Teisserenc Olivier Janvier 2006 LES YIG ET LEURS APPLICATIONS EN HYPERFREQUENCES Master2 Hyperfréquences Université Montpellier II 1 - Introduction Le YIG « Yttrium Iron Garnet » est un matériau ferromagnétique qui se présente généralement sous la forme d'une minuscule bille de moins de 1mm de diamètre et qui entre en résonance en étant soumis à un champ magnétique intense .Pour modifier la résonance et donc la fréquence,il suffit de modifier le champ magnétique produit par une ou deux bobines. Il existe plusieurs sortes d’applications pour les YIG : Il y à les "oscillateurs" - les"filtres" et les "multiplicateurs" et tous leurs dérivés. Tous ont un principe de fonctionnement similaire. Ces composants peuvent être utilisés dans des applications comme, l’analyseur de spectre, vobulateurs, multiplieurs, filtres etc. Ils couvrent souvent des plages de fréquences importantes (plusieurs octaves) comme par exemple de 2 à 18 GHz ou plus ! Leurs caractéristiques sont extrêmement intéressantes. D'abord la linéarité courant fréquence .Celle-ci est extraordinairement bonne et dans la plus part des cas celle ci est de l'ordre de 0.05 pour cent. Leur niveau de sortie est également très régulier tout au long de leur plage de fréquence. Une autre particularité non négligeable est leur faible bruit de phase. Mais le YIG est aussi utilisé en optique car il est transparent pour l’infrarouges au delà de 600 nm. Il trouve utilisation dans des lasers à semi-conducteurs dans des rotateurs de Faraday, dans le stockage de données, et dans diverses applications non linéaires de système optique. 2 - Historique Quoique les grenats non magnétiques soient connus de l'homme depuis très longtemps, le premier grenat Y3Al5O12 (YAG) - aussi non magnétique - a été synthétisé seulement en 1951 ; puis, en 1956, Bertaut et Forrat découvrirent le grenat magnétique Y3Fe5O12. Louis Néel expliqua le ferromagnétisme que l'on observe dans les divers grenats magnétiques. À peu près en même temps, Geller et ses collaborateurs aux États-Unis ont élaboré des grenats ayant des compositions chimiques variées, en vue d'affiner la structure cristallographique et de mieux comprendre les interactions magnétiques présentes. Au début, on a étudié des matériaux poly cristallins, et vers 1959 les premiers monocristaux de YIG (Y3Fe5O12) ont été obtenus. Depuis lors, une meilleure connaissance de la structure microscopique de ces composants et de leurs propriétés magnétiques a permis de les utiliser dans le domaine des hyperfréquences. 3 - Matériau Les ferrites sont des matériaux magnétiques très utilisés dans les techniques de télécommunications, tant pour le matériel destiné au grand public (radio, télévision) que pour le matériel professionnel (faisceaux hertziens, radar). Ce sont des céramiques à base d'oxydes, ce qui les différencie nettement des métaux ou des alliages magnétiques. Les composés ferromagnésiennes à base d'oxydes, dont l'exemple typique est le grenat de fer et d'yttrium, de formule chimique Y3Fe5O12 (Yttrium Iron Garnet, ou YIG), sont souvent appelés les grenats magnétiques. En effet la structure cristallographique de ces oxydes est identique à celle du grenat naturel grossulaire Ca3Al2Si3O12. En revanche, aucun grenat magnétique n'existe dans la nature et il doit être préparé en laboratoire. Ces matériaux magnétiques ont fait l'objet d'études intensives dans le monde entier pour leurs propriétés magnétiques et magnéto-optiques, recherchées pour diverses applications. Il n'est pas exagéré de dire que, sans les grenats, certaines applications en hyperfréquences n'auraient pas été possibles. 4 - Élaboration Aussi bien pour l'étude des propriétés que pour les applications, le YIG comme la plupart des matériaux poly cristallins sont préparés par la technique classique des céramiques : Les matières premières, soit l'oxyde de fer Fe2O3 et l'oxyde d'yttrium Y2O3 sous forme de poudre fine, sont pesées dans des proportions appropriées, puis mélangées d'une façon très homogène, et ensuite frittées à une température de 1 200 0C environ. La poudre ainsi obtenue est pulvérisée afin d'obtenir des grains dont le diamètre est inférieur à un micromètre, mélangée avec des liants organiques, puis mise en forme à l'aide de matrices. Les pièces obtenues sont encore frittées à 1 500 0C dans une atmosphère d'oxygène pendant quelques heures. On obtient des grenats dont la porosité est inférieure à 1%. 5 - Structure cristalline C'est la structure cristalline qui détermine la nature des interactions magnétiques. La structure grenat se classe dans l'holoèdre du système cubique appartenant au groupe d'espace I à 3d-Oh10. Chaque cellule unité contient huit unités de formule A3B2C3O12. Les atomes métalliques (cations) A, B et C se trouvent dans des sites cristallographiques bien définis, entourés respectivement de huit, six et quatre oxygènes, et appelés dodécaédrique (24c), octaédrique (16a) et tétraédrique (24d). On note habituellement ces sites {24c} [16a] (24d) (fig. 4). Quoique la structure globale d'un grenat ait une symétrie cubique, tous ces polyèdres d'oxygène sont déformés, par conséquent la symétrie locale d'un site est plus basse et devient soit trigonale, soit tétragonale. Cet abaissement de la symétrie locale détermine les propriétés telles que l'anisotropie magnéto cristalline, la magnétostriction et les effets magnéto-optiques. Il existe de nombreuses combinaisons possibles des cations A, B et C ; les seuls facteurs imposant une limite semblent être le rayon ionique et l'équilibre des charges dans la formule moléculaire. Dans le grenat magnétique Y3Fe5O12, écrit sous la forme Y3Fe2F3O12 pour distinguer les deux sites des ions Fe3+, A est constitué par les ions Y3+, et B et C par les ions Fe3+. 6 - Oscillateur accordé par bille de YIG Une bille de YIG est une sphère constituée d'un matériau ferromagnétique (grenat d'yttrium), qui affiche une résonance lorsque la fréquence du champ magnétique correspond à la fréquence naturelle de vibration du dipôle électrique interne au matériau. Bille de YIG dans un oscillateur La sphère se trouve entre les deux pôles d'un aimant, le champ magnétique existant dans l'entrefer est modifié en faisant varier le courant dans les bobines. En faisant cela, on fait varier la fréquence de résonance propre de la sphère dans des proportions qui dépendent du couplage de la sphère à la cavité. En fonction du matériau, de la taille et du champ appliqué, la fréquence de résonance peut varier entre 500 MHz et 50 GHz et le coefficient de surtension à vide vaut environ 1000. Couplage de la sphère La sphère est couplée au reste du circuit par l'intermédiaire d'une boucle qui enserre et positionne la bille dans un plan parallèle au champ magnétique. Cela correspond à la configuration optimale pour le couplage des lignes de champ magnétique de la bille opérant dans son mode fondamental et de la boucle. Modèle équivalent de la bille de YIG et de la boucle Ici un oscillateur tel qu’on peut le trouver dans le commerce 7 - Résonateur Ici le YIG est épitaxie sur un substrat. Le type d’épitaxie utilisé est l’épitaxie en phase liquide. Un substrat qui correspond dans la plupart des cas est le Gd3Ga5O12 (GGG). La fréquence du résonateur est réglée par un champ magnétique qui traverse le YIG. Ci dessous deux schémas de résonateur a YIG. 1 layer 1 H1 H 1 ay layer 3 YIG Wm H Wm L ax ay ax layer 2 H2 dielectric substrate shielding modelling the poles conducting strip YIG film perfect magnetic shielding (a) 1' az -γL e e +γL (b) 8 - Les multiplicateurs Ils sont constitués d’un oscillateur comme on a vu précédemment et d’une diode multiplicatrice. Cette diode est extrêmement petite et ne supporte pas du tout de « statique » ou autre tension de défaut. On distingue bien les deux bobines de ce spécimen ouvert, qui permettent de soumettre la bille de YIG a un champ magnétique. Et voici un gros multiplicateur : plan sur le 9 - Une application optique : Un isolateur Un isolateur permet de protéger la source de lumière des réflexions parasites; ces réflexions sont bien connues pour rendre instable 1'emetteur laser. Avec le développement des communications par fibre optique, ces composants deviennent de plus en plus utiles pour protéger la diode laser à semiconducteur des réflexions provenant des divers composants optiques situés tout le long de la liaison. Un isolateur est composé d’un tronçon non réciproque et de deux polariseurs correctement orientés comme 1'indique la figure précédente. Dans la section non réciproque constituée d'un tronçon de YIG le plan de rotation de la lumière tourne de 45" par effet Faraday. Toute lumière réfléchie aura après un second passage dans ce tronçon une polarisation croisée avec le polariseur d'entée. L'isolation est donc obtenue. Un isolateur magnéto-optique fonctionnant a l,3µm ou 1,5µm est constitué d'un cristal de YIG de 1 à 5mm de long soumis a 1'aide d'un aimant Sm-Co à un champ magnétique supérieur a 2000Oe qui aligne 1'aimantation parallèlement à la direction de propagation de la lumière. Les deux extrémités du YIG sont traitées antireflet. Typiquement les pertes totales sont de 1'ordre de 1 dB et le taux d'isolation est > a 25 dB. Ces dispositifs utilisent du YIG pour 1'IR et des verres paramagnétiques pour le domaine visible. II existe même maintenant des isolateurs de structure optique plus complexe qui sont indépendants de la polarisation de la lumière.