2017-02-13 L`homme des cavernes raffolait des légumes

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Vous trouvez le contenu de cette chronique utile? Faites un don à www.richardbeliveau.org pour supporter nos recherches. LUNDI 13 FÉVRIER 2017
L’homme des
cavernes raffolait
Docteur en biochimie
Collaboration spéciale
Richard
Béliveau
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l
s
de
la découverte récente d’un
très grand nombre de résidus
de plantes comestibles sur un
site archéologique datant
d’environ 800 000 ans
suggère que le menu des
hommes préhistoriques était
beaucoup plus diversifié
qu’on pouvait le penser et que
c’étaient les végétaux qui
constituaient la base de leur
alimentation.
maux résistent bien au passage du
temps et sont régulièrement retrouvés en association avec des
squelettes humains lors des
fouilles archéologiques. Mais est-ce
que les premiers humains mangeaient réellement autant de
viande?
Diversité végétale
Une analyse des résidus végétaux provenant du site archéologique de Gesher Benot Ya’aqov
(Pont des filles de Jacob), en Israël,
Durant la période paléolithique,
jette un éclairage nouveau sur les
c’est-à-dire il y a entre 10 000 et
habitudes alimentaires des per2,5 millions d’années, l’agriculture sonnes qui vivaient à l’âge de
n’avait pas encore été inventée et
pierre1. Tirant profit de conditions
les humains étaient ce qu’on
géologiques très particulières qui
appelle communément des
ont permis de préserver les restes
chasseurs-cueilleurs, c’est-à-dire
de plantes, les scientifiques ont
qu’ils se nourrissaient des produits pour la première fois montré que
de la cueillette de végétaux (baies, les humains qui habitaient ce site,
fruits, tubercules, racines, noix,
il y a 780 000 ans, utilisaient une
graines) et de la chasse (viande et
très riche variété de végétaux à
abats).
des fins alimentaires.
Dans l’imaginaire populaire, par
Pas moins de 55 plantes
contre, c’est surtout la viande qui
comestibles ont pu être identifiées,
occupe une place très importante
incluant des noix, des fruits
dans l’alimentation préhistorique
(raisins, framboises, poires,
(qu’on pense aux gigantesques
amandes), des graines, des racines,
«steaks de brontosaure» que, avec
des pousses et des feuilles, ce qui
un anachronisme pathétique, man- montre à quel point nos ancêtres
geait Fred Caillou dans Les Pierra- savaient puiser dans leur environfeu). Cette perception provient pro- nement immédiat les aliments
bablement du fait que les os d’aniessentiels à la survie.
Selon la Dre Amanda Harry, du
Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, ces observations ne sont pas étonnantes, car
les humains requièrent plusieurs
nutriments d’origine végétale pour
survivre et nos ancêtres étaient en
conséquence fort probablement
principalement végétariens.
D’autant plus que la chasse est
une entreprise difficile, rarement
couronnée de succès (surtout avant
l’invention des armes modernes), et
ce n’est qu’en pouvant compter sur
un approvisionnement régulier en
végétaux que nos lointains
ancêtres pouvaient obtenir
suffisamment à manger.
Moins De vianDe
Préconiser la consommation
abondante de végétaux n’a donc
rien de bien révolutionnaire: dans
la pratique, ces aliments sont au
menu des humains depuis la nuit
des temps! Avec en prime des
impacts très positifs sur la santé,
car il a été récemment observé que
la consommation de protéines
d’origine végétale plutôt qu’animale est associée à une diminution
de la mortalité prématurée2.
Cet effet protecteur est particulièrement important lorsque les
protéines végétales remplacent
certaines sources de protéines
animales comme les charcuteries (réduction de 34 % de la mortalité), mais est aussi observé pour le
remplacement des viandes rouges
non transformées (12 %) et des
œufs (19 %).
L’impact positif des protéines
végétales est particulièrement
prononcé sur la mortalité cardiovasculaire, en accord avec plusieurs
études qui montrent que les végétariens et les végétaliens présentent
une diminution marquée de plusieurs facteurs de risque de maladies cardiovasculaires (hypertension, cholestérol, diabète) et sont
moins touchés par ces pathologies.
Un autre rappel que manger une
abondance de végétaux de toutes
sortes (fruits, légumes, légumineuses, grains entiers), peu de
viande et limiter la consommation
de produits industriels transformés surchargés de sucres ajoutés
et de gras demeure la meilleure
option pour vivre longtemps en
bonne santé.
Selon l’étude Melamed Y et coll. The
plant component of an Acheulian diet
at Gesher Benot Ya’aqov, Israel. Proc
Natl Acad Sci USA, 2016; 113: 14674-79.
2
Selon l’étude Song M et coll. Association of animal and plant protein intake
with all-cause and cause-specific mortality. JAMA Intern Med, 2016; 176: 1453-63.
1
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JM LUNDi
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