturbation des conditions de réaction, par exemple l’extinction du champ magnétique, conduit à l’arrêt immédiat du dégagement d’énergie. Des accidents semblables à celui de Tchernobyl sont donc totalement exclus. et Respectueux de l'environnement ! Un des grands avantages de la fusion thermonucléaire réside en l’absence de tout déchet radioactif de longue durée de vie, tels qu’ils sont produits lors de l’utilisation de substances fissiles. Le produit des réactions de fusion est l’hélium, un gaz noble, chimiquement inerte et non radioactif. Ne sont donc pas non plus produits des gaz qui contribueraient à aggraver l’effet de serre, les pluies acides, ou la disparition de la couche d’ozone. Un désavantage de la réaction deutérium-tritium est la production de neutrons très énergétiques qui peuvent activer les matériaux de construction du réacteur. Afin de limiter au maximum ce problème, on peut utiliser des matériaux de parois spéciaux (alliage au vanadium, SiC,…) qui s'activent moins. Des études récentes ont montré qu'un réacteur de fusion à basse activation est environ un million de fois moins radioactif qu'un réacteur de fission de la même puissance en acier inoxydable, un an après l'arrêt et après une opération de trente ans. Après environ 50 ans, le niveau de rayonnement retombe au niveau, non dangereux, de celui d'une centrale à charbon classique. La fusion ne pose donc le problème de la radioactivité qu'à la génération qui la génère. D'après les plans mentionnés, il apparaît clairement qu'il faudra encore quelques années avant de faire de la fusion une source d'énergie à part entière. Les résultats récents de la recherche internationale montrent les réelles perspectives qu'offrent la fusion. La génération d'énergie par la fusion voit doucement le jour. La Fusion: une source d'énergie pour le futur http://fusion.rma.ac. Laboratoire de Physique des Plasmas Brochure d'information sur la Fusion Jef Ongena, Dirk Van Eester, Frédéric Durodié et Pierre Dumortier Laboratoire de Physique des Plasmas - Laboratorium voor Plasma Fysica Association «EURATOM - Etat Belge» - Associatie «EURATOM - Belgische Staat» Ecole Royale Militaire - Koninklijke Militaire School 30, Av. de la Renaissance - B 1000 Brussels - Kunstherlevinglaan 30 La Fusion: une source d'énergie pour le futur ERM-KMS Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS La recherche en fusion : pour quoi faire ? D’après de récentes estimations, les réserves de combustible fossile ne permettront de satisfaire tout au plus que quelques centaines d’années aux besoins en énergie sans cesse croissants de notre société industrielle. Mais bien avant qu’une grave pénurie de ces combustibles ne se fasse sentir, un autre problème surgira: la combustion en masse de ces matières libère en effet des gaz nuisibles qui modifient la composition de notre atmosphère avec pour conséquence des effets néfastes sur le climat. Des gaz tels que le SO2 ou les NOx produisent les pluies acides tandis que d'autres participent à la destruction de l'indispensable couche d'ozone. Le produit de la réaction de combustion lui-même, le CO2, n'est pas sans poser de problèmes. Cette molécule absorbe une partie du rayonnement infrarouge renvoyé par la terre vers l'univers et, en d'autres termes, rend plus difficile le refroidissement de notre planète. Au plus ce gaz est présent dans l'atmosphère, au plus difficile est le refroidissement et au plus chaude devient notre planète: c'est l'effet de serre. Combien de temps encore pouvons-nous continuer à produire en masse ce gaz à effet de serre et quels en seront les effets sur notre climat ? Alors que certains chercheurs énoncent prudemment le risque d’un changement climatique si un frein n’est pas mis à la production des gaz à effet de serre, d’autres n’hésitent pas à déclarer que la puissance d’“El Niño”, phénomène climatique périodique, et des tempêtes et inondations qui l’accompagnent, est une conséquence indirecte de notre politique énergétique. Devons-nous vraiment attendre qu'il soit trop tard, alors qu'il semble déjà tard pour intervenir ? Cet argument pourrait à lui seul justifier de la nécessité de la recherche de méthodes alternatives de production d’énergie. Il est cependant loin d’être le seul et, parmi les nombreux avantages de cellesci, le moindre ne réside certainement pas dans l’utilisation bien plus intelligente qui pourrait être faite des réserves disponibles de combustibles fossiles. La dépendance des industries chimiques et pharmaceutiques vis-à-vis des produits dérivés du pétrole fait en effet apparaître la combustion pure et simple de ces précieuses substances comme une véritable tragédie. Travailler pour la fusion c’est travailler pour le futur. La fusion offre au chercheur beaucoup de ces défis scientifiques et technologiques qui rendent la recherche tellement passionnante. La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS ITER Les résultats obtenus sur JET ont permis à la communauté de la fusion de conclure que la prochaine étape en vue de l’application commerciale de la fusion comme méthode de production d’électricité peut être entreprise. Ce passage du breakeven à l’ignition se passera dans ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor). Ce tokamak devrait être construit au début du siècle prochain par l’Europe, les EtatsUnis, la Russie et le Japon et devrait, comme attendu d’un réacteur commercial de fusion, développer une puissance de 1000 MW par tranches d’impulsions de 1500 secondes. Cette machine devrait rester opérationnelle jusqu’en 2020, voire 2030. L’étape ultime, après ITER, est la construction d’un réacteur de démonstration, DEMO, qui devra prouver que la fusion est non seulement réalisable sur le plan technologique, mais qu’elle peut également être rentable économiquement. Les plans précis de ce réacteur ne pourront naturellement s’ébaucher que lorsqu’ ITER aura opéré avec succès. La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS J E T Les chercheurs du J E T (Joint European Torus, Abingdon, Royaume Uni), le plus grand tokamak du monde, ont démontré avec succès qu’il est possible de produire de grandes quantités d’énergie (16 millions de Watts) grâce aux réactions de fusion dans un plasma deutérium-tritium. La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS Réactions de fusion nucléaire La fusion nucléaire consiste en un processus exothermique durant lequel des noyaux atomiques légers fusionnent en un noyau plus lourd. Une infime fraction de la masse des réactifs est alors convertie en énergie, suivant la célèbre formule d’Einstein: E=mc2 La fusion est la plus importante source d’énergie de l’Univers. Les étoiles, parmi lesquelles le soleil, tirent leur énergie d’une série de réactions de fusion. Au centre du soleil, à une température de 10 à 15 millions de degrés, l’hydrogène se trouve ainsi transformé en hélium. A l’issue de ces réactions, seuls 0.7% de la masse originelle auront été convertis en énergie. Ce processus de production d’énergie n’est cependant guère réalisable sur terre – les probabilités de réactions correspondantes sont en effet beaucoup trop faibles. C’est l’énorme pression qui règne au centre du soleil qui garantit malgré tout un nombre suffisant de réactions pour que l’astre puisse ‘brûler’ de façon continue. A chaque seconde, ce sont environ 600 millions de tonnes d’hydrogène qui s’y transforment en 596 millions de tonnes d’hélium; quatre millions de tonnes de matière y ‘disparaissent’ de la sorte sous forme d’énergie. Les réactions de fusion les moins difficiles à réaliser sur Terre sont: D+T D+D D+D D + 3He → → → → 4 He (3,5 MeV) He (0,82 MeV) T (1,01 MeV) 4 He (3,6 MeV) 3 + + + + n (14,1 MeV) n (2,45 MeV) H (3,02 MeV) H (14,7 MeV) (50 %) (50 %) H, D, T, 4He et n représentent respectivement les noyaux d’hydrogène (protons), de deutérium, de tritium, d’hélium et les neutrons. 3He est un isotope stable de l’hélium dont le noyau ne contient qu’un neutron. De ces quatre réactions, c’est la réaction D-T qui est la plus probable. Les valeurs entre parenthèses correspondent à l’énergie libérée, exprimée en électronvolts, une unité de mesure fréquemment utilisée en physique nucléaire. Un électron-volt est l’énergie qu’acquiert une particule de charge électrique unitaire en traversant une différence de potentiel de un Volt. Cela équivaut à 1,602 10-19 Joule. La grande quantité d’énergie ainsi libérée - environ un million de fois l’énergie dégagée par une réaction chimique exothermique - fait en sorte qu’une très faible quantité de combustible est nécessaire. Pour faire fonctionner une centrale électrique de 1000 MW de façon continue pendant un an, il faut brûler environ 2,7 milliards de kilogrammes de charbon. La même quantité d’énergie peut être obtenue par la fusion de 250 kilogrammes d’un mélange composé de 50% de deutérium et de 50% de tritium. Le deutérium est un isotope stable de l’hydrogène dont le noyau se compose d’un proton et d’un neutron. Il est présent dans l’eau de mer à raison de 0,015%. Quant au tritium, c’est un autre isotope de l’hydrogène dont le noyau contient cette fois un proton et deux neutrons. Contrairement au deutérium, le tritium est un élément radioactif. C’est un émetteur bêta d’une durée de vie de 12,3 ans. C’est la raison pour laquelle il n’est pas présent à l’état naturel. On peut néanmoins le produire artificiellement en bombardant du lithium avec des neutrons. La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS Conditions nécessaires à la fusion La fusion nucléaire consiste en deux noyaux atomiques légers qui se fondent en un noyau atomique plus lourd. Ce processus libère de l’énergie. Toute la difficulté vient du fait que les noyaux, tous de charge électrique positive, se repoussent mutuellement. Cet écueil paraît facile à surmonter: il suffirait de communiquer aux noyaux une énergie suffisante pour franchir la barrière répulsive. Pourquoi dès lors ne pas utiliser des accélérateurs de particules pour les faire entrer en collision ? La probabilité de fusion de deux noyaux par ce procédé est en réalité extrêmement faible, les noyaux ont beaucoup plus de chances de simplement rebondir l’un sur l’autre. Le soleil semble nous indiquer une autre voie: les noyaux y sont en effet portés à de telles températures et y sont présents en de telles quantités qu’il s’y produit suffisamment de collisions que pour obtenir un bilan énergétique globalement positif. La réalisation concrète de la fusion consiste donc en la création de soleils miniatures. Deux questions se posent alors: comment atteindre de telles températures et comment confiner le mélange ainsi produit ? Réalisation pratique de la fusion Deux filières sont essentiellement étudiées en vue de réaliser la fusion sur terre: celle de la fusion par confinement inertiel et celle de la fusion par confinement magnétique. Cette dernière voie est celle qui, jusqu’à présent, a obtenu les meilleurs résultats. Dans le cas de la fusion inertielle, les réactions de fusion ont lieu dans le court intervalle de temps pendant lequel le combustible demeure confiné sous l’effet de l’inertie de sa propre masse. De gigantesques installations contiennent de puissants lasers qui doivent chauffer une minuscule pastille de combustible jusqu’à atteindre les conditions de température et de pression requises pour la fusion. La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS Collaboration Internationale La fusion nucléaire est par excellence un domaine où un large éventail de savoir-faire et de technologies de pointe est exigé. C’est la raison pour laquelle la recherche en fusion se déroule dans un cadre international. La Communauté Européenne y consacre chaque année un budget de 800 millions d’EURO. Des accords d’association sont passés entre la Communauté Européenne d’une part et les différents états membres ainsi que la Suisse d’autre part. Les différents laboratoires mettent ainsi leur expérience spécifique au service de l’intérêt collectif: d’aucuns s’ingénient à améliorer le confinement ou le chauffage, d’autres à maîtriser les interactions plasma-paroi,… .Les nouveaux concepts sont d’abord testés sur de relativement petites installations et, s’ils s’avèrent prometteurs, essayés sur le JET, le cheval de bataille de la recherche en fusion de la Communauté Européenne. Le tableau ci-dessous reprend les paramètres des principaux tokamaks. Machine TEXTOR94 Pays Allemagne Royaume Uni Organisation JET Tore Supra TCV TFTR ITER (nov.1996) France Suisse USA International CEA EPFL PPPL FZJ EURATOM Forme du plasma Circulaire En forme de D Rayon mineur (m) 0.46 1.25 0.78 0.24 0.85 2.8 Rayon majeur (m) Champ magnétique toroïdal (T) Courant de plasma (MA) Durée d’impulsion (s) Puissance NBI (MW) Puissance RF (MW) 1.75 2.96 2.38 0.875 2.48 8.14 2.6 3.5 4.5 1.43 5.2 5.7 0.8 7.0 1.6 1.2 3.0 21 10 60 120 2 5 1300 4 24 4 - 33 à l'étude 4 42 18 4.5 8 à l'étude Circulaire Variable Circulaire En forme de D La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS Situation et perspectives Quand une expérience de fusion est-elle réussie ? De bonnes mesures de la réussite d'une expérience sont le produit de fusion et le facteur d'amplification de puissance. Le produit de fusion est le produit de la température du plasma T, de la densité du plasma n et du temps de confinement de l'énergie τ. Le temps de confinement τ représente la durée caractéristique pendant laquelle l’énergie demeure confinée dans le plasma, malgré la conductibilité calorifique, le transport de particules et les pertes par rayonnement électromagnétique. L’amplification de puissance est le rapport entre la puissance produite par les réactions de fusion et la puissance totale fournie pour le chauffage du plasma. Le critère de Lawson nous apprend que, pour une amplification de puissance donnée, le produit de fusion n T τ doit dépasser un certain seuil. On peut s’en convaincre intuitivement: le combustible, présent à une densité suffisante, doit atteindre suffisamment longtemps une température suffisante pour initier des réactions de fusion en assez grand nombre. La valeur du produit n T τ montre ainsi la distance qui nous sépare de l’amplification voulue, à un moment donné. On considère deux paliers distincts. Le premier, nommé breakeven, est atteint quand la puissance libérée par les réactions de fusion égale la puissance apportée de l’extérieur, ce qui correspond à un facteur d’amplification de 1. Le deuxième, l’ignition, est atteint quand il n’est plus nécessaire d’apporter de l’énergie extérieure; on se trouve donc dans un régime a u t o - e n t r e t e n u . Ce régime correspond, à une amplification de puissance tendant vers l’infini. Les progrès de la recherche sur la fusion au cours des trente dernières années se mesurent dans l’évolution des produits de fusion successivement atteints dans les différentes machines: les valeurs initiales ont crû de façon spectaculaire, d’un facteur supérieur à 10 000. Les résultats de la machine européenne JET (Joint European Torus) ont apporté à ce progrès une contribution essentielle. On en est presque à la valeur requise pour le ‘breakeven’ (Nov. 1996). La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS La seconde méthode est celle de la fusion magnétique. On y fait usage de puissants champs magnétiques afin de contraindre les particules chargées qui composent le plasma à suivre des trajectoires prédéfinies. Le plasma est le quatrième état d’agrégation de la matière. Le chauffage d’un corps l’amène à passer de l’état solide à l’état liquide, puis l’état gazeux. Si l’on pousse encore le chauffage de ce corps, il viendra un moment où les électrons se sépareront du noyau. C’est le plasma. Dans un plasma, les électrons et les ions sont libres de se mouvoir en tous sens (en haut). Un champ magnétique extérieur permet de confiner le plasma dans un cylindre (en bas). Les particules, électriquement chargées, suivent des trajectoires qui s’enroulent autour des lignes de champ magnétique. Le plasma peut cependant s’échapper aux extrémités. La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS Pour éviter que le plasma ne s’échappe aux extrémités du cylindre, on le referme de manière à obtenir un anneau ou tore. Afin de confiner le plasma de façon stable dans cette configuration, il est nécessaire de rendre les lignes de champ magnétique hélicoïdales. Cela se fait dans le tokamak en induisant un courant électrique dans le plasma, qui joue aussi le rôle d’enroulement secondaire d’un transformateur. Le tokamak est le type de machine à confinement magnétique qui a rencontré le plus de succès. Chauffage du plasma Trois méthodes sont principalement utilisées pour chauffer le plasma et atteindre des hautes températures. Le courant de plasma chauffe le plasma par effet Joule. Complémentairement, on peut chauffer le plasma par ondes électromagnétiques ou par l’injection de particules neutres très énergétiques. La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS Le Radiative Improved Mode (RI-Mode) est un régime d’opération intéressant pour les grands tokamaks contenant des plasmas très chauds. Un des problèmes majeurs de ces tokamaks est que la trop grande concentration de flux de particules ou de chaleur en certains points du tokamak, appelés points chauds (“hot spots”), provoque la libération d’impuretés de la paroi. La présence de ces impuretés est rédhibitoire car elles risquent d’éteindre la réaction. Le RI-Mode permet la création d’une couche rayonnante enveloppant le plasma qui a pour effet de distribuer le flux de chaleur sur une surface beaucoup plus grande. Ce qui évite les points chauds. La photo montre l’intérieur de TEXTOR-94. Elle a été prise lors d’une expérience. Au centre du plasma, les ions et les électrons se meuvent indépendamment les uns des autres. Dans les couches les plus externes, là où la température est suffisamment basse pour que des paires électrons-ions (atomes) puissent se former, de la lumière est émise par le changement d’état d’excitation des électrons. Aux endroits où le plasma touche les limiteurs (en haut, en bas et à gauche sur la photo), ceux-ci sont chauffés et une lumière intense est visible. Les boîtes d’antennes (au centre de la photo) sont aussi chauffées au contact des particules. La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS Le Trilateral Euregio Cluster (TEC) Depuis le 31 mai 1996, le laboratoire forme, avec l’IPP-FZJ (Institut für PlasmaphysikForschungszentrum, Jülich, Allemagne) et le FOM Instituut (Fundamenteel Onderzoek van de Materie, Rijnhuizen, Pays-Bas) le "Trilateral Euregio Cluster". Ce regroupement de centres de recherche, extension de la collaboration entamée en 1981 entre le LPP-ERM/KMS et l’IPP-FZJ, est actuellement centrée sur TEXTOR-94 et se propose de réaliser un programme commun de recherche en fusion entre la Rhénanie du Nord-Westphalie (Allemagne), les Pays-Bas et la Belgique. Le LPPERM/KMS est responsable du système RF de ce tokamak. TEXTOR-94 TEXTOR-94, la machine qu’utilisent les partenaires du TEC pour leurs expériences, est un exemple d’installation de taille moyenne et de section circulaire. TEXTOR (Torus EXperiment for Technology Oriented Research) a été conçu afin d’étudier les interactions entre le plasma chaud et la paroi. Le plasma est chauffé par effet Joule. Du chauffage additionnel peut être fourni par l’envoi d’ondes électromagnétiques (ICRH: Ion Cyclotron Resonance Heating) ou l’injection de particules neutres rapides (NBI: Neutral Beam Injection). Les installations ICRH et NBI peuvent chacune délivrer une puissance de 4 MW durant 10 secondes, soit huit fois la puissance du plus puissant des émetteurs de la RTBF. Deux percées importantes permises par TEXTOR-94 sont le conditionnement de la paroi et le RI-Mode. Le conditionnement de la paroi avec des matériaux de faible masse atomique (donc de faible charge électrique) garantit un plasma plus pur et de meilleures performances de la machine. La carbonisation et la boronisation de la cuve du réacteur sont des techniques qui, depuis, se sont imposées au niveau mondial. La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS La centrale électrique de fusion Il reste encore de nombreux obstacles à franchir avant qu’un réacteur de fusion thermonucléaire ne soit utilisé commercialement pour produire de l’électricité. Le concept d’un futur réacteur, sur base d’un tokamak, est illustré ci-dessus. En raison de leur probabilité de fusion plus élevée, le deutérium et le tritium sont les combustibles de choix pour les premiers réacteurs. Electriquement chargés, les produits de la réaction (particules alpha) sont retenus par le champ magnétique de confinement. Ces noyaux d’hélium de haute énergie entrent en collision avec le plasma de fond, donc avec les combustibles D et T; ce processus permet de maintenir la température du plasma (chauffage par les particules alpha) et d’arrêter le chauffage additionnel dès que l’ignition est atteinte. Aussi le principe de fonctionnement d’un réacteur de fusion n’est-il pas plus compliqué que celui d’un four conventionnel, dans lequel la chaleur dégagée par la combustion sert à maintenir la température du four et à échauffer le combustible froid. A l’opposé des noyaux d’hélium, les neutrons, dépourvus de charge électrique, s’échappent immédiatement de la chambre à plasma. Ils sont utilisés pour la production de tritium dans le manteau de lithium qui ceinture le réacteur. De plus, l’énergie qu’ils y déposent est convertie en chaleur qui par un schéma classique (échangeur – générateur de vapeur – turbine – alternateur) est à son tour convertie en électricité. La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS Le Laboratoire de Physique des Plasmas Divers aspects de la fusion nucléaire sont étudiés au Laboratoire de Physique des Plasmas de l’Ecole Royale Militaire (LPP – ERM/KMS), qui fait partie de l’Association "Euratom-Etat Belge", tant du point de vue théorique qu’expérimental. Le chauffage du plasma y constitue l’épine dorsale de la recherche mais d’autres sujets tels que la dynamique du confinement et par conséquent les phénomènes de transport des particules et de l’énergie qui en constituent le fondement y sont étudiés. Une des méthodes utilisées pour chauffer le plasma jusqu’à des températures qui permettent la fusion est basée sur l’envoi d’ondes électromagnétiques. Le principe est celui des fours à micro-ondes. Les ondes sont envoyées dans le plasma à l’aide d’antennes disposées près du bord de celui-ci. La fréquence de ces ondes est choisie de telle sorte que les particules puissent facilement entrer en résonance et ainsi capter l’énergie des ondes. Comme cette fréquence tombe dans le domaine des ondes radio, on parle de chauffage RF (Radio Frequency). Le laboratoire est responsable du système de chauffage RF du tokamak TEXTOR-94 à Jülich en Allemagne. Générateur haute fréquence haute puissance (2MW) Les générateurs haute fréquence génèrent des ondes électromagnétiques d’une fréquence choisie entre 25 et 38 MHz. Les émetteurs de TEXTOR-94 consistent en une chaîne d’amplificateurs couplés. Des tétrodes de puissance sont utilisées dans trois des quatre étages d’amplification. La photo montre les panneaux de contrôle de l’installation. La Fusion: une source d'énergie pour le futur Laboratoire de Physique des Plasmas ERM-KMS Antennes La photo de gauche montre une paire d’antennes. Les conducteurs centraux des antennes sont clairement visibles. Pour éviter la propagation d’ondes dans le bord du plasma, les antennes peuvent être pourvues d’écrans de Faraday (photo de droite). Adaptation de l’impédance d’antenne en présence de plasma Les deux générateurs de TEXTOR-94 ne peuvent délivrer leur puissance maximale qu’à une charge de 50 Ohms. Etant donné la variation des paramètres caractéristiques du plasma tels que la densité et la position, l’antenne se comporte comme une charge variable. Un système est donc nécessaire pour adapter l’impédance de l’antenne à celle requise à la sortie du générateur. La photo montre le système qui permet d’adapter l’impédance en 50 ms. La Fusion: une source d'énergie pour le futur