
Observatoire de la Transition Démocratique 
 
 
entre le Politique et la Religion. D’un côté, l’Etat gère l’Islam dans l’espace 
public (organisation de l’enseignement et du culte), d’un autre côté, l’Islam 
influence certains aspects du système politique (l’exigence par exemple que 
le chef de l’Etat soit d’obédience musulmane).     
Toutefois  au-delà  de  ces  aspects,  force  est  de  constater  que  pour  le  cas 
tunisien, la place du religieux dans l’édification des institutions juridiques et 
politiques fut très tôt neutralisée. Cette assertion trouve consolidation,  tout 
d’abord, sur le terrain de l’organisation du pouvoir qui s’est faite selon les 
paradigmes  du  constitutionnalisme  occidental  tournés  vers  l’idée  centrale 
de  limitation  du  pouvoir.  Cette  conception  se  traduit  notamment  par 
l’exaltation de l’idée de souveraineté populaire, l’affirmation du principe de 
séparation  des  pouvoirs  et  la  proclamation  des  libertés  publiques.  Par 
ailleurs, le législateur tunisien ne s’est jamais obligé à aligner la loi sur les 
principes  de  la  Sharia;  de  même,  le  Conseil  constitutionnel  n’a  jamais 
contrôlé, de manière frontale, l’islamité des lois.  
Certes, certains juges ont vu dans l’article premier, un visa ouvrant la voie à 
l’interprétation  de  certains  textes,  notamment  ceux  du  Code  du  statut 
personnel, par référence au droit musulman classique. Néanmoins, une telle 
lecture ne demeure pas moins contestable dans la mesure où elle se trouve 
en  porte-à-  faux  avec  le  caractère  national  de  ce  Code  ainsi  que    les 
principes d’égalité et de liberté de conscience qui coiffent l’ordre juridique 
tunisien.    
Si  l’on  se  place  dans  la  perspective  qu’il  faut  maintenir  cet  article  dans  la 
dimension  symbolique  qui  lui  a  été  attribuée  successivement  par  les 
régimes  de  Bourguiba  et  Ben  Ali  et  qu’il  faut,    en  parallèle,  maintenir  la 
perspective  de  laïcisation  du  droit,  on  ne  peut  s’empêcher  de  s’interroger 
sur l’utilité d’une telle entreprise.  
Y  a-t-il,  aujourd’hui,  un  besoin  impérieux  56  ans  après  l’accès  du  pays  à 
l’indépendance,    de  faire  pareille  déclaration  identitaire ?  Avons-nous 
encore besoin de nous rassurer ?  Pourquoi s’obstiner à se représenter  au 
regard  d’une  seule  strate  identitaire  au  mépris  des  autres  éléments 
constitutifs  de  notre  identité ?  N’est-ce  pas  oublier que  l’identité n’est pas 
un  état  mais  plutôt    un  processus.  « Elle  n’est  pas  une  essence,  mais  une 
donnée historique qui se construit, se déconstruit et se reconstruit au gré des 
conjonctures  économiques  et  sociales,  locales  ou  régionales »  (Sélim  Abou,  
De  l’identité  et  du  sens,  La  mondialisation  de  l’angoisse  identitaire  et  sa 
signification plurielle Perrin/PUSJ 2009). Notre identité arabo-musulmane, 
à la supposer exclusive est-elle vraiment menacée dans son existence si on 
venait à omettre ce genre de mention?  
Autant  d’interrogations  qui  fissurent  le  mur  de  certitudes  des  adeptes  de 
cette  position.  L’Etat  civil  invoqué  est  certainement  viable  sans  cet  effet 
d’annonce qui interpelle  un  référent religieux.  Partant du principe  que les