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INTRODUCTION
Le 25 juin 1996 attentat de Dharhan contre une base américaine, 7 août 1998, attentat
contre les ambassades américaines du Kenya et de Tanzanie ; octobre 2000, attentat suicide
contre le destroyer Cole au Yemen ; 11 septembre 2001, triple attentat suicide à New York,
Washington et en Pennsylvanie ; 23 février 2002, assassinat du journaliste américain Daniel
Pearl, 10 octobre 2002, attentat à la voiture piégée à Bali, 11 mars 2004, dix bombes
explosent dans quatre trains à Madrid, 7 Juillet 2004, quatre explosions ont lieu à Londres
dans les transport en commun. Du Maroc au Pakistan, de l’Arabie Saoudite à la Tchétchénie,
de New York au continent européen, aucun pays n’est épargné devant ce qui semble être le
nouveau « rouleau compresseur » de la terreur.
En effet, ces dix dernières années ont vu se succéder une série de bouleversements
internationaux qui ont comme dénominateur commun d’être le fait de ce qui est
communément appelé « le terrorisme islamiste ». La nouveauté de la menace ainsi que son
instantanéité ont pris de cours les observateurs habituels qualifiés de la scène politique
internationale. Dès lors, les médias, forts de leur atouts (audience large et variée, ubiquité,
rapidité de réaction et de diffusion) ont opéré une véritable prise de pouvoir explicatif. Ils se
sont ainsi saisi des évènements et ont tentés d’y apporter une explication, une raison d’être,
face à une population qui se sentait choquée et dépourvue devant cette menace inconnue et
injustifiée à ses yeux. Par conséquent la question de l’internationalisation du terrorisme
islamiste sera le fil conducteur de cette étude.
Le terrorisme n’est pas l’apanage de l’histoire contemporaine. Néanmoins,
l’extrémisme islamiste marque une rupture en tant qu’il devient un autre moyen de lutte
primordial à prendre en compte dans les paramètres internationaux. En effet, cet acte ne
répond en rien aux critères classiques de lutte. Il ne s’agit en aucun cas de guerre
conventionnelle ni de débat démocratique. En ce sens, le terrorisme islamiste constitue une
véritable « troisième voie » au sens ou Nasser en a été le représentant lors de la guerre froide
face aux deux blocs capitaliste et communiste. Il ne s’agit pas d’utiliser les moyens d’actions
conventionnels. En réalité, la lutte s’inscrit dans un système d’actes qui ne répondent pas à la
logique de l’action armée, ni aux normes politiques et internationales. De plus le terrorisme
islamiste est à ce jour le plus médiatiquement visible et le plus important en tant que
mouvement politique et religieux.
Si l’incompréhension a été, et demeure, la première des réactions face aux événements
violents qui secouent l’ensemble du monde, l’heure est à la tentative d’explication et à la
quête de justification. En ce sens, les médias jouent un rôle tout particulier et primordial au
sens ou ils tentent de fournir les clefs explicatives des actes terroristes. A l’inverse, les médias
sont aussi utilisés comme un moyen d’action nouveau. La scène médiatique s’élargissant,
l’audience étant variée et pouvant se situer n’importe où, l’image devient un important
dispositif stratégique pour les terroristes qui trouvent un écho rapide et assuré aux quatre
coins du globe. Et c’est cette alternative conflictive qui peut permettre de décrypter quelles
sont les justifications des actions des terrorismes islamistes.