Modélisation du comportement électromécanique des
suspensions électrorhéologiques en traction-compression
G. Napoli, R. Drouot et G. Racineux
Laboratoire d’Etude Mécanique des Assemblages (CNRS – FRE 2481), Versailles
Résumé : On appelle fluide électro-rhéologique une suspension de particules polarisables dans un fluide non
polarisable. Ces fluides, sous l'action d'un champ électrique, forment un solide constitué de structures
fibreuses. Nous proposons une modélisation du comportement de ces matériaux, dans leur phase solide, dans
le cadre de la thermodynamique avec variables internes. Nous appliquons les équations de bilan linéaires des
milieux continus diélectriques et nous proposons de nouvelles équations constitutives. Nous introduisons
l'allongement relatif des fibres comme variable interne.
Mots-clés : Electrorhéologie, couplage électrique-mécanique, variable interne.
Abstract: A suspension of polarizable in nonpolarizable fluid is called an electroreological fluid. Under the
action of an electric field, these suspensions form a solid constituted by fibrous structures. We propose a
model of these materials behavior in solid phase, within the theory of thermodynamics with internal
variables. We apply the linear balance equation of dielectric continuum media and we propose new
constitutive equations. We introduce the relative stretch of the fibers as internal variable.
1. Introduction
C’est W. M. Winslow [1] qui fut le premier à mettre
en évidence ce que l’on appelle aujourd’hui l’effet
électro-rhéologique (ER). Lorsque l’on applique un
champ électrique à des suspensions de particules
solides polarisables dans un fluide non polaire de
faible conductivité, les particules se polarisent et du
fait des interactions électriques migrent dans le
fluide pour former des chaînes dans la direction du
champ électrique [2]. Pratiquement le milieu passe
d’un état fluide à un état solide. Ce changement
d'état est réversible et a un temps caractéristique de
l'ordre de quelques millisecondes. Ces propriétés
permettent d'envisager l'utilisation des fluides ER
dans divers dispositifs dits ''intelligents'' [3] :
amortisseurs actifs, servovalves, freins...
Dans le cadre de ce travail [4] nous nous sommes
intéressés à la modélisation du comportement
électromécanique des fluides ER en phase solide
sous le seuil de rupture des chaînes avec comme
point de départ la description continue des milieux
ayant des propriétés électromécaniques développée,
entre autre, par G.A. Maugin et Eringen.
2. Expériences de traction - compression
Dans le cadre de ce travail nous nous sommes
appuyés sur les expériences de traction -
compression réalisés par Vieira et al. [5]. Le
matériau à tester est placé entre deux électrodes
circulaires à une distance initiale fixée. Le plateau
supérieur est mobile, le plateau inférieur fixé et,
pendant la durée de l’essai, la différence de potentiel
électrique entre les deux électrodes est maintenue
constante. L’essai peut être effectué de façon quasi-
statique ou dynamique.
Figure 1 : Evolution, en compression et pour différentes
valeurs du champ électrique initial, de σ en fonction de ε
(extrait de Vieira et al.)
Etant donné le cadre de notre étude nous avons
retenu particulièrement de ces expériences les trois
points suivants : (i) Dans le cadre des petites
pertubations (cadre de notre modélisation), et pour
une évolution quasi-statique du déplacement on
constate que l’effort évolue linéairement, en traction
comme en compression (Figure 1), en fonction du
déplacement imposé, (ii) Les interactions entre les
particules sont d’autant plus importantes que le
champ électrique initial est élevé. On constate donc
logiquement (Figure1), en traction comme en