3- La famille morphologique du mot ou paradigme morphologique.
« Feru »- Participe passé de ferir, qui signifie en ancien français « enfoncer », ou qui renvoie au
sentiment d’amour en ancien français ou même en français moderne (veilli) dans l’expression « je
suis feru d’amour pour… »
« Ferrant battant » - adjectif, « ferant » signifiant « qui frappe » , et l’expression « ferrant battant »
pour dire rapidement.
la ferue ; nf : la blessure, le coup
ferru adj. : blessé
4-La famille sémantique du mot ou paradigme sémantique.
« ferir » au sens « battre » entre en concurrence avec « fraper » qui s’écrit avec un ou deux « p »
selon les textes. En latin « icio, icere,ici, ictus » est le verbe frapper synonyme de ferir (sous sa forme
latine : ferio, ferire)
5-Sens du mot dans le texte étudié.
Quar ſe la mort éust mort tel,
En enſer en alast errant,
Ne sus morel, ne sus ferrant. (Vers 2113, La vie Sainte Elysabel, Rutebeuf)
Ici ferir est sous la forme adjectivale, et signifie « frappant ». C’est la mort qui frappe.
6-Evolution de sens du mot jusqu’au français moderne.
Ferir a perdu son usage avant le XVIIe siècle, ou le mot semble laissé au souvenir de l’ancien français,
selon le dictionnaire il est déjà considéré comme « Vieux mot qui n’est plus en usage qu’en cette
phrase sans coup férir, pour dire sans avoir tiré l’épée, sans rien faire. ».
Fin du XVIIIe siècle, le Dictionnaire critique de Jean-François Féraud met en évidence l’usage qui
semble perdurer de l’adjectif « feru » qui signifie « être blessé » ou « amoureux », selon le contexte.
Le verbe, l’adjectif, est toutefois considéré comme « vieux ».
Au XIXe siècle, l’expression « sans coup férir » est définit comme familière par le dictionnaire de
langue française d’Emile Littré.
Désormais, grâce aux différents auteurs qui ont osés utiliser, mettre à jour ce vieux mot, l’usage, bien
que rare, de « férir » n’est pas pour autant perdu.
Ainsi il garde son sens premier, celui de « frapper » (l’utilisation est presque essentiellement
littéraire) = « L'idée que Schleiter pouvait férir Joseph et l'atteindre aux points sensibles
m'indisposait assez vite » Duhamel, Terre promise, 1934.
L’expression « sans coup férir » existe toujours, a gardé le même sens et n’est plus considéré comme
familière.