Inflammation et athérosclérose Z. Mallat*, A.Tedgui* L’ E S S E N T I E L Les études expérimentales les plus récentes, associées aux observations anatomopathologiques faites sur des plaques d’athérosclérose humaines, permettent d’affirmer aujourd’hui que l’athérosclérose est une maladie inflammatoire chronique des grosses artères à localisation intimale, l’agent d’agression entraînant la réaction inflammatoire étant le cholestérol-LDL (lipoprotéines de faible densité) sous une forme oxydée. L’inflammation intervient à tous les stades de l’athérosclérose : formation des stries lipidiques riches en macrophages spumeux, développement des lésions fibro-musculaires contenant des cellules musculaires lisses dans la chape fibreuse, déstabilisation de la plaque par activation des métalloprotéinases matricielles et rupture de la plaque, formation du thrombus occlusif par contact entre le sang circulant et le noyau lipidique contenant du facteur tissulaire et des microparticules apoptotiques procoagulantes, survenue des accidents coronariens aigus. es cardiopathies ischémiques et les accidents vasculaires cérébraux constituent l’une des premières causes de mortalité dans le monde. Leur prévalence devrait croître dans les prochaines années en raison, principalement, de l’adoption de modes de vies “occidentaux” avec leurs facteurs de risque inhérents. Les accidents ischémiques aigus sont, dans la majorité des cas, la traduction clinique de la maladie athéromateuse. Ils sont consécutifs à une rupture ou à une érosion de la plaque d’athérosclérose et à la formation d’un thrombus obstruant la lumière vasculaire. L Développement des lésions athéromateuses Le XXe siècle a été dominé par deux grands courants de pensée sur la pathogénie et l’étiologie de l’athérosclérose. Au début du siècle, les travaux d’Anitschkow et Chalatow (1913) * INSERM U541, Biologie et pathologie moléculaire du vaisseau, hôpital Lariboisière, Paris. mirent en évidence le rôle du cholestérol dans l’athérosclérose expérimentale, donnant naissance à l’hypothèse de l’infiltration lipidique comme facteur déclenchant la formation de la plaque, hypothèse que plus personne ne conteste aujourd’hui. Plus tard, Russell Ross développa une deuxième théorie, connue comme la théorie de la “réponse à l’effraction endothéliale”, selon laquelle une lésion de l’endothélium serait le primum movens de l’athérosclérose. Après mise à nu de la matrice conjonctive sous-endothéliale, les plaquettes adhéreraient à la lésion et, une fois activées, elles libéreraient un facteur mitogène, le platelet derived growth factor (PDGF). Le PDGF favoriserait alors la prolifération des cellules musculaires lisses (CML) dans l’intima. Il y aurait ensuite accumulation de lipides dans les CML proliférantes, qui se transformeraient en cellules spumeuses. Cette conception de l’athérosclérose s’est révélée totalement inexacte. On n’a jamais pu mettre en évidence un quelconque processus de dégénérescence, de rupture ou de desquamation endothéliale à l’origine du processus athéroscléreux. Bien au contraire, après des- Le Courrier de l’Arcol et de la SFA (3), n° 2, avril/mai/juin 2001 48 truction volontaire de l’endothélium, les plaques d’athérosclérose se développent de préférence dans les zones où le revêtement endothélial est nouvellement reformé. L’endothélium conserve son intégrité structurale au cours du développement de l’athérosclérose, mais se présente dans un état d’activation inflammatoire qui favorise le recrutement des monocytes et des lymphocytes circulants. En outre, les plaquettes n’interviennent pas dans la genèse de la plaque. Elles participent, en partie, à la formation du thrombus fibrinoplaquettaire après rupture ou érosion de la plaque, entraînant la survenue d’un syndrome coronarien aigu. Enfin, la prolifération des CML n’est en rien délétère. Elle constitue une étape essentielle de la réparation tissulaire. Les CML assurent la stabilité de la plaque d’athérosclérose : les plaques riches en CML et collagène et pauvres en macrophages sont cliniquement silencieuses. La description anatomopathologique moderne de l’athérosclérose retient trois stades évolutifs : strie lipidique, lésion fibrolipidique et lésion compliquée (1). Une classification beaucoup plus détaillée avait été proposée par H. Stary, qui divise les événements pathologiques en huit stades. Cette classification suggère que les lésions évoluent avec l’âge du sujet en passant successivement d’un type lésionnel au type immédiatement supérieur. Cependant, cette hypothèse n’est pas complètement vérifiée par les études anatomopathologiques les plus récentes (1). Les études expérimentales les plus récentes, associées aux observations anatomopathologiques faites sur des plaques d’athérosclérose humaines, permettent d’affirmer aujourd’hui que l’athérosclérose est une maladie inflammatoire chronique des grosses artères à localisation intimale (2), l’agent d’agression entraînant la réaction inflammatoire étant le cholestérol-LDL (lipoprotéines de faible densité) sous une forme oxydée. La pénétration des LDL dans la paroi : étape essentielle de la formation de la plaque Les LDL interviennent dans les toutes premières étapes du processus athéroscléreux. Elles s’accumulent dans l’espace sous-endothélial, ce qui déclenche le recrutement et l’infiltration de monocytes circulants dans l’intima, conduisant à la constitution de stries graisseuses, dites “stries lipidiques”, à la surface luminale. Dans les stries lipidiques déjà visibles chez des fœtus portés par des mères hypercholestérolémiques, la présence de macrophages est toujours associée à celle de LDL oxydées, alors que les lésions riches en LDL natives, non oxydées, sont exemptes de macrophages (3). Il est ainsi possible d’établir la chronologie des premiers événements de l’athérosclérose : 1/ infiltration lipidique, 2/ modifications oxydatives des LDL (4), 3/ recrutement monocytaire (figure 1). L’oxydation des LDL par les cellules endothéliales, mais pas par les CML ou par les macrophages, nécessite le contact entre LDL et cellules. La production cellulaire de radicaux libres pourrait être à l’origine de l’oxydation des LDL. Une modification conformationnelle de l’apolipoprotéine B (apo B) s’ensuit, qui entraîne une perte de la reconnaissance par le récepteur des LDL natives, mais lui confère la capacité de se lier aux récepteurs dits “éboueurs” (scavenger). Par ailleurs, les LDL immobilisées dans la matrice extracellulaire sous-endothéliale peuvent subir une attaque enzymatique, avec génération de particules de LDL non oxydées de 10 à 200 nm de diamètre, capables d’activer le complément et d’induire une réponse inflammatoire au niveau des cellules vasculaires et des macrophages (5). Recrutement des monocytes-macrophages et formation des cellules spumeuses Une fois les LDL séquestrées dans l’intima, les monocytes circulants s’immobilisent à la surface de l’endothélium, le traversent, puis se différencient en macrophages au contact des protéines de la matrice extracellulaire (figure 1). L’adhérence des monocytes à l’endothélium implique la liaison de molécules de structure exprimées à la surface endothéliale, VCAM-1 ou ICAM-1, à des ligands de la famille des intégrines, présents sur la membrane des leucocytes, respectivement VLA4 (42) et LFA-1 (L2, CD11a/CD18). Ces molécules sont peu, ou pas, exprimées à la surface d’un endothélium normal, mais leur expression peut être induite par les LDL oxydées (6) ou par les cytokines pro-inflammatoires : tumor necrosis factor (TNF), interleukine 1 (IL-1). Les LDL oxydées sont très probablement l’agent de stimulation primaire intervenant dans l’activation des cellules endothéliales, les cytokines inflammatoires secondairement exprimées par les cellules de la plaque intervenant comme facteur d’am- Figure 1. Représentation schématique des différentes étapes de la formation de la strie lipidique. 1/ Pénétration et accumulation des LDL dans l’intima. 2/ Oxydation des LDL (Ox-LDL) et modifications enzymatiques (E-LDL). 3/ Recrutement, margination et diapédèse des monocytesmacrophages. 4/ Captation des LDL modifiées par les macrophages par l’intermédiaire des récepteurs “éboueurs” (scavenger) et transformation des macrophages en cellules spumeuses. plification et de pérennisation de l’activation endothéliale. Des travaux récents semblent indiquer que la réponse inflammatoire de l’endothélium aux LDL oxydées est déterminée génétiquement (7). Cette découverte a été obtenue sur des souris de fonds génétiques différents, souris C57BL/6 et souris C3H, dont on connaissait les différences de susceptibilité à l’athérosclérose en réponse à un régime athérogène, les souris C3H étant résistantes et les C57BL/6 sensibles. On a longtemps pensé que cette différence était due au fait que le régime athérogène entraîne une baisse significative des niveaux plasmatiques de HDL chez les souris C57BL/6, mais pas chez les souris C3H. Or, cela n’est pas suffisant pour expliquer la différence entre les deux souches. En effet, lorsque les souris C3H résistantes à l’athérosclérose sont croisées avec des souris déficientes en apolipoprotéine E (apo E-/-), leur niveau de cholestérol plasmatique augmente considérablement et atteint des niveaux identiques, voire supérieurs, à ceux des souris apo E-/- sur fonds C57BL/6, avec un taux de HDL équivalent dans les deux souches. Toutefois, leur résistance à l’athérosclérose demeure inchangée (7). Des différences de sensibilité des monocytes ne sont pas non plus en cause. La transplanta- 49 tion de cellules de moelle de souris sensibles C57BL/6 à des souris résistantes C3H ne modifie pas la résistance de ces dernières. En revanche, les cellules endothéliales de souris C3H ne s’activent pratiquement pas en présence de LDL oxydées, alors que les cellules de C57BL/6 expriment de façon importante le facteur hématopoïétique monocyte-colonystimulating factor (M-CSF), la chimiokine monocyte chemotactic protein-1 (MCP-1) et la molécule d’adhérence VCAM-1. Le monocyte adhérent pénètre dans l’intima à travers les jonctions interendothéliales sous l’effet de facteurs chimiotactiques, dont la MCP-1, qui a été retrouvée dans la plaque d’athérosclérose humaine, abondamment exprimée par les macrophages et par les CML. Son rôle dans l’athérogenèse est démontré par des travaux réalisés chez des souris déficientes en MCP-1 ou en récepteur de MCP-1, le CCR2 (8) : ces souris ne développent quasiment plus de lésions athéroscléreuses. Pour se transformer en cellules spumeuses, les macrophages captent et internalisent de grandes quantités de LDL oxydées par l’intermédiaire de récepteurs (scavenger) (SR-AI, SR-AII, CD36, CD68) qui, à l’inverse du récepteur classique des LDL normales (ré- Le Courrier de l’Arcol et de la SFA (3), n° 2, avril/mai/juin 2001 cepteur de Brown-Goldstein), ne sont pas régulés négativement par le contenu intracellulaire en cholestérol. L’importance du récepteur scavenger SR-A dans l’athérosclérose est soulignée par des expériences chez les souris apo E-/- déficientes en récepteurs SR-A : elles développent nettement moins de lésions athéroscléreuses que les souris apo E-/- dotées de récepteurs normaux (9). Les monocytes-macrophages dans la plaque ont la capacité de s’y multiplier. Le M-CSF, facteur hématopoïétique de différenciation et de prolifération des monocytes, est produit localement par les cellules endothéliales et les CML de la plaque d’athérosclérose humaine, et contribue au processus athéroscléreux. La multiplication et la différenciation des monocytes-macrophages dans la plaque sont d’une importance capitale dans l’athérogenèse, comme en témoigne l’absence quasi totale de lésions athéroscléreuses chez les souris apo E-/- déficientes en M-CSF (10). On peut donc penser que les macrophages qui pénètrent dans la paroi pour épurer l’intima de la surcharge en cholestérol entretiennent un cercle vicieux en activant les cellules endothéliales et en augmentant la perméabilité aux LDL, à travers la production de cytokines pro-inflammatoires. Tableau I. Exemples de cytokines pro-inflammatoires exprimées par les cellules de la plaque d’athérosclérose. C. endo. CML Macrophage Lymphocyte TNF – + + + IL-1 + + ++ – IL-2 – – – + IL-8 + ? + – IL-12 – – ++ – IFN – – – + MCP-1 + + + – M-CSF + + + – IL : interleukine. IFN : interféron. MCP : monocyte chemoattractant protein. M-CSF : monocyte-colony-stimulating factor. loprotéinases capables de dégrader les protéines de la matrice extracellulaire (matrix metalloproteinases, MMP). Ces cytokines stimulent l’activité de la MMP-2 exprimée de façon constitutive par les CML, et induisent l’expression d’une autre gélatinase, la MMP-9, ainsi que la MMP-3, qui dégrade les protéoglycanes et l’élastine (12). L’activité des MMP est inhibée par des inhibiteurs tissulaires de métalloprotéinases (tissue inhibitor of metalloproteinases, TIMP-1, -2) produits de façon constitutive par les CML. Médiateurs pro-inflammatoires Les macrophages et les lymphocytes infiltrant la lésion athéroscléreuse entretiennent une réaction inflammatoire chronique. Cette réaction fait intervenir des médiateurs solubles, les cytokines, d’origine mixte, leucocytaire et vasculaire, ainsi que les molécules immunorégulatrices membranaires CD40/CD40L (ligand du CD40). Un grand nombre de cytokines pro-inflammatoires sont présentes dans la plaque athéroscléreuse : TNF, IL-1, IL-6, IL-8, IL-12, oncostatineM, interféron (IFN) (tableau I). Elles peuvent, d’une part, provoquer le recrutement des monocytes en stimulant la libération de la chimiokine, MCP-1, par les cellules de la plaque et, d’autre part, favoriser leur adhérence à l’endothélium en induisant l’expression par les cellules endothéliales des molécules d’adhérence VCAM-1 et ICAM-1 (figure 2). Les cytokines peuvent par ailleurs moduler l’activité des CML (figure 3). La production des collagènes de types I et III par les CML est fortement inhibée par l’IFN (11). En outre, l’IL-1 et le TNF induisent l’expression par les CML de métal- Figure 2. Rôles proathérogènes des cytokines pro-inflammatoires. Les cytokines pro-inflammatoires peuvent intervenir dans le développement des lésions athéroscléreuses en stimulant l’expression des chimiokines et des molécules d’adhérence, essentielles pour le recrutement des monocytes et des lymphocytes dans la plaque. Elles peuvent également participer aux événements plus tardifs de l’athérosclérose, précipitant la survenue de thrombose après érosion ou rupture de la plaque et induction d’un état procoagulant associé à l’apoptose et à l’expression du facteur tissulaire. Le Courrier de l’Arcol et de la SFA (3), n° 2, avril/mai/juin 2001 50 Figure 3. Interactions entre cellules inflammatoires et CML dans la chape fibreuse de la plaque d’athérosclérose. Sous l’effet de facteurs de croissance sécrétés par les macrophages, les CML synthétisent des fibres de collagène pour constituer une chape fibreuse qui stabilise la plaque d’athérosclérose. Mais les macrophages libèrent des protéases matricielles et, avec les lymphocytes, sécrètent des cytokines pro-inflammatoires qui provoquent l’apoptose des CML et diminuent leur capacité de synthèse des protéines fibreuses, concourant ainsi à la fragilisation de la chape fibreuse. Toutefois, les cytokines IL-1 et TNF ne modifient guère l’expression des TIMP. On peut donc s’attendre, dans une plaque où l’infiltrat inflammatoire est important et où l’IL-1, le TNF et l’IFN sont exprimés, à une augmentation des MMP sous l’effet de l’IL-1 et du TNF, et à une diminution de la production des protéines de la matrice extracellulaire sous l’effet de l’IFN, sans modification du niveau des TIMP, avec comme conséquence une dégradation de la matrice extracellulaire et une fragilisation de la chape fibreuse (figure 3). Le rôle de l’IFN a été évalué chez la souris apo E-/- déficiente en récepteurs de l’IFN. Ces souris présentent une très nette réduction de la taille des lésions athéroscléreuses avec une forte augmentation du contenu en collagène, ce qui confirme l’importance de l’IFN comme régulateur négatif de la production des protéines matricielles (13). En outre, les cytokines proinflammatoires de la plaque peuvent aussi intervenir dans les complications thrombotiques associées à l’athérosclérose (voir pages 52-53) (14) (figure 2). Immunité acquise et athérosclérose L’identification des sous-types lymphocytaires T dans la plaque d’athérosclérose a révélé une certaine hétérogénéité. Certains Tableau II. Cytokines anti-inflammatoires exprimées par les cellules de la plaque d’athérosclérose. C. endo. CML Macrophage Lymphocyte IL-6 + +++ ++ – IL-10 – + ++ – TGF + + + – IL : interleukine. TGF : transforming growth factor. 51 portent le marqueur CD4, d’autres, moins nombreux, sont CD8. Les lymphocytes CD4+ sont polyclonaux d’origine puisque les phénotypes des TCR sont mixtes : - ou -, en plus faible proportion. Les natural killers sont quasi absents des lésions d’athérosclérose. La présence de ces lymphocytes T est importante sur les plans étiologique et évolutif de la maladie athéromateuse. Ils sont le témoin d’une réponse immune et peuvent moduler les fonctions vasculaires. Les lymphocytes de la plaque expriment les molécules de classe II du CMH, l’IFN, l’IL-2 et ses récepteurs. En outre, ces lymphocytes T sont, pour la plupart, des cellules mémoire exprimant le CD45RO (15). L’ensemble de ces données indiquent que ces cellules sont dans un phénotype d’activation plutôt chronique. Les CML adjacentes aux lymphocytes T expriment souvent les molécules HLA-DR de classe II du CMH, probablement induites par l’IFN d’origine lymphocytaire. Le système CD40/CD40L d’activation lymphocytaire semble jouer un rôle important dans l’athérogenèse. Les souris apo E-/- déficientes en CD40L développent nettement moins de lésions avancées que les souris sauvages (16). Balance inflammatoire dans l’athérosclérose Le schéma inflammatoire de l’athérosclérose ressemble de très près à ce qui est habituellement décrit dans les pathologies inflammatoires chroniques plus classiques, telles que la glomérulonéphrite, la polyarthrite rhumatoïde, la pancréatite ou la cirrhose : infiltrat inflammatoire composé de lymphocytes et de macrophages, puis prolifération des cellules mésenchymateuses (2). Une différence avec les autres maladies inflammatoires est que les neutrophiles ne semblent jouer aucun rôle dans l’athérosclérose. Si l’on accepte le principe selon lequel l’athérosclérose est le résultat d’une réaction inflammatoire chronique à localisation intimale, il convient alors d’envisager que l’athérosclérose, comme toute réaction inflammatoire, s’accompagne de la production de cytokines anti-inflammatoires qui participent à la résolution de l’inflammation. Parmi les cytokines anti-inflammatoires (IL-4, IL-13, TGF et IL-10), l’IL-10 est certainement la plus intéressante dans le contexte de l’athérosclérose (tableau II). Les cytokines anti-inflammatoires sont en Le Courrier de l’Arcol et de la SFA (3), n° 2, avril/mai/juin 2001 Figure 4. Effets anti-athérogènes de l’IL-10. L’IL-10 peut à la fois prévenir le développement des lésions d’athérosclérose, en inhibant l’activation des cellules vasculaires et des macrophages, et contribuer à la stabilité de la plaque en inhibant les MMP, le facteur tissulaire et l’apoptose. général produites par les lymphocytes T de type Th2, mais l’IL-10 se singularise dans la mesure où elle est également produite en grandes quantités par les macrophages et où elle intervient dans le contrôle direct de la production de TNF. Par ailleurs, l’IL-10 inhibe l’expression par les macrophages des métalloprotéinases, MMP-1 et MMP-9, et stimule l’expression de l’inhibiteur endogène des MMP, le TIMP-1 (17). Elle inhibe l’activation du facteur de transcription NF-B, ainsi que l’expression par les monocytes activés du TF. L’ensemble de ces propriétés fait de l’IL-10 une cytokine potentiellement anti-athérogène et antithrombotique (figure 4). Elle est présente dans les plaques d’athérosclérose humaines et, comme attendu, son expression locale est inversement corrélée aux signes d’inflammation et à la mort des cellules par apoptose (18). L’IL-10 est impliquée dans le développement des lésions athéroscléreuses, comme le démontre une approche expérimentale utilisant des souris déficientes en IL-10 (IL-10-/-). Ces souris, élevées dans un milieu protégé des pathogènes environnementaux et mises sous régime athérogène, développent des plaques d’athérome trois fois plus grosses que celles des souris témoins (19, 20). Par ailleurs, lorsque les souris IL-10-/- sont soumises au même régime athérogène, mais qu’elles sont élevées dans un environnement conventionnel, elles développent des lésions athéroscléreuses trente fois plus grosses que celles des souris IL-10+/+. Ces expériences suggèrent que des agents infectieux, dont certains ont été impliqués dans l’athérosclérose chez l’homme, ne pourraient se révéler délétères que dans un contexte immuno-inflammatoire de déséquilibre de production d’IL-10. En outre, les études réalisées sur les souris IL-10-/- ont également montré l’importance potentielle de cette cytokine dans la stabilité de la lésion. Les plaques de souris IL-10-/- contiennent plus de lymphocytes T, plus d’IFN et moins de collagène, caractéristiques des plaques instables et vulnérables (19). Apoptose et athérosclérose On savait depuis longtemps que les plaques d’athérosclérose contiennent des débris cellulaires provenant principalement, pensait-on, de la nécrose des macrophages. On sait maintenant que la plaque athéromateuse est le siège d’une intense activité apoptotique (21). L’apoptose survient essentiellement dans les macrophages, mais tous les types cellulaires de la plaque peuvent Le Courrier de l’Arcol et de la SFA (3), n° 2, avril/mai/juin 2001 52 être affectés, y compris les cellules endothéliales situées en aval de la sténose maximale et exposées à de faibles niveaux de cisaillement. La réaction inflammatoire détermine, en grande partie, le taux de cellules en apoptose dans la plaque d’athérome. Les cytokines pro-inflammatoires sont capables d’induire l’apoptose de tous les types cellulaires de la plaque, en partie par la production excessive de monoxyde d’azote (NO) conduisant à la formation de peroxynitrite. L’expression de la NO synthase inductible est directement corrélée à la survenue d’apoptose dans la plaque d’athérome humaine (18). À l’inverse, l’expression locale de cytokines anti-inflammatoires comme l’IL-10 est associée à une diminution de l’expression de la NO synthase inductible et à une diminution de l’apoptose dans la plaque (18). Les LDL oxydées sont également des agents capables de promouvoir l’apoptose des cellules endothéliales, des CML et des macrophages (22, 23). Les données récentes de la littérature suggèrent un rôle important de l’apoptose dans les complications de la plaque d’athérome et en particulier dans sa thrombogénicité, à l’origine des accidents ischémiques aigus (voir ci-dessous). Complications des lésions athéromateuses Notion de stabilité de la plaque d’athérome Les manifestations cliniques de la maladie athéromateuse sont essentiellement dues à la formation d’un thrombus luminal au contact de la plaque d’athérome, obstruant plus ou moins complètement la lumière artérielle (24). Le thrombus se développe au contact de la plaque lorsque l’endothélium luminal est dénudé (érosion superficielle) ou bien lorsque la plaque s’est rompue (rupture profonde), exposant ainsi du matériel lipidique thrombogène au sang circulant. Une plaque d’athérome est dite instable, ou vulnérable, lorsqu’elle est particulièrement sujette à la rupture et à la thrombose. La stabilité de la plaque d’athérome dépend essentiellement de plusieurs éléments intrinsèques et extrinsèques. La composition de la plaque est un facteur déterminant. Ainsi, le contenu en lipides et en macrophages, le contenu en % macrophages % lipides Instables Stables cellules musculaires lisses et en collagène, et la répartition de ces différents éléments au sein de la plaque conditionnent grandement sa stabilité (25) (figure 5). La présence d’un pool lipidique important diminue nettement la résistance physique de la plaque, et les macrophages, par leur capacité à dégrader la matrice extracellulaire, ajoutent à sa vulnérabilité. En revanche, les cellules musculaires qui synthétisent la matrice extracellulaire contribuent à la formation d’une chape fibreuse solide et à la stabilisation de la plaque. À ces facteurs intrinsèques viennent s’ajouter les effets des contraintes circonférentielles (26) et, probablement, ceux des contraintes de cisaillement (27). Le risque d’un accident ischémique aigu (angor instable, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral) dépend du nombre de plaques vulnérables. Malheureusement, il n’est pas possible pour le moment de détecter d’une façon fiable ces plaques in vivo. Rupture de la plaque d’athérome La rupture est une complication des plaques d’athérome qui présentent un noyau lipidique large occupant plus de 40 % du volume total de la plaque, et une chape fibreuse fine riche en macrophages et pauvre en CML (24). Elle est le résultat du déséquilibre entre les contraintes circonférentielles auxquelles est soumise la chape fibreuse et la solidité intrinsèque de la chape, qui détermine sa résistance à la fracture. Rôle de l’inflammation La présence de cytokines inflammatoires peut promouvoir, au stade initial de l’athérosclérose, la formation de lésions fibro-muscu- Figure 5. Déterminants intrinsèques de la stabilité de la plaque (d’après Felton et al., Arterioscler Thromb Vasc Biol 1997 ; 17 :1337-45). Cette représentation suggère que les plaques instables sont plus riches en lipides et en macrophages et plus pauvres en CML que les plaques stables. laires en favorisant la prolifération des CML et la synthèse de protéines de la matrice extracellulaire. Ce processus, s’il est limité, peut être bénéfique en participant à la stabilisation de la plaque d’athérome et en renforçant ses capacités à s’opposer aux contraintes auxquelles elle est soumise. Cependant, chez l’homme, la présence de signes généraux d’inflammation est un facteur de risque important de la survenue d’accidents ischémiques graves (28, 29) résultant d’une rupture et/ou d’une érosion de la plaque d’athérome, suivies d’une thrombose (plaque instable). Les zones de rupture de plaque d’athérome sont caractérisées par la présence de cellules inflammatoires activées (30). La réaction inflammatoire locale pourrait influencer la stabilité de la plaque d’athérome par ses effets potentiels sur la thrombogénicité de la plaque d’athérome (voir ci-dessous), et par ses effets sur la matrice extracellulaire (voir ci-dessus). Par ailleurs, certains produits du stress oxydant, générés au cours de la réaction inflammatoire, ont des propriétés prothrombogènes et sont capables d’activer des enzymes de dégradation de la matrice extracellulaire (les métalloprotéinases, MMP) (31). Le niveau de peroxydation lipidique, évalué par spectrométrie de masse des produits d’oxydation non enzymatique de l’acide arachidonique (isoprostanes, HETE), est significativement plus élevé dans les plaques d’athérome carotides instables (ayant été responsables d’accidents ischémiques aigus) que dans les plaques d’athérome stables (prélevées chez des patients asymptomatiques), suggérant que le stress oxydant pourrait influencer la stabilité de la plaque d’athérome (32). 53 Facteurs favorisant la thrombose Les cytokines pro-inflammatoires de la plaque peuvent aussi intervenir dans les complications thrombotiques associées à l’athérosclérose. Les propriétés antithrombotiques des cellules endothéliales sont profondément altérées par l’IL-1 ou le TNF, qui augmentent l’activité procoagulante de type tissulaire et suppriment l’activité anticoagulante relayée par le système thrombomoduline-protéine C, en diminuant l’expression de la thrombomoduline (14). Ces cytokines modifient aussi les propriétés fibrinolytiques des cellules endothéliales en diminuant la production de l’activateur du plasminogène de type tissulaire (tPA) et en augmentant la production de l’inhibiteur du tPA, le PAI-1. La plaque d’athérome est riche en facteur tissulaire activé, surtout présent au niveau du noyau lipidique. Les données les plus actuelles font jouer un rôle déterminant à l’apoptose dans la formation du thrombus à l’origine des syndromes coronariens aigus (21). Les cellules inflammatoires, macrophages et lymphocytes T, constituent la part la plus importante des cellules en apoptose dans la plaque. L’apoptose des macrophages est fréquemment observée en bordure du noyau lipidique acellulaire, ce qui suggère que la mort des macrophages par apoptose contribue à la croissance du noyau lipidique dans lequel s’accumulent des microparticules apoptotiques, fragments membranaires de cellules mortes. Le rôle fonctionnel majeur de l’apoptose dans la plaque d’athérome est lié au potentiel procoagulant des cellules et microparticules apoptotiques. L’apoptose dans la plaque d’athérosclérose est responsable de l’activation locale du TF, à l’origine de la thrombogénicité de la plaque (21). On savait que l’expression et l’activité du TF sont augmentées dans la plaque d’athérosclérose, en particulier dans le noyau lipidique, et qu’il existe une relation entre l’activité TF et la thrombogénicité de la plaque. Nous savons maintenant que l’expression extracellulaire du TF est particulièrement importante dans les zones apoptotiques et que le TF est libéré pendant la mort cellulaire, en association avec des microparticules apoptotiques. Or, l’une des caractéristiques essentielles des cellules apoptotiques est l’exposition précoce de la phosphatidylsérine (PS) à la surface externe de la membrane plasmique. L’externalisation de la PS crée un environnement favorable à l’activation du TF, dont l’activité procoagu- Le Courrier de l’Arcol et de la SFA (3), n° 2, avril/mai/juin 2001 lante est considérablement augmentée après l’induction de l’apoptose (33). L’apoptose est très certainement le facteur déterminant de la thrombogénicité intraplaque, qui peut expliquer la formation de thrombus après rupture de la chape fibreuse et mise en contact du sang avec le noyau lipidique. Ces données ont été récemment étayées par une étude de l’équipe de R. Virmani montrant l’existence d’un nombre important de cellules inflammatoires en apoptose dans les zones de rupture et de thrombose de plaques d’athérome coronaires chez l’homme (34). Érosion de la plaque d’athérome L’équipe de R. Virmani a récemment montré que la rupture n’est pas la voie finale commune conduisant à la thrombose de la lumière artérielle au contact d’une plaque d’athérome (35). Ce groupe a identifié l’érosion superficielle de l’endothélium luminal d’une plaque fibreuse comme un facteur important prédisposant à la thrombose artérielle, aux accidents coronaires aigus et à la mort subite. Quarante pour cent des thromboses artérielles sur plaque d’athérome seraient associés à une érosion superficielle et 60 % à une rupture (35). Selon le groupe de Virmani, et contrairement aux résultats obtenus par van der Wal et al. (30), l’érosion superficielle de la plaque d’athérome n’est pas liée à la présence d’infiltrats inflammatoires. Alors que les ruptures de plaque sont plus fréquentes chez les hommes, les sujets hypercholestérolémiques et les patients décédés à la suite d’un effort, l’érosion de plaque est plus souvent retrouvée chez les femmes, les fumeurs et les diabétiques. Différents mécanismes physiopathologiques pouvant favoriser la thrombose après une érosion endothéliale ont été avancés, parmi lesquels l’adhésion et l’agrégation plaquettaire, la pauvreté en héparane sulfate du tissu conjonctif sous-jacent et sa richesse en PF4. Nous avons récemment observé que certaines cellules endothéliales luminales des plaques d’athérome humaines sont en apoptose, suggérant que ce processus peut être impliqué dans l’érosion endothéliale (34). Par ailleurs, compte tenu des propriétés proadhésives et procoagulantes des cellules apoptotiques, elles pourraient jouer un rôle primordial dans l’initiation de la cascade de la coagulation et dans la formation d’un thrombus luminal. Enfin, des microparticules apoptotiques, qui sont des fragments membranaires de cellules mortes, peuvent être retrouvées dans la circulation à l’occasion d’une rupture de plaque chez des patients admis pour accidents coronaires ischémiques aigus (35). Compte tenu de leur forte activité procoagulante, elles pourraient exagérer les états d’hypercoagulabilité rencontrés dans les suites de ces situations cliniques et favoriser ainsi la récidive d’accidents ischémiques. Elles pourraient également exercer des activités proapoptotique et pro-inflammatoire. Des microparticules d’origine leucocytaire, produites in vitro, sont des médiateurs inflammatoires compétents capables d’activer les cellules endothéliales (36). Inflammation et risque cardiovasculaire en clinique L’identification, grâce à des données expérimentales chez l’animal et anatomopathologiques chez l’homme, d’un rôle majeur de l’inflammation dans le développement et l’instabilité de la plaque d’athérosclérose a conduit à la réalisation d’études prospectives chez l’homme visant à évaluer le rôle des marqueurs inflammatoires spécifiques ou non spécifiques dans la survenue des accidents ischémiques vasculaires. Plusieurs études ont montré que des taux modérément élevés de protéine C réactive (CRP), un marqueur non spécifique d’inflammation systémique, sont présents chez les patients coronariens à risque d’infarctus du myocarde, les patients âgés à risque de maladie coronaire symptomatique, et ceux à risque d’infarctus lié au tabac (37). Cependant, l’interprétation de ces données est complexe, compte tenu de biais de sélection et d’effets confondants de l’âge, du tabac ou de l’ischémie elle-même, qui peut induire la réaction inflammatoire. Pour cela, l’avènement d’études prospectives à grande échelle chez des sujets en apparence sains a permis une évaluation directe du rôle de l’inflammation “basale” dans la genèse des accidents ischémiques. Les données les plus informatives ont été d’abord fournies par la Physicians Health Study (PHS), menée dans un groupe d’hommes d’âge moyen à faible risque de maladie cardiovasculaire. Ces données indiquent que le risque d’infarctus du myocarde triple et celui d’accident vasculaire cérébral double chez les sujets ayant des taux basaux de CRP dans le quartile supérieur par rapport aux risques chez les sujets situés dans le quartile inférieur (29). Ces estimations de risque Le Courrier de l’Arcol et de la SFA (3), n° 2, avril/mai/juin 2001 54 étaient stables pendant dix années de suivi et indépendantes des autres facteurs de risque cardiovasculaires, parmi lesquels figuraient le tabac, le cholestérol (total et HDL), les triglycérides, la lipoprotéine (a) et le fibrinogène. En outre, le taux de CRP ajoute à la valeur prédictive des lipides dans l’évaluation du risque vasculaire. Les arguments épidémiologiques en faveur d’un rôle de la CRP comme marqueur de risque vasculaire sont retrouvés dans les différentes populations, incluant des sujets âgés, des fumeurs et des femmes ménopausées, ainsi que dans trois cohortes européennes indépendantes : MONICA Augsberg, Helsinki Heart Study et British Regional Practice (38). Dans la majorité de ces études, l’effet de la CRP sur le risque vasculaire restait significatif après ajustement pour les facteurs de risque traditionnels. Des données récentes montrent également l’association de la CRP avec la mortalité toutes causes confondues (38). En plus de la CRP, d’autres produits de la phase aiguë de l’inflammation, comme la SAA ou le fibrinogène, et des cytokines inflammatoires, comme l’IL-6 et le TNF, sont associés aux événements vasculaires. Par ailleurs, d’autres marqueurs inflammatoires plus spécifiques, comme le taux plasmatique d’ICAM-1 soluble, sont corrélés à la CRP et sont élevés plusieurs années avant la survenue d’un infarctus du myocarde (37). Enfin, en plus du rôle bien connu des molécules d’adhésion endothéliales dans le recrutement des cellules inflammatoires dans la paroi artérielle, des données récentes de la littérature montrent la présence de CRP dans des foyers inflammatoires de la plaque d’athérosclérose. Des études in vitro suggèrent par ailleurs un rôle non négligeable de la CRP dans l’activation des cellules endothéliales, ce qui laisse à penser, à l’heure actuelle, que ces “marqueurs” inflammatoires pourraient également se comporter comme des “acteurs” de la réaction inflammatoire. Conclusion L’athérosclérose est le résultat d’une réaction inflammatoire mal contrôlée ayant pour but, à l’origine, l’épuration de la surcharge lipidique intimale. Dans bien des cas, cette fonction est accomplie avec succès. Nous savons, par exemple, que toutes les stries lipidiques présentes dans les coronaires dès le plus jeune âge n’évoluent pas vers la plaque d’athérosclérose. Mais, dans de nombreux cas, la réaction inflammatoire entretient un cercle vicieux qui conduit à la progression de la lésion avec, comme conséquence ultime, souvent fatale, la rupture ou l’érosion de la plaque et la survenue d’un thrombus occlusif. L’identification du rôle de certains marqueurs sériques fiables de la réaction inflammatoire, en particulier la CRP, dans la survenue d’accidents ischémiques vasculaires pourrait permettre une meilleure stratification du risque vascu● laire global dans la population. Références 1. Virmani R, Kolodgie FD, Burke AP, Farb A, Schwartz SM. Lessons from sudden coronary death : a comprehensive morphological classification scheme for atherosclerotic lesions. Arterioscler Thromb Vasc Biol 2000 ; 20 : 1262-75. 2. Ross R. Atherosclerosis - an inflammatory disease. N Engl J Med 1999 ; 340 :115-26. 3. Napoli C, D’Armiento FP, Mancini FP et al. Fatty streak formation occurs in human fetal aortas and is greatly enhanced by maternal hypercholesterolemia. Intimal accumulation of low density lipoprotein and its oxidation precede monocyte recruitment into early atherosclerotic lesions. J Clin Invest 1997 ; 100 : 2680-90. 4. Steinberg D. Oxidative modification of LDL and atherogenesis. Circulation 1997 ; 95 : 1062-71. 5. Klouche M, Rose-John S, Schmiedt W, Bhakdi S. Enzymatically degraded, nonoxidized LDL induces human vascular smooth muscle cell activation, foam cell transformation, and proliferation. Circulation 2000 ; 101 : 1799-805. 6. Berliner JA, Navab M, Fogelman AM et al. Atherosclerosis : basic mechanisms. Oxidation, inflammation, and genetics. Circulation 1995 ; 91 : 2488-96. 7. Shi W, Haberland ME, Jien ML, Shih DM, Lusis AJ. Endothelial responses to oxidized lipoproteins determine genetic susceptibility to atherosclerosis in mice. Circulation 2000 ; 102 : 75-81. 8. Boring L, Gosling J, Cleary M, Charo IF. Decreased lesion formation in CCR2-/- mice reveals a role for chemokines in the initiation of atherosclerosis. Nature 1998 ; 394 : 894-7. 9. Suzuki H, Kurihara Y, Takeya M et al. A role for macrophage scavenger receptors in atherosclerosis and susceptibility to infection. Nature 1997 ; 386 : 292-6. 10. Smith JD, Trogan E, Ginsberg M et al. Decreased atherosclerosis in mice deficient in both macro- phage colony-stimulating factor (op) and apolipoprotein E. Proc Natl Acad Sci USA 1995 ; 92 : 8264-8. 11. Amento EP, Ehsani N, Palmer H, Libby P. Cytokines and growth factors positively and negatively regulate interstitial collagen gene expression in human vascular smooth muscle cells. Arterioscler Thromb 1991 ; 11 : 1223-30. 12. Galis ZS, Sukhova GK, Lark MW, Libby P. Increased expression of matrix metalloproteinases and matrix degrading activity in vulnerable regions of human atherosclerotic plaques. J Clin Invest 1994 ; 94 : 2493-503. 13. Gupta S, Pablo AM, Jiang XC. IFN-gamma potentiates atherosclerosis in apo E knockout mice. J Clin Invest 1997 ; 99 : 2752-61. 14. Bevilacqua MP, Pober JS, Majeau GR et al. Recombinant tumor necrosis factor induces procoagulant activity in cultured human vascular endothelium : characterization and comparison with the actions of interleukin 1. Proc Natl Acad Sci USA 1986 ; 83 : 4533-7. 15. Stemme S, Holm J, Hansson GK. LymphocytesT in human atherosclerotic plaques are memory cells expressing CD45RO and the integrin VLA-1. Arterioscler Thromb 1992 ; 12 : 206-11. 16. Lutgens E, Gorelik L, Daemen MJ et al. Requirement for CD154 in the progression of atherosclerosis. Nat Med 1999 ; 5 : 1313-6. 17. Lacraz S, Nicod LP, Chicheportiche R, Welgus HG, Dayer JM. IL-10 inhibits metalloproteinase and stimulates TIMP-1 production in human mononuclear phagocytes. J Clin Invest 1995 ; 96 : 2304-10. 18. Mallat Z, Heymes C, Ohan J et al. Expression of interleukin-10 in human atherosclerotic plaques. Relation to inducible nitric oxide synthase expression and cell death. Arterioscler Thromb Vasc Biol 1999 ; 19 : 611-6. 19. Mallat Z, Besnard S, Duriez M et al. Protective role of interleukin-10 in atherosclerosis. Circ Res 1999 ; 85 : e17-e24. 20. Pinderski Oslund LJ, Hedrick CC, Olvera T et al. Interleukin-10 blocks atherosclerotic events in vitro and in vivo. Arterioscler Thromb Vasc Biol 1999 ; 19 : 2847-53. 21. Mallat Z, Tedgui A. Apoptosis in the vasculature : mechanisms and functional importance. Br J Pharmacol 2000 ; 130 : 947-62. 22. Escargueil-Blanc I, Meilhac O, Pieraggi MT et al. Oxidized LDLs induce massive apoptosis of cultured human endothelial cells through a calciumdependent pathway : prevention by aurintricarboxylic acid. Arterioscler Thromb Vasc Biol 1997 ; 17 : 331-9. 23. Liao HS, Kodama T, Geng YJ. Expression of class A scavenger receptor inhibits apoptosis of macrophages triggered by oxidized low density lipoprotein and oxysterol. Arterioscler Thromb Vasc Biol 2000 ; 20 : 1968-75. 24. Davies MJ. Stability and instability : two faces 55 of coronary atherosclerosis. Circulation 1996 ; 94 : 2013-20. 25. Felton CV, Crook D, Davies MJ, Oliver MF. Relation of plaque lipid composition and morphology to the stability of human aortic plaques. Arterioscler Thromb Vasc Biol 1997 ; 17 : 1337-45. 26. Loree HM, Tobias BJ, Gibson LJ et al. Mechanical properties of model atherosclerotic lesion lipid pools. Arterioscler Thromb 1994 ; 14 : 230-4. 27. Dirksen M, van der Wal AC, van den Berg FM, van der Loos CM, Becker AE. Distribution of inflammatory cells in atherosclerotic plaques relates to the direction of flow. Circulation 1998 ; 98 : 2000-3. 28. Maseri A. Inflammation, atherosclerosis, and ischemic events : exploring the hidden side of the moon. N Engl J Med 1997 ; 336 : 1014-6. 29. Ridker PM, Cushman M, Stampfer MJ, Tracy RP, Hennekens CH. Inflammation, aspirin, and the risk of cardiovascular disease in apparently healthy men. N Engl J Med 1997 ; 336 : 973-9. 30. Van der Wal AC, Becker AE, van der Loos CM, Das PK. Site of intimal rupture or erosion of thrombosed coronary atherosclerotic plaques is characterized by an inflammatory process irrespective of the dominant plaque morphology. Circulation 1994 ; 89 : 36-44. 31. Rajagopalan S, Meng XP, Ramasamy S, Harrison DG, Galis ZS. Reactive oxygen species produced by macrophage-derived foam cells regulate the activity of vascular matrix metalloproteinases in vitro. Implications for atherosclerotic plaque stability. J Clin Invest 1998 ; 98 : 2572-9. 32. Mallat Z, Nakamura T, Ohan J et al. The relationship of hydroxyeicosatetraenoic acids and F2-isoprostanes to plaque instability in human carotid atherosclerosis. J Clin Invest 1999 ; 103 : 421-7. 33. Aupeix K, Hugel B, Martin T et al. The significance of shed membrane particles during programmed cell death in vitro, and in vivo, in HIV-1 infection. J Clin Invest 1997 ; 99 : 1546-54. 34. Kolodgie FD, Narula J, Burke AP et al. Localization of apoptotic macrophages at the site of plaque rupture in sudden coronary death [In Process Citation]. Am J Pathol 2000 ; 157 : 1259-68. 35. Farb A, Burke A, Virmani R et al. Coronary plaque erosion without rupture into a lipid core : a frequent cause of coronary thrombosis in sudden coronary death. Circulation 1996 ; 93 : 1354-63. 36. Mesri M, Altieri DC. Leukocyte microparticles stimulate endothelial cell cytokine release and tissue factor induction in a JNK1 signaling pathway. J Biol Chem 1999 ; 274 : 23111-8. 37. Ridker PM. Inflammation, infection and cardiovascular risk. How good is the clinical evidence ? Circulation 1998 ; 97 : 1671-4. 38. Ridker PM. High-sensitivity C-reactive protein : potential adjunct for global risk assessment in the primary prevention of cardiovascular disease. Circulation 2001 ; 103 : 1813-8. Le Courrier de l’Arcol et de la SFA (3), n° 2, avril/mai/juin 2001