Résumés des conférences 113
de l’architecture urbaine italienne. Il était intéressant, à cet égard, de suivre cette évo-
lution dans le Nord de la Gaule et d’évaluer la création des enceintes urbaines qu’on
connaît dans le contexte du développement local des rares villes qui ont reçu ce pri-
vilège de rempart : outre Autun, déjà cité, c’est le cas de Reims, mais on n’y restitue
qu’un mur de terre, jamais pétrié ; la colonie romaine d’Augst, fondée de facto vers
15 avant notre ère, n’a pas reçu de rempart avant l’époque avienne, à la différence
des villes de même statut civique dans le Midi, peut-être même après Avenches, qui
ne devint pourtant colonie (romaine ?) que sous Vespasien. À Cologne, l’enceinte en
pierre n’a pas été édiée avant la n du ier siècle, malgré la fondation claudienne de
la ville, si l’on en croit les fouilles les plus récentes. Celle de Xanten n’est que de peu
postérieure, contemporaine cette fois de la déduction coloniale, sous Trajan. Celle de
Trèves, enn, est implantée sur des tombes du milieu du second siècle de notre ère,
mais on a du mal à relier cette modication majeure du paysage urbain à un événement
particulier dans l’histoire de la ville et à sa promotion comme capitale de la Belgique,
dont le moment n’est pas déterminé. Il était en même temps intéressant de comparer
ces différents cas avec celui de Toulouse, où des fouilles récentes ont permis de dater
l’enceinte vers 30 de notre ère, alors que la ville n’a jamais dépassé le rang de colonie
latine. Il n’y a pas, en conséquence, de lien chronologique et automatique entre statut
municipal et rempart urbain, même si on constate que le droit accordé à certaines
villes, fort rares au demeurant, ne concerne jamais les cités pérégrines.
Une troisième partie de la conférence a été consacrée à l’occupation militaire de la
Comata. Après un certain nombre de rappels généraux sur les techniques de la castra-
métation romaine, on s’est posé la question complexe des camps de la période césaro-
augustéenne en Gaule, qui fait débat depuis le début du xxe siècle. La plupart des camps
généralement cités dans la littérature ancienne (Arlaines, Aulnay, Mirebeau…) sont
en effet nettement postérieurs à l’époque de la conquête, comme différentes fouilles,
notamment celles du directeur d’étude, l’ont montré. On ne connaît guère, en effet,
de complexes militaires archéologiquement datés de la seconde moitié du ier siècle
avant notre ère en Gaule intérieure (M. Reddé, R. Brulet, R. Fellmann, J. K. Haalebos
et S. von Schnurbein [éd.], L’architecture de la Gaule romaine, I. Les fortications
militaires, Bordeaux, Ausonius, 2006 [DAF 100]). C’est donc par d’autres biais qu’il
faut essayer d’identier les premières occupations de l’armée romaine. Sur ce point, le
colloque organisé à Bibracte sur les militaria césariens, a beaucoup fait progresser la
recherche (cf. M. Poux [dir.], Sur les traces de César. Militaria tardo-républicains en
contexte gaulois. Actes de la table ronde du 17 octobre 2002, Glux-en-Glenne – F.58,
Bibracte 14, 2008). Il a en effet permis de donner une plus grande crédibilité à l’hypo-
thèse, formulée depuis longtemps mais jamais vraiment démontrée, d’une occupation
des oppida celtiques par des unités réduites dans la période qui a suivi la conquête.
On peut en retrouver les traces dans d’assez nombreux cas, dont les plus connus sont
sans doute ceux de la Chaussée-Tirancourt (peut-être la Samarobriva de César) ou de
Liercourt-Érondelle, en Picardie, le Titelberg, au Luxembourg, l’oppidum postérieur
à la conquête de Windisch, en Suisse, celui de Bâle-Cathédrale, sans doute aussi celui
de Boviolles, en Lorraine. Cette liste n’est pas limitative. Elle doit être confrontée
avec la carte des tombes à armes trouvées en Gaule romaine, et dont les plus récentes
datent de l’époque de Caligula, signe d’un indubitable mélange de traditions militaires