La maladie de West Nile est une arbovirose, transmise par
des arthropodes hématophages, essentiellement des mous-
tiques. La maladie peut occasionnellement toucher l’homme
et le cheval, qui sont considérés comme des impasses épidé-
miologiques [10]. La maladie se traduit alors par des formes
variables allant de l’infection asymptomatique au décès [3,
17].
Les chevaux (et autres équidés) sont considérés comme
plus sensibles que l’homme et donc souvent comme les révé-
lateurs de la circulation du virus [18, 19]. Plusieurs épizoo-
ties ont eu lieu récemment : Egypte 1960 [1], France 1962-
63 [11, 19], Maroc 1996 [2], Italie 1998 [4], USA depuis
1999 [17, 24]. Au cours de ces épizooties, le taux de létalité,
bien supérieur à ce qui est observé chez l’homme, a varié de
26 à 43%.
Les vecteurs seraient essentiellement des moustiques orni-
thophiles [14]. Les oiseaux sont des réservoirs biologiques à
l’intérieur desquels le virus s’amplifie [26]. La mortalité est
faible. Le rôle des oiseaux migrateurs dans la réintroduction
et la dissémination du virus d’un pays à un autre a été forte-
ment envisagé, notamment lors de l’épidémie de Roumanie
en 1996 (migration de l’Afrique du Nord vers la Roumanie
[23]) et plus récemment en Israël [15]. Plus de 25 espèces
réservoirs ont été répertoriées en Europe [10, 21].
En France, une épizootie de West Nile fut signalée en
1962-1963 en Camargue chez des chevaux avec plusieurs
cas humains associés [20]. Une enquête sérologique menée
en 1975-1976 avait mis en évidence des anticorps dans les
populations animales [22]. Depuis, aucune épizootie n’avait
été signalée. En août 2000, à environ 35 km de Montpellier,
une seconde épizootie de West Nile s’est déclarée [16]. Au 5
novembre 2000, 78 cas équins (définis par la présence de
signes cliniques évocateurs associés à une réaction positive
par une technique ELISA de détection des IgM dont la pré-
sence signe une infection récente) ont été diagnostiqués, 21
sont morts. Trois départements ont été concernés : l’Hérault,
le Gard et les Bouches-du-Rhône. Malgré de nombreuses
suspicions, aucun cas humain n’a été recensé.
Une large étude sérologique a été réalisée sur tous les ani-
maux localisés à 10 Km autour d’un cas probable ou
confirmé par le laboratoire. Les échantillons sanguins ont été
obtenus pour 5107 chevaux [7]. La prévalence des IgG obte-
nue a été p = 8,5 %. Aucun effet de l’âge sur la séropréva-
lence n’a été observé, mais un effet de la taille de l’effectif
des chevaux a été trouvé. Les chevaux vivant dans un petit
effectif étaient plus souvent infectés que ceux d’un effectif
plus grand. La répartition géographique des chevaux positifs
a montré l’existence d’une zone à haute prévalence en zone
sèche, dans la région de Lunel. Des moustiques ont été col-
lectés dans la zone et aucun « pool » n’a été trouvé positif, le
vecteur principal de cette épizootie demeure donc inconnu.
Prévalence de l’infection par le virus West Nile
chez le cheval en Camargue en 2001
A. LEBLOND1*, S. ZIENTARA2, J. CHADOEUF3, N. COMBY4, M.A. HENG5et P. SABATIER1
1TIMC - UMR 5525 - Unité Environnement et Prévision de la Santé des Populations, Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon, 1 avenue Bourgelat , 69280 Marcy l’Etoile, France.
2Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, 22 rue Pierre Curie, 94703 Maisons-Alfort Cedex 07, France.
3INRA Laboratoire de Biométrie, Site Agroparc, 84914 Avignon Cedex 9, France.
4Institut Universitaire Professionnalisé de Vannes, Génie Informatique et Statistique, rue Yves Mainguy, 56000 Vannes, France.
5Cabinet Vétérinaire, rue de Chenours BP 29, 19230 Arnac Pompadour, France.
SUMMARY
Prevalence for West Nile Virus infection in the horse in the Camargue
area, South of France (2001). By A. LEBLOND, S. ZIENTARA, J.
CHADOEUF, N. COMBY, M.A. HENG and P. SABATIER.
West Nile disease is considered as a re-emerging disease in France. An
ELISA IgG test was used to test the horses. Among 488 horses sampled,
5.3 % were positive. The disease is transmitted by infected mosquitoes to
dead - end hosts as humans and horses. Birds are the reservoirs.
The survey presented in this paper aimed at seeking for a low - level cir-
culation of West Nile Virus and identifying risk factors for the infection in
the horse. Among the horses included in the study, four horses which were
IgG negative in 2000 were found positive in 2001. The statistical analysis
identified the following risk factors in the environment of the horse studs:
breeding of game birds (OR = 6,9; p = 0,002) and the presence of ponds
(OR = 10,4; p = 0,008). The spatial analysis suggested the presence of two
significant clusters of positive stables in the dry zone.
Our results suggest the presence of a low - level circulation of West Nile
Virus during 2001. The risk factors identified should be evaluated in further
studies and, if confirmed, could be included in global surveillance protocols
for the early warning of risk of epidemic.
Keywords: West Nile Virus - Horse - ELISA assay - Risk
factor - Environment - Cluster.
Revue Méd. Vét., 2005, 156, 2, 77-84
RÉSUMÉ
L’encéphalite à virus West-Nile est une maladie ré - émergente qui sévit
en Camargue sous forme d’épizooties touchant les chevaux. Le virus est
transmis par les moustiques et les hôtes réservoirs sont les oiseaux.
L’objectif de l’enquête présentée ici était de rechercher l’existence d’une
circulation à bas bruit du virus et d’identifier des facteurs de risque d’infec-
tion chez le cheval. Le test de laboratoire utilisé a été un test ELISA en IgG.
La prévalence apparente de l’échantillon était de 5,3 % (n = 488). Quatre
chevaux négatifs en 2000 s’avèrent positifs en IgG en 2001. Les facteurs de
risque identifiés dans l’environnement des écuries positives sont : la pré-
sence de gibier d’élevage (OR = 6,9 ; p = 0,002) et la présence de mares
(OR = 10,4 ; p = 0,008). L’analyse spatiale montre que les écuries positives
sont significativement agrégées et suggère l’existence de deux foyers en
zone sèche.
Nos résultats sont en faveur d’une circulation à bas bruit du virus West
Nile dans la zone d’étude. L’identification de facteurs de risque de l’infec-
tion chez le cheval devrait être confirmée par des études ultérieures. À
terme, ces indicateurs pourraient être utilisés pour une surveillance et une
alerte précoce du risque épidémique.
Mots-clés : Virus West Nile - Cheval - ELISA - Facteur de
risque - Environnement - Cluster.