Une confusion d’ordre astronomique
Cependant, si ces statistiques sont abondamment
commentées dans l’ouvrage de SFB et si cette der-
nière s’en inspire, la rigueur astronomique reconnue
des travaux de Gauquelin ne semble plus de mise
dans ceux de SFB : « Ainsi, nous voilà en possession
d’une première base pour notre recherche person-
nelle : celle de l’inuence de la planète qui se lève ou
culmine et, à un degré moindre, se couche, ou se situe
au « nadir » ( = culmination inférieure). Ce n’est rien
d’autre que les « angles » de l’astrologie, déjà rencon-
trés dans le premier chapitre. » (p. 111).
Le problème est que les angles* utilisés en astro-
logie (ascendant* AS, milieu de ciel MC, descendant
DS et fond de ciel FC) ne coïncident pas avec les
points de lever, culmination* supérieure, coucher et
culmination* inférieure (pas plus que cette dernière
ne correspond au nadir, qui est le point opposé au
zénith). Ce que les astrologues ont déni comme
l’ascendant (AS) est le point de l’écliptique* situé
sur l’horizon Est (voir gure 1). Les planètes n’étant
pas situées exactement dans le plan de l’écliptique,
les points de lever ne coïncident pas avec le point
dénommé AS [9]. Ainsi, une planète située en AS est
certes proche de son lever, mais n’est pas exactement
en son lever. Elle peut être soit déjà levée, soit sur le
point de se lever. Pour des raisons de commodité, les
astrologues tracent la « carte du ciel » en plaçant les
planètes sur le cercle de l’écliptique grâce à sa longi-
tude écliptique. La latitude écliptique, qui représente
l’écart en degrés entre la position réelle de la planète
et sa position ctive sur le cercle du zodiaque, est loin
d’être négligeable. Nous donnons dans l’annexe 2 les
valeurs des inclinaisons des orbites planétaires pas
rapport au plan de l’écliptique.
On peut donc s’attendre à des écarts signicatifs
entre ascendant et lever réel, d’autant plus importants
pour la planète Pluton que son orbite est la plus incli-
née par rapport à l’écliptique.
La lecture de l’ouvrage de SFB ne laisse pas de
doute sur le fait que cette variable importante, la lati-
tude écliptique, a été complètement occultée. SFB est
très explicite lorsqu’elle présente la réalisation des «
cartes des ciels de naissance » : « Le logiciel trace le
zodiaque tropique de 12 signes et y positionne :
Les différents éléments du ciel pris en considé-
ration, soit le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars,
Jupiter, Saturne, Neptune, Uranus et Pluton ;
Les angles : lever, culmination, coucher que nous
appellerons respectivement, selon la tradition astro-
logique (pourquoi ne pas l’utiliser ?) : Ascendant qui
s’abrège commodément en AS, Milieu de ciel : MC, et
descendant = DS. » (p. 116)
Cette confusion entre tradition astrologique (AS,
MC, DS) d’une part et notions astronomiques (lever,
culmination, coucher) d’autre part persiste d’ailleurs
dans le livre « Comment démontrer l’astrologie » paru
sept ans plus tard [10].
L’inversion des « dominances planétaires »
au sein du couple de jumeaux
Les conséquences d’une telle approximation ont-el-
les une inuence sur le résultat du test ? Si l’on exclut
Pluton et si l’on accepte une tolérance de quelques
degrés (appelée orbe en astrologie), on peut alors
accepter de considérer qu’une planète proche d’un
angle est également proche de son lever (ou de sa
culmination, de son coucher...). D’ailleurs, certains
astrologues sensibles aux critiques ont déjà intégré
les positions réelles des astres dans leurs calculs, en
adjoignant à la carte du ciel classique un thème dit «
de domitude ».
En revanche, ce point devient crucial lorsqu’il s’agit
de l’étude des jumeaux où les calculs se font « à la
minute près ». En effet, il peut se produire dans cer-
Figure 1 : Sphère céleste locale pour une latitude de 45°N. Pour
étudier les mouvements apparents des astres, il est commode de
considérer la Terre comme immobile au centre d’une sphère de
très grand diamètre, sur laquelle les astres sont positionnés tels
qu’ils sont vus depuis la Terre, sans considération de la distance
qui les sépare de l’observateur. L’horizon local partage la sphère
céleste en deux parties, l’une observable et l’autre non. Le zénith
est le point de la sphère céleste situé à la verticale au dessus
de l’observateur. Le nadir est le point diamétralement opposé
au zénith. Puisque la Terre est considérée comme immobile,
la sphère céleste dans son ensemble tourne d’Est en Ouest
autour de l’axe des pôles. L’équateur céleste est l’équivalent de
l’équateur terrestre pour la sphère céleste. Pour l’observateur
situé au centre de la sphère céleste, les astres semblent donc
« se lever » sur l’horizon Est et se coucher sur l’horizon Ouest.
Un astre situé sur l’équateur céleste se lève exactement au point
cardinal Est et se couche exactement au point cardinal Ouest. Le
méridien céleste local est le grand cercle qui passe par le zénith
et les pôles célestes. Lorsque le Soleil (S) traverse le méridien, à
mi-chemin entre son lever et son coucher, il est « midi au Soleil »
et on dit que le soleil culmine (Le Soleil est ici représenté après
sa culmination). L’écliptique est la trajectoire annuelle apparente
du Soleil sur la voûte céleste, et sert de support aux signes du
zodiaque. Cette trajectoire apparente coupe l’équateur en deux
points. L’un de ces deux points, le point vernal (V) a été choisi
par les astrologues comme point de référence pour les positions
du Soleil et des planètes. Si, par dénition, le Soleil (S) est
toujours en un point de l’écliptique, cela n’est généralement pas
vrai pour la Lune et les planètes, même si elles n’en sont pas
très éloignées. L’écliptique coupe l’horizon local en deux points
: l’ascendant (AS) sur l’horizon Est et le descendant (DS) sur
l’horizon Ouest. Ces deux points de l’horoscope permettent de
situer approximativement les planètes par rapport à l’horizon.
Le milieu de ciel (MC) est le point de l’écliptique situé sur le
méridien local, au dessus de l’horizon, et le fond de ciel (FC)
lui est diamétralement opposé. MC et FC permettent de situer
approximativement les planètes par rapport à leurs points de
culmination* . Une planète (P) se trouve ici exactement en son
lever. Sa position ne coïncide ni avec le point cardinal Est, ni avec
l’ascendant (AS). Pour les besoins de la représentation plane de
l’horoscope, la planète P est ramenée en une position ctive P2
sur l’écliptique. P2 est ici situé « après » l’ascendant (AS) alors
que la planète P est exactement en son lever.
tains cas un effet d’inversion : la planète considérée
comme la plus proche de l’angle pour l’un des deux
jumeaux est en réalité la plus éloignée de son lever ou
de sa culmination. Ce qui, selon la méthode de SFB,
se traduit par une inversion des caractères attribués
au jumeaux.
An de vérier que ces effets d’inversion ne sont pas
marginaux, nous avons calculé [11] les « cartes du ciel
» des premiers jumeaux de la liste de SFB (Annexe p.
229). Un tel cas d’inversion se présente en deuxième
position dans la liste publiée par SFB. Nous avons
effectué les calculs pour l’ensemble des 238 couples
de jumeaux de la liste an de mesurer l’ampleur du
phénomène. Nous avons trouvé 36 cas présentant
[9] Une autre raison réside
dans le fait que l’axe de
rotation de la Terre n’est
pas perpendiculaire au
plan de l’écliptique (voir
gure 1).
[10] Suzel Fuzeau-Braesch,
Hervé Delboy : Comment
démontrer l’astrologie,
Expérimentations et
approches théoriques, Albin
Michel, collection « Aux
marches de la science »,
1999.
[11] Logiciel ASTROLOG
5.41 de W.D. Pullen.