tolique et de 2 mmHg pour la pression arté-
rielle diastolique. L’étude DIABHYCAR,
en cours de réalisation, a d’ailleurs pour
objectif de démontrer que les IEC à faibles
doses, inefficaces sur les chiffres tension-
nels, pourraient malgré tout limiter les évé-
nements cardiovasculaires chez les patients
hypertendus ou non, présentant une albumi-
nurie positive (3).
Les IEC présentent de nombreuses proprié-
tés qui ne se limitent pas à la simple inhibi-
tion de l’enzyme de conversion. Ils s’oppo-
sent également à la prolifération des cellules
musculaires lisses vasculaires, ils prévien-
nent la rupture de la plaque, améliorent la
fonction ventriculaire gauche et augmentent
la fibrinolyse. L’ensemble de ces effets
pourrait également expliquer le rôle protec-
teur des IEC sur l’endothélium vasculaire.
À partir de cette étude HOPE a été réalisée
une étude ancillaire appelée MICRO-
HOPE (2),analysant plus particulièrement
les résultats de la population diabétique.
Son objectif était d’évaluer l’efficacité du
ramipril et/ou de la vitamine E dans la pré-
vention du risque de survenue des décès
d’origine cardiovasculaire, d’infarctus du
myocarde, d’accidents vasculaires céré-
braux et dans la prévention de la néphropa-
thie diabétique. Une cohorte de 3 657 dia-
bétiques a été étudiée, composée de sujets
d’une moyenne d’âge de 65 ans, ayant
débuté un diabète après l’âge de 30 ans,
présentant, pour la très grande majorité
(98 %), un diabète de type 2 traité par anti-
diabétiques oraux seuls ou associés à l’in-
suline, par régime seul ou par insuline. Il
est intéressant de noter que seulement 31 %
avaient une hémoglobine glycosylée patho-
logique, 32 % présentaient une microalbu-
minurie positive (20-200 µg/min) et que
56 % d’entre eux étaient hypertendus
(160 mmHg pour la systolique et/ou
90 mmHg pour la diastolique). Dans le
sous-groupe des diabétiques, les résultats
(tableau II) démontrent que le ramipril
semble être tout aussi efficace dans la pré-
vention des événements primaires et secon-
daires, et en particulier dans la prévention
des complications liées au diabète, comme
le risque d’apparition d’une néphropathie
diabétique.
IEC et insulinorésistance
Un résultat très intéressant de cette étude
est la réduction significative de l’incidence
des diabètes dans la population traitée par
ramipril (102 vs 155 ; RR = 0,66 p < 0,001).
Ce résultat va de pair avec celui de l’étude
CAPP (Captopril Prevention Project),dé-
montrant une diminution de 21 % (p = 0,07)
de l’incidence des diabètes chez les sujets
traités par captopril (4).
Les mécanismes pouvant expliquer cet
effet du ramipril sont multiples, mais une
première hypothèse serait une améliora-
tion de la sensibilité à l’insuline sous IEC.
De nombreuses études ont tenté de démontrer
cet effet, et il semblerait qu’un grand nombre
d’IEC améliorent la sensibilité à l’insuline de
l’organisme par un mécanisme encore peu
connu (5, 6). Cependant, les données de la lit-
térature sont assez contradictoires en fonction
du type d’IEC étudié, de la durée du traitement,
de la posologie administrée et des moyens
d’évaluation de l’insulinosensibilité. Chez
l’homme, le captopril améliorerait la sensibili-
té à l’insuline en augmentant le pic précoce de
secrétion d’insuline et en diminuant la réponse
tardive de l’insuline au glucose sans modifier
la concentration basale d’insuline (7).
Plusieurs travaux sur le rat insulinorésistant
et hypertendu ont conclu à une amélioration
de l’insulinosensibilité de ces rongeurs par
le biais de l’inhibition du métabolisme des
bradykinines par les IEC favorisant la vaso-
dilatation et l’utilisation périphérique du
glucose (8). Une autre hypothèse pourrait
être une restauration de la composition en
fibres musculaires de type I induite par les
IEC chez ces mêmes rats génétiquement
insulinorésistants et hypertendus présentant
une diminution des fibres musculaires de
type I à l’origine de l’insulinorésistance (9).
Devant la divergence des données de la
littérature concernant l’amélioration de l’in-
sulinosensibilité par les IEC, et devant la
différence de cinétique et de biodisponibi-
lité tissulaire des IEC, on peut se demander
s’il existe également, en ce qui concerne
l’amélioration de l’insulinosensibilté un
effet dépendant du type de l’IEC utilisé.
Une très intéressante étude prospective,
parue dans le New England Journal of
Medicine du 30 mars 2000 (10) a été
conduite dans le même temps que l’étude
HOPE. L’objectif de ce travail était d’étu-
dier l’incidence du diabète dans une popula-
tion de sujets de 45 à 64 ans non diabé-
tiques, hypertendus ou non, avec ou sans
traitement à visée cardiovasculaire. Un total
de 12 550 sujets ont été inclus dans cette
étude, pour un suivi d’une durée de six ans.
Les différentes thérapeutiques principale-
ment utilisées par les sujets en cours de
traitement étaient les inhibiteurs de l’enzyme
de conversion de l’angiotensine, les bêta-
bloquants, les inhibiteurs calciques, les diu-
rétiques thiazidiques. Dans cette étude,
3804 sujets hypertendus ont été inclus dont
1474 non traités. Durant les six années de
suivi, 1 146 nouveaux cas ont été diagnos-
125
Le Courrier de l’Arcol (2), n° 3, septembre 2000
Mise
au point
Groupe Groupe
ramipril placebo RRR* p
(%) (%) (%)
n= 1808 n = 1 769
Décès d’origine cardiovasculaire 15,3 19,8 – 25 0,0004
Infarctus du myocarde
Accidents vasculaires cérébraux
IDM 10,2 12,9 – 22 0,01
AVC 4,2 6,1 – 33 0,0074
Décès cardiovasculaires 6,2 9,7 – 37 0,0001
Mortalité totale 10,8 17 – 24 0,004
Progression de la néphropathie diabétique 6,5 8,4 – 24 0,027
* Réduction du risque relatif.
Tableau II. Étude MICRO-HOPE :
critères principaux de morbi-mortalité cardiovasculaire dans le sous-groupe diabétique.