la fievre aphteuse

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LA FIEVRE APHTEUSE
ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES ET DISPOSITIF DE LUTTE
⌦ LA MALADIE
" L’agent responsable est un virus de la famille des picornavirus
Ce virus présente la caractéristique fondamentale d’être très résistant.
Il résiste ainsi à la réfrigération et à la congélation.
Il est progressivement inactivé par traitement thermique à partir d’une température de 50°C. La
pasteurisation assure l’inactivation du virus. Il est également inactivé à des pH inférieur à 6 ou supérieur à 9.
Il peut survivre dans les aliments contaminés et dans l’environnement jusqu’à plus d’un mois, selon les
conditions de température et de pH. Il résiste par exemple jusqu’à 12 semaines sur les chaussures, 20
semaines dans des fourrages ou encore 24 semaines dans les fécès en hiver…
Tous les désinfectants ne sont pas actifs. Le désinfectant de choix, notamment en présence de matières
organiques, est la soude caustique à 8 pour 1000 (pH 12) même si d’autres désinfectants (comme le formol à
0,5 pour 1000) peuvent être actifs. Les iodophores, ammoniums quaternaires, hypochlorites (eau de javel) et
phénol sont globalement inefficaces (voir fiche technique sur le pédiluve et les désinfectants).
Il existe 7 sérotypes distincts : A, O, C, SAT1, SAT2, SAT3, Asia1. Au sein de chaque sérotype, il existe des
sous-types.
" Les symptômes (différentes espèces) et les conséquences
Les espèces sensibles sont essentiellement les bi-ongulés : principalement les bovidés (bovins, zébus,
buffles, bisons), ovins, caprins, porcins domestiques et sauvages, d’autres ruminants comme le cerf, le
chevreuil, le chamois, le mouflon, le daim et aussi, dans une moindre mesure, les camalidés (chameaux,
dromadaires, lamas…).
Sont également réceptifs l’éléphant et l’ours.
En revanche le cheval, les oiseaux et les carnivores sont insensibles bien que susceptibles comme l’homme
de véhiculer le virus.
L’homme est très peu sensible. Des cas d’atteinte très peu fréquents sont rapportés. Ils sont par ailleurs
bénins et a priori indépendants de l’alimentation. Les personnes atteintes se contaminent au contact des
lésions sur des animaux atteints.
L’incubation (intervalle entre la contamination et le début des symptômes) dure en moyenne de 2 à 7 jours,
avec des extrêmes de 36 heures à 20 jours. Ainsi, en quelques heures un troupeau tout entier peut être
contaminé et en quelques jours toute une région peut être touchée.
On doit mettre en lumière que la maladie est plus souvent mortelle chez les jeunes par généralisation des
vésicules aux muqueuses internes de l’intestin et du poumon.
# La maladie chez les bovins
Il y a une phase initiale qui peut être plus ou moins marquée et qui dure de l’ordre de 2 à 3 jours. Elle se
caractérise par de la fièvre (40°C ou plus), une diminution de l’appétit, des tremblements et une réduction de
la production de lait.
Puis intervient une phase dite « éruptive » qui correspond à la sortie des aphtes selon trois localisations
principales :
- la bouche (au niveau de l’ensemble de la muqueuse buccale : face interne des lèvres et des joues,
gencives, bourrelet, palais, langue) ;
- les onglons (sur la couronne et surtout les espaces interdigités) ;
- et éventuellement la mamelle (de préférence sur le trayon et l’origine du canal galactophore).
Les aphtes sont des vésicules dont les dimensions sont variables : d’un grain de riz à une pièce de monnaie.
L’apparition de ces aphtes provoquent différents types de symptômes selon la localisation :
- Au niveau de la bouche : grincements de dents, mouvements des lèvres, salivation intense ;
- Au niveau des onglons : boiterie, piétinement ou coup de sabot, extrême sensibilité à l’appui ou à la
pression ;
- Au niveau de la mamelle : douleur importante lors de la traite
Au bout de 24 à 48 heures, il y a rupture des aphtes qui laissent place à des érosions.
La guérison survient généralement en 8 à 15 jours sauf complications et séquelles qui surviennent très
fréquemment. Ces complications correspondent globalement à des surinfections des lésions qui entraînent
un amaigrissement considérable lié à la fois à des difficultés très importantes d’alimentation (lésions de la
bouche) et à une dégradation de l’état général avec suppuration et chute des onglons. Les lésions de la
mamelle lorsqu’elles existent peuvent entraîner une fonte purulente de l’organe avec arrêt de la production
de lait.
# La maladie chez les porcins
Le tableau se rapproche de celui des bovins avec une certaine prédilection pour une atteinte au niveau du
pied. La mortalité est souvent élevée chez les porcelets. Les truies gestantes ont tendance à avorter.
# La maladie chez les ovins et caprins
Les signes cliniques chez les petits ruminants sont notablement moins marqués.
Les localisations à la bouche sont toujours discrètes. Le plus souvent, le seul signe décelable consiste en une
boiterie, généralement d’un seul membre, avec des lésions du pied difficiles à repérer. On rencontre parfois
des avortements et une mortalité élevée chez les jeunes ainsi que des arrêts de lactation chez les brebis et les
chèvres.
" Les modalités de transmission
La principale source de virus correspond aux animaux malades, notamment les porcs qui excrètent de
l’ordre de 1 000 à 2 000 fois plus que les bovins. Les petits ruminants sont moins excréteurs que les bovins.
Chez les animaux atteints, il y a excrétion du virus pendant 8 à 15 jours par l’air expiré, par la salive, le lait,
les aphtes qui, déglutis, rendent les excréments virulents. L’urine peut rester virulente plus de 8 mois après la
contamination.
Il existe par ailleurs une excrétion avant l’apparition des symptômes, en pratique entre 1 à 2 jours avant les
signes cliniques.
De plus, les animaux guéris ou convalescents peuvent constituer des réservoirs infectieux pendant plus
d’un an.
Enfin certains animaux vaccinés ou non peuvent devenir et rester porteurs sains pendant très longtemps
au niveau du pharynx. De tels animaux constituent un risque permanent de redémarrage d’une épizootie.
Compte tenu de la résistance du virus, les produits d’origine animale et les sous-produits peuvent
également constituer des sources de contamination sur de grandes distances du virus.
Ainsi les viandes et abats (langues) réfrigérés et congelés dès l’abattage conservent intégralement leur
virulence pendant des mois. Les carcasses soumises à maturation lactique (1 à 2 jours à 4°C avec un pH de
6,2, la rigidité cadavérique étant un indice valable) sont en principe épurées. Le problème est que le virus
peut persister notamment dans la graisse et les ganglions.
Les produits de charcuterie crus et salés comme les jambons restent virulents plus de 6 mois.
Les produits laitiers non traités thermiquement peuvent également constituer des sources.
Les eaux grasses constituent également un risque, d’où leur stérilisation à la chaleur appliquée très
strictement ou leur interdiction pure et simple, ce qui est le cas dans notre pays.
Compte tenu de la résistance du virus, les supports inanimés comme les véhicules, les litières, les
matériels d’élevage peuvent propager le virus et doivent donc être strictement désinfectés. Les espèces
non réceptives peuvent également assurer la circulation du virus.
A partir d’un foyer primaire les modes de contagion peuvent être divers.
Néanmoins, le mode de contamination par contact direct et étroit avec des animaux excréteurs ou des
supports contaminés assure la majorité des contaminations.
La contagion par voie aérienne est possible surtout à partir de foyers porcins qui non seulement expirent
de très grosses quantités de virus dans l’air mais se contaminent avec une dose infectante moindre que les
bovins. Il faut en effet de l’ordre de 1 000 particules virales pour contaminer un porc contre 10 000 pour
infecter un bovin.
En pratique les porcs constituent donc une source très importante de diffusion du virus par voie aérienne sur
de grandes distances : de l’ordre de 10 kilomètres et jusqu’à 60 kilomètres sur la terre et jusqu’à 300
kilomètres en mer en conditions de vitesse du vent et d’hygrométrie favorable.
⌦ LE DISPOSITIF DE LUTTE : prendre la maladie de vitesse
Les principales dispositions du plan de lutte sont relatives à :
• la suspicion
• les mesures dans les foyers
• les mesures en dehors des foyers
• les critères de levée des mesures
En cas de suspicion, l’élevage est mis sous arrêté de mise sous surveillance. L’élevage est mis globalement
sous séquestre jusqu’à infirmation ou confirmation de la suspicion par un diagnostic approprié (virologie).
En cas de confirmation par le laboratoire de l’infection par le virus aphteux, le préfet prend un arrêté
portant déclaration d’infection et déclenche un plan d’intervention du type « orsec ».
Il y a mise en place d’une cellule de crise au niveau préfectoral.
L’arrêté portant déclaration d’infection définit un périmètre interdit qui comprend 2 zones : une « zone de
protection » d’un rayon de 3 kilomètres et une « zone de surveillance » d’un rayon de 10 kilomètres.
Sur l’exploitation infectée, on procède à :
- l’abattage d’urgence et la destruction du troupeau atteint ;
- la destruction des produits issus des animaux de l’exploitation ;
- le nettoyage et la désinfection de l’exploitation ;
- l’enquête épidémiologique ;
- la seconde désinfection de l’exploitation 15 jours après la première.
Dans la « zone de surveillance » (10 kilomètres), on met en place :
- le recensement de tous les troupeaux qui sont séquestrés, isolés ;
- l’interdiction des rassemblements et de la circulation d’animaux de toutes espèces;
- l’interdiction du transport des animaux des espèces sensibles ;
- la désinfection de tous les véhicules de transport ;
- l’interdiction des opérations d’insémination artificielle ;
- la surveillance des accès par la gendarmerie.
Dans la « zone de protection » (3 kilomètres), en plus des mesures décrites ci-dessus (zone de surveillance),
on applique :
- l’interdiction du transport de toutes les espèces ;
- la décontamination de toute personne entrant ou sortant d’une exploitation ou d’un pâturage ;
- la désinfection des véhicules quittant l’exploitation infectée ou la zone ;
- la visite des élevages détenant des animaux des espèces sensibles en vue de déceler les animaux qui
présenteraient des signes de fièvre aphteuse.
La « zone de protection » est libérée au plus tôt 14 jours après la première désinfection de l’exploitation
infectée. La zone de protection devient « zone de surveillance ».
La « zone de surveillance » est levée 30 jours après la première désinfection.
Il est par ailleurs interdit d’introduire des animaux durant 21 jours après la seconde désinfection.
Ces diverses précautions peuvent paraître excessives. Mais la fièvre aphteuse est une maladie dont les
conséquences économiques sont majeures :
$ Mortalité chez les jeunes
$ Séquelles fréquentes (animaux perdant leur valeur économique)
$ Restriction du commerce (y compris pour les zones vaccinées)
… et il faut garder en tête que le virus est résistant et très contagieux !
Source de ce document (d’après A. Touratier – FNGDS – 8 mars 2001)
PROTEGER SON ELEVAGE, C’EST AUSSI :
# Réserver l’accès aux animaux aux seuls intervenants techniques habituels ;
# Constituer un pédiluve à effet durable doté d’un désinfectant efficace ;
# Vis-à-vis de l’équarrisseur : placer les cadavres dans un endroit protégé des animaux
errants, mais éloigné des étables ;
et pourquoi pas ?
# mettre en place un rotoluve ;
# disposer de bottes et de cottes réservées aux intervenants habituels, qui restent dans
l’élevage comme cela se fait déjà en production porcine.
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