Installer

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Technique & Pratique
Collection dirigée par Emmanuel Cornet et Alexandre Hérault
Installer
Linux
2e édition
Sébastien Desreux
Consultant en architecture des systèmes d’information
Docteur en informatique
Ancien élève de l’École Normale Supérieure
Emmanuel Cornet
Élève de l’École Normale Supérieure
Étudiant en troisième cycle d’informatique
Avant-propos
Vous méritez ce qui se fait de mieux ! Linux est solide
comme un roc, totalement à l’abri des virus et compatible
avec Windows. Vous qui vous débattez dans les affres des
bugs, des failles de sécurité et des plantages de produits de
qualité inférieure, venez goûter Linux. C’est gratuit.
Ce livre vous guidera pas à pas dans la découverte de Linux, qui envahit déjà toutes les échelles de l’informatique, du
gadget au super-calculateur. Vous apprendrez notamment :
– pourquoi le « logiciel libre », dont est issu Linux, est en
train de révolutionner l’informatique ;
– comment essayer Linux sur votre ordinateur sans avoir
besoin de l’installer (!) et sans toucher à Windows ;
– comment vous procurer Linux par Internet ;
– quels sont les trois principes qui gouvernent l’installation de Linux ;
– comment installer Linux Mandriva ainsi que Linux Debian/Ubuntu – toutes les étapes sont illustrées par des
photos prises en situation réelle.
Aucune connaissance préalable de Linux n’est requise.
Linux va changer votre rapport à l’ordinateur, qui deviendra enfin l’outil fiable et puissant dont vous avez besoin. Nous
vous exposerons les mouvements de fond qui expliquent ce
progrès radical, ainsi que les quelques concepts théoriques qui
vous seront indispensables pour bien évaluer les enjeux techniques. Mais l’objectif est avant tout pratique : vous donner
les moyens de disposer rapidement de la puissance de Linux
sur votre ordinateur.
4
Avant-propos
Nous vous invitons à utiliser dès le début de votre lecture
le glossaire situé page 115. Il présente plus de 50 termes qui
vous permettront de vous familiariser sans peine avec le vocabulaire. Lorsque nous rencontrerons un nouveau terme, au
fil de l’ouvrage, sa présence dans le glossaire sera signalée par
des petites capitales.
Ce livre est divisé en chapitres de difficulté progressive.
Nous vous présenterons d’abord le contexte qui a donné naissance à Linux et qui explique ses nombreux atouts. Nous vous
montrerons ensuite comment essayer Linux sans engagement,
c’est-à-dire sans rien installer sur votre disque dur, sans
rien changer à Windows. Nous vous guiderons ensuite dans
le choix d’une distribution et nous détaillerons les aspects
théoriques de l’installation, que nous mettrons en pratique en
installant successivement et complètement les distributions
Mandriva et Debian/Ubuntu.
Nous espérons que vous aurez autant de plaisir à lire cet
ouvrage que nous en avons eu à l’écrire ; nous savons qu’il
vous sera utile en pratique. Vos critiques comme vos éloges
nous aideront à l’améliorer encore : vous pouvez en faire part
à l’éditeur, à l’adresse
[email protected]
Si vous rencontrez ce que vous estimez être une erreur ou
une imprécision gênante dans l’ouvrage, nous vous serions
reconnaissants de nous en faire part également.
Bonne lecture et bon amusement !
Les auteurs
Préface à la deuxième édition
La place de Linux s’est affirmée dans le paysage informatique depuis la première édition de cet ouvrage, fin 2003.
Du côté des serveurs d’abord : tous les constructeurs proposent désormais Linux en standard sur leur matériel, notamment IBM, HP et même Sun. Cette convergence permet
d’entrevoir la fin des « guerres d’Unix » qui avaient tant nui
à l’informatique dans les années 1980 et 1990, durant lesquelles chaque constructeur tentait de se démarquer en introduisant des fonctionnalités incompatibles avec celles de
ses concurrents. Le soutien apporté par IBM est particulièrement ferme : l’entreprise a notamment offert à la communauté
Linux plusieurs programmes importants et le droit d’utiliser
ses technologies brevetées. C’est un apport technique, mais
aussi un élément dissuasif qui devrait prévenir d’éventuels
procès liés aux brevets logiciels. Par ailleurs, Novell a racheté
la distribution Suse, et Oracle a beaucoup investi dans le support de Linux pour ses produits. La progression de Linux dans
la grosse informatique en fait un acteur incontournable.
À l’autre extrême des matériels, Linux progresse dans
les appareils qui tiennent dans la main, notamment les téléphones et les assistants personnels (PDA). Nokia a créé un
appareil fonctionnant sous Linux (Debian) et, comme IBM,
a offert à la communauté le droit d’utiliser ses technologies
brevetées. Palm aussi s’oriente résolument vers des appareils
sous Linux. Ces développements récents ont été rendus possibles par l’extraordinaire modularité du noyau de Linux.
Les distributions ont elles aussi fait beaucoup de progrès
techniques en dix-huit mois ; elles sont de plus en plus stables
et faciles à utiliser. Les procédures d’installation se sont simplifiées et le matériel est mieux reconnu. On attend beaucoup
6
Préface à la deuxième édition
de la fusion récente de Mandrake et Connectiva (pour donner Mandriva), qui devrait permettre d’allier la facilité de
la première aux technologies originales de la seconde. Fedora
Core se stabilise peu à peu et Red Hat montre de nouveau
des signes d’intérêt pour cette distribution. Chez Debian, la
situation est plus contrastée : si le système est toujours techniquement excellent, de graves problèmes d’organisation ont
retardé la création de la nouvelle version. Une distribution
fondée sur Debian, plutôt récente mais déjà très aboutie, monopolise l’attention depuis quelques mois : Ubuntu, qui sera
présentée dans le chapitre 6.
Sur le PC, la progression de Linux est lente, pour des raisons de compatibilité. Pour l’instant on le trouve surtout dans
le bas de gamme (la grande distribution propose des ordinateurs sous Linux à prix cassé), mais des constructeurs bien
établis commencent à le proposer sur leur matériel standard :
ainsi, HP proposera fin 2005 des portables sous Ubuntu. Aux
États-Unis, ce sont les distributions Xandros et Linspire qui
sont préinstallées sur les PC bon marché.
Plusieurs logiciels gratuits et libres très importants, qui
existaient déjà sous Linux, sont désormais disponibles aussi
sous Windows, notamment Firefox (navigateur web), Thunderbird (pour le courrier électronique) et surtout OpenOffice
(suite bureautique compatible avec la suite Office de Microsoft). Un nombre croissant d’administrations utilisent ces logiciels libres, à la fois pour des raisons de coût et pour conserver la maîtrise de leurs données dans un format ouvert. Outre
les cas médiatisés en Amérique latine et en Extrême-Orient,
la France s’y met : début 2006, tous les documents produits
par la gendarmerie (soit 1 500 000 par an) seront au format
OpenOffice.
Ouverture des formats, qualité, compatibilité, sécurité :
les logiciels libres progressent par leurs mérites plus que par
leur gratuité. La vague monte lentement, mais rien ne semble
pouvoir l’arrêter.
Table des matières
Avant-propos
3
Préface à la deuxième édition
5
1 Pourquoi choisir Linux ?
11
Microsoft et vous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Unix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Naissance de Linux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Le logiciel libre et la GPL . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Les apports de l’open source . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Linux sans le savoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Linux et le PC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
Linux à la maison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Gérer la transition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Plan de cet ouvrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2 Essayez Linux sans l’installer !
27
2.1 Comment ça marche ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2 Récupérer Knoppix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.3 Démarrage de Knoppix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.4 Visite guidée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
a. Premières impressions . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
b. Le menu K . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
c. OpenOffice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
d. Internet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
2.5 Sauvegarder les paramètres . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.6 Quitter Knoppix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
2.7 Usages avancés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
8
Table des matières
3 Quelle distribution choisir ?
45
3.1 Y a-t-il un « vrai » Linux ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.2 Les distributions commerciales . . . . . . . . . . . . . . 46
a. Red Hat et Suse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
b. Mandriva . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
c. Lycoris, Linspire et Xandros . . . . . . . . . . . . 48
3.3 La distribution Debian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
3.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
4 Principe de l’installation
53
4.1 Préparation du disque dur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
a. Le contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
b. Les partitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
c. Réalisation pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
d. Coexistence pacifique de Windows et de
Linux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
4.2 Conventions sur les noms . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
a. Les partitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
b. L’arborescence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.3 Privilèges et limitations des utilisateurs . . . . . . 65
5 Installation de Linux Mandriva
69
5.1 Installation du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
a. Démarrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
b. Paramètres de sécurité . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
c. Partitionnement du disque . . . . . . . . . . . . . 73
d. Choix des logiciels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
5.2 Configuration du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
a. Les utilisateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
b. Lilo/Grub . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
c. Récapitulatif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
5.3 Premier démarrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
6 Installation de Linux Debian/Ubuntu
87
6.1 Pourquoi choisir Debian ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
6.2 Pourquoi choisir Ubuntu ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Table des matières
6.3
6.4
6.5
9
Méthodes d’installation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Installation du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
a. Le réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
b. Les partitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
c. Fin de la configuration . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
Découverte d’Ubuntu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
7 Où trouver de l’aide
111
Glossaire
115
Chapitre 1
Pourquoi choisir Linux ?
Si les gens savaient ce qui se passe,
ils feraient la révolution.
Cette affirmation d’un député américain, fin connaisseur
des lobbies de Washington, ne risque pas de se réaliser : nous
ne saurons jamais ce qui se passe dans les cercles fermés du
pouvoir politique. En revanche, il est déjà de notoriété publique que l’outil roi de notre époque, l’ordinateur, souffre de
graves défauts.
Vous avez sans doute remarqué que votre PC sous Windows semble doué d’une vie propre : lorsque vous lui donnez
un ordre précis, il arrive que cela ne fonctionne pas, alors que
cela marchait hier. Quand vous réessayez tout de suite après,
cela ne fonctionne pas non plus, mais cela marchera peut-être
la fois suivante, ou au prochain redémarrage, ou au suivant :
allez savoir pourquoi. Qui pourrait dire pour quelle raison
votre programme favori a parfois des comportements inattendus et difficilement reproductibles, pourquoi l’ordinateur
refuse parfois de s’éteindre et pourquoi des programmes basiques font de temps à autre des opérations interdites ? Pourquoi votre ordinateur est-il de plus en plus lent et de moins
en moins digne de confiance à mesure que les mois passent ?
Où est passé ce fichier sur lequel vous veniez de travailler
pendant plusieurs heures ?
Peut-être connaissez-vous l’une des millions de personnes
dont l’ordinateur sous Windows est victime d’un virus chaque
année ? A-t-elle perdu ses données les plus précieuses ou
a-t-elle « seulement » transmis cette maladie à tout son carnet d’adresses électroniques ? Savez-vous que des programmes
12
Ch. 1 – Pourquoi choisir Linux ?
existent et sont librement disponibles sur Internet pour pirater Windows clefs en main, sans aucune connaissance préalable ?
Ne faites pas trop de reproches aux victimes : même les
spécialistes avisés sont de temps à autre impuissants face à un
virus ou à un piratage de leur ordinateur Windows, en dépit
de multiples (et onéreux) logiciels de protection fréquemment
mis à jour. Microsoft estime que la probabilité que ses propres
données sensibles soient piratées est « entre moyenne et élevée ».
La vie avec Windows s’accompagne à l’occasion d’opérations de maintenance lourde : nettoyage de la base de registres, défragmentation du disque dur ou encore réinstallation du système. On aimerait vous faire croire que c’est un
peu de votre faute, que vous avez commis des erreurs ; vous
pensez probablement qu’il s’agit là d’une fatalité, d’un défaut
inhérent à l’ordinateur.
Il n’en est rien. Tout cela n’est que le fruit des défauts
de conception de Windows, de même que la vulnérabilité aux
virus et aux pirates. C’est ainsi : Windows est un produit de
qualité inférieure et tous vos efforts ne peuvent que retarder
les ennuis, pas les éviter.
Microsoft et vous
Microsoft est l’une des entreprises les plus riches au monde, elle emploie des gens compétents, son design est très
réussi, ses outils couvrent avec succès un très large éventail de
besoins et sa domination des PC est quasi totale. Cependant,
depuis plus de vingt ans qu’elle existe, ses produits grand public ont toujours été techniquement médiocres et ils ne s’améliorent guère. Comment est-ce possible ?
Microsoft est dans une position délicate. Son atout maître
est l’ubiquité, la permanence, la compatibilité : on utilise
Windows parce que l’on peut échanger des données avec tout
le monde et réutiliser telles quelles (en théorie du moins...) les
données produites dans les anciennes versions de Windows.
Microsoft et vous
13
Qui voudrait d’un nouveau Windows qui ne respecterait pas
ces principes fondamentaux ? La compatibilité a un prix :
on ne peut pas faire table rase du passé. Hélas, certains des
principes sur lesquels reposent les systèmes Windows grand
public ne méritent qu’un coup de Baygon.
Microsoft ne s’y est pas trompé : lorsqu’elle s’est attaquée au marché des grands serveurs, aucune entreprise n’a
voulu troquer Unix contre le DOS, même à un prix cent fois
inférieur. Elle a donc construit un nouveau système sur des
bases entièrement différentes et cela a donné la famille des
Windows NT, puis Windows 2000 et 2003. Ces systèmes professionnels sont considérablement meilleurs que les versions
grand public, mais ils sont incompatibles avec ces dernières.
Microsoft semble incapable de faire converger ces deux familles de systèmes d’exploitation pour en proposer une
version unifiée : le projet était annoncé pour l’an 2000, puis
pour 2003, pour 2005 et maintenant pour 20071 .
Comment en est-on arrivé à cette situation aberrante ?
Au début des années 1980, ce que l’on appelait un ordinateur était une machine énorme, pouvant occuper plusieurs
étages d’un bâtiment. Le marché des mini-ordinateurs, qui
occupaient une pièce seulement, était en plein essor auprès
des grandes entreprises. Mais aucun particulier ne possédait
une telle machine. Un marché potentiellement vaste échappait ainsi à IBM, qui inventa alors le micro-ordinateur2, de
la taille d’une valise, baptisé Personal Computer 3 : le PC.
Le PC était à l’origine un matériel très bas de gamme
et bon marché ; mais le matériel n’est que la moitié de l’histoire : il ne sait rien faire sans un système d’exploitation (OS4 )
qui lui donne des ordres précis. Plusieurs bons OS existaient
1. L’information vient de Microsoft :
www.microsoft.com/windowsserver2003/evaluation/overview/roadmap.mspx
2. Des micro-ordinateurs comme l’Altaïr 8800 existaient déjà mais ce
n’étaient pas des PC, dont les spécifications ouvertes ont été conçues
par IBM.
3. « Ordinateur personnel ».
4. Pour Operating System.
14
Ch. 1 – Pourquoi choisir Linux ?
mais ils coûtaient très cher, bien plus cher que le matériel luimême. IBM chargea Microsoft, jeune entreprise spécialisée
dans le développement de compilateurs, de lui fournir rapidement un système d’exploitation. Pour remplir ce contrat, Microsoft racheta5 un système d’exploitation baptisé QDOS, le
Quick and Dirty Operating System, « Système d’exploitation
vite fait, mal fait »6 qu’il rebaptisa promptement MS-DOS,
MicroSoft Disk Operating System, « Système d’exploitation
du disque [dur] de Microsoft ». Au lieu de revendre simplement ce système à IBM, Microsoft lui proposa d’en conserver
la propriété et de toucher un prix fixe sur chaque PC vendu.
De la sorte, la force de vente d’IBM permit au DOS de devenir immédiatement le système standard des PC. Lorsque des
entreprises se mirent à créer des clones du PC d’IBM, DOS
était déjà un produit incontournable (et bon marché), si bien
que tous les fabricants prirent des licences chez Microsoft :
une fois le DOS en place, rien ne pouvait l’en déloger, pour
des raisons de compatibilité avec les autres ordinateurs ; la
situation perdure encore aujourd’hui.
Ne croyez pas toutefois que Windows soit là presque par
hasard : Bill Gates, fondateur de Microsoft, est un authentique génie commercial. Tous les moyens ont été utilisés pour
faire de Microsoft l’entreprise qu’elle est aujourd’hui, avec une
force de « persuasion » qui lui vaut d’ailleurs beaucoup de
procès. Microsoft est l’entreprise la plus rentable au monde :
tout compris, ses frais ne représentent que 14 % de son chiffre
d’affaires (contre 98% dans l’industrie automobile) ; ses seules
réserves bancaires (sans parler des avoirs financiers à moyen
et long termes, ni de la valorisation boursière) se montent à
50 milliards de dollars7 , ce qui n’est dépassé que par quelques
banques internationales, et Bill Gates est l’homme le plus
riche du monde.
5. Pour 50 000 $.
6. Il avait été écrit en six semaines et ne contenait que 4 000 lignes de
code – en assembleur.
7. Valeur en 2004.
Unix
15
Ces chiffres hors de toute proportion sont un signe patent
d’une distorsion anormale du marché : Microsoft est en situation de monopole. De nombreuses entreprises ont tenté de s’y
mesurer et tous leurs projets se sont effondrés face à ce constat
élémentaire : nul n’achètera un PC dont le système d’exploitation préinstallé n’est pas 100 % compatible avec Windows.
Même IBM s’y est cassé les dents avec son système OS/2 dans
les années 1990. Et nul ne peut produire un système 100 %
compatible avec Windows car contrairement au PC, ses spécifications ne sont pas ouvertes. Ce cas est prévu par la loi
antitrust américaine, mais le gigantesque procès intenté à Microsoft par des dizaines de plaignants d’envergure s’est heurté
au pouvoir de séduction d’un lobby parfaitement organisé et
financé à Washington.
En résumé, il est structurellement impossible de construire
un bon système d’exploitation fondé sur les inepties héritées
du DOS, Microsoft ne peut commercialement pas se passer de
la compatibilité pour ses systèmes grand public, les pratiques
de Microsoft empêchent toute entreprise de la concurrencer à
la loyale et le pouvoir des lobbies est visiblement trop important pour que la loi soit appliquée.
Sommes-nous condamnés ?
Unix
Windows a capturé le marché des ordinateurs personnels
en l’envahissant dès sa création. En revanche, il n’a jamais
réussi à pénétrer de manière convaincante dans l’univers des
serveurs, ce que l’on appelle aujourd’hui la « grosse informatique ». Les ordinateurs qui gèrent les applications critiques des entreprises moyennes et grandes utilisent, aujourd’hui comme hier, le système Unix, qui est beaucoup plus
cher que les versions professionnelles de Windows mais considérablement meilleur : il est stable8 , fiable, sécurisé et facile
8. Un serveur Unix est conçu pour fonctionner 24h/24h pendant plusieurs années sans jamais devoir redémarrer.
16
Ch. 1 – Pourquoi choisir Linux ?
à administrer. Unix est partout : il effectue vos transactions
lorsque vous payez par carte bleue, il suit de près les stocks
de votre supermarché, il réserve vos billets d’avion, il réalise
les effets spéciaux des films, etc.
L’histoire d’Unix a commencé dans les années 1970 en réponse aux insuffisances des systèmes d’exploitation de l’époque. Le projet reçut dès l’origine le soutien de spécialistes
du meilleur niveau, qui conçurent ses principes fondateurs.
Ceux-ci n’ont guère changé en trente ans, pas plus que le
principe constitutif des ordinateurs (rôles du processeur, de
la mémoire, etc.) n’a changé en cinquante ans : ils n’en ont
plus besoin, même si les améliorations techniques sont permanentes.
En quelques années seulement, Unix devint l’unique système d’exploitation des serveurs haut de gamme, remplaçant
tous les autres. Son point faible majeur était et reste aujourd’hui commercial : à partir des spécifications ouvertes publiées par l’Université de Berkeley, chaque grand constructeur
(IBM, HP, Sun, etc.) développa sa propre version (AIX, HPUX, Solaris, etc.), supposée supérieure aux autres et conçue
spécifiquement pour le matériel du constructeur. Cette fragmentation empêcha les constructeurs d’adopter un front commun face au système bon marché de Microsoft, appuyé sur
des serveurs Intel eux aussi bon marché ; Microsoft aurait probablement conquis ce marché si ses produits avaient été à la
hauteur !
Naissance de Linux
La programmation a quelque chose de fascinant pour l’initié : on n’y est limité que par son propre talent et par le temps
que l’on peut y consacrer ; la machine n’offre aucune résistance, les possibilités sont infinies. Lorsque l’on a acquis une
certaine familiarité avec la technique, programmer devient
un acte essentiellement créatif. Écrire un programme, c’est
mettre en forme un ensemble d’idées ; lire un programme,
Le logiciel libre et la GPL
17
c’est rencontrer son auteur. C’est pourquoi l’informatique
peut engendrer chez certaines personnes, sensibles à cette harmonie, des réactions passionnelles ; passer d’un système Unix
au travail à une machine non-Unix à la maison était pour
elles une frustration insupportable : une prison pour l’esprit.
Mais une machine sous Unix coûtait bien trop cher pour un
particulier.
Cette situation dura jusqu’au tout début des années 1990,
lorsque deux facteurs nouveaux apparurent : d’une part, le PC
s’imposa comme l’architecture de référence pour les ordinateurs personnels, de sorte que beaucoup d’utilisateurs professionnels d’Unix s’en équipèrent pour leur usage domestique ;
d’autre part, l’avènement d’Internet9 leur permit d’échanger
instantanément des idées et des programmes.
Ce qui ne pouvait pas manquer d’arriver arriva : des informaticiens passionnés et extrêmement compétents, professionnels ou universitaires, constituèrent spontanément une équipe
via Internet pour écrire, sur leur temps libre, une version
d’Unix qu’ils pourraient utiliser sur leurs PC.
Le logiciel libre et la GPL
Cette équipe d’informaticiens, qui compte plusieurs dizaines de milliers de développeurs aujourd’hui, ne se contenta
pas de réécrire Unix et de baptiser cette version Linux, par
un jeu de mots sur « Unix » et le nom de Linus Torvalds
qui initia le projet et écrivit les premières lignes de code10 :
elle adopta massivement le principe du logiciel libre, en
anglais open source, qui fera date dans l’histoire des idées.
Ce point étant crucial pour comprendre Linux, nous détaillons dans ce paragraphe quelques aspects techniques. Un
programme peut toujours prendre deux formes : au départ, il
se présente sous la forme d’un simple fichier texte, lisible et
modifiable par un humain, que l’on appelle le code source ;
9. Internet était déjà largement répandu dans le monde Unix en 1990.
10. Linus participe toujours activement au développement du noyau de
Linux.
18
Ch. 1 – Pourquoi choisir Linux ?
mais ce dernier n’est pas compréhensible par l’ordinateur, qui
ne peut manipuler que des suites de 0 et de 1. Le code source
doit donc être traduit, par un compilateur, en une suite de 0
et de 1, incompréhensible par l’humain (mais très claire pour
le processeur), que l’on appelle un binaire ou un exécutable. Passer du code source au binaire est une opération
relativement simple ; revenir au code source à partir du binaire est impossible en général. Lorsque l’on achète un programme sous forme de binaire, ce qui est toujours le cas dans
le monde Windows, il est impossible de le modifier. La diffusion de binaires sans les codes sources correspondants fige un
logiciel et fait reposer sur une seule personne, ou sur une seule
équipe, la charge de le tenir à jour et de le faire progresser.
Le mouvement open source repose sur trois piliers :
– Il est interdit de distribuer un binaire sans rendre son
code source disponible.
L’immense avantage de ce procédé est qu’il devient possible à toute personne compétente (il y en a suffisamment de par le vaste monde) de relire le code source
pour y détecter les erreurs et l’améliorer.
– Chacun est autorisé à distribuer ses modifications.
Améliorer un programme pour son propre usage est
utile, mais il est infiniment plus utile que tous puissent
en profiter. La grande majorité des utilisateurs de Linux sont incapables de lire eux-mêmes un code source,
encore moins de le modifier, ce qui est parfaitement normal et souhaitable ; néanmoins, tous profitent des améliorations des spécialistes.
– Les deux conditions précédentes sont héritables.
Autrement dit, si l’on diffuse des modifications apportées à un logiciel libre, ces modifications sont automatiquement soumises aux deux règles précédentes11 .
11. Certaines licences libres n’imposent pas cette condition. Pour une
analyse précise de l’open source et de ses enjeux, nous vous suggérons la
Les apports de l’open source
19
Ces conditions, qui sont formalisées dans la licence appelée GPL12 , sont quasi christiques : « Prenez, ceci est mon
travail, faites-en ce que vous voulez mais ne brisez pas la
chaîne. » Linux n’appartient donc à personne, il appartient à
tous ; c’est un don à l’humanité.
Contrairement à ce qu’une lecture rapide pourrait laisser penser, la GPL n’empêche aucunement une entreprise de
commercialiser des logiciels pour Linux, même sous forme de
simples binaires. Tout ce qui lui est demandé, c’est de vendre
son propre travail et non celui des développeurs bénévoles,
ce qui est seulement fair-play : dans ces conditions, son programme n’est pas soumis à la GPL même si le système d’exploitation auquel il s’adresse est protégé par la GPL. Cette
dernière n’interdit d’ailleurs pas de faire commerce du travail des bénévoles, mais sous des conditions plutôt rédhibitoires : le vendeur doit obligatoirement fournir le code source
en même temps que le binaire et tout un chacun est par avance
autorisé à recopier le logiciel autant de fois qu’il le souhaite,
sans distinction d’usage ou de support, et même d’en faire lui
aussi commerce s’il le veut.
Enfin, la GPL ne doit pas être confondue avec les logiciels
en shareware ou freeware, qui sont presque toujours distribués sous forme de simples binaires. Le seul point commun
entre les freewares et les logiciels open source, c’est qu’ils sont
gratuits13 .
Les apports de l’open source
Laissons de côté l’aspect fair-play de la GPL, qui garantit
aux bénévoles que leur travail ne sera pas pillé par une entreprise sans scrupules. Son véritable apport, celui qui est en
lecture de l’ouvrage Logiciels libres, open source, qu’est-ce que c’est ?,
dans la même collection.
12. Pour General Public License.
13. Bien que l’immense majorité des logiciels open source soient gratuits, ce n’est pas obligatoire. Un logiciel open source n’est pas nécessairement gratuit, il peut même être vendu fort cher ; mais s’il est sous
licence GPL, la personne qui l’achète est autorisée à le revendre ensuite.
20
Ch. 1 – Pourquoi choisir Linux ?
train de révolutionner l’informatique, c’est la libre disposition
du code source.
Un programme n’est rien d’autre qu’un ensemble d’idées
mises en forme dans une syntaxe simplifiée. Lorsqu’une équipe
travaille en vase clos sur un logiciel, elle est limitée par sa
taille, sa compétence et sa connaissance d’autres domaines.
Lorsque plusieurs équipes travaillent chacune de son côté, aucune ne peut bénéficier des idées des autres ; il manque à la
fois un regard critique et une ouverture à d’autres perspectives, sans compter que chaque équipe doit résoudre pour son
compte des problèmes qui se posent à toutes les autres en
même temps.
Autrefois, cette manière de procéder résultait d’une contrainte matérielle ; depuis l’avènement d’Internet, les barrières
que la géographie opposait aux idées ont volé en éclats. L’expérience de plus de dix ans de travail en commun, protégé
par la GPL, valide au-delà de toute espérance la pertinence
de ce modèle. Des programmeurs de tous horizons renouvellent et enrichissent perpétuellement les milliers d’équipes
qui écrivent des logiciels open source, en prenant sur leur
temps libre pour offrir leur travail. Ils se relisent les uns les
autres, accueillent des suggestions venues de personnes qu’ils
n’ont jamais rencontrées, reçoivent des responsabilités par
consensus selon leurs mérites et mettent en commun toutes
les idées qui peuvent l’être. Si cela vous rappelle les utopies
communistes, vous avez raison, à ceci près que tous travaillent
de leur plein gré, sans contrainte aucune, qu’ils s’amusent et
que cela marche.
Linux sans le savoir
Le résultat est stupéfiant : Linux est aujourd’hui supérieur
aux Unix commerciaux, auxquels il n’a rien à envier en termes
de performance pure, de sécurité, de stabilité et de fiabilité,
à tel point que tous les constructeurs traditionnels de gros
serveurs (IBM, HP, Sun, etc.) proposent désormais Linux en
Linux et le PC
21
standard sur leur matériel au lieu de leur version propriétaire
d’Unix. Les nouveaux supercalculateurs, comme celui de la
NASA, utilisent Linux ; le moteur de recherche Google, qui
recueille à lui seul la moitié des requêtes sur Internet, utilise
Linux sur ses 10 000 serveurs... La liste serait interminable.
Mais Linux n’a pas fait ses preuves que dans l’infiniment
grand, il commence également à être adopté dans l’infiniment
petit : des téléphones portables, des assistants numériques
(PDA14 ) et même des magnétoscopes numériques, parmi bien
d’autres exemples, utilisent déjà Linux. L’utilisateur de ces
appareils n’a pas de raison de se rendre compte que Linux
est là, silencieux, caché entre le matériel et l’interface graphique. Il constate seulement que tout fonctionne, sans soupçonner son privilège.
Linux est entièrement modulable : il s’adapte à toutes
les architectures, des gadgets aux ordinateurs dignes de la
science-fiction. Entendons-nous : ce ne sont pas des versions
différentes de Linux qui sont utilisées sur ces dispositifs variés, comme Microsoft tente de le faire avec Windows CE
et Windows 2003 Server, mais le même Linux, sans aucun
changement fondamental, seulement une différence de paramétrage.
Linux va beaucoup plus loin que tout ce que les ordinateurs ont connu jusqu’à présent ; sous peu, tout le monde
l’utilisera sans le savoir. Il apporte la puissance d’Unix aux
appareils les plus humbles.
Linux et le PC
Il y a rarement plusieurs bonnes solutions à un problème
donné. Lorsque toutes les idées ont été mises en concurrence
suffisamment longtemps, l’une d’elles finit par émerger et tout
le monde la tient pour acquise. Ainsi, la bonne manière de
rendre un bateau manœuvrable, c’est d’y installer un gouvernail ; la bonne manière de transmettre aux roues d’une voiture
14. Pour Personal Digital Assistant.
22
Ch. 1 – Pourquoi choisir Linux ?
les intentions de son conducteur, c’est d’utiliser un volant ;
la bonne manière de faire tourner un avion, c’est d’équiper
ses ailes d’ailerons. Il en est de même en informatique : la
bonne manière de piloter un OS, c’est celle utilisée par Unix.
Au début des années 1980, Mike Gancarz15 avait déjà prophétisé qu’Unix se répandrait sur tous les ordinateurs ; nous
pensons que l’histoire est en train de lui donner raison.
Le gouvernement fédéral allemand s’est équipé en serveurs
sous Linux ; la Chine a passé commande à Sun d’un million
de PC sous Linux pour son administration ; le Brésil a décidé
de faire migrer tous les PC de ses fonctionnaires vers Linux ;
les gouvernements du Japon, de la Chine et de la Corée du
Sud développent ensemble une extension de Linux en vue d’en
équiper tous leurs services...
Dans l’entreprise, Linux est déjà bien présent sur les gros
serveurs et les centrales de calcul (effets spéciaux de films16 ,
simulations de crash-tests de Chrysler, etc.). Ce sont maintenant les PC des employés qui sont visés : des géants comme
IBM, HP, Sun, Dell et Novell proposent déjà leurs conseils et
leurs services pour mettre en œuvre cette transition. Les raisons qui la motivent sont multiples : qualité intrinsèque, absence de virus, disponibilité d’outils compatibles avec la suite
Microsoft Office (Word, Excel, PowerPoint, etc.), prix, uniformisation des systèmes, simplicité de la maintenance, compatibilité avec les serveurs, etc. C’est un chantier immense
qui s’annonce.
Sur les PC des particuliers, il ne faut pas s’attendre à une
transition de masse avant plusieurs années tant la domination
de Windows est forte ; pour beaucoup de personnes, les mots
« PC » et « Windows » sont synonymes... À cela s’ajoutent
les pratiques commerciales de Microsoft (vente forcée de Windows avec tout nouveau PC, fermeture du code source, etc.) et
la simple méconnaissance de Linux de la part du public. Nous
15. Auteur de l’ouvrage La Philosophie Unix.
16. Titanic, X-Men, Shrek, Harry Potter, Le Seigneur des anneaux, La
Guerre des étoiles, Matrix, etc.
Linux à la maison
23
pensons toutefois que lorsqu’une proportion significative de
personnes auront pu goûter à Linux dans leur entreprise, le
besoin de bénéficier des mêmes prestations à la maison finira
par engendrer une pression inexorable.
L’entreprise la plus directement concernée par cette mutation est bien sûr Microsoft. Début 2001, son PDG Steve
Ballmer identifiait déjà Linux comme la menace numéro un
contre son entreprise17 , suivi d’Unix, Oracle (constructeur de
la meilleure des bases de données et très critique à l’égard de
Windows) et Sun (qui distribue des serveurs sous Unix).
Sans surprise, Microsoft résiste farouchement au progrès
et en conséquence le système Mac est une nouvelle fois en
avance sur les PC : depuis Mac OS X, tous les ordinateurs
d’Apple utilisent Unix18 . Pour ces utilisateurs, la transition a
déjà eu lieu et le résultat est époustouflant, tant du point de
vue des performances (c’est l’aspect Unix) que de l’interface
graphique (c’est l’aspect Apple).
Linux à la maison
Vous vous rappelez du « bug de l’an 2000 »19 ? S’il n’y a
qu’une seule chose à retenir de cette histoire, c’est qu’un pro17. Steve Ballmer s’exprimait ainsi lors d’une conférence, organisée par
Morgan Stanley Dean Witter, qui se tenait le 10 janvier 2001.
18. La couche système est constituée non pas de Linux, car Steve Jobs
n’est pas parvenu à s’entendre avec Linus Torvalds, mais d’une autre
version libre d’Unix appelée FreeBSD (à laquelle s’ajoutent dans Mac
OS X des influences de NetBSD et du noyau Mach) qui est d’excellente
qualité mais dont la diffusion ne semble pas devoir dépasser le groupe des
passionnés. Les deux autres grands systèmes Unix libres sont NetBSD
et OpenBSD, ce dernier étant réputé être l’OS le plus sécurisé au monde
– une seule faille de sécurité en huit ans.
19. Peu avant l’an 2000, une frénésie s’est emparée de milliers d’entreprises : de crainte que les ordinateurs ne pensent être revenus au début
du xxe siècle, il fallait examiner des centaines de millions de lignes de
code pour débusquer toutes les occurrences où la date n’était codée que
sur deux chiffres, comme on le pratiquait dans les années 1970 pour
économiser l’espace disque.
24
Ch. 1 – Pourquoi choisir Linux ?
gramme qui marche est là pour longtemps, bien plus longtemps qu’on ne le prévoyait en général. Il en est de même
pour Linux : il arrive, et il ne vous quittera plus.
Disons-le d’emblée : Linux n’est pas encore prêt à remplacer Windows dans les foyers, simplement parce que trop peu
d’entreprises proposent leurs logiciels à la fois pour Windows
et pour Linux. Pour que tous puissent utiliser ce dernier sereinement, il est indispensable que les éditeurs passent à Linux
avant vous. Ils le feront, car la transition des PC en entreprise
les y contraindra, mais cela prendra du temps.
Cependant, Linux est déjà utilisable à domicile comme
au bureau pour tous les types d’activités : utiliser un traitement de texte ou un tableur, regarder un DVD ou une vidéo,
écouter ou créer des MP3, naviguer sur Internet, écrire des
courriers électroniques, partager une imprimante... En effet,
de nombreux projets open source ont vu le jour pour fournir
des logiciels complets répondant à tous ces besoins et à bien
d’autres. Ces programmes fonctionnent très bien, leur apparence est souvent proche de leurs équivalents sous Windows,
mais ce ne sont pas les mêmes logiciels que sous Windows
(d’ailleurs, ils sont gratuits !).
Par exemple, Thunderbird se substitue à Outlook, Firefox à Internet Explorer, Gimp à Photoshop, Scribus à
XPress, Rekall à Access, etc. Dans certains cas, les versions
libres sont déjà meilleures que les versions propriétaires ; dans
d’autres cas, ces dernières conservent l’avantage. Nous pensons qu’à moyen terme tous les logiciels libres seront au moins
équivalents aux programmes commerciaux et que ces derniers
disposeront néanmoins d’une version pour Linux.
Certains logiciels libres se sont donné pour objectif non
seulement de faire mieux que les versions propriétaires, mais
encore d’assurer avec elles une compatibilité totale. C’est notamment le cas du projet crucial OpenOffice, qui est l’équivalent open source de la suite Office de Microsoft20 .
20. La suite OpenOffice est aussi disponible gratuitement pour Win-
Gérer la transition
25
Gérer la transition
Fort heureusement, vous n’avez pas besoin de choisir entre
Windows et Linux : les deux peuvent sans problème cohabiter sur le même ordinateur ; nous vous expliquerons en détail comment réaliser cette opération. Nous vous montrerons
même comment essayer Linux sur votre ordinateur sans avoir
besoin de l’installer. La coexistence des deux systèmes va encore plus loin car on peut accéder à ses fichiers Windows depuis Linux, et même utiliser un grand nombre de programmes
écrits pour Windows (Word, Excel, Media Player, etc.) grâce
à l’émulateur open source Wine21 .
Vous pouvez ainsi découvrir Linux à votre rythme, examiner s’il offre les logiciels dont vous avez besoin, décider de
passer certaines activités de Windows à Linux et attendre
pour d’autres... Linux ne vous impose rien, il est seulement
disponible pour le moment où vous serez prêt à travailler avec
lui.
Linux vous demandera cependant quelques efforts, comme
Windows. Mais au lieu d’exiger de vous des opérations ponctuelles de réparation (base des registres, défragmentation,
redémarrages, réinstallations, etc.), il vous demandera d’apprendre à configurer certains de ses aspects. Par exemple, si
votre ordinateur est relié à un réseau local ou si vous voulez
ajouter des comptes utilisateurs au système, vous devrez apprendre comment le lui indiquer. Ces manipulations ne sont
pas difficiles mais elles demandent une certaine rigueur.
Vous ne serez jamais seul face à Linux : outre l’aide intégrée, de très nombreuses pages web sauront vous expliquer le
moindre aspect pas à pas. Vous pouvez aussi rejoindre l’une
des nombreuses listes de discussion (mailing lists) ou l’un des
forums (newsgroups) sur Internet pour poser directement vos
questions à des utilisateurs déjà expérimentés.
dows et Mac OS X ; on peut la télécharger (en version française) sur le
site www.OpenOffice.org .
21. Son utilisation ne sera pas décrite dans cet ouvrage car il en dépasse
le cadre.
26
Ch. 1 – Pourquoi choisir Linux ?
Petit à petit, vous prendrez en main cet outil fabuleux
qu’est Linux ; vous apprécierez sa robustesse, sa simplicité
structurelle et sa capacité à se plier à vos désirs.
Plan de cet ouvrage
À proprement parler, le nom « Linux » désigne uniquement le noyau du système d’exploitation, autour duquel tout
le reste est construit22 . Il y a autant de manières de choisir
les autres programmes que de distributeurs de Linux, et pour
cette raison on parle de distributions de Linux. Nous vous
expliquerons au chapitre 3 comment choisir une distribution
adaptée à vos envies et à vos besoins.
Au chapitre 4, nous détaillerons les trois points techniques
qu’il faut connaître pour aborder en toute sérénité l’installation de Linux, puis nous vous montrerons pas à pas comment installer Linux Mandriva (chapitre 5) ainsi que Linux
Debian/Ubuntu (chapitre 6).
Mais commençons d’abord par un tour d’horizon de
Linux, sur votre PC, sans rien installer !
22. Certains outils de base du système, par exemple le compilateur qui
transforme le code source du noyau en binaire utilisable, proviennent du
projet gnu, fondé et coordonné par Richard Stallman. Pour cette raison,
on parle parfois de GNU/Linux.
Chapitre 2
Essayez Linux sans l’installer !
C’est pratiquement de la sorcellerie : Linux peut fonctionner sur votre ordinateur sans connaissances de votre part,
sans que vous ayez quoi que ce soit à configurer, sans toucher
à Windows et sans rien installer sur le disque dur. En moins
de deux minutes.
2.1
Comment ça marche ?
Il suffit d’insérer un CD dans le lecteur et de redémarrer
l’ordinateur. Il s’agit bien d’un disque d’installation de Linux,
mais au lieu de s’installer sur votre disque dur, Linux prendra
place dans la mémoire vive de l’ordinateur. Comme celle-ci
est réinitialisée à chaque redémarrage, vous retrouverez votre
PC inchangé après avoir quitté Linux.
Plusieurs dizaines de projets dits Linux live (car ils permettent d’obtenir instantanément Linux sur un ordinateur)
ont vu le jour. Celui qui nous semble le plus abouti pour
découvrir Linux s’appelle Knoppix1 , qui s’appuie sur la distribution Debian (voir le chapitre 6). D’autres projets ont
des vocations plus spécifiques, comme tenir sur un mini-CD,
fournir un environnement multimédia ou encore réaliser l’audit d’un système.
2.2
Récupérer Knoppix
La manière la plus pratique d’obtenir Knoppix est de le
télécharger depuis le site français http://knoppix-fr.org .
Depuis juin 2005, Knoppix est disponible en deux versions :
1. Il a été conçu par Klaus Knopper.
Chapitre 3
Quelle distribution choisir ?
Le monde du logiciel libre foisonne de projets et d’initiatives ; Linux ne fait pas exception. Des entreprises de toutes
tailles, de vastes associations à but non lucratif et même des
individus plus ou moins isolés distribuent, gratuitement ou
non, des CD ou DVD estampillés Linux. Dans ce chapitre,
nous allons vous donner une bonne idée de ce qui unifie ces
projets et de ce qui les distingue. Nous vous donnerons également un aperçu des principales distributions et les éléments
qui vous permettront de choisir celle qui est la mieux adaptée
à vos besoins.
3.1
Y a-t-il un « vrai » Linux ?
Un CD de Linux contient de nombreux programmes, que
l’on peut classer en trois catégories : tout en haut, les programmes applicatifs, qui interagissent avec vous (comme
le navigateur Firefox) ; au milieu, les programmes système,
qui servent aux administrateurs à configurer la machine (par
exemple, les outils réseau) ; et tout en bas, dans les couches
obscures que peu de gens fréquentent, le noyau. C’est ce dernier qui constitue le cœur du système et qui est notamment
chargé de donner des instructions au matériel. Au sens strict
du terme, « Linux » ne désigne que le noyau, qui est la partie
la plus précieuse de l’ensemble : c’est l’élément crucial pour
la stabilité, la fiabilité, les performances et la sécurité du système, ce qui en fait le programme le plus difficile à écrire1 .
Tous les CD estampillés Linux utilisent le même noyau, au
numéro de version près, ce qui justifie leur nom et leur donne
1. Tous les systèmes d’exploitation, y compris Windows, utilisent un
noyau ; c’est notamment sur ce point que les logiciels de Microsoft
montrent leurs insuffisances.
Chapitre 4
Principe de l’installation
Grâce à Knoppix, vous avez pu essayer Linux sans rien
installer, sans rien configurer. La contrepartie de cette facilité était un manque de rapidité et l’impossibilité de mettre
à jour les programmes ou d’en ajouter de nouveaux. Si vous
envisagez une utilisation régulière de Linux, il est préférable
d’installer ce dernier sur le disque dur.
Quelle que soit la distribution que vous avez choisie, l’installation suit à peu près les mêmes étapes. La plupart d’entre
elles sont simples, comme régler l’heure sur celle de la France ;
d’autres sont moins intuitives et supposent de votre part un
minimum de connaissances thématiques. Nous allons les aborder ensemble, en précisant le contexte afin que vous ayez en
main tous les atouts.
Nous verrons dans les prochains chapitres comment répondre spécifiquement aux questions des distributions Mandriva et Debian.
4.1
Préparation du disque dur
L’étape la plus difficile, la plus longue et la moins intuitive
de l’installation de Linux n’a en fait rien à voir avec Linux :
il faut demander à Windows de ne pas occuper tout le disque
dur.
a. Le contexte
Le disque dur est l’élément de l’ordinateur sur lequel sont
écrites les informations permanentes : documents Office, fichiers de musique, Windows lui-même, etc. On peut se le représenter comme un ruban de papier, comme sur la figure 4.1 .
Chapitre 5
Installation de
Linux Mandriva
La distribution Mandriva1 est un bon choix pour débuter sous Linux : elle est facile à installer comme à prendre
en main et vous trouverez beaucoup d’aide sur les forums en
ligne. Si vous disposez d’une connexion internet haut débit,
vous pouvez télécharger gratuitement les trois CD d’installation depuis le site www.linuxiso.org . Sinon, vous pouvez
les acheter dans une grande librairie informatique ou encore
sur un site web, www.Mandriva.com ou ikarios.com .
Ce chapitre vous montrera pas à pas les étapes de l’installation et de la configuration de Linux Mandriva ; nous supposerons toutefois que vous avez déjà lu le chapitre 4, de sorte
qu’aucune question ne devrait vous prendre au dépourvu.
Prêt à commencer ? Introduisez le premier CD dans le
lecteur et redémarrez la machine2 !
5.1
Installation du système
La première phase s’occupe de détecter tout le matériel,
de configurer le disque dur et d’y installer le système. L’un des
premiers choix que vous aurez à faire consiste à sélectionner
la langue dans laquelle la procédure d’installation vous sera
présentée ; avant cet écran, le texte est en anglais.
1. L’ancien nom de cette distribution est « Mandrake ». Le changement de nom n’étant pas encore totalement terminé, vous trouverez plus
souvent « Mandrake » dans vos recherches sur Internet, et c’est encore
le nom Mandrake qui apparaît sur les photos de l’installation.
2. Si Mandriva ne démarre pas et que c’est Windows qui apparaît,
comme si vous n’aviez pas inséré de CD, c’est que le BIOS est mal
configuré : nous expliquons comment résoudre ce problème page 28.
Chapitre 6
Installation de Linux
Debian/Ubuntu
Si les gens savaient ce qui se passe,
ils feraient la révolution...
Debian : la révolution en marche.
Debian est une fédération internationale de 1 200 développeurs qui se sont dotés d’une constitution et qui prennent
les décisions stratégiques par vote. Leur distribution de Linux, traduite en 145 langues et dialectes, propose 9 000 programmes prêts à l’emploi.
Libérée de toute contrainte commerciale, Debian adopte
une perspective à long terme de son projet, dont les vertus
cardinales sont la liberté du code source (licences GPL,
BSD et Artistique), la clarté (principes d’administration système), la robustesse (décantation en trois phases) et la simplicité (paquets précompilés). Il apporte à Linux la cohérence
qui, traditionnellement, est plutôt attachée aux projets BSD.
Son outil phare, le programme apt, permet à l’administrateur système de se décharger sur les développeurs des questions de dépendances entre programmes et bibliothèques,
ainsi que de beaucoup d’aspects de la sécurité.
L’excellence technique des principes fondateurs du projet
Debian, couplée à la libre disposition de l’intégralité du code,
permet à des dizaines de distributions, commerciales ou non,
d’être construites sur la base de Debian. C’est par exemple le
cas de Knoppix, que nous avons vue au chapitre 2.
Nous avons défendu au chapitre 1 l’idée que Linux est
amené à devenir le système d’exploitation de référence, dont
Chapitre 7
Où trouver de l’aide
Lorsque l’on découvre un programme nouveau, il arrive
que l’on reste bloqué sur des détails ; leur solution n’est pas
compliquée en général, il suffit de l’avoir vue au moins une
fois1 . C’est encore plus vrai pour un système d’exploitation.
En pareil cas, n’hésitez pas à rechercher de l’aide sur l’utilisation de Linux. Vous en trouverez à de nombreux endroits.
Autour de vous
Si vous connaissez des personnes (amis, famille, etc.) qui
utilisent déjà Linux, demandez-leur conseil, surtout lors de
vos premiers pas. Si votre état d’esprit est d’apprendre à devenir autonome, et non de leur demander de faire toujours à
votre place les mêmes réglages, ils vous aideront certainement
avec plaisir et seront contents d’observer vos progrès.
Les Linux User Groups
De nombreux utilisateurs de Linux appartiennent à des
associations dédiées à Linux ; on les appelle communément
les LUG (Linux User Groups). Ces derniers accueillent toujours avec bienveillance les néophytes ; en cas de problème,
vous trouverez certainement quelqu’un qui voudra bien vous
dépanner, quitte à venir chez vous au besoin. C’est une occasion conviviale.
Les LUG organisent régulièrement des install party durant
lesquelles tout-un-chacun peut amener son ordinateur sous
Windows, et repartir avec une machine qui accueille à la fois
Windows et Linux, généralement en version Mandriva.
1. Par exemple, l’auteur de ce livre a eu l’occasion d’expliquer à un
nouveau venu sous Windows que l’on peut cliquer deux fois en succession rapide pour « activer » les icônes : évident quand on connaît, pas
forcément intuitif sinon.
Glossaire
Ce glossaire regroupe des explications sur tous les termes
techniques rencontrés dans cet ouvrage. Au fil du texte, nous
avons signalé les mots présentés ici à l’aide de petites capitales. Nous conservons cette convention dans les définitions.
Applicatif : cet adjectif désigne un programme de haut niveau, qui s’appuie sur le système d’exploitation mais n’en
fait pas partie. Ce terme n’est pas spécifique à Linux. Quelques exemples de programmes applicatifs : Word, Gimp, Internet Explorer, Konqueror, etc.
Voir aussi p. 45.
Apt : programme phare de la distribution Debian, qui
permet de rechercher, installer, configurer et sécuriser le plus
simplement du monde tout programme écrit pour Linux, en
gérant automatiquement les dépendances.
Voir aussi p. 88.
Bibliothèque : ensemble de fonctions qui peuvent être utilisées par des programmes. Chaque bibliothèque est spécifique
à une tâche : graphisme, cryptographie, etc. Sous Windows,
elles portent le suffixe .dll . Une bibliothèque fournit des
outils standards aux autres développeurs, qui peuvent ainsi
se concentrer sur le cœur de leur projet et s’entendre avec
d’autres équipes sur des méthodes communes. En retour, les
programmes ont besoin que des versions suffisamment récentes des bibliothèques soient installées, ce qui génère des
problèmes de dépendances.
Voir aussi p. 88.
116
Glossaire
Binaire : ce terme désigne la forme compilée d’un programme, directement exploitable par le processeur, par opposition au code source. Un fichier binaire n’est rien d’autre qu’une suite de 0 et de 1, d’où son nom ; c’est la seule
langue comprise par le matériel.
Voir aussi p. 17.
Code source : ensemble de fichiers texte qui constitue la
partie modifiable d’un programme. Avant de pouvoir être
exécuté par l’ordinateur, le code source doit être compilé.
La libre disposition du code source est l’élément majeur du
mouvement open source, notamment à travers la licence
gpl.
Voir aussi p. 17.
Compiler : transformer un code source en binaire. Le premier est le seul compréhensible et modifiable par un humain,
le deuxième est le seul compréhensible par l’ordinateur. Le
compilateur est donc un traducteur.
Voir aussi p. 17.
Debian : fédération de 1 200 développeurs bénévoles dont la
distribution de Linux compte parmi les plus répandues.
Voir aussi p. 49 et 87.
Dépendance : relation d’un programme avec les bibliothèques sur lesquelles il s’appuie. Pour pouvoir installer un programme, il est indispensable de disposer au préalable de toutes les bibliothèques dont il a besoin, dans une version suffisamment récente. Traditionnellement, la charge de démêler
les dépendances d’un programme était laissée aux bons soins
de l’utilisateur. Le gestionnaire de paquets RPM éclaircit la
situation en signalant systématiquement les paquets à installer au préalable. Le gestionnaire de paquets apt va un
cran plus loin en installant automatiquement tous les paquets nécessaires, dans une version suffisamment à jour. Le
programme urpmi fournit la même fonctionnalité pour les fichiers RPM.
Voir aussi p. 88.
Glossaire
117
Disque dur : composant essentiel de l’ordinateur dont la fonction est de conserver des informations même lorsque la machine est éteinte. C’est sur le disque dur que sont enregistrés
le système d’exploitation, les programmes et les données.
Afin de pouvoir installer Linux sur un PC, il est indispensable
de commencer par repartitionner le disque dur.
Voir aussi p. 53 et 73.
Distribution : « version » de Linux. À proprement parler, le
terme « Linux » ne désigne que le noyau du système d’exploitation. Une distribution inclut le noyau, le système, des
programmes applicatifs classiques (OpenOffice, Gimp, etc.) et
des outils spécifiques à la distribution, notamment son installeur et son système de gestion des programmes (RPM,
apt, etc.).
Voir aussi p. 46.
Exécutable : synonyme de binaire.
Firefox : navigateur internet proche de celui de Mozilla.
Gestionnaire de fenêtres : voir interface graphique.
Gimp : programme de création et de retouche d’images similaire au logiciel Photoshop d’Adobe.
Gnome : interface graphique comparable à celle de Windows.
GNU : initiales de « GNU’s Not Unix », jeu de mots autoréférent qui signale d’emblée que ce projet se veut différent
d’Unix. Son objectif est de fournir sous licence gpl des programmes similaires aux outils usuels d’Unix. Ainsi, le système d’exploitation Linux est constitué du noyau et
de programmes venant de diverses sources, notamment le
projet GNU. Pour cette raison, cet os est parfois appelé
GNU/Linux. Le projet GNU a été créé par Richard Stallman ;
sa façade relationnelle s’appelle la Free Software Foundation,
« fondation pour le logiciel libre ».
118
Glossaire
GPL : GNU Public License, « licence publique GNU ». Il
s’agit d’un contrat entre l’auteur et l’utilisateur d’un programme, qui définit dans quelles conditions le second est autorisé à modifier et distribuer le travail du premier.
Voir aussi p. 17.
Grub : programme analogue à lilo.
Installeur : programme spécifique à chaque distribution
de Linux, chargé d’aider l’utilisateur à installer le système
d’exploitation sur son ordinateur.
Voir aussi p. 69 et 94.
Interface graphique : ensemble de programmes permettant
de communiquer de manière conviviale avec les données et le
système d’exploitation. Grosso modo, une interface graphique, c’est ce que l’on voit à l’écran. Elle se compose notamment de fenêtres, d’icônes, de menus et de méthodes spécifiques pour accomplir certaines tâches (comme supprimer
un fichier en faisant glisser son icône sur celle d’une poubelle). Windows ne propose qu’une seule interface graphique,
Mac OS X en propose une autre, et Linux en propose plusieurs, dont les plus connues sont kde, gnome, WindowMaker, IceWM et Fvwm.
KDE : interface graphique comparable à celle de Windows.
Voir aussi p. 29.
Knoppix : distribution live de Linux, qui peut être utilisée sur un ordinateur sans rien installer sur son disque dur
et sans toucher à Windows. Elle est fondée sur la distribution Debian.
Konqueror : navigateur internet et explorateur de fichiers
pour kde.
Voir aussi p. 31.
Libre : voir logiciel libre.
Glossaire
119
Licence : contrat d’utilisation d’un logiciel. Les deux grandes
variétés sont les licences commerciales (code source non disponible, une licence par poste, interdiction de la copie, du
prêt et de la revente) et les licences libres (disponibilité du
code source, aucune limitation sur le nombre de postes, autorisation de la copie et du prêt, ainsi que de la revente sous
certaines conditions). Les premières correspondent approximativement aux logiciels pour Windows et Mac OS (Word,
Photoshop, etc.) et les secondes aux systèmes d’exploitation open source (Linux et BSD notamment). Entre ces
deux extrêmes, toutes les variantes existent.
Voir aussi p. 17.
Lilo : programme permettant de choisir entre Linux et Windows au démarrage de l’ordinateur. Il est placé dans le mbr
du disque dur lors de l’installation de Linux. On peut aussi
utiliser le programme Grub à la place.
Voir aussi p. 78.
Linux : système d’exploitation fondé sur le noyau du
même nom et les logiciels gnu. Il s’agit d’une version libre
d’Unix adaptée à toutes les architectures, du gadget électronique au supercalculateur en passant par le PC. Son nom est
un jeu de mots sur « Unix » et « Linus Torvalds », qui est le
développeur à l’origine du projet.
Voir aussi p. 20.
Live : adjectif qualifiant les distributions permettant d’utiliser Linux sur un ordinateur sans l’installer. La distribution
Linux live la plus aboutie s’appelle Knoppix.
Logiciel libre : tout programme diffusé par ses auteurs sous
la protection de l’une des licences libres, dont les plus connues sont la gpl, la licence BSD (encore moins restrictive que
la licence GPL) et la licence Artistique (utilisée notamment
par le langage de programmation Perl).
Voir aussi p. 17.
120
Glossaire
Mac OS X : nom du système d’exploitation utilisé sur les
ordinateurs Mac d’Apple depuis 2001. Il est construit en deux
strates : en dessous, une version libre d’Unix, qui lui confère
ses performances et sa robustesse ; au-dessus, l’interface
graphique signée Apple, à la fois simple d’emploi, esthétiquement réussie et complète.
Mandriva : célèbre distribution grand public de Linux, qui
se distingue par sa facilité d’installation et de prise en main.
Voir aussi p. 47 et 69.
MBR : Master Boot Record, « bloc de démarrage », qui désigne un secteur réservé du disque dur servant à indiquer
où est localisé le système d’exploitation à lancer au démarrage de l’ordinateur. C’est dans ce secteur particulier que
s’installent les programmes Lilo et Grub.
Voir aussi p. 78.
Miroir : site FTP depuis lequel on peut télécharger la version
la plus à jour de certains logiciels. Les miroirs sont utilisés
notamment par la distribution Debian pour permettre à
apt de récupérer automatiquement les programmes que vous
souhaitez installer.
Voir aussi p. 88.
Mozilla : suite logicielle réunissant un navigateur internet, un
créateur de pages web et un programme de courrier électronique.
Voir aussi p. 39.
Noyau : cœur d’un système d’exploitation, sur lequel tous
les programmes prennent appui. Stricto sensu, le terme Linux
ne désigne que le noyau du système.
Voir aussi p. 45.
Open source : synonyme de logiciel libre. À l’origine, l’expression consacrée, aux États-Unis, était free software ; elle
introduisait une ambiguïté car, en anglais, free désigne à la
fois « libre » (par exemple, les logiciels sous licence gpl) et
Glossaire
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« gratuit » (comme les freewares). Afin de mettre un terme à
la confusion, le substitut open source a été forgé. L’expression
d’origine subsiste dans le nom de la Free Software Foundation
de Richard Stallman.
Voir aussi p. 17.
OS : initiales d’Operating System, qui signifie système d’exploitation.
Voir aussi p. 14.
Partition : partie logique d’un disque dur. Lorsque l’on
achète un PC de marque, Windows est généralement préinstallé dans une unique partition, nommée C: , qui occupe
tout le disque. Mais il ne s’agit que d’un choix commercial, pas d’une limitation technique. Une pratique courante
consiste à repartitionner le disque en plusieurs parties
disjointes, qui apparaîtront à l’ordinateur comme plusieurs
disques durs. Pour pouvoir installer Linux, il est indispensable que le disque dur soit partitionné.
Voir aussi p. 55.
Programme : ensemble d’instructions permettant de réaliser
une fonction. Un programme est toujours écrit sous forme
de code source, qui est ensuite compilé pour produire un
binaire. C’est ce dernier que l’ordinateur est capable d’exécuter, mais c’est le premier qu’un humain est capable de lire
et de modifier. Le mouvement open source préconise que le
code source soit toujours fourni en même temps que le binaire.
Voir aussi p. 17.
Red Hat : célèbre distribution de Linux qui s’adressait
autrefois au grand public mais qui est maintenant calibrée
(et tarifée) pour les entreprises.
Voir aussi p. 46.
Repartitionner : opération consistant à créer des frontières
virtuelles au sein d’un disque dur afin que l’ordinateur le
considère comme une collection de plusieurs disques durs.
Voir aussi p. 55 et 73.
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Glossaire
RPM : Red Hat Package Manager, « Gestionnaire de paquets
de Red Hat », programme permettant d’installer assez facilement des binaires sur les distributions Red Hat et
Mandriva de Linux. Sa principale faiblesse est l’absence de
gestion automatique des dépendances.
Sauvegarde : opération consistant à dupliquer ses données
pour les protéger au cas où un problème indéterminé surviendrait. C’est un préalable indispensable à l’installation de
Linux sur le disque dur.
Voir aussi p. 55.
Source : voir code source.
Suse : célèbre distribution de Linux populaire en Europe
mais désormais orientée vers les entreprises.
Voir aussi p. 46.
Swap : espace du disque dur utilisé par le système d’exploitation pour compléter la mémoire vive. Le swap peut
être réalisé dans un fichier de taille variable (à l’intérieur
d’une partition contenant le système ou des données) ou sur
une zone réservée du disque, autrement dit dans une partition réservée à cet usage. Lorsqu’un ordinateur ne contenant
pas de virus devient très, très lent, c’est généralement le signe
que la mémoire vive est entièrement remplie, de sorte que le
système doit recourir au swap, donc au disque dur, qui est
environ cent fois plus lent que la mémoire vive.
Voir aussi p. 74.
Système d’exploitation : ensemble de programmes chargé
d’une part de piloter le matériel, d’autre part de permettre
aux autres programmes de travailler harmonieusement. Les
systèmes d’exploitation les plus connus sont Windows XP,
Windows 2003, Mac OS, Unix, Linux, FreeBSD, etc.
Voir aussi p. 12.
Glossaire
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Système de fichiers : méthode de stockage des informations
sur le disque dur. En l’absence d’un système de fichiers, le
disque dur peut être comparé à un hangar : beaucoup d’espace
libre mais aucune indication sur la manière d’y déposer un objet, encore moins sur la manière de le retrouver plus tard. Le
système de fichiers organise cet espace à la façon d’une grande
bibliothèque : pour trouver un livre, on le cherche d’abord
dans une armoire de fiches en papier (ou dans un ordinateur) et c’est cette fiche qui indique l’emplacement physique
du livre ainsi que ses attributs. On n’ajoute jamais un livre
en rayonnage sans remplir aussi une fiche. De la même manière, le système de fichiers définit une méthode pour ranger
des fichiers sur le disque dur. De nombreux systèmes existent,
notamment FAT16, FAT32 et NTFS pour Windows, et ext2,
ext3, ReiserFS, JFS, XFS et bien d’autres pour Linux.
Ubuntu : distribution de Linux, gratuite et libre, fondée
sur Debian. Aux atouts intrinsèques de Debian elle ajoute la
sortie d’une nouvelle version tous les six mois, un choix judicieux de programmes préinstallés et une interface graphique
bien pensée. Le nom provient d’un mot africain qui évoque
l’appartenance à une culture.
Voir aussi p. 91.
Unix : système d’exploitation de grande qualité inventé
dans les années 1970 pour exploiter des serveurs. Ses grandes
variantes commerciales sont AIX (IBM), HP-UX (HP) et Solaris (Sun). Ses variantes libres sont Linux et la famille BSD
(FreeBSD, NetBSD et OpenBSD).
Voir aussi p. 15.
Windows : système d’exploitation de Microsoft présent
sur 90 % des PC, qui combine le meilleur (interface graphique
réussie, reconnaissance de tous les types de matériels, interopérabilité avec le reste du monde) et le pire (manque de
fiabilité, plantages non reproductibles, grande vulnérabilité
aux virus et aux attaques, déliquescence du système à me-
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Glossaire
sure qu’on l’utilise). L’incapacité de Microsoft à corriger certains points faibles de Windows compromet la viabilité de
ce système à moyen terme, d’autant que des solutions techniquement meilleures (Linux) et libres sont désormais disponibles, bien qu’elles ne soient pas encore en mesure de le
concurrencer pleinement sur ses points forts.
Voir aussi p. 11.
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