La problématique de l`identité de l`indicamétrie:science et/ou

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LES CAHIERS DE IRDA
Les cahiers de IRDA N 001 janvier 2014
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LES CAHIERS DE IRDA
Revue semestrielle
LES CAHIERS DE IRDA
Revue Scientifique d’Études Africaines
01 BP 525 Bouaké 01 Côte d’Ivoire
Tel. (225) 07 43 48 96/56 48 11 84/
46 26 26 16/31 63 51 61
http://www.institutirda.org/les-cahiers-de-l-IRDA.html
Courriel : [email protected]
No 001
Numéro Libre janvier 2014
Les cahiers de IRDA N 001 janvier 2014
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Ligne éditoriale
L’Afrique est traversée par des crises dont la nature complexe impose de conceptualiser un agir bien pensé, une
pensée qui a conscience de la structure labyrinthique des réalités africaines, qui l’ouvre au regard, qui en remanie le
mouvement giratoire. Cette attitude n’est possible que parce que nous avons répondu au rendez-vous frontal et
symptomal de la pensée par un questionnement lucide et informé, un questionnement auto-critique. Cette posture se
veut l’élan d’une pensée qui résiste, conteste, proteste contre les incertitudes sans lendemain et les certitudes closes
comme forme de savoir qui enferment et menacent la pensée. Alors, comment et pourquoi ne pas céder au pessimisme
suicidaire encore moins à l’optimisme béat, telle est l’urgence que nous imposent les conditions de notre survie, par une
reprise en charge impérative de soi par la pensée. Re-penser l’Afrique, c’est interroger son être et son devoir-être
comme devenir, la comprendre de fond en comble, sans tabou ni totem, sans paresse ni précipitation en développant
une pensée ferme et rigoureuse de la vigilance informée.
Pour ce faire, il lui faut une terre comme source et un territoire comme ressource de pensée, un lieu théorique pour
questionner, intuitionner ses rapports intérieurs et extérieurs aux choses. C’est pour satisfaire à ces exigences que
IRDA (Institut de Recherches pour le Développement en Afrique) a créé LesCahiers de IRDA. C’est une revue en ligne
qui se veut un espace de recherches et de productions critiques et auto-critiques sur tous les sujets en rapports avec
l’Afrique. Ouvert aux chercheur(e)s, enseignant(e)s et étudiant(e)s de toutes disciplines pouvant scruter tous les
horizons intellectuels, culturels et scientifiques touchant directement ou indirectement l’Afrique dans sa complexité
comme réalité rhizomatique, diversité des possibles épistémiques à buriner au concept. Comme écho à cette urgence
du moment comme exigence épistémologique et méthodologique, LesCahiers de IRDA répondent par la présence
érectile et féconde de la pensée, comme moyen de re-dynamiser l’espace africain dans son actualité passée et présente.
LesCahiers de IRDA ont une double mission : rétrospective et prospective comme inauguralité d’un jour nouveau
pour l’Afrique. Le caractère frontal et inaugural deLesCahiers de IRDA qui le fait donc réfléchir sur des horizons
épistémologiques et méthodologiques encore inexplorés dont l’originalité de l’éclat juvénile ramène les Africains à
repenser leur trajectoire spirituelle, pour déconstruire les actes manqués et les trous de mémoire de leur agir théorique
et pratique entre hier et aujourd’hui. Ce travail exige des remises en question pour valider et consolider les acquis mais
aussi tourner à rebours les paradigmes dominants, pour faire advenir de nouvelles préoccupations comme inquiétudes.
LesCahiers de IRDA veulent donc re-penser ce qui a déjà été, tout comme ce qui n’a jamais été comme moyen de
scruter l’avenir, de répondre à son appel comme rappel à l’ordre face aux défis et enjeux du développement.
LesCahiers de IRDA ont des feuillets où peuvent séjourner des discours théoriques contradictoires et différenciés.
Cette métaphore des feuilles donne à penser que l’on remet toujours sur le chantier de la discussion et de la recherche
toute forme de savoirs ou de pensées, les amener à révéler les scansions de son indicible secret. Comme tels,
LesCahiers de IRDA est espace de dialogue critique, de débats entre différentes postures épistémologiques et
méthodologiques agonistiques.
La spécificité de LesCahiers de IRDA est de favoriser le développement de productions scientifiques de qualité en
Études Africaines, d’une part. LesCahiers de IRDA est une revue ouverte à des travaux en Études Canadiennes et
Québécoises en relation avec des situations épistémologiques, méthodologiques, culturelles et politiques avec
l’Afrique, d’autre part. Telles sont les promesses que LesCahiers de IRDA veulent semer sur des terres africaines aussi
bien arides que fécondes. Éclater les limites du pensable par une réflexion ferme, rigoureuse et profonde, explorer et
retrouver le choc initial épistémique originel, originaire et original comme moment tensionnel d’émergence et de
développement des choses, pour que viennent au jour quelques faisceaux lumineux des impensés que l’ombre de
l’impensable peut produire, tel est le défi et l’enjeu que se donnent LesCahiers de IRDA pour re-configurer l’Afrique.
LA RÉDACTION
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CONSIGNES DE RÉDACTION
Pour que votre article soit publié,
Il ne doit pas dépasser 15pages. (maximun)
La police des caractères doit être du Times New Roman et le corps des caractères est de
12. , interligne simple, les marges sont haut : 3 cm, bas : 3cm; gauche 3cm; droite 3cm
Les signes de ponctuation uniquement suivis d’un espace sont : , .
Ceux précédés d’un espace et suivis d’un espace sont : ? ! ; : - « »
Pour les guillemets de ce type " " “ ” et les parenthèses, il n’y a pas d’espace à l’intérieur.
•
Quand la citation est comprise dans une phrase, le point final viendra endehors du guillemet : Phrase "institut".
•
Quand la citation est une phrase complète, le point est dans le guillemet:
"Institut de recherches."
•
Quand la citation est introduite par deux points, les deux sont possibles :
Quand la citation est longue et par exemple : comporte plusieurs phrases, il est
nécessaire de mettre le point à l'intérieur du guillemet. Quand la citation est un
mot ou très courte, on peut mettre le point à l'extérieur (il dit : "prends".).
•
Pour une phrase en français les guillemets doivent être de ce type : «
Institut de recherches »
•
Pour une phrase en anglais : "institut de recherches" et en italique
•
Accentuer les "À", les "É" et "Ê" majuscules. Par exemple : À ce propos,
École, Être, etc.,
NOTES DE BAS DE PAGE
Deux choix sont possibles (mais il faut choisir l’un ou l’autre pour tout le texte) :
•
Les notes sont placées : En bas de page. Le corps à utiliser est de 10
points soit 2 points de moins que le corps du texte. Les appels de note placés dans
le texte doivent avoir le même corps que les rappels et le texte des notes.
À la fin du texte, elles seront dactylographiées à un interligne et demi, en
respectant le protocole suivant (y compris la ponctuation) :
•
Livre, nom de l’auteur, initiale du ou des prénoms, titre. Lieu d’édition,
nom de l’éditeur, année de publication, nombre de pages..
SAMBA DIAKITÉ (dir.) , Dictionnaire des auteurs africains. Abidjan, Presses
Universitaires de Côte d’Ivoire, 2013, 230 pages
•
Article, nom de l’auteur, initiale du ou des prénoms, « titre de l’article »,
nom de la revue, volume, numéro, année de publication : première et dernière
pages de l’article.
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•
Vanier .C. « L’homme qui aime la femme », L’Homme, XVI, 2-3 : 103-
128.
•
Texte dans un ouvrage collectif, nom de l’auteur, initiale du ou des
prénoms, année de publication, « titre du chapitre » : première et dernière pages
du chapitre, in initiale du ou des prénoms et nom du ou des directeurs de
publication, titre du livre. Lieu d’édition, nom de l’éditeur, année d’édition.
•
DUFFRENES M., « Le bleu et le noir » : 79-123, in F. Héritier-Augé et
É. Capen et Allenr (dir.), Les margouillats. Volume I : Les mangeurs de mil.
Paris, Éditions des Margouillats, 2013.
•
Document Internet, comme les rubriques ci-dessus et, à la place du lieu
d’édition et du nom de l’éditeur, la mention : Consulté sur Internet (adresse du
site), le (date). Conseil africain de Bamako, 2013, introductions de séance, 7, 8 et
9 décembre. Consulté sur Internet
(http://africa.ua.int/nations/off/conclu/dec2013/dec2013/_fr.htm), le 15 juillet
2013.
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ORGANISATION
Directeur de Publication :Prof. Samba DIAKITÉ
Directeur de Rédaction :Dr KOUMA Youssouf
Secrétaire de Rédaction : Dr KONATÉ Mahamoudou
COMITÉ DE RÉDACTION
Dr KOUMA YOUSSOUF, Maître-Assistant, Université Alassane Ouattara de Bouaké
Dr SORO DONISSONGUIMaître-Assistant Université Alassane Ouattara de Bouaké
DR KOUASSI KOUADIO LEONARD, Assistant, Institut National Supérieur d’Action Culturel Abidjan
DR SANGARÉ SOULEYMANEMaître-Assistant,Université Alassane Ouattara de Bouaké
DR KONATÉ MAHAMOUDAssistant, Université Alassane Ouattara de Bouaké
Dr KOUAKOU HYANCINTHE, Chercheur, Lycée Moderne d’Adzopé Côte d’Ivoire
DR SOUMAHORO FALIKOUAssistant, Université Alassane Ouattara de Bouaké
DR CHANTAL PALÉAssistant, Université Alassane Ouattara de Bouaké
DR SANOGO AHMEDAssistant, Université Alassane Ouattara de Bouaké
JACKIE DIOMANDÉ Doctorante,Université Alassane Ouattara de Bouaké
KOUAKOU EDWIGEDoctorante, Université Alassane Ouattara de Bouaké
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CONSEIL SCIENTIFIQUE
PROF. ABOU KARAMOKO, Professeur des Universités,Université Houphouët-Boigny ,philosophie de la
culture , théorie critique et philosophie africaine
PROF COULIBALY DAOUDA,Maître de Conférences,Université Alassane Ouattara , études américaines
PROF DANY RONDEAU,Professeure des Universités,Université du Québec à RIMOUSKI, éthique, philosophie
de la culture et des religions
PROF. DAVID MUSA SORO,Professeur des Universités,Université Alassane Ouattara, , philosophie grecque
et études anciennes
PROF. HOUNTONDJI PAULIN,Professeur des Universités,Université du Benin, , philosophie africaine et
philosophie politique
PROF. KOUASSI YAO EDMOND,Maître de Conférences, Université Alassane Ouattara, philosophie politique
et sociale
PROF. N'GUESSAN DEPRY ANTOINE, Maitre de conférences, Université F.Houphouet Boigny, philosophie
des sciences
PROF. SAMBA DIAKITÉ, Professeur des Universités,Philosophie de la culture, de l’éducation, éthique et
philosophie africaine
PROF. TRO DEHO, Maître de Conférences,Université Alassane Ouattara, littérature africaine
PROF. YACOUBA KONATÉ,Professeur des Universités,Université FÉLIX Houphouët-Boigny, esthétique,
philosophie de l’art et philosophie politique
PROF. BINDEDOU JUSTINEMaître de Conférences, Université Alassane Ouattara, philosophie politique
PROF. GRÉGOIRE BIYOGO, Professeur des Universités,Université Paris VII; Per Ankh Université
Panafricaine de la Renaissance; égyptologie, épistémologie, méthodologie, linguistique historique et comparée,
histoire de la philosophie, musicologie, poétique
PROF. MARIE STOLL, Professeur des Universités,Université of Michigan, Science and arts
PROF. NORMAND BAILLARGEON, Professeur des Universités, Université du Québec à Montréal Philosophie
de l’éducation
PROF. KOUASSI MARCEL, Maître de Conférences, Bioéthique, éthique des technologies, philosophie
pratique
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LA PROBLÉMATIQUE DE L’IDENTITÉ DE
L’INDICAMÉTRIE: SCIENCE ET /OU MYSTICISME ?
Dr Lucien O. BIAGNE∗
Maître-Assistant
Résumé
Si la science classique se caractérise par la quête et non la possession de la vérité, la
raison ouverte et non la raison close, la faillibilité et non l’infaillibilité, l’incertitude et
non la certitude, l’empirique et non le métaphysique, un fondement provisoire et non un
fondement divin, une approche fragmentaire du réel et non une approche holistique, la
falsifiabilité et non l’infalsifiabilité; quant à l’indicamétrie, une science d’essence et
d’origine africaine ,axée sur Dieu ,vouée à la connaissance et au développement intégral
de l’être humain , elle se caractérise par une approche globale de celui-ci et de son
environnement. Grâce à des instruments inédits, puisés dans le patrimoine culturel
africain telle la civilisation des ténèbres, l’indicamétrie rend possible ce que la science
normale croyait impossible: la quête de la certitude, de la précision, d’un fondement
divin, de l’infaillibilité, d’une raison close, d’une science achevée. C’est un antihasard
.Elle prédit les phénomènes sociaux irrationnels émergents. Elle explique tout. C’est une
théorie testable, mais irréfutable donc, en principe non scientifique. Cependant,
l’irréfutabilité n’étant plus aujourd’hui une preuve suffisante de la non scientificité d’une
théorie, l’indicamétrie peut se prévaloir du statut de science, mais une science d’un genre
particulier. C’est une science émergente, révélée. Elle cumule en son sein la science
laïque et le mysticisme.
Mots-Clés : commutateur inter-monde, contexte de la découverte, contexte de la
justification, émergence, hasard, holisme, indicamétrie, monde invisible, monde visible,
mysticisme, science.
Summary
Classical science is the quest of the truth, and not the possession of it. It is an open
teason and not a closed one. It is fallibility and not infallibility. It is uncertainty and not
certainty. It is personal experience and not something metaphysical. It has a provisional
foundation and not an absolute divine one. It has a fragmentary approach of reality and
not a global approach of it. It is forgeable and not unforgeagle. L’indicamétrie is an
African science in its essence. It revolves around God, but aims at the knowledge and full
development of the human being. It is characterized by its wholesome approach of man
and his environment. Thanks to new means taken from the African cultural heritage,
among which the culture of the irrational, l’indicametrie makes possible what normal
science considered impossible. That is the quest of certainty and precision, the quest of an
unshakable foundation, of the unfallible, of an absolute reason, of an absolute science. It
is against chance. It predicts irrational forthcoming social phenomena. It explains all, it
∗
Université Alassane Ouattara de Bouaké
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has an answer to all. As a theory, it can be tested, but it cannot be rejected. Does this
prevent it from being a science? The answer is no. L’indicametrie is a science but a
science of particular kind. It is a revealed new science. It includes the rational and the
irrational.
Keywords:Divine messenger, context of discovery, context of experimentation,
emergence, chance, globalism, indicamétrie, invisible world, visible world, mysticism,
science.
Introduction
La prestigieuse estampille « science », appliquée à une théorie, est le couronnement
d’un rite complexe d’authenticité. Ce rite de certification qu’appelle l’apparition d’une
nouvelle théorie sur la scène scientifique constitue toujours une source de controverse
entre les tenants de la nouvelle théorie et les gardiens de l’estampille quant à la légitimité
des prétentions à la scientificité et à l’originalité de cette théorie. Il en va de même pour
l’indicamétrie. Les conditions de son émergence ou son immaculée conception comme
sa révélation, la complexité et l’immensité de son champ d’investigation mobilisant par
conséquent une diversité de paradigmes les plus antagoniques, tout comme la complexité
de sa méthode et de son réseau conceptuel sont autant de ses exceptionnalités
caractéristiques qui amènent à s’interroger sur sa véritable nature ? L’indicamétrie
répond-t-elle aux réquisits d’une théorie
scientifique ?Quelle est l’identité
épistémologique de cette théorie d’identification des capacités ? Notre entreprise
consistera à savoir si l’indicamétrie est réfutable. Et dans le cas contraire, à s’interroger
si sa non falsifiabilité est une preuve suffisante de sa non scientificité.
La première partie de cet essai rappelle, suite aux travaux de Popper, ce qu’’il est
aujourd’hui convenu d’appeler science. La deuxième partie expose succinctement la
théorie indicamétrique. La troisième partie répond à la question de l’identité
épistémologique de l’indicamétrie. La quatrième partie est une évaluation critique de la
nouvelle perspective qui se dégage de la crise de la grille poppérienne de la certification
des théories scientifiques.
I-Qu’est-ce qu’une théorie scientifique ?
L’entreprise de définition de la science n’est pas aisée pour diverses raisons. Nous
n’en retiendrons que deux : les raisons d’ordre logique et idéologique. La raison
d’ordre idéologique veut que la science en tant qu’institution ait sa propre
représentation du monde, sa logique, ses règles, son éthique, sa déontologie en un mot
son idéologie. Celle-ci la distingue, en la fermant aux autres systèmes théoriques,
quoiqu’apparemment ouverte.La raison logique réside dans la diversité voire l’infinité
des mondes possibles que la science est censée représentée. La science s’articule avec
une cosmologie, un univers. Or les univers, il en existe une infinité possible. Chaque
système théorique prétend offrir la meilleure représentation du « monde réel ».
Comment, de tous ces systèmes de représentations possibles du monde, distinguer la plus
représentative du monde réel des autres.
Selon le vocabulaire technique et critique de la philosophie, « La science est
l’ensemble de connaissances et de recherches ayant un degré suffisant d’unité et de
généralité et susceptibles d’amener les hommes qui s’y consacrent à des conclusions
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concordantes,qui ne résultent ni des conventions arbitraires, ni de goût ou des intérêts
individuels qui leur sont communs, mais de relations objectives qu’on découvre
graduellement, et que l’on confirme par des méthodes de vérifications définies »1. Cette
définition, si satisfaisante soit-elle, par rapport aux autres, ne l’est pas au regard des
réquisits poppériens d’une théorie scientifique. Elle véhicule la tare congénitale de
l’inductivisme : la généralisation progressive des faits d’observation fondée sur des
preuves qui les confirment progressivement et qui, en fin de compte, lui confèrent la
structure d’une loi universelle. En d’autres termes, les relations objectives que l’on
découvre graduellement ne sont autres que des énoncés d’observation particulière ou des
hypothèses déduites de l’observation, qui, avec de nombreuses preuves corroborantes,
passent de la particularité à la généralité. Cette méthode a l’inconvénient de rendre
aveugle aux preuves infirmantes et d’amener à ne voir que les preuves confirmantes. Elle
est considérée par mégarde comme méthode des sciences de la nature .Elle fait de la
vérification la caractéristique essentielle de la science. La science est un savoir vérifié,
absolument certain. Le critère de démarcation inhérent à la logique inductive se résume à
cette condition : une théorie scientifique authentique est une théorie dont l’on doit
pouvoir décider de manière concluante de la vérité et de la fausseté. Or, selon Popper,
une théorie scientifique ou un énoncé universel relatif à la réalité, ne peut être vérifiée
par un énoncé singulier compte tenu de l’asymétrie résultant de la forme logique des lois
naturelles qui sont des énoncés universels.2 L’énoncé singulier peut tout au plus
l’infirmer.
En alternative à ces critères de vérification et de signification qui ont échoué dans
leur tentative de tracé d’une frontière entre la science et la pseudo science ou la
spéculation métaphysique, la science s’est véritablement autonomisée, suite à sa rupture,
à la Renaissance avec l’Église qui, depuis l’antiquité classique jusqu’au moyen Age,
avait le monopole de la connaissance, en se dotant d’un certain nombre de critères
fondamentaux et d’exigences : la falsifiabilité et l’empiricité, la méthode, la vérité,
l’objectivité, l’incertitude, la faillibilité. Ce critérium constitue la grille d’identification
de la théorie scientifique adoptée par la communauté scientifique qui l’a héritée depuis
le XXe siècle des travaux de Popper.
1-La falsifiabilité des théories scientifiques.
Ce critère répond à la nécessité de distinguer les théories scientifiques des
pseudosciences. « On peut éliminer le dogme de la signification ou du sens et les
pseudo-problèmes auxquels il a donné naissance si nous adaptons comme critère de
démarcation le critère de falsifiabilité, à savoir la possibilité de décider des énoncés
d’une manière (au moins) unilatérale, asymétrique. Selon ce critère, les énoncés, ou
systèmes d’énoncés communiquent une information relative au monde empirique dans la
seule mesure où ils sont capables d’entrer en conflit avec l’expérience ou, plus
précisément, dans la seule mesure où ils peuvent être soumis à des tests systématiques,
c’est-à-dire, où ils peuvent être soumis (conformément à une « décision
méthodologique ») à des tests qui pourraient avoir pour résultat leur
1
André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Paris, PUF, 1926, p.954
Karl R ., La Logique de la découverte scientifique, Paris, Payot, 1978, p.30
2POPPER,
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réfutation.3Autrement dit, selon Popper, « le système que l’on appelle « la science
empirique »est censé représenté un seul monde : « le monde réel » ou « le monde de
notre expérience » 4: le système ou la théorie scientifique doit pouvoir répondre au
critère du caractère empirique. Cela ne veut pas dire que cette théorie procéderait
directement de l’expérience comme le soutiennent les empiristes et les positivistes ; mais
plutôt qu’elle doit répondre au critère de démarcation ou de falsifiabilité »5. Celui-ci est
destiné à distinguer « les systèmes d’énoncés scientifiques, des systèmes parfaitement
dotés de signification, d’énoncés métaphysiques ».6 Une telle théorie n’est pas, pour des
raisons logiques vérifiables, mais de manière asymétrique, falsifiable seulement : ce sont
des théories que l’ « on met à l’épreuve en les soumettant à des tentatives systématiques
de falsification »7. Autrement dit, une théorie scientifique doit être falsifiable sans être
falsifiée par l’expérience.
Car une théorie qui explique tout peut être tout sauf une théorie scientifique. C’est ce
qu’explicite Aigrain : « A partir du moment où un modèle explique absolument tout, il
n’explique plus rien .Sa valeur de prédiction devient nulle puisque quel que soit le
résultat, celui-ci sera toujours conforme au modèle. Ainsi, un seul modèle cohérent et
controuvable est-il véritablement scientifique. S’il n’est pas en accord avec les
expériences connues, il est sans intérêt, car la science doit pouvoir être appliquée à la
nature et au monde sensible. »8 Aigrain nous commente ainsi la conception poppérienne
de la science. Le critère de falsifiabilité implique donc celui de l’empiricité. Un système
scientifique comme le souligne, Popper, devra théoriquement satisfaire à trois exigences :
« Il devra, tout d’abord être synthétique, de manière à représenter un monde
possible, non contradictoire .En deuxième lieu, il devra satisfaire au critère de
démarcation, c’est -à-dire il ne devra pas être métaphysique mais devra représenter un
monde de l’expérience possible. En troisième lieu, il devra constituer un système qui se
distique de quelque manière des autres systèmes du même type, dans la mesure où il est
le seul à représenter notre monde de l’expérience »9.
Ce sont trois exigences de la théorie scientifique que résume le critère de falsifiabilité
comme le fait remarquer Einstein : «Dans la mesure où un énoncéscientifique nous parle
de la réalité, il doit être falsifiable ; dans la mesure où il n’est pas falsifiable, il ne parle
pas de la réalité »10.
2/ L’incertitude
3
4
POPPER, Karl. R., Conjectures et réfutations, Paris, Payot, 1985, PP.318-319.
POPPER, Karl R, La Logique de la découverte scientifique, op, cit. p.35
5
Ibidem, p.35
6Ibidem, p.317
7Ibidem, p.318
8
AIGRAIN, Pierre, Simples propos d’un homme de science, Paris, Ed. Hermann,
1983, p.3
9Ibidem, p36
10Ibidem, p.319
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À la certitude des autres formes de savoirs (mystique, religieux, magique, subjectif),
s’oppose l’hypothétisme ou la conjecturalité de la connaissance scientifique. Car, selon
Popper, la conception erronée de la science se révèle dans la quête illusoire
d’exactitude :
« Nous devrons nous faire à l’idée que nous ne devons pas considérer la science
comme un « corps de connaissances » mais comme un système d’hypothèses ; c’est-àdire comme un système de conjectures ou d’anticipations qui ne peuvent en principe être
justifiées ,mais que nous utilisons aussi longtemps qu’elles résistent à l’épreuve des tests
et à propos desquelles nous ne sommes jamais en droit de dire que nous savons qu’elles
sont « vraies » ou « plus ou moins certaines » ou même “ probables “ »11.
Elle est sans fondement. L’incertitude de la connaissance scientifique est une
conséquence du faillibilisme absolu : la certitude d’une certaine erreur, même non
démasquée, dans notre démarche heuristique.
3/Le fondement
La science, en son principe, se veut rationnelle. La rationalité consiste en une exigence
de fondement : être rationnel, c'est ne pas vouloir laisser de place à l'arbitraire, c'est
expliquer les événements en leur trouvant des causes, justifier ses affirmations en les
démontrant à partir d'autres affirmations, organiser son action en la soumettant à un plan,
à un principe. Cette exigence de justification renvoie pour éviter la régression à l’infini, à
l’exigence d’un fondement. Cet appui inébranlable, il n’y en a point. Aussi, la science
fut-elle contrainte par pragmatisme rationnel à s’accommoder d’une assise mouvante :
« La base empirique de la science objective ne comporte donc rien d’ « absolu ». La
science ne repose pas sur une base rocheuse. La structure audacieuse de ses théories
s’édifie en quelque sorte sur un marécage. Elle est comme une construction bâtie sur
pilotis. Les pilotis sont enfoncés dans le marécage mais pas jusqu’à la rencontre de
quelque base naturelle ou « donnée »et lorsque nous cessons d’essayer de les enfoncer
d’avantage, ce n’est pas parce que nous avons atteint un terrain ferme. Nous nous
arrêtons, tout simplement, parce que nous sommes convaincus qu’ils sont assez solides
pour supporter l’édifice, du moins provisoirement ».12.
4/La méthode
La méthode comme logique privilégiée de la recherche scientifique, il n’y en pas.
Feyerabend positivant ce manque postule : « Tout est bon ».Ceci veut dire qu’il faut
adopter une attitude critique comme le préconise Popper à l’égard de toute connaissance.
La critique est l’unité méthodologique de toutes les sciences. La connaissance, et tout
particulièrement la connaissance scientifique est une réponse à un problème qui a suscité
des conjectures audacieuses. L’on en retient celles qui ont survécu à l’épreuve de vérité.
La critique des conjectures est déterminante. Elle fait apparaître les erreurs qui, grâce à
11Ibidem,
12Ibidem,
p.322
p.111
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la critique, permettent des avancées significatives vers la vérité. Cette méthode de
connaissance par conjectures et réfutations,présuppose le faillibilisme.
5/La vérité.
Le vrai scientifiquement n’est pas absolu. Le vrai est vrai pour toujours. La vérité
scientifique est biodégradable. La théorie dite « vraie »ne l’est qu’apparemment. Elle est
en réalité la plus proche de la vérité par rapport aux théories concurrentes. Elle témoigne
non de notre prétention à dévoiler le réel en soi, mais de notre ingéniosité. D’Espagnat
ne dit pas le contraire dans sa théorie du réel voilé. Selon cette théorie, la science, en fin
de compte, n’atteint jamais, explicitement le réel en soi. Cependant, il ne faut pas
entendre par là que la physique aura échoué à connaitre, à rendre compte des
phénomènes, il faut plutôt entendre par là que la notion de réel est d’une très grande
exigence. Il faut donc se résoudre à faire ce qui relève de notre compétence: « Ne
craignons donc pas de n’être que de purs fabricants de « recettes ».13
6/-L’objectivité
La méthode critique, dans le procès de la connaissance scientifique, répond à un souci
d’objectivité. L’objectivité scientifique ne consiste pas en une absence de valeur comme
une neutralité mentale mais en une intersubjectivité. Selon Popper, « L’exigence
d’objectivité scientifique rend inévitable que tout énoncé scientifique reste
nécessairement et à jamais donné à titre d’essai. Ce n’est que dans nos expériences
subjectives de conviction, dans notre confiance personnelle, que nous pouvons être
« absolument certains»14. Ce qui fait l’homme de science, ce n’est la possession de
connaissances, d’irréfutables vérités, mais la quête obstinée et audacieusement critique de
la vérité ».15Cette quête est assortie aussi d’une permanente critique. « En résumé, écrit
Popper, on peut dire que ce que nous dénommons l’objectivité scientifique n’est pas due
à l’impartialité personnelle du savant, mais au débat public que suppose la méthode
scientifique. En d’autres termes, l’impartialité personnelle du savant, quand elle existe,
n’est pas la source, mais plutôt le résultat de l’objectivité institutionnelle et organisée de
la science. » 16Si la réponse à la question qu’est-ce que la science n’est pas scientifique,
la sécurisation de l’image de la science, qui fait l’objet d’une convoitise obsessionnelle
nécessite un consensus minima quant aux réquisits imposables à toute théorie prétendant
à la scientificité. L’indicamétrie, un système théorique en quête de reconnaissance
scientifique répond-elle aux exigences de cette grille de certification de la théorie
scientifique ?
À l’analyse de toutes ces exigences, nous remarquons que la science se définit par une
somme d’insuffisances qui pourraient en constituer le talon d’Achille mais que Popper
transmute en sa vertu. En ce conseil de Radnitsky aux chercheurs, émerge la nouvelle
configuration de la science :
13D’ESPAGNAT,
Bernard, Un Atome de sagesse. Propos d’un simple physicien sur
le réel voilé. .., Paris, Seuil, 1982, p.192
14Karl Popper, La Logique de la découverte scientifique, op .cit ., p.286
15Ibidem, p.287
16 POPPER, Karl, R. La société ouverte et ses ennemis, t2, Paris, Seuil, 1979, pp.149-150
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« Ne cherchez pas à fonder ,à justifier ,à purifier ; il n’y a point d’ancrage du certain,
de source privilégiée ,de position imprenable ,de voie royale renoncez aux idoles ,aux
utopies de la saisie directe ,de la transparence ou du point fixe ;éliminez de vos aideaux
savoir absolu ,langage universel ,réduction totale ,pleine maîtrise ou stabilité morte
.Mais n’hésitez pas à inventer ,à proposer ,à critiquer ,sans confondre fin et faits et
valeurs …Le rationalisme critique est en ce sens une philosophie des lumières ,pluraliste
,faillibiliste ,révolutionnaireet laïque» .17
Ces exigences constitutives de la science faites de proscriptions que de prescriptions
sont la marque de ses insuffisances quasi –ontologiques. Elles l’apparentent à un
organisme toujours en croissance, mal connu dans tous ses composants, ignorant de ses
capacités. Qu’en est-il pour l’indicamétrie ?
II- Le contexte de la découverte
L’indicamétrie n’est pas le fruit de l’étonnement mais de la révélation. Le jeune
Moustapha Diabaté la reçut de Dieu en songe par l’intercession de trois messagers .A
leur hôte, ceux-ci ont révélé sa mission divine : la libération de l’humanité à partir de
l’Afrique .Cette libération se fera non par les armes mais par une science ancrée en
Dieu.18 Elle se distingue des autres sciences existantes éclatées par sa complexité et sa
complétude. C’est, selon le Pr Diabaté, la science des sciences indicatives, la science de
la globalité universelle .Elle s’applique à l’étude de toute chose à travers leur système
capacitaire intrinsèque et extrinsèque via des instruments inédits tels l’indicamétrie du
cerveau, l’alphabet indicamétrique, le IBEC (Imprimante Bio Energetico-capacitaire) etc.
Elle a pour fin le développement multipolaire et multi capacitaire axée sur sept capacités
fondamentales conditionnant la réussite de toute personne physique ou morale.19 Elle
étudie à la fois les indicateurs objectifs classiques et les indicateurs spécifiques inédits et
mesure leurs impacts sur le développement et la vie humaine. Elle est à la fois théorique
et pratique. Techniquement, l’Indicamétrie est une discipline scientifique qui mesure,
modélise et redynamise avec une grande précision l’énergie efficiente de tout être
humain ou non. Grace à ses outils et /ou instruments inédits, il est désormais possible de
cerner l’intrinsèque et l’extrinsèque, c’est-à-dire la globalité de toute réalité sociale.
L’indicamétrie offre une alternative pour la connaissance et la promotion du
développement intégral de l’homme. Car, selon Diabaté, « Notre vie de groupes nous
17Karl Popper et la science
d’aujourd’hui,Colloque de cerise, Sous /dir.Renée
Bouveresse, Paris, Aubier, 1981,p.99.
18
MoustaphaDIABATE, raconte son rêve éveillé : « Trois personnes s’adressent à moi en
ces termes : la science qui t’est à présent enseignée est incomplète .Nous sommes
chargés de t’enseigner la science la plus complète dans l’intérêt de l’humanité …J’ai vu
les trois personnes et la nuit, j’ai rêvé de 7 pensées .La première pensée est le titre d’un
ouvrage : Toi qui doute, toi qui cherches. » Diabaté, raconté par lui-même. In Any
Désiré, op cit .p.25
19
MoustaphaDIABATE, La Révolution indicamétrique ou Le réveil d’un continent pour le
salut de l’humanité et du monde .L’ère de l’Afrique Monde intégrés et solidaires,Tome II,
Bouaké, COMIPA Productions, 2009, pp.4-5.
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oblige à nous rendre transparents à nous-mêmes, à nous comprendre nous-mêmes, en
notre qualité d’êtres humains, contraints à vivre en une vie commune organisée ».20
Ces instruments, propres au patrimoine culturel africain, permettent de mesurer
l’impact énergétique (sébayadji)21de l’être humain, sa communauté et son environnement
général, permettant ainsi d’obtenir des indicateurs irrationnels ou invisibles subjectifs
(BIS) venant compléter la batterie des indicateurs objectifs (BIO).Ils rationalisent
l’irrationnel voire l’émotion qui, selon Senghor, serait à la base de l’incompétence
scientifique des noirs. Ils deviennent producteurs de constantes au même titre que les
autres disciplines scientifiques. Cette nouvelle science enracinée dans les entrailles du
socle culturel africain et aspirant à l’universalité, c’est l’indicamétrie. Elle œuvre certes
à assumer sa mission civilisatrice transhumaine, transcontinentale, mais tout en assumant
ses origines africaines. Le sceau africain de cette science réside dans son intégration du
patrimoine culturel africain
y compris cette problématique
« civilisation des
22
ténèbres » , une africanité des plus irrationnelles qui amène à s’interroger sur l’identité
épistémologique de l’indicamétrie. L’indicamétrie peut-elle se mouler dans ce corset de
la science d’aujourd’hui ci-dessus exposé ?
III- De l’identité épistémologique de l’indicamétrie
La science indicamétrique peut être présentée comme une négation dialectique de la
science classique. Elle en est le couronnement. Elle l’a en l’enrichie d’autres propriétés
jadis jugées incompatibles avec son statut ou son domaine de définition tels la certitude,
l’ancrage absolu, Dieu, l’approche holistique multipolaire du réel(le matériel et
l’immatériel, le visible et l’invisible, le phénoménal et le nouménal, l’extrinsèque et
l’intrinsèque, l’infiniment grand et l’infiniment petit, la raison close ou accomplie,
science stable, infaillible, omnipotente, capable de relever tous les défis).
Grace à des objets heuristiques inédits tels le commutateur inter monde, un
informateur sur le monde indivisible, l’indicamétrie, contrairement à la science classique,
a réponse à tous les problèmes. Aussi, son inventeur peut-il soutenir, avec assurance,
cette vérité de la foi, une sorte de devise : « l’impossible n’est pas indicamétrique ou
« l’arbre donne la vie et prend la mort »23.
Une telle science est-elle falsifiable ? Est-il possible d’établir la fausseté d’un énoncé
en le rapportant objectivement à des faits empiriques ? Examinons à cette fin ce postulat,
20DIABATE,
Moustapha, « Des limites des sciences existantes à la découverte de
l’indicamétrie pour un développement capacitaire de l’Afrique monde ». Communication
du Professeur Moustapha DIABATE, aux Journées Culturelles de SIBEL /Université de
Cocody-Abidjan, 2009.
21
Ce terme, d’origine Malinké, signifie eau bénie ou flux vital ,une forme d’énergie qu’étudie
l’indicamétrie .Elle donne de l’efficacité à toute chose ou être humain In Moustapha Diabaté, La
Révolution indicamétrique ,po.cit .p.6
22
Selon le professeur Diabaté,recevant solennellement le prix Daisaku Ikeda pour la culture et l'éducation
en 2008, « l'Afrique peut se développer en utilisant la civilisation de l'invisible, en privilégiant les valeurs
des ténèbres. »
23
DIABATE, Moustapha, La Révolution indicamétrique ou le réveil d’un continent pour
le salut de l’Afrique et du monde, Bouaké, COMIPA-Productions, 2009, p.26.
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d’après lequel, suite à une étude profilogique du Président Thabo M’Béki, celui-ci
présente le meilleur profil pour résoudre la crise ivoirienne, à condition que sa médiation
ne rencontre aucune résistance.24
Cette prédiction fut confirmée par les faits reconnus par l’ONU et la communauté
internationale qui se réjouissent des résultats exceptionnellement satisfaisants jamais
enregistrées auparavant. L’on en déduit une preuve
de
la scientificité de
25
l’indicamétrie.
Une situation aussi complexe qui relève de l’émergence, où les faits complexes,
interconnectés, s’inter-rétroagissant et se combinant avec d’autres propensions (des
tendances ou propriétés potentielles), générant un nouvel ordre des phénomènes non
logiquement prévisibles parce que non déductibles de l’ordre antérieur, la science
actuelle ne saurait en prédire l’issue. «Le déterminisme, la doctrine selon laquelle la
structure du monde est telle que tout événement peut être rationnellement prédit, au
degré de précision voulu, à condition qu’une description suffisamment précise des
évènements passés, ainsi que toutes les lois de la nature, nous soit donnée ».26, selon
Popper, « est tout simplement faux27. Il faut une surintelligence comme celle du Démon
de Laplace pour déterminer toutes les conditions initiales de la crise et pronostiquer sa
fin si l’on venait à les enrayer.
Mais l’indicamétrie a réussi à surmonter l’écueil du hasard. Elle serait même une
incarnation de cette intelligence surhumaine imaginaire de Laplace. Elle ne s’interdit pas
la prédiction de l’issue d’une entreprise d’aussi grande envergure comme la résolution de
la crise ivoirienne, qui se déploie dans un environnement des plus complexes et ouverts.
Elle a des ramifications régionales, continentales et transcontinentales. Cette prédiction :
« Thabo –M’Bki réussira sa mission si elle n’est pas entravée »est très lâche .Elle
n’informe pas suffisamment sur les conditions sine qua non de sa réussite. De ce fait, elle
ne met pas en péril la scientificité de l’indicamétrie. Toute prédiction non concluante
peut être le fait de plusieurs facteurs : la méthode, la logistique, les moyens financiers,
24
Expérience entreprise par le prof Diabaté dans le cadre la résolution de la crise ivoirienne
couvrant la période de 08Décembr 2004 au 21septembre 2005.
25
AFFI,
Marie-Laure
H.,
L’Indicamétrie
et
ses instruments,
Abibdjan,
CDI_PRODUCTION, 2007, p.63.
26 POPPER, Karl R., L’Univers irrésolu, Paris, Ed. Hermann, 1981, p.1
27La raison : « Dans le monde réel ,notre monde toujours changeant ,la situation ,et
donc les possibilités objectives ,les propensions ,changent constamment .Elles peuvent
effectivement changer si ,comme tout organisme, nous préférons une possibilité à une
autre, ou si nous découvrons une que nous avons jusque là ignorée .Notre
compréhension du monde elle-même modifient les caractéristiques de ce monde
mouvant .Il en va de même de nos désirs de nos préférences ,de nos motivations ,de nos
espoirs ,de nos rêves ,de nos phantasmes ,de nos hypothèse de nos théories .Même les
théorie fausses changent le monde ,bien que les théories correctes ,puissent ,en général
,avoir une influence plus durables ». Popper Karl R., Un Univers de propensions. Deux
études sur la causalité et l’évolution, Paris, Ed.de L’Eclat, 1992, p.39
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l’ignorance des pratiques mystiques des protagonistes telle l’influence des forces
occultes (la franc –maçonnerie, les sorciers, les marabouts, les mains occultes visibles et
invisibles, les sacrifices humains, les mânes, les effets œdipes même de la prédiction, les
phénomènes d’autosuggestion, l’équation personnelle).Tels sont les effets œdipes que
mobilisent la simple prédiction de la résolution de la crise ivoirienne. Le médiateur Sud
africain n’en pas a sûrement le contrôle entier. Ils offrent un argument de poids qui
plaide d’emblée en faveur de l’indicamétrie contre la falsifiabilité au cas où l’entreprise
n’aurait pas été concluante. Car, il y a une relation de causalité multidimensionnelle,
complexe, lointaine et directe entre l’effet, la crise et ses ressorts, un environnement
pluriel. Aussi la connaissance des obstacles au déploiement des ressources énergétiques
et des systèmes capacitaires permettent-elles une réorientation des ambitions et une
maitrise ou un meilleur contrôle de l’écosystème de l’action. « Le taux de couverture
sécuritaire (TCS),le taux de spiritualité performante (TSP),le taux de rentabilité
spirituelle(TRS)sont autant d’indicateurs rodés aux questions de résistance ,de vitalité ou
de préservation par rapport aux agressions spirituelles, microbiennes et
autres . »28« L’agression spirituelle », cette expression qui, dans le langage religieux ou
spiritualiste désigne une attaque émanant d’entités spirituelles malveillantes, apporte
implicitement la preuve du rapport de l’indicamétrie avec la sorcellerie29. Pourtant, si
cette thèse est admise par le Prof Aguessy, elle est récusée par M. André Déazon,
certainement dans le souci de garder à l’indicamétrie sa positivité scientifique, la coupant
des états préscientifiques : les états théologiques- et métaphysiques. Ceci sous-entend que
la sorcellerie est à inscrire au nombre des forces de résistance à la médiation de M.
Thabo-M’Beki, de véritables béquilles pour préserver
l’indicamétrie contre la
falsifiabilité.
La résolution d’une crise muliticausale, foyer des enjeux antagoniques suscitant
toujours des résistances, ne saurait se fonder sur le seul charisme d’un individu. Or, c’est
ce que son choix laisse supposer. Il a le meilleur profil capacitaire. Il met en présence
deux éléments inégaux : le médiateur et la multiple force de résistance. Dans cette
dialectique, le médiateur, minoritaire, échoue .Ce résultat suscite des interprétations
diverses selon les systèmes interprétatifs référentiels inhérents au système
indicamétrique, sans que ne soit mis en cause ni la compétence de la médiation
(M.Thabo M’Béki) ni la compétence scientifique de l’indicamétrie. L’inégalité des
forces dans cette dialectique des forces, visibles et invisibles, internes et externes pro et
anti- gouvernementales, la volonté de Dieu et celle des astres, peut servir d’argument
justificatif de cet échec. Les hypothèses ad hoc pour sauver l’indicamétrie de la
falsification à travers sa prédiction non suffisamment précise ne manquent pas.
Cet exemple parait peu pertinent pour justifier la scientificité de l’indicamétrie. Il est
de ceux qui illustrent la capacité d’une théorie à générer des hypothèses qui l’immunisent
contre la falsifiabilité. Cependant, la conclusion à savoir l’irréfutabilité de ce postulat par
conséquent de l’indicamétrie autorise-t-elle à disqualifier la prétention scientifique de
l’indicamétrie ?
28Marie–Laure
Affi,op,cit., p.64
La sorcellerie est une pratique mystique dont la réalité ou l’existence est controversée
.Les écrits de Boa Thiéméle Ramsès et Gadou Dakouri, se répondant mutuellement sur
cette problématique l’illustrent.
29
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Contrairement à l’interprétation qui en a été souvent abusément faite, Popper n’a
jamais voulu radicalement tranché le principe de démarcation entre science et
spéculation métaphysique. Sa mise au point est précise :
« Je ne pense plus, comme je le fis il y a un temps, qu’il y a une différence entre la
science et la métaphysique en ce qui concerne cette fort importante question. Je
considère une théorie métaphysique comme semblable à une théorie scientifique. Elle est
sans doute plus vague, et inférieure à plusieurs autres égards ; et son irréfutabilité ou
manque de testabilité, est son pire vice. Mais, tant qu’une théorie métaphysique peut être
rationnellement critiquée, je serais enclin à prendre au sérieux sa prétention implicite à
être considérée, à titre d’essai, comme vraie »30.
La science et la métaphysique s’inter fécondant, il faut nuancer cette thèse qui veut
que la non falsifiabilité d’une théorie soit synonyme de sa non scientificité. Elle invite à
une mise en garde contre la « normose » épistémologique ou la normalité scientifique.31
En outre, elle signale une anomalie interne à la grille de certification des théories plutôt
que la non scientificité d’une théorie mise en cause. C’est-à-dire que le critère de
falsifiabilité n’est pas toujours à la hauteur de l’espoir dont elle est investie.
Le physicien Robert Laughlin est arrivé à cette conclusion à partir de sa théorie des
cordes. La théorie des cordes postule que tous les objets élémentaires ne sont plus des
particules ponctuelles mais des cordes vibrantes. Cette théorie, selon Laughlin, est
infalsifiable, aucune expérience ne pouvait prouver qu’elle est fausse. Voici sa remarque
: « .J’ai réalisé que les gens acceptaient la théorie des cordes pour des raisons surtout
idéologiques. Ce fut pour moi un choc terrible, car je pensais que les scientifiques
refusaient toute forme d’idéologie. C’est en fait loin d’être le cas : peu ou prou, les êtres
humains adhèrent à des systèmes de croyances. Profondément enracinées dans la
culture occidentale, les idées « émergentistes » sont elles –mêmes issues des
philosophes grecs stoïciens, qui croyaient à un ordre naturel sous-jacent : celui-ci
devenait apparent et « émergeait » grâce à l’étude des lois de la nature ».32
Ces propos du physicien amènent à accorder un temps de réflexion jamais
suffisamment long à cette question « qu’est ce que la science ?», avant de dire si telle
théorie est scientifique ou non ; une réponse, qui,somme toute, comme nous venons de
l’apprendre, n’est pas scientifique.
Quelle présuppose la crise de la grille poppérienne de certification des théories ?
IV- Les implications de la crise de la grille de certification des théories.
30Popper,
Karl, La Théorie quantique et le schisme en physique, op.cit. , p.197.
« Nous devrions toujours nous garder de devenir des scientifiques normaux :des
scientifiques qui travaillent à l’aveuglette, sans œil critique, dans les limites des
présuppositions inconscientes d’un programme recherche .Un scientifique normal ne
tâche pas d’être aussi rationnel critique qu’il peut l’être ,car il n’essaie pas d’être aussi
critique qu’il peut l’être[ …]De mon point de vue, la critique est le devoir premier du
scientifique et de quiconque veut faire progresser la connaissance. En revanche, voir de
nouveaux problèmes et avoir de nouvelles idées, ne sont pas le devoir de celui-ci :
l’originalité est, plutôt, un don des dieux. », POPPER, Karl, la Théorie quantique et le
schisme en physique, op.cit. , p.34.
32Robert Laughlin, « L’émergence inattendue de lois
physiques »in Les dossiers de la
recherche, n°48, Avril, 2012, Hors série, .pp.44-45.
31
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La crise est inhérente à la science et à la raison tout comme à l’évolution cosmique.
Selon Bachelard, « Accéder à la science, c’est, spirituellement rajeunir, c’est accepter
une mutation brusque qui doit contredire un passé. »33 Accepter de voir le monde
autrement qu’on nous l’a enseigné .Cette mutation brusque, cette révolution des concepts
qu’imposent l’intelligibilité d’un monde émergent est un impératif épistémologique. Ce
billet d’Einstein à Newton rappelle sa rupture avec une vision caduque du monde et sa
conversion intellectuelle à l’émergence d’un ordre nouveau :
« Einstein : Newton, verzeih’mir (Newton excuse –moi !)
« Newton excuse –moi ! La voie que tu as ouverte était la seule qu’un homme doué
d’une intelligence brillante et d’un esprit créateur pouvait trouver à l’époque. Les
concepts que tu as élaborés guident encore aujourd’hui nos raisonnements en physique,
même si nous savons qu’il nous faut désormais les remplacer par d’autres concepts qui,
plus éloignés de l’expérience directe, nous permettront seuls de parvenir à une
compréhension plus profonde des relations entre les choses. »34
Ces nuances conduisent à la complexification de la grille de la certification d’une
théorie que l’on a tendance à réduire à la falsifiabilité, à la réhabilitation du programme
de recherche métaphysique telle l’indicamétrie, pour des intérêts plus extrascientifiques
que scientifiques, à la prise en compte d’autres critères pour une aussi importante
question dont dépend le sort d’une théorie scientifique.
Une théorie scientifique revêt plusieurs intérêts. Certes l’intérêt théorique est le
premier à partir duquel l’on déterminera sa valeur. Cependant, l’utilité pratique ne doit
pas être négligée, parce que, selon lui , « l’utilité ou l’inutilité pratiques peuvent être
considérées comme importantes principalement parce qu’elles sont quelque chose
d’analogue à un test de vérité tel que celui-ci peut être souvent en rapport avec une
théorie scientifique ».35 La raison et la science sont aussi changeantes que le monde.
C’est une exigence caractéristique de son objet : l’univers de propensions ou monde
émergent dont elles participent et qu’elles s’efforcent d’appréhender, de représenter.
Selon Laughlin Robert, « Le concept d’émergence décrit comment de nouvelles lois
nouvelles apparaissent à partir d’un certain niveau de complexité du réel. Son postulat
ne se limite pas à la physique des phénomènes : il explique aussi bien des phénomènes
biologiques que cosmiques, il embrasse diverses acceptions .Le concept d’émergence
s’entend aussi comme un principe physique d’organisation : contre le réductionnisme,
postulat d’après lequel toute connaissance est déductible de lois fondamentales. Il
postule que l’apparition de lois ne peut pas être déduite de principes physiques plus
fondamentaux »36.
33
Bachelard, Gaston, La formation de l’esprit scientifique, Paris, J.Vrin, 1980, p.14
Galilée, Newton lus par Einstein. Espace et relativité, Paris
PUF, 1984, p.103
35POPPER, Karl, La Théorie quantique et le schisme en physique, Paris, Ed. Hermann,
1996, p.197
POPPER, (Karl R.), L’Univers irrésolu Plaidoyer pour l’indéterminisme, Paris, Ed.
Hermann, 1981, p.1.
36LAUGHLIN(Robert),« L’émergence inattendue de lois physiques »in Les dossiers de la
recherche, n°48, Avril, 2012, Hors série, pp.44
34Balibar,Françoise,
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Popper la définit simplement comme l’idée d’après laquelle en physique
« quelquechose peut provenir de rien »37.
Pour répondre à la question de l’identité épistémologique de l’indicamétrie en dépit de
sa non falsifiabilité, le concept d’émergence s’avère le plus approprié. Selon Marie
Christine de Maurel, « L’émergence correspond à une conception révélée du vivant qui
montre soudain des propriétés dont on ignore les fondements, entretenant un zeste de
mystère, si ce n’est de mysticisme. »38
L’indicamétrie est une théorie émergente. Il faut entendre par là que l’indicamétrie est
un programme de recherche métaphysique, un programme scientifique de recherche, non
testable, dont la scientificité n’est pas encore établie. Cependant, il lui est reconnu une
valeur d’espoir au vu de son utilité en d’autres domaines. « L’indicamétrie est une
science émergente », c’est-à-dire une science révélée, au sens étymologique du terme.
L’indicamétrie, est une science révélée comme l’a révélé celui à qui elle a été comblée.
Son apparition sur la scène scientifique est soudaine. Science autonome, elle ne procède
pas déductivement de la science normale au sens kuhnien du terme. La nature posait de
nouveaux défis, de nouvelles énigmes qui sommaient l’ancien réseau conceptuel à se
régénérer. L’ « émergence » est donc le concept qui décrit mieux l’évolution créatrice
de la nature, et la situation géographique de l’indicamétrie par rapport aux sciences
antérieures. Elle concilie en son sein la science laïque et le mysticisme correspondant à la
mission planétaire, civilisatrice, humanisatrice, éthique et politique du libérateur.
La crise de la grille de la certification des théories scientifiques pré-indicamétriques
ne signifie-t-elle pas que nous sommes en présence d’une nouvelle configuration du réel
que la science classique avec sa méthode n’arrivent pas à expliquer ? Cette interrogation
de Sandrine Hubaut est très éclairante dans cette perspective :
« La science serait-elle dans l’attente d’un nouveau langage ? D’un nouveau
paradigme ? Est-elle acculée à une révision fondamentale des présupposés
méthodologiques qui lui servirent jusqu’à présent d’indéfectibles appuis dans sa quête
d’intelligibilité ?
Le concept d’émergence dont nous ne connaissons pas encore la véritable teneur […]
nous enjoint à interroger l’impensé de la science : la nature de son rapport au monde et
aux choses. Son point de vue analytique et déterministe s’accommode mal de certains
phénomènes dits complexes ou non linéaires. À la résistance qu’impose la singularité du
réel, elle a répondu par une sophistication croissante de sa méthode sans jamais réviser
la pertinence d’un modèle théorique qui soumet l’altérité du réel à la régularité et à
l’universalité d’une raison mathématique abstraite. En érigeant la méthode causale et
réductionniste en source exclusive de connaissance ,elle s’est privée d’autres moyens de
déchiffrer le réel .La voilà sommée de s’ouvrir à une révolution conceptuelle ,avec
courage et prudence ,pour offrir à la raison un nouveau souffle ».39
L’indicamétrie, ce programme de recherche scientifique, n’incarne-t-elle pas cette
révolution conceptuelle qu’exige le dévoilement de la nouvelle organisation de l’univers
37 POPPER, Karl, La Théorie quantique et le schisme en physique, Paris, Ed. Hermann,
1996, p.xxxviii
38Marie Christine de Maurel citée par Laurent Mayet, « L’émergence d’une nouvelle
science ? »In Science et avenir, Juillet /Aout 2005Hors- série, p.1
39Sandrine Hubaut, « L’émergence entre science et métaphysique », Science et Avenir,
Hors-série, Juillet/Aout, 2005, p.78-sq.
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?Cette révolution conceptuelle qu’appelle la science à l’épreuve de l’émergence de ce
nouveau monde (visible et invisible) régi par de nouvelles lois, excluant le hasard et
incluant la transcendance, nécessitant des instruments heuristiques inédits, nous semble
s’opérer ainsi en l’indicamétrie.
C’est Dieu qui, selon Xénophane comme Popper40, inspire, dévoile les idées
originales voire la vérité, quand il veut, comme il veut et à qui il veut. Le choix de tel ou
tel homme ne relève d’aucun mérite mais de la pure grâce divine.41 De ce fait, s’agissant
de l’indicamétrie, nous dirons dans un premier sens que c’est une science émergente, une
science divinement dévoilée, révélée.42
Dans un second sens, l’indicamétrie est une science émergente en ce qu’elle est
porteuse d’espoir ; elle a une valeur d’espoir. Science de l’amour par excellence, elle est
investie de la promesse de la sortie de l’humanité de la souffrance de la minorité qui
n’est qu’un corrélat de l’ignorance.
Dans un troisième sens, l’indicamétrie peut revêtir le statut de science émergente,
parce qu’en elle-même, en tant que théorie, elle dévoile un univers théorique en
émergence dans l’univers des sciences et consciences. C’est un système théorique
harmonieux, innovateur qui dévoile sous nos yeux une nouvelle forme d’organisation du
monde jusque-là ignorée. L’ordre théorique émergent, qu’il incarne et introduit dans
l’ancien système théorique, est harmonieux, rationnel.
Étrangère à la dialectique des deux ordres (l’ordre et le désordre) qui, sous
l’arbitrage du hasard, génère une imprédictible nouvelle organisation des idées,
l’indicamétrie assure la transition vers le règne du rationnel : un passage de
l’inconnaissable au « tout est connaissable », « tout est prédictible » avec précision,
sans que cette prédiction soit assortie d’effet oedipe, c’est-à-dire d’effet effet
secondaire. Car, ce que l’on désigne comme tel n’est que le signe d’un inconnu dans le
connu. Et, en un dernier sens, l’indicamétrie est une science émergente parce qu’elle
concilie en son sein science laïque et mysticisme conformément au dessein de celui qui
en est le révélateur, une éducation de l’humanité à l’humanité, à l’éthique d’un
harmonieux vivre ensemble dans un monde pluriel, complexe, intégré.
Conclusion
De l’examen de la théorie indicamétrique à l’aune de la grille poppérienne
d’évaluation des théories scientifiques, il résulte qu’elle n’est pas falsifiable. Ceci en
principe veut dire que l’indicamétrie n’est pas une science. Cependant, l’examen critique
de la grille poppérienne de l’évaluation des théories conduit à une nouvelle perspective.
Le monde n’est pas tel que la science classique nous le présente. Il est complexe,
multidimensionnel .Le principe de falsifiabilité devenant de moins en moins opératoire
devant de nouvelles réalités théoriques dont la scientificité est pourtant reconnue par la
40
POPPER, Karl, L’Univers irrésolu, op.cit.p. 34. voir pour la même idée, Conjectures et
réfutations, op.cit. p.50.
41
L’histoire du Pr Diabaté rappelle celle d’un mathématicien Srinivasa Ramanujan (1887-1920), de
l’Inde du Sud-est. Surdoué pour les mathématiques, il faisait montre d’une exceptionnelle créativité. A
l’illustre mathématicien Godfrey Hardy, qui l’invita à Cambridge, il confia qu’il vénérait une Déesse du
panthéon hindou qui le gratifiait en retour de son aide et protection .En rêve, elle lui révélait de « secrets
mathématiques d’une beauté délicieuse, parfois une équation confondante, parfois une structure du monde
contemplée par les dieux.»In Georges Charpak _Roland Omnès, Soyez Savants devenez prophètes, Paris,
O. Jacob, 2004, pp.43-44.
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communauté scientifique, sans que l’on puisse outre mesure, prouver ni leur véracité ni
leur fausseté, la démarche rationnelle consiste en une révolution de la grille de
certification des théorie scientifiques ; elle nécessite une complexification qui l’ouvrira à
la multidimensionalité des phénomènes rebelles ou réfractaires, en un mot à l’émergence.
Dans un monde complexe de propensions, mal connu dans sa globalité que dans ses
parties y compris l’homme, sujet et objet de cette entreprise de connaissance, il faut
désormais, une approche non plus fragmentaire, désintégrée mais complexe, holistique.
Nulle œuvre humaine n’est parfaite .La révélation dès qu’elle se fait à travers des canaux
culturels (langue, croyance, philosophie), se frappe du sceau relativiste de la spatialité et
de la temporalité, qui l’affecte dans sa pureté, sa vérité originelle. Aussi, l’indicamétrie
quoique système théorique révélé, science émergente, qui concilie la science laïque et le
mysticisme, doit-elle, en tant que projet qui se réalise, socialement, culturellement,
historiquement et psychologiquement conditionnée, se garder de toute prétention à
l’achèvement qui, la fermant à l’intersubjectivité, aux objectives objections, vitales pour
l’avenir de la science, l’amène à la recherche exclusive des hagiographes.
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