Service diocésain de la formation des laïcs Les Pères de l’Eglise
Mai 2011 Histoire du dogme trinitaire
3 Marc Duwelz
L'expression « fils de Dieu » n’est cependant pas propre à Jésus : de
nombreux passages de l’AT attestent de son utilisation pour des
personnages non divins, notamment pour le roi de Juda. Mais le NT
l’emploie à propos de Jésus dans un sens éminent, qui ne convient qu'à lui
seul.
Ce titre offre une clé pour penser les rapports du Christ et du Dieu d’Israël :
le Christ reçoit de Dieu non seulement l'être et la vie, mais toutes les œuvres
qu'il accomplit et tous les mots qu'il prononce. Du fait qu'il reçoit, le Fils
apparaît inférieur au Père, mais, dans la mesure où il reçoit tout, cette
inégalité tend à disparaître.
Le Christ lui-même, selon ce qu’en rapportent les évangélistes, s’est dit l'égal
du Dieu qu’il appelle « le Père » :
Le Père et moi nous sommes un (Jn 10, 30)
« Celui qui m'a vu, a vu le Père » (Jn 14,9).
Il utilisera même, à son propos, le titre divin qui figure dans la Septante :
egô eimi, « Je suis » :
Avant qu'Abraham fût, Je Suis (Jn 8, 58)
Les juifs d'ailleurs ne s'y tromperont pas. Dans les motifs de la
condamnation de Jésus, celui de blasphème arrive en premier : Jésus est
mort parce qu'il s’est proclamé Fils de Dieu !
Le Grand Prêtre lui dit : « Je t'adjure par le Dieu Vivant de nous dire si
tu es le Christ, le Fils de Dieu. » –– « Tu l’as dit, lui dit Jésus. D’ailleurs
je vous le déclare dorénavant, vous verrez le Fils de l’homme siégeant
à droite de la Puissance et venant sur les nuées du ciel. »
Alors le Grand Prêtre déchira ses vêtements en disant : « Il a
blasphémé ! qu'avons–nous encore besoin de témoins ? Là, vous venez
d'entendre le blasphème ! Qu'en pensez–vous ? » Ils répondirent : « Il est
passible de mort. » (Mt 26,63-66)
Dans l'expérience humaine, les relations de paternité et de filiation sont liées
à la temporalité. On était donc en droit de se demander quand avait
commencé la filiation divine de Jésus. Était-ce au baptême, quand l'Esprit
descendit sur lui ? Était-ce dès sa conception dans le sein de Marie ?
Très vite, on a pensé que le Christ avait préexisté à sa vie terrestre. Paul
reprend cette idée dans ses lettres, écrites entre 50 et 60 : le Christ est un
être divin qui a consenti, pour l'amour des hommes, à devenir l'un d'entre