3
AVANT-PROPOS
On a trop tendance aujourd’hui à mépriser la grammaire avec ses excep-
tions, ses accords capricieux, son orthographe fantasque ; on a trop tendance
à railler l’analyse avec ses exercices jugés scolaires, mécaniques et inutiles.
C’est oublier que, bien conduites, la grammaire et l’analyse sont pleines d’in-
térêt : elles aident tout un chacun à mieux sentir sa langue, à maîtriser le lan-
gage parlé, à apprécier la langue écrite, celle des bons, des grands écrivains,
bref à aiguiser son appétit pour « ce vice impuni, la lecture », comme dit si
joliment Valery Larbaud.
Notre plan est tout simple :
– quelques pages préliminaires sur l’étymologie du mot analyse en rapport
avec la fonction de cette activité ;
– une première partie consacrée à l’« analyse grammaticale » (nature et
fonctions des dix catégories grammaticales), si précieuse pour l’étude des
notions de base et pour l’apprentissage des autres langues, surtout les
langues « à flexion », anciennes comme le latin ou le grec, modernes comme
l’allemand ou le russe ;
– une deuxième partie axée sur l’« analyse logique » (nature et fonctions
des diverses propositions : indépendantes, principales, subordonnées), le
tout étant éclairé de nombreux exemples tirés d’écrivains, de poètes ou
de dramaturges ;
– des fiches de synthèse récapitulant l’essentiel à savoir ;
– et pour finir, quelques tableaux de conjugaison : la maîtrise du verbe est
aussi indispensable que « la table de multiplication » l’est dans l’apprentis-
sage du calcul…
Analyse grammaticale et analyse logique, intimement liées, sont indisso-
ciables, de même que l’analyse est inséparable de son antonyme la synthèse.
Du mot, on passe au groupe de mots, du groupe de mots à la proposition, de
la proposition à la phrase… et de la phrase à l’idée, à la pensée, au style et au
plaisir de lire et, pourquoi pas, d’écrire.
Jongler avec l’analyse, c’est finalement savoir, comme un certain Hercule
Poirot, « faire fonctionner ses petites cellules grises. »
Albert HAMON