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12 revue ABB 1|12
La multiplicité des systèmes d’électrifica-
tion du réseau ferré européen, héritage
de l’histoire, est souvent le reflet de ce
qui se faisait de mieux au début de l’élec-
trification d’un pays ou d’une région
➔1.
À bord des trains traditionnels tirés par
une locomotive, un transformateur lourd
n’est pas forcément pénalisant car il
contribue à l’adhérence des roues sur
les rails. L’effort de traction maximal
que la locomotive peut produire sans
perte d’adhérence est limité par sa
masse. Or, pour
les lignes de voya-
geurs, la tendance
est aujourd’hui aux
automotrices où la
chaîne de traction
n’est plus regrou-
pée dans la loco-
motive, mais répar-
tie sur toute la lon-
gueur du train,
dans les rames de
passagers. Face au
nombre croissant
d’essieux motori-
sés, l’adhérence n’est plus un facteur qui
limite l’accélération du train ; par contre,
la masse et la taille du transformateur
demeurent une contrainte majeure pour
les concepteurs de trains.
Le train idéal combinerait la légèreté et la
compacité des équipements des engins
ferroviaires alimentés en continu aux
faibles pertes de transport du train ali-
menté en haute tension alternative. En
d’autres termes, le transformateur se
voit imposer une cure d’amincissement !
L
es premières lignes ferroviaires
électrifiées étaient principale-
ment réalisées en tension conti-
nue. À l’époque, cette tension
ne pouvant être abaissée par du matériel
embarqué, les trains étaient alimentés
par les sous-stations en basse tension
(750 V à 3000 V) directement fournie aux
moteurs de traction. Or, à ce niveau de
tension, les pertes dans le conducteur
aérien sont élevées.
Ultérieurement, l’électrification alterna-
tive monophasée à des tensions supé-
rieures (15 kV/16,7 Hz et 25 kV/50 Hz)
fut introduite, réduisant les pertes de
transport mais imposant l’installation, à
bord des trains, de transformateurs
lourds et volumineux.
Or, nous l’avons dit, sa taille et son poids
obéissent aux lois de la physique : plus la
fréquence est basse, plus le transforma-
teur est volumineux. En augmentant la
fréquence, on gagnerait à la fois du
poids et de l’espace. Tel fut le raisonne-
ment suivi par l’équipe de projet ABB du
transformateur de traction à électronique
de puissance PETT (Power-Electronic
Traction Transformer).
Le PETT à la loupe
La chaîne de conversion de puissance
de la plupart des trains modernes ali-
mentés en alternatif est illustrée en
➔2.
Le courant alternatif capté de la caté-
naire (conducteur aérien) circule dans les
enroulements primaires d’un transforma-
teur basse fréquence pour atteindre les
rails, le retour du courant s’effectuant
par ces derniers. La tension réduite dis-
ponible au niveau des enroulements
secondaires du transformateur alimente
un hacheur réseau quatre quadrants
(4Q) qui la convertit en tension de bus
continu. Enfin, un onduleur convertit
cette dernière en courant alternatif de
fréquence et de tension variables pour
les moteurs de traction. Les auxiliaires
peuvent également être alimentés par le
bus continu.
Pour utiliser un transformateur moyenne
fréquence, un convertisseur doit être
placé en amont du transformateur
➔3.
Les gros transformateurs étant
en majorité destinés à des
applications stationnaires, la
traction ferroviaire est proba-
blement la première application
à tirer profit de la réduction de
masse des trans forma teurs.
Photo p. 11
Locomotive de manœuvre Ee 933 des Chemins
de fers fédéraux suisses (CFF), qui embarque le
démonstrateur PETT d’ABB.
Non électrifiés
750 V CC
1 kV CC
3 kV CC
15 kV/16,7 Hz CA
25 kV/50 Hz CA
1 Électrification des réseaux ferroviaires européens