Les méfaits du dépistage du cancer du sein 2
sujets de soins.
Le dépistage du cancer du sein est actuellement au cœur d’enjeux de
connaissance et de pratique cruciaux pour l’avenir de la médecine. Dans le
but de guérir les cancers à leur début, on les a recherché de plus en plus
précocement. En France, l’augmentation massive des mammographies de
dépistage s’est accompagnée d’une flambée du nombre de diagnostics
histologiques et des traitements de cancers, alors que la mortalité a peu
changé depuis plus de 20 ans. Selon que ce résultat est examiné avec ou sans
lucidité, il apporte des éléments neufs, source de progrès dans la
connaissance de la maladie cancéreuse, ou alors il nuit à la compréhension de
son histoire naturelle en voilant les faits. Au niveau des pratiques, le
questionnement de la pertinence du dépistage du cancer peut susciter une
démarche visant à restaurer des soins respectueux des valeurs fondamentales
de la profession médicale ou alors provoquer une surenchère de mesures
visant à consolider des choix issus d’une synergie entre le politique, le
technique etl’économique. Selon des estimations actuelles, c’est en 2007 que
le chiffre d’affaire des médicaments contre le cancer va se hisser à la première
place au niveau mondial. Depuis 2004, année de la généralisation du
dépistage organisé en France, on assiste à un écartèlement progressif des
messages délivrés au médecins. D’une part, des publications scientifiques font
état des inconvénients des campagnes de dépistage et des incertitudes sur
leur efficacité ; d’autre part,l’incitation au dépistage est massivement
encouragée. Selon des estimations actuelles, c’est en 2007 que le chiffre
d’affaire des médicaments contre le cancer va se hisser à la première place au
niveau mondial.
L’incitation au dépistage suscite une réflexion éthique.
La Convention Nationale organisant les rapports entre les médecins libéraux
et l’Assurance Maladie fut signée le 12 janvier 2005. L’avenant 23 [1],
récemment finalisé, demande que le médecin traitant, en coordination avec
les gynécologues, « développe une information positive sur le dépistage (qui
doit s’inscrire parmi les actes naturels de simple surveillance) afin de lever les
éventuelles réticences des ses patientes ». L’avenant vise à augmenter le taux
de participation au dépistage de 14% en 3 ans, soit de 66% à 80%. Il paraît
éthiquement discutable de subordonner une augmentation tarifaire des
médecins généralistes à un tel objectif. Ainsi, il est demandé aux médecins de
promouvoir des actes gratuits pour les femmes dont les conséquences
sanitaires et financières sont énormes. Des médecin généralistes ainsi que des
gynécologues médicaux et obstétriciens se sont alors interrogés sur le respect
des règles de déontologie. En effet, selon les réflexions actuelles du Conseil
National de l’Ordre, « la décision médicale avec un patient autonome est
devenue aujourd’hui une décision partagée et non plus une décision