Ces renseignements sur le pèlerinage de La Mecque et le schéma

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On se rend ensuite aux collines proches de
Safa et de Maroua. Il faut parcourir sept fois le
chemin qui mène de l'une à l'autre en souvenir
d'Agar, femme d'Abraham, qui, abandonnée
par son époux, courut sept fois d'une colline à
l'autre pour trouver de l'eau. Jusqu'à ce que
Dieu fasse surgir la source Zemzern. On refait
donc le parcours d'Agar avant de boire à la
source sacrée.
Etape suivante : Arafat (3), à 25 kilomètres
environ au sud-est de La Mecque. A cette fin, on
embarque dans des véhicules les pèlerins qui
doivent tous se trouvera proximité du mont de
la Piété, dans la vallée désertique d'Arafat, à
midi, le 9 du mois. Ce qui fait que deux millions
de pèlerins environ effectuent le voyage en
même temps. Gigantesque embouteillage dans
la chaleur. On part la veille pour être sûr d'être
à l'heure. La vallée d'Arafat est le lieu de la
« reconnaissance », l'endroit où le Prophète
s'adressa pour la dernière fois à ses compagnons
lors de son pèlerinage d'adieu. Le pèlerin doit en
principe y rester debout, en prière, de midi au
coucher du soleil
Au crépuscule, le flot des fidèles s'ébranle en
more l'alliance entre Abdelwahab et Ibn Séoud,
la tête pensante et le bras armé. L'oraison du plus
fort est toujours la meilleure. Aujourd'hui encore
leurs descendants coiffent pour le premier le haut
conseil des oulémas et couronnent pour le second
le pouvoir politique, financier, militaire et admi-
nistratif du pays. Il n'y a pas de parlement, de
syndicat ou de magistrature indépendants. Le
Coran demeure la Constitution, la charia la loi et
la sunna la règle de vie.
direction de La Mecque, s'arrête à Muzdalifa
(4), une immense carrière où chacun doit ramas-
ser les 49 cailloux — on en apporte des tonnes par
camions-bennes : il y a tant de monde... —
nécessaires aux lapidations rituelles qui com-
menceront le lendemain à Mina (5), au début de
la fête de l'Aïd
el
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Adha
(la fête du mouton). Le
pèlerin quitte Muzdalifa au petit matin et rejoint
Mina sise à 6 kilomètres environ au sud-est de
La Mecque, où seront célébrés les trois jours du
sacrifice rituel.
A Mina, on commémore l'histoire d'Abra-
ham à qui Dieu demanda, pour éprouver sa foi,
d'immoler son fils Ismaël. Au dernier moment,
l'ancêtre des Arabes fut miraculeusement rem-
placé par un agneau qui fut égorgé. Trois
démons, dit la légende, tentèrent de dissuader
Abraham d'exécuter l'ordre divin. Ces trois
démons sont figurés par trois piliers que doit
lapider successivement chaque pèlerin au cours
des trois jours de l'Adha.
Ces renseignements sur le pèlerinage de La
Mecque et le schéma des Lieux saints sont ex-
traits du numéro 36 de la revue Hérodote )),
consacré aux centres de l'islam.
Signe de dogme particulier des wahhabites en
plus de l'abomination des chiites, des miroirs, du'
tabac, de la musique, voire du rire aux éclats, ils
ont une horreur sacrée des reliques religieuses,
des mausolés et des tombeaux. Autant de « féti-
ches » qui à leurs yeux détournent la vénération
due à Dieu sur des objets inanimés. Aussi, lors-
qu'ils prirent définitivement le contrôle des Lieux
saints en 1924-1926, ils s'en prirent aux tombeaux
des plus grandes figures de l'islam : épouses et
compagnons du Prophète, califes... Des trésors de
piété incarnés dans le marbre, la faïence, le cuivre
et l'or furent pulvérisés. Aujourd'hui, à Médine,'
le tombeau du Prophète, épargné, reste dérobé
aux regards des croyants par d'épais rideaux
doublés de grillages en métal argenté. Cette
destruction avait également le mérite d'éliminer
les symboles de l'ancienn
r
e présence ottomane.
Ainsi « purifié » et reconstruit, le royaume des
Saoudiens est un pays neuf vivant à la lumière des
sunlights et du dernier Ecrit révélé. Les villes
ressemblent à s'y méprendre aux cités américai-
nes cuirassées d'acier et de béton, aux avenues
béantes, aux vitrines débordant de jouets et autres
gadgets. Serties d'enseignes criardes, enguirlan-
dées de lampions, veillées par des minarets et
dominées par le château d'eau, les grandes villes
wahhabites ne manquent pas d'allure. Le noble
citoyen s'y déplace dans un bus conduit par un
Egyptien, mange dans un restaurant géré par un
Turc, se repose dans un hôtel tenu par un
Marocain, se soigne chez un médecin libanais,
Suit les cours d'un professeur ou d'un manager
français ou coréen, accomplit son service militaire
sous l'autorité d'un instructeur américain, se fait
enterrer par des fossoyeurs sri-lankais. Les
Saoudiens vivent chez eux comme à l'hôtel, en
pension complète. Autel d'Allah que ce pays voué
à faire accéder ses natifs au paradis céleste au
moyen d'une morale d'enfer, d'une loi d'airain...
Les officiels saoudiens affirment que leur pays
ignore le problème de la drogue : mais alors
pourquoi tant d'affiches exhortant les citoyens à
collaborer avec la police contre ce fléau « distillé
par les ennemis de l'islam et de la nation » ? Il est
sans doute des âmes qui, à force de freiner leurs
instincts dans l'attente du paradis céleste, bascu-
lent dans le paradis artificiel.
Néanmoins tous ceux qui ne disposent pas de
couloirs aériens débouchant sur Marbella, via
Nice ou Casablanca, peuvent lorgner le monde
entier par la lucarne de la presse locale. Laquelle
ne ménage pas les volées de bois vert. Riyad veut
amener l'humanité entière, pour son bien, sous la
loi de l'islam. Les « obstacles)) abondent: commu-
nisme, sionisme franc-maçonnerie, bahaïsme,
chiisme, Vatican, orientalisme, psychana-
lyse, cinéma, rose-croix, Rotary Club... autant de
têtes d'une même hydre hideuse, ennemie des
croyants. On apprend ainsi dans le plus diffusé
des hebdomadaires wahhabites, le bien intitulé
« El-Mouslimoun » (les musulmans), que l'Eglise
catholique était à l'origine des meurtriers inci-
dents interethniques survenus en 1989 ende
«frè-
res en religion »
mauritaniens et sénégalais (« El-
Mouslimoun » du 20-26 octobre 1989), que des
organismes «
croisés prétendument caritatifs »
distribuent aux pieuses Afghanes
«du maquillage,
des sous-vêtements et des pilules contraceptives »
(ibid.,
4-10 mai 1990), enfin que «
le plus grand
complot visant à christianiser le monde musul-
man »
avait établi sa tête de pont en Egypte sous
le commandement de... mère Teresa.
S. Z.
(*) Slimane Zéghidour, écrivain d'origine algérienne, à
publié : « la Vie quotidienne à La Mecque,
de
Mahomet à nos jours » (Hachette, 1.989) ; «l'Islam»
(Desclée de Brouwer, 1990) et « le Voile et la bannière»
(Hachette, 1990).
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