
ÉDITORIAL :  
NOURRIR ET BOISER 
LE MONDE
On ne peut parler de la forêt sans 
penser à l’agriculture. Et vice versa. 
L’agriculture est de tous les agendas : 
sécurité alimentaire et nutrition, 
libre-échange, migration et emploi, 
biodiversité et climat. La forêt est 
au cœur des agendas biodiversité, 
climat et transition énergétique. Elle 
est nécessaire à l’agriculture par les 
services qu’elle lui rend en termes de 
régulation de l’érosion, de la sécheresse, 
des températures. Protéger la forêt, c’est 
protéger l’agriculture.
Comme toutes les activités humaines, l’agriculture 
et la foresterie émettent des gaz à effet de serre 
mais, plus que d’autres, elles sont affectées par 
lahausse des températures et le changement 
desrégimes des pluies.
Ce sont aussi de formidables machines à 
transformer les très abondants carbone et azote 
de l’air, grâce à une énergie solaire innie. Les 
arbres stockent le carbone dans leurs troncs, 
leurs branches et leurs racines. L’agriculture 
permet de stocker le carbone par l’agroécologie. 
Arbres et plantes cultivées se complètent dans 
l’agroforesterie, l’arboriculture, la sylviculture  
et les paysages de bocages.
L’humanité joue sa survie dans l’invention 
d’uneagriculture plus intensive pour mieux 
nourrir 10 milliards d’humains, plus résiliente pour 
surmonter les chocs climatiques, moins émettrice 
etmoins polluante mais aussi stockant du carbone, 
et pourvoyeuse d’emplois. Cette agriculture a 
besoin des forêts et des zones humides.
Des territoires ruraux agricoles et forestiers 
àmultiples cobénéces existent déjà.  
La belle diversité des exploitations familiales 
et des paysages en mosaïque qui associent 
diverses utilisations de la terre témoigne de 
l’extraordinaire capacité des paysanneries à 
tirer durablement prot de leur environnement 
naturel et à s’adapter à ses transformations.
Mais, le changement climatique en cours est 
d’une ampleur, d’une complexité et d’une vitesse 
considérables.
Pour l’AFD et le Cirad, il est donc urgent de 
soutenir toutes les innovations techniques, sociales 
et institutionnelles, qui, de la parcelle cultivée 
au paysage rural, du massif forestier au bassin 
versant, permettront une nouvelle révolution 
agricole dans des paysages climato-intelligents, 
c’est-à-dire capables de s’adapter au changement 
climatique tout en l’atténuant. Dans ces 
paysages, le rôle des forêts et des arbres  
horsforêts est essentiel.
Jean-Luc FRANÇOIS, 
responsable de la 
division Agriculture, 
Développement rural et 
Biodiversité à l’AFD.
Michel EDDI, 
président-directeur 
général du Cirad.
3