Astrologie :
La preuve par deux ?
Frédéric Lequèvre
Les jumeaux constituent un sujet de choix pour
la recherche scientique. Les « vrais jumeaux »,
dits monozygotes, ont en commun le même ma-
tériel génétique car ils sont issus de la division du
même oeuf. C’est pourquoi ils ont été beaucoup étu-
diés en biologie et en psychologie. Ils permettent en
effet de distinguer les inuences respectives de l’inné
et de l’acquis.
Du point de vue de l’astrologie généthliaque*[1], les
jumeaux ont des thèmes de naissance presque iden-
tiques. Nés en un même lieu à quelques minutes d’in-
tervalle dans la plupart des cas, les jumeaux ont dans
leur ciel de naissance des congurations planétaires
identiques. En revanche, les positions desdites planè-
tes par rapport à l’horizon peuvent différer de façon
notable à cause du mouvement de rotation de la terre
sur elle-même. Par exemple, deux jumeaux étant nés
à cinq minutes d’intervalle, la planète Mars peut être
plus proche de l’horizon pour le premier que pour
le second.
Exploitant cette différence, la biologiste Suzel
Fuzeau-Braesch (SFB) tente de prouver expérimen-
talement la validité de l’astrologie généthliaque. L’idée
en est la suivante : si la position des planètes situées
près de l’horizon au lever ou au coucher (ou bien près
[1] Les termes suivis d’un
astérisque sont dénis dans
le glossaire.
de la culmination*) est un paramètre astrologique per-
tinent, alors les écarts de position entre les planètes
des deux jumeaux devront se traduire par des diffé-
rences de traits de caractères. En outre, si l’inuence
des différence d’angularité* des planètes est démon-
trée chez des jumeaux (où les différences sont très fai-
bles), elle le sera a fortiori dans le cas général de deux
personnes prises au hasard. Les résultats de cette ex-
périence ont été publiés dans l’ouvrage Astrologie : la
preuve par deux, paru en 1992 [2].
Les enquêtes de l’OZ
Vers une astrologie scientique ?
L’astrologie postule qu’il existe une relation entre
les positions des astres sur la voûte céleste à
la naissance d’un individu et son caractère. Ce
principe premier étant posé, il reste à vérier si « ça
marche ». D’emblée la quatrième de couverture situe
la démarche de l’auteur comme résolument scienti-
que : « Suzel Fuzeau-Braesch n’est pas un auteur
comme les autres. Rationaliste et déterministe, elle
est cependant pleinement consciente de l’immense
complexité de l’univers. Astrologie : la preuve par
deux est l’aboutissement de longues années d’étude.
Il ne s’agit pas d’un traité d’astrologie ni d’un ouvrage
d’astrologue comme il s’en publie tant. C’est la pre-
mier test irréfutable d’une scientique en quête de
vérité. »
La démarche expérimentale est donc clairement
afchée, la présentation de l’ouvrage (quatrième de
couverture) se terminant d’ailleurs ainsi : « Si les faits
scientiques ne correspondent pas aux préjugés anti-
astrologiques, c’est peut-être qu’il est temps de les
abandonner ? » [3]
D’un point de vue théorique, l’auteur défend une
approche déterministe de l’astrologie : les astres
auraient une inuence sur les individus, passant par
une action physique à distance. Après avoir donné
des indications sur les origines historiques de l’as-
trologie dans un premier chapitre, Suzel Fuzeau-
Braesch (SFB) renvoie dos à dos dans le deuxième
chapitre les astrologues qui méconnaissent la science
et les scientiques qui s’opposent à l’astrologie sans
[3] Si l’on se e à la syntaxe
de cette phrase, ce sont
les « faits scientiques »
qu’il faudrait abandonner...
Or, à la lecture de
l’ouvrage il est évident
que l’auteur souhaite
que l’on abandonne les
préjugés anti-astrologiques.
Cette ambiguïté est-elle
volontaire ?
la connaître. SFB s’en prend à certaines afrmations
péremptoires d’Élizabeth Teissier en considérant son
approche à juste titre comme « plus spectaculaire et
journalistique que scientique » (p. 92). À l’opposé
elle rejette les conceptions symbolistes d’astrologues
comme Solange de Mailly-Nesle qui dénit l’astrologie
comme une science de l’âme s’appuyant sur le ca-
ractère symbolique de l’image de l’être humain. En ce
qui concerne les critiques sceptiques de l’astrologie,
SFB réfute l’expérience en double aveugle de Carlson
[4], et les résultats en psychologie concernant l’effet
Barnum*. Elle s’appuie pour cela sur une critique
des protocoles expérimentaux. L’explication du « fait
astrologique » tiendrait donc bien, selon cet auteur, à
une « causalité » : « N’étant pas capable de concevoir
un fait sans cause, sans tomber dans le surnaturel et
l’occulte, j’accorde a priori aux faits astrologiques un
processus causal, encore inconnu dans l’état actuel
de la science. Mais afrmer cette causalité est néces-
saire si l’on veut, d’une part, intégrer le fait astrologi-
que dans le champ scientique et d’autre part, si l’on
désire avoir des chances de découvrir cette causalité
(ou ces causalités). » (p. 209).
Forte de ses résultats expérimentaux sur les ju-
meaux exposés dans son troisième chapitre, SFB
tente dans le quatrième chapitre intitulé « le détermi-
nisme astrologique » d’éclairer le lecteur sur la nature
de cette inuence. Elle s’appuie pour cela sur la théo-
rie de P. Seymour, théorie qui fait appel à l’inuence
des planètes sur le champ magnétique terrestre via
[4] L‘expérience de Carlson
comporte deux parties :
d’une part, des volontaires
doivent tenter, après
avoir communiqué leurs
coordonnées de naissance,
de se reconnaître dans
une des trois descriptions
psychologiques qui leur
sont proposées par des
astrologues. D’autre part,
ces derniers doivent tenter
de reconnaître la bonne
description psychologique
(toujours parmi trois) à
partir d’un thème astral
interprété. Aucun des deux
volets de l’expérience
ne permet de valider
l’hypothèse astrologique.
Shawn Carlson : a double
blind test of astrology,
Nature, vol. 318, déc. 1985,
419-425.
[2] Suzel Fuzeau-Braesch :
Astrologie : la preuve
par deux, Robert Laffont,
collection « Les dossiers
science frontière », 1992.
SFB dresse les thèmes de naissances pour 251
couples de jumeaux puis interprète les diffé-
rences observées en termes très concis et po-
larisés, du type « plus expansif / plus réservé ». Puis
elle soumet ces propositions aux jumeaux (ou à leurs
familles) en leur demandant de préciser auquel des
deux se réfère chaque description. Les réponses re-
tournées sont traitées statistiquement. Alors que des
caractères attribués au hasard auraient abouti à un
nombre de réponses « justes » et « inverses » proche,
les réponses justes [6] sont très majoritaires :
SFB de conclure : « On peut désormais afrmer que
l’intervalle horaire de naissance de jumeaux peut être
Le principe de l’expérience - les deux méthodes
Première méthode : les planètes angulaires
La base revendiquée : les statistiques de
Michel Gauquelin
Avec cette première méthode SFB s’appuie en
grande partie sur les résultats statistiques de Michel
Gauquelin (MG). Le célèbre « effet Mars », qui a été
étudié successivement par plusieurs scientiques [7],
et qui est à l’origine d’une controverse encore vive,
représente une petite part d’un vaste travail statisti-
que entrepris par Michel Gauquelin dans les années
cinquante. Cet auteur a publié de nombreux résultats
souvent cités dans les ouvrages astrologiques, con-
cernant les planètes Vénus, Mars, Jupiter, Saturne
ainsi que la Lune. Ni les autres planètes, ni le Soleil,
pas plus que les signes zodiacaux, n’ont donné selon
Gauquelin de résultat signicatif sur le plan statistique.
MG calcule les positions planétaires de nombreux
sportifs parmi les plus célèbres (associés à Mars) ou
de scientiques ou médecins renommés [8] (associés
à Saturne). Selon lui, par exemple, ces derniers ont
une tendance statistiquement signicative à naître
lorsque Saturne vient de se lever ou de culminer.
Sur le plan astronomique, le travail de Gauquelin
est rigoureux. Il n’utilise pas le classique thème astral
des astrologues, qui projette les positions planétaires
sur le zodiaque, mais il utilise la position de la planète
réelle sur la voûte céleste (voir annexe 1). En réalité
il calcule l’heure de lever et de coucher de chaque
planète puis « découpe » l’arc diurne (c’est à dire la
trajectoire apparente de l’astre au dessus de l’horizon)
en six secteurs. Le secteur n°1 est celui traversé juste
après le lever de la planète, le secteur n°4 juste après
sa culmination supérieure. Ce découpage rappelle les
maisons astrologiques classiques (c’est pourquoi on
parle parfois de « néoastrologie »), mais ne constitue
en réalité qu’une méthode courante en statistique de
créer des classes* : les sportifs célèbres seraient plus
nombreux que les individus lambda à naître avec
Mars en secteur 1. Ce qui ne signie pas selon MG
que les individus non sportifs ne sont pas inuencés
par Mars, mais que le caractère pugnace et énergique
attaché à cette planète s’est révélé au travers des sta-
tistiques par l’intermédiaire des sportifs.
l’activité du Soleil. En prenant la précaution de présen-
ter cette théorie comme spéculative (c’est-à-dire pour
le moment dépourvue de vérication expérimentale),
SFB en décrit les grandes lignes tout en discutant les
différents arguments de ses détracteurs. En revanche,
elle n’aborde pas la principale pierre d’achoppement
de cette théorie, à savoir le problème du délai dans
la transmission de l’information qu’implique ce mo-
dèle[5].
Nous ne développerons pas ici plus avant les argu-
ments théoriques et spéculatifs, pour nous concentrer
davantage sur le protocole expérimental.
à l’origine d’une partie de leur différenciation psycho-
logique et comportementale détectable sur la base
respective de leurs deux cartes du ciel de naissance.
L’étude réalisée sur une population initiale de 251 pai-
res de jumeaux, traitée de façon statistique, permet de
dire clairement qu’autre chose que le hasard préside
à la polarisation du couple gémellaire vers deux indi-
vidus psychologiquement distincts et conclure que le
facteur astrologique existe bel et bien. » (p. 207).
An de rédiger les textes proposés aux familles sur
la base des cartes du ciel des jumeaux, SFB utilise
deux méthodes. La « méthode 1 » utilise la position
des planètes sur la voûte céleste, la « méthode 2 »,
les signes du zodiaque : « ... il a fallu se plier à quel-
ques règles très précises et en particulier adopter la
règle des « tendances zodiacales » des ascendants
et celle des « tendances planétaires » ; une planète
angulaire est plus forte pour l’individu dont l’angle est
le plus faible et cela à la minute près. » (p. 133).
Les deux méthodes, bien que faisant appel à des
éléments de nature très différente, donnent des
résultats quasiment identiques. Signalons qu’une
méthode mixte, utilisant les deux types d’éléments
conjointement, est aussi utilisée et donne des résul-
tats également signicatifs. Examinons de plus près
les protocoles liés à ces deux méthodes.
Réponses « justes » 153
Réponses «inverses » 65
Réponses « nulles » 20
Absence de réponses 13
Total 251
Tableau 1 : réponses obtenues par Suzel Fuzeau-Braesch auprès
des familles des jumeaux après leur avoir proposé les descriptifs
astro-psychologiques. Les réponses « nulles » sont celles où les
familles n’ont pu attribuer les textes descriptifs aux jumeaux.
[5] L’activité solaire se
répercute sur le champ
magnétique terrestre avec
un délai variable, fonction
de la vitesse des particules
mises en cause, délai qui
peut varier de quelques
heures à quelques
jours. Difcile, donc, de
dresser un thème astral
de naissance à quelques
minutes près dans ces
conditions.
[6] Le vocabulaire utilisé
n’est peut-être pas
neutre : ce ne sont pas les
propositions de textes qui
sont jugées comme des
succès ou des échecs,
mais les réponses des
familles qui sont jugées
« justes » ou « inverses »
par rapport aux prévisions
de l’astrologue.
[7] Michel Gauquelin a
exposé sa théorie sur
l’inuence des planètes
dans La vérité sur
l’astrologie, éditions du
Rocher, 1984. La dernière
réplication en date, suivant
un protocole validé par
Gauquelin, est négative :
The Mars Effect, Claude
Benski, Dominique
Caudron, Yves Galifret,
Jean-Paul Krivine, Jean-
Claude Pecker, Michel
Rouzé et Evry Schatzman.
Prometheus Books, 1996.
[8] Les listes de
professionnels célèbres
sont extraites d’ouvrages
de référence.
Contrairement à
que ce que Michel
Gauquelin crut
mettre en évidence
la planète Mars
n’a pas d’effet
spécique sur les
sportifs...
Une confusion d’ordre astronomique
Cependant, si ces statistiques sont abondamment
commentées dans l’ouvrage de SFB et si cette der-
nière s’en inspire, la rigueur astronomique reconnue
des travaux de Gauquelin ne semble plus de mise
dans ceux de SFB : « Ainsi, nous voilà en possession
d’une première base pour notre recherche person-
nelle : celle de l’inuence de la planète qui se lève ou
culmine et, à un degré moindre, se couche, ou se situe
au « nadir » ( = culmination inférieure). Ce n’est rien
d’autre que les « angles » de l’astrologie, déjà rencon-
trés dans le premier chapitre. » (p. 111).
Le problème est que les angles* utilisés en astro-
logie (ascendant* AS, milieu de ciel MC, descendant
DS et fond de ciel FC) ne coïncident pas avec les
points de lever, culmination* supérieure, coucher et
culmination* inférieure (pas plus que cette dernière
ne correspond au nadir, qui est le point opposé au
zénith). Ce que les astrologues ont déni comme
l’ascendant (AS) est le point de l’écliptique* situé
sur l’horizon Est (voir gure 1). Les planètes n’étant
pas situées exactement dans le plan de l’écliptique,
les points de lever ne coïncident pas avec le point
dénommé AS [9]. Ainsi, une planète située en AS est
certes proche de son lever, mais n’est pas exactement
en son lever. Elle peut être soit déjà levée, soit sur le
point de se lever. Pour des raisons de commodité, les
astrologues tracent la « carte du ciel » en plaçant les
planètes sur le cercle de l’écliptique grâce à sa longi-
tude écliptique. La latitude écliptique, qui représente
l’écart en degrés entre la position réelle de la planète
et sa position ctive sur le cercle du zodiaque, est loin
d’être négligeable. Nous donnons dans l’annexe 2 les
valeurs des inclinaisons des orbites planétaires pas
rapport au plan de l’écliptique.
On peut donc s’attendre à des écarts signicatifs
entre ascendant et lever réel, d’autant plus importants
pour la planète Pluton que son orbite est la plus incli-
née par rapport à l’écliptique.
La lecture de l’ouvrage de SFB ne laisse pas de
doute sur le fait que cette variable importante, la lati-
tude écliptique, a été complètement occultée. SFB est
très explicite lorsqu’elle présente la réalisation des «
cartes des ciels de naissance » : « Le logiciel trace le
zodiaque tropique de 12 signes et y positionne :
Les différents éléments du ciel pris en considé-
ration, soit le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars,
Jupiter, Saturne, Neptune, Uranus et Pluton ;
Les angles : lever, culmination, coucher que nous
appellerons respectivement, selon la tradition astro-
logique (pourquoi ne pas l’utiliser ?) : Ascendant qui
s’abrège commodément en AS, Milieu de ciel : MC, et
descendant = DS. » (p. 116)
Cette confusion entre tradition astrologique (AS,
MC, DS) d’une part et notions astronomiques (lever,
culmination, coucher) d’autre part persiste d’ailleurs
dans le livre « Comment démontrer l’astrologie » paru
sept ans plus tard [10].
L’inversion des « dominances planétaires »
au sein du couple de jumeaux
Les conséquences d’une telle approximation ont-el-
les une inuence sur le résultat du test ? Si l’on exclut
Pluton et si l’on accepte une tolérance de quelques
degrés (appelée orbe en astrologie), on peut alors
accepter de considérer qu’une planète proche d’un
angle est également proche de son lever (ou de sa
culmination, de son coucher...). D’ailleurs, certains
astrologues sensibles aux critiques ont déjà intégré
les positions réelles des astres dans leurs calculs, en
adjoignant à la carte du ciel classique un thème dit «
de domitude ».
En revanche, ce point devient crucial lorsqu’il s’agit
de l’étude des jumeaux les calculs se font « à la
minute près ». En effet, il peut se produire dans cer-
Figure 1 : Sphère céleste locale pour une latitude de 45°N. Pour
étudier les mouvements apparents des astres, il est commode de
considérer la Terre comme immobile au centre d’une sphère de
très grand diamètre, sur laquelle les astres sont positionnés tels
qu’ils sont vus depuis la Terre, sans considération de la distance
qui les sépare de l’observateur. L’horizon local partage la sphère
céleste en deux parties, l’une observable et l’autre non. Le zénith
est le point de la sphère céleste situé à la verticale au dessus
de l’observateur. Le nadir est le point diamétralement opposé
au zénith. Puisque la Terre est considérée comme immobile,
la sphère céleste dans son ensemble tourne d’Est en Ouest
autour de l’axe des pôles. L’équateur céleste est l’équivalent de
l’équateur terrestre pour la sphère céleste. Pour l’observateur
situé au centre de la sphère céleste, les astres semblent donc
« se lever » sur l’horizon Est et se coucher sur l’horizon Ouest.
Un astre situé sur l’équateur céleste se lève exactement au point
cardinal Est et se couche exactement au point cardinal Ouest. Le
méridien céleste local est le grand cercle qui passe par le zénith
et les pôles célestes. Lorsque le Soleil (S) traverse le méridien, à
mi-chemin entre son lever et son coucher, il est « midi au Soleil »
et on dit que le soleil culmine (Le Soleil est ici représenté après
sa culmination). L’écliptique est la trajectoire annuelle apparente
du Soleil sur la voûte céleste, et sert de support aux signes du
zodiaque. Cette trajectoire apparente coupe l’équateur en deux
points. L’un de ces deux points, le point vernal (V) a été choisi
par les astrologues comme point de référence pour les positions
du Soleil et des planètes. Si, par dénition, le Soleil (S) est
toujours en un point de l’écliptique, cela n’est généralement pas
vrai pour la Lune et les planètes, même si elles n’en sont pas
très éloignées. L’écliptique coupe l’horizon local en deux points
: l’ascendant (AS) sur l’horizon Est et le descendant (DS) sur
l’horizon Ouest. Ces deux points de l’horoscope permettent de
situer approximativement les planètes par rapport à l’horizon.
Le milieu de ciel (MC) est le point de l’écliptique situé sur le
méridien local, au dessus de l’horizon, et le fond de ciel (FC)
lui est diamétralement opposé. MC et FC permettent de situer
approximativement les planètes par rapport à leurs points de
culmination* . Une planète (P) se trouve ici exactement en son
lever. Sa position ne coïncide ni avec le point cardinal Est, ni avec
l’ascendant (AS). Pour les besoins de la représentation plane de
l’horoscope, la planète P est ramenée en une position ctive P2
sur l’écliptique. P2 est ici situé « après » l’ascendant (AS) alors
que la planète P est exactement en son lever.
tains cas un effet d’inversion : la planète considérée
comme la plus proche de l’angle pour l’un des deux
jumeaux est en réalité la plus éloignée de son lever ou
de sa culmination. Ce qui, selon la méthode de SFB,
se traduit par une inversion des caractères attribués
au jumeaux.
An de vérier que ces effets d’inversion ne sont pas
marginaux, nous avons calculé [11] les « cartes du ciel
» des premiers jumeaux de la liste de SFB (Annexe p.
229). Un tel cas d’inversion se présente en deuxième
position dans la liste publiée par SFB. Nous avons
effectué les calculs pour l’ensemble des 238 couples
de jumeaux de la liste an de mesurer l’ampleur du
phénomène. Nous avons trouvé 36 cas présentant
[9] Une autre raison réside
dans le fait que l’axe de
rotation de la Terre n’est
pas perpendiculaire au
plan de l’écliptique (voir
gure 1).
[10] Suzel Fuzeau-Braesch,
Hervé Delboy : Comment
démontrer l’astrologie,
Expérimentations et
approches théoriques, Albin
Michel, collection « Aux
marches de la science »,
1999.
[11] Logiciel ASTROLOG
5.41 de W.D. Pullen.
une telle inversion. Donnons-en un exemple.
D’après la liste de SFB, Guillaume et Vincent sont
nés le 27 septembre 1985 respectivement à 10h20 et
10h40 (heures légales) en un lieu situé à 49°27’ de
latitude Nord et 1°4’ de longitude Est [12].
Après avoir dressé les thèmes des jumeaux (Figures
2 et 3), nous pouvons en tirer les informations
suivantes :
La présence de Pluton près de l’ascendant : à
3°06’ pour Guillaume et à 1°19’ pour Vincent. Selon le
critère de SFB, Vincent est plus marqué par la planète
Pluton (subconscient, marginalité) que son frère : « ...
nous décidons que celui dont une planète est plus
proche de l’angle sera considéré comme ayant un
comportement, une personnalité plus fortement typée
par cette planète » (p. 112).
La présence de Jupiter près du « fond de ciel ».
Nous n’insisterons pas ici car « les planètes proches
du nadir (culmination inférieure) ne sont pas prises en
compte en raison des faibles corrélations trouvées »
(p. 120).
Si l’on consulte les éphémérides de la planète Pluton
pour le 27 septembre 1985, on constate que la pla-
nète s’est levée ce jour-là à 9h 46min, soit 34 minutes
avant la naissance de Guillaume, et 44 minutes avant
celle de Vincent. C’est donc bien Guillaume, et non
Vincent, qui, au moment de sa naissance, ressentirait
le plus « l’inuence de la planète qui se lève ».
Considérer l’angle avec l’AS (respectivement MC ou
DS) n’est donc pas équivalent à observer la planète
en son lever (respectivement culmination ou coucher).
Cela provient tout simplement de l’oubli d’une coordon-
née, la latitude écliptique qui n’apparaît pas lorsque
l’on examine les angles sur la carte du ciel purement
« zodiacale ». Ce cas d’inversion est particulièrement
instructif. La planète Pluton est préférentiellement im-
pliquée dans ce phénomène d’inversion, en raison de
la forte inclinaison de son orbite par rapport au plan de
l’écliptique qui lui autorise des latitudes écliptiques im-
portantes. À noter que la Lune et les autres planètes
peuvent être également en cause. L’annexe 2 résume
le nombre d’inversions rencontrées dans l’échantillon
de SFB pour chaque planète.
Suzel Fuzeau-Braesch confond planète « proche »
de son lever et planète « proche » de l’ascendant.
D’ailleurs cette notion de proximité n’est pas rigoureu-
sement dénie : quand considère-t-on qu’une planète
est « proche » de l’angle en question ? Quelle est la
marge d’erreur en jeu, nommé orbe en astrologie ?
L’orbe n’est pas précisée, bien que sa dénition
soit donnée en glossaire : « Une approximation de
quelques degrés est conventionnellement tolérée : on
appelle cette dernière l’orbe. » (p. 219).
Il apparaît donc que les conclusions de SFB s’ap-
puient sur un positionnement trop approximatif des
planètes, et que dans un certain nombre de cas loin
d’être négligeable, les caractéristiques psychologi-
ques attribuées au jumeaux sont inversées. Dans
l’exemple précis que nous venons de donner, nous
nous garderons de conclure : supposons que la ré-
ponse donnée par la famille de Guillaume et Vincent
soit dans ce cas « inverse ». Il serait alors possible
de transformer cette réponse inverse en succès? à
condition d’effectuer la même correction pour tous
les autres cas [13]. SFB n’a malheureusement pas
précisé dans la liste publiée si la réponse de chaque
famille est « juste », « inverse », ou « nulle ».
L’étude, telle qu’elle est présentée, n’a donc aucune
valeur scientique.
Thème de Guillaume, né le 27/9/1985 à 10h20 (heure
légale) par 49°27’N - 1°04’ E
Figure 3 : Thème de Vincent, né le 27/9/1985 à 10h40
(heure légale) par 49°27’N - 1°04’ E
Longitude écliptique 183° 29 ‘
Latitude écliptique 16° 10 ‘
Lever (heure légale) à la
date et au lieu considéré 9h 46min
Tableau 2 : Éphémérides de Pluton pour le 27/9/1985
(49°27’N - 1°04’E).
Guillaume Vincent
Heure légale de naissance 10h 20mn 10h 30mn
Longitude écliptique AS 180° 22’ 182°10’
Écart en longitude AS-
pluton (angularité) 3°06’ 1°19’
Écart temporel avec le
lever réel de Pluton 0h 34mn 0 h 44mn
Hauteur sur l’horizon 5°30’ 7°06’
Tableau 3 : Données concernant Pluton dans les thèmes de
Guillaume et Vincent. La naissance de Guillaume a lieu lorsque
cette planète est plus proche de l’horizon. À l’inverse, Pluton est
plus proche de l’ascendant (AS) dans le thème de Vincent car
la latitude écliptique n’a pas été prise en compte. Les données
astronomiques peuvent varier selon les différents paramètres
pris en compte pour l’observateur local : altitude, réfraction
atmosphérique, etc. L’essentiel est ici de vérier que l’angularité
ne permet de tirer une conclusion valable quant à la hauteur d’un
astre sur l’horizon.
[12] La ville de Rouen.
[13] Dans le cas le plus
favorable à SFB, les 36
inversions ont lieu de
« inverse » à « juste », le
nombre de réponses justes
passe à 189 et celui de
réponses inverses à 29.
À l’opposé, dans le cas le
plus défavorable, le nombre
de réponses justes passe
à 117 et le nombre de
réponses inverses à 101,
proportion qui n’est plus du
tout signicative.
Deuxième méthode : les signes à l’ascendant
Il se peut qu’aucune planète ne soit « proche des
angles » dans les cartes du ciel des jumeaux. SFB
doit alors recourir à une deuxième méthode. Celle-
ci fait appel au(x) signe(s) du zodiaque en ascendant,
en remplacement des planètes. Les caractéristiques
psychologiques visées par cette méthode liées au de-
gré d’introversion ou d’extraversion attribuée au signe
solaire* dans des travaux statistiques antérieurs, ainsi
que les caractères attribués par la tradition : « Ainsi,
si les deux moments de naissance des jumeaux sont
tels que leur ascendant change de signe, l’interpré-
tation est évidente : « plus expansif » et « moins ex-
pansif » pour, respectivement, le signe pair et le signe
impair, en y ajoutant éventuellement la valeur tradi-
tionnelle astrologique des deux signes. » (p. 121).
Lorsque le signe en ascendant ne change pas en-
tre les deux naissances, ce qui constitue le cas le plus
fréquent, la règle mise en oeuvre relève quant à elle
de l’innovation : « Par exemple, deux jumeaux dont
les Ascendants sont respectivement à 16° et 22° du
signe des Gémeaux seront, le premier « plus mobile,
plus expansif » (= signe des Gémeaux) et le second «
moins expansif, plus attaché à la mère » (= signe du
Cancer). » (p. 121).
Nous ne chercherons pas ici à développer plus
avant la logique de cette méthode et les incohéren-
ces qu’elle peut entraîner (voir gure 4). Nous préfé-
rons examiner les conclusions que l’on peut tirer des
résultats obtenus.
Les travaux antérieurs concernant le degré
d’introversion/extraversion ont pour base le signe so-
laire. Or, SFB adapte et étend ces résultats au signe
en ascendant. Si le signe solaire possède une inter-
prétation astronomique évidente, liée à la saison de
naissance, autrement dit la position de la Terre autour
du Soleil par rapport aux équinoxes, l’auteur ne dit mot
sur la réalité qu’elle attribue au signe ascendant. Elle
précise : « L’écliptique de la sphère céleste est divi-
sée en 12 signes zodiacaux de 30° chacun à partir du
point vernal correspondant à l’équinoxe de printemps
(21 mars). Il s’agit du zodiaque dit « tropique » per-
mettant le positionnement de la Terre sur son orbite
autour du Soleil ; ce zodiaque n’est pas en relation
avec les étoiles dites « xes »... » (p. 112).
Plus loin dans son ouvrage, SFB insiste : « Cela si-
gnie que le 20-21 mars, le Soleil vu de la Terre est
situé, par convention, à l’entrée du signe du Bélier. Le
zodiaque tropique n’est ainsi rien d’autre qu’une bon-
ne façon de positionner la Terre sur son orbite autour
du Soleil. » (p. 187).
Pour conclure, selon SFB, le zodiaque tropique* est
« en somme « une astuce pratique » permettant de
repérer la position de la Terre sur son orbite autour du
Soleil ? » (p. 187).
Ce qui est visiblement en contradiction avec une
remarque faite à propos de l’étude sur les jumeaux :
« Nos rédactions de formules psychologiques ne pren-
nent jamais en compte le signe solaire. » (p. 135).
Si le zodiaque n’est qu’une astuce, une convention
destinée uniquement à repérer la position de la Ter-
re autour du Soleil, pourquoi le considérer ici dans le
mouvement diurne de la Terre (lever, culmination, cou-
cher) et en aucun cas dans son trajet annuel autour
du Soleil ?
À quoi correspond le signe en ascendant ? En
d’autres termes, quelle est la réalité d’un secteur con-
ventionnel de 30° qui se lève, culmine ou se couche ?
Un signe n’est pas un astre ni même un regroupe-
ment d’astres, puisqu’il n’a « rien à voir avec les étoi-
les xes » [14] (p. 189).
SFB se déclare en faveur d’une explication causale
et physique de l’astrologie : « Il n’y a que deux attitu-
des fondamentales possibles : l’occultisme ou l’objec-
tivité scientique » (p. 189). Si l’on adopte a priori un
point de vue « causaliste » et scientique, on devrait
être très surpris qu’un signe, un casier vide conven-
tionnel dépourvu de réalité physique (ni étoile ni pla-
nète), possède la même « pouvoir » qu’un astre réel.
Se pourrait-il que le lever d’une planète - autrement dit
un astre - produise le même effet qu’une signe abstrait
- autrement dit rien du tout ?
À propos de la différence entre les deux méthodes
(planètes et signes), SFB commence par poser la
question : « Les réponses justes ne sont-elles pas le
fait de l’une ou de l’autre de ces méthodes ? Voilà une
question indispensable à étudier. » (p. 131).
Figure 4 : Lorsqu’il n’y a aucune planète proche de l’ascendant, du milieu de ciel ou du descendant, Suzel Fuzeau-Braesh utilise les
signes du zodiaque. Dans le cas le plus probable, les deux ascendants sont situés dans le même signe. Pour départager les deux
jumeaux sur le plan psychologique, SFB tient compte du signe voisin. Ainsi, dans cet exemple, le premier né, avec son ascendant à 5° de
la Vierge, est plus « Lion » que son frère, dont l’ascendant est à 6° de la Vierge. Paradoxe : ce dernier, typé « Vierge » serait considéré
comme plus « Lion » si son frère était né à 15° de la Vierge... Il convient également de remarquer qu’aucun astre n’est ici pris en compte,
le signe étant « vide ». Censé uniquement servir de repère pour les positions des planètes, de la Lune et du Soleil, les signes du zodia-
que, secteurs ctifs de 30° chacun, sont ici utilisés individuellement comme s’ils étaient des astres. Précisons enn que dans le cadre de
l’astrologie sidérale* (écartée par l’auteur), ce sont les étoiles de la constellation du Lion qui se lèvent sur l’horizon aux naissances des
deux jumeaux, alors que ces derniers ont leur ascendant dans le signe de la Vierge.
[14] Les constellations
d’étoiles xes ne
correspondent plus aux
signes du zodiaque à
cause du phénomène de
précession des équinoxes.
Conscient de ce décalage,
Ptolémée, lorsqu’il codia
l’astrologie, t commencer
l’origine du zodiaque
tropique à l’équinoxe de
printemps, et rattacha les
caractéristiques de ce
zodiaque ctif aux saisons.
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