Déterminants de la localisation des activités en Chine

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Déterminants de la localisation des activités en Chine : avantages
comparatifs, forces géographiques et interventionnisme politique
Cécile Batisse* et Sandra Poncet†
Août 2004
Résumé :
Nous étudions les déterminants de la localisation sectorielle au sein des provinces chinoises,
en portant une attention particulière au rôle du protectionnisme local. A partir de données
issues des tables provinciales entrée-sortie couvrant 1992 et 1997 pour l’agriculture et 20
secteurs industriels, nous estimons un modèle de localisation de la production combinant
dotations de facteurs, considérations géographiques et politiques d’intégration. Nos résultats
indiquent que la dynamique des avantages comparatifs et les liens d’offre et de demande sont
à l’œuvre dans les choix de localisation des activités en Chine. Notre travail met en évidence
le rôle central du potentiel marchand dans la détermination de la structure de localisation
productive. Nous vérifions également empiriquement que l'interventionnisme des autorités
provinciales influence de manière significative le processus de localisation des activités à
travers les entraves aux échanges inter-provinciaux et la politique d’ouverture internationale.
JEL Codes: F02, F14, F15, P2, R12.
Mots clefs: Chine, protectionnisme, commerce international, localisation sectorielle,
externalités, dotations naturelles.
Abstract :
This paper investigates the determinants of activities’ location in Chinese provinces based on
a unique panel data set, paying particular attention to the role of local protectionism. We
estimate a model of production location across Chinese provinces in which industry
characteristics are nested with each provincial dimension and which combines factor
endowments, geographical consideration and integration policy measures. Results emphasize
that the dynamics of comparative advantages and the forces of the new geographic economy
are at work in Chinese provinces. Estimations lend support to the fundamental role of market
potential. We furthermore verify that provincial policy interventions significantly affect the
location of industry through the impediments to domestic trade and the promotion of
international integration. The location of economic activities in Chinese provinces does thus
not exclusively follow the logic of the market.
JEL Codes: F02, F14, F15, P2, R12.
Keywords: China, protectionism, international trade, location of activities, externalities.
*CERDI (Centre d’Etudes et de Recherches sur le Développement International), 65 bd F. Mitterrand - 63000
Clermont-Ferrand. Tel: (33) 4 73 17 75 10. Fax: (33) 4 73 17 74 28. Email: [email protected].
†Auteur correspondant: Tinbergen Institute, Erasmus University (Rotterdam) Faculty of Economics Erasmus
University Burg. Oudlaan 50-H8-18 3062 PA Rotterdam Pays-Bas. Email: [email protected].
1
1. Introduction
Cet article étudie les déterminants de la structure productive à l’intérieur de la Chine.
L’objectif est d’estimer l’importance respective des facteurs liés aux dotations de facteurs, des
forces géographiques et des mesures politiques dans la localisation des activités économiques
au sein des provinces chinoises. Nous nous intéressons plus particulièrement à l’influence des
entraves aux échanges inter-provinciaux induites par les protectionnismes locaux en Chine.
Cette étude est motivée par l’existence d’un double paradoxe concernant l’économie
chinoise au cours des réformes. Tout d’abord, plusieurs études identifient une réduction de la
spécialisation régionale en Chine durant la période de réformes des années 1990. La structure
de spécialisation régionale paraît également avoir entravé la croissance de la valeur ajoutée.
Différents travaux empiriques trouvent ainsi un impact négatif de la concentration d’un
secteur sur sa performance (Batisse, 2002; Mody et Wang, 1997). Par ailleurs, différentes
analyses ont mis en évidence un mouvement de convergence des structures de production
(Banque Mondiale, 1994; Young, 2000).
Ces résultats sont d’autant plus contre-intuitifs que la Chine s’est lancée dès la fin des
années 1970 dans un programme ambitieux de libéralisation et de réformes qui rompait avec
la stratégie antérieure de développement introverti du pays. Les autorités ont reconnu
l’inefficience économique et les gaspillages induits par les politiques de planification et
d’autarcie régionale. Elles ont alors prôné l’introduction des mécanismes de marché et de la
concurrence, l’ouverture économique et la réorientation de la structure de production selon les
avantages comparatifs pour renforcer la dynamique de croissance et la compétitivité. Le
succès de l’évolution de la Chine d’une économie planifiée vers une économie de marché est
unanimement reconnu dans la littérature (Naughton, 1995).
La simultanéité de la libéralisation commerciale internationale et de la convergence des
structures économiques provinciales ainsi que l’impact négatif de la spécialisation régionale
sur la croissance de la valeur ajoutée dans un contexte de réformes nous conduisent à nous
interroger sur les mécanismes de localisation des activités économiques en Chine. La forte
présence d’une activité dans une province est-elle issue d’un processus de marché ou est-elle
le résultat d’une politique industrielle et commerciale déconnectée de la logique des avantages
comparatifs?
Cette interrogation se fonde sur la connaissance d’une singularité chinoise: l’existence
d’un protectionnisme régional. De nombreux travaux1 décrivent en détail les multiples actions
1
Lire en particulier, Lee (1998), Yang (1997) et le numéro spécial de Chinese Economic Studies (1993).
2
‘créatives’ adoptées par les gouvernements locaux pour protéger leur production de matières
premières et de biens stratégiques et limiter la concurrence de produits venant des autres
provinces. Les mesures de protectionnisme local et les entraves à l’unification économique du
marché national restent d’actualité2. Poncet (2003) corrobore ces analyses en identifiant une
diminution de l’intensité des échanges à l’intérieur du pays entre 1987 et 1997: les biens
produits localement représentent une part croissante de la consommation locale au détriment
des biens produits dans le reste du pays. Il apparaît donc nécessaire de prendre en
considération les entraves existant aux échanges intérieurs chinois lors de l’analyse de la
localisation économique des provinces chinoises.
L’objectif de ce travail est ainsi d’étudier comment les différences de dotations et les
forces géographiques se combinent à la libéralisation des échanges (intégration du marché
intérieur et ouverture internationale) pour déterminer la localisation sectorielle au sein des
provinces chinoises. A notre connaissance, il s’agit de la première mesure directe de l’impact
des entraves aux échanges intérieurs dans le processus de localisation des activités
économiques des provinces chinoises à côté des facteurs traditionnels que sont les dotations
de facteurs et de ressources naturelles et les liens fournisseur et de demande3.
Nous exploitons une base de données issue des tables entrées sorties provinciales pour
les années 1992 et 1997. Ces tables offrent une décomposition de la production et des flux
d’échanges inter-provinciaux en 21 secteurs d’activité (le secteur agricole et 20 secteurs
industriels) pour 25 provinces chinoises. Nous partons de l’idée développée dans la littérature
sur les déterminants de la localisation et de la spécialisation que les structures productives se
fondent sur différentes interactions entre les caractéristiques des secteurs et celles des entités
géographiques (Midelfart et alii, 2003; Combes et Overman, 2004; Overman et alii, 2003).
Nous développons et estimons économétriquement un modèle inspiré de Midelfart et alii
(2003) dans lequel des caractéristiques sectorielles inter-agissent avec les spécificités
provinciales pour déterminer la localisation des activités au sein du territoire chinois. Nous
considérons à la fois des facteurs d’avantages comparatifs, des liens de demande et d’offre et
des indicateurs d’intégration économique intérieure et internationale et observons comment
leur influence sur la structure productive évolue au cours des années 1990.
La section suivante présente le processus de libéralisation mis en place en Chine et
2
En 2000, le directeur de l’administration d’Etat de l’industrie et du commerce, a déclaré que “les monopoles
administratifs, les contrats commerciaux imposés et les entraves au marché sont devenus un cancer dans le
marché chinois”. Il s’agit des propos de Wang Zhongfu au cours de la session annuelle du Congrès national en
mars 2000 rapportés par le People’s Daily (1er Juillet, 2000).
3
En l’absence d’une mesure directe des barrières à l’échange, Bai et alii (2004) ne parviennent pas à étudier
3
décrit brièvement la logique du protectionnisme régional. La section 3 revient succinctement
sur la littérature relative à la distribution spatiale des activités. La section 4 présente notre
base de données et estime économétriquement un modèle de localisation sectorielle qui prend
en compte des déterminants ayant la double dimension secteur-province. La section 5 conclut.
2. Réformes, libéralisation commerciale et protectionnisme inter-provincial en Chine
La politique d’ouverture et de réformes initiée avec l’arrivée au pouvoir de Deng
Xiaoping a marqué une rupture radicale avec la stratégie de développement autarcique menée
sous Mao. Son objectif était l’introduction de mécanismes de marché. On a assisté à la baisse
graduelle du contrôle centralisé des prix et des quantités produites, et au développement du
secteur non étatique, privé ou collectif (par opposition au secteur étatique sous contrôle direct
du gouvernement central ou des gouvernements locaux). Les autorités ont par ailleurs
privilégié le développement des provinces côtières. Le gouvernement chinois les considérait
comme des pôles de croissance dont le dynamisme était censé se diffuser aux provinces
voisines et ainsi favoriser la croissance du pays dans son ensemble. Cette politique régionale
mettait en avant l’exploitation des avantages comparatifs exprimés sur la base des dotations
de facteurs (Yang, 1997).
L’ouverture aux échanges internationaux et l’intégration des marchés constituent un pan
important des réformes4. La modernisation et l’industrialisation ont engendré une croissance
rapide. Une grande latitude a été accordée aux gouvernements locaux pour attirer les
investissements directs étrangers et promouvoir les échanges internationaux5. Le succès de la
politique chinoise d’ouverture internationale est incontesté et s’est récemment concrétisé par
l’adhésion du pays à l’OMC en décembre 2001. Parallèlement à son intégration commerciale
internationale, le pays s’est rapidement ouvert aux investissements étrangers devenant le
premier receveur d’IDE parmi les pays en développement. L’impact bénéfique de l’ouverture
économique sur la croissance régionale a par ailleurs été souligné par plusieurs travaux
(Mody et Wang, 1997; Démurger, 2000).
Différentes études ont néanmoins souligné certaines difficultés rencontrées dans la mise
en oeuvre des réformes, notamment l’émergence de réticences liées à leurs coûts sociaux
directement l’influence du protectionnisme local sur la localisation industrielle.
4
Le taux d’ouverture commerciale de la Chine a plus que doublé entre 1987 et 2003, passant de 14 % à prés de
45% du PIB (National Bureau of Statistics).
5
La politique d’ouverture s’est tout d’abord concrétisée sur la côte avec la création de cinq zones économiques
spéciales (ZES), quatorze villes ouvertes ainsi que l’établissement de zones économiques côtières ouvertes et
d’une ceinture côtière ouverte. Depuis, ces différentes zones économiques ont connu des extensions dans
l’ensemble du pays.
4
(faillites, licenciements et accroissement des inégalités). La défense des intérêts locaux et la
minimisation de ces coûts ont pris une importance croissante pour les autorités provinciales
dont les ressources et responsabilités ont parallèlement été accrues avec la décentralisation. Le
système fiscal destiné à permettre la décentralisation des pouvoirs en Chine (fiscal contractresponsibility system) a, d’après Zhao et Zhang (1999), encouragé la cellularisation de
l’économie. Sous l’appellation d’‘assistance à l’économie locale’, les gouvernements locaux
ont utilisé leurs pouvoirs administratifs (en terme de commerce, investissement, budget et
fixation de prix) pour mettre en place une protection multiforme des intérêts des travailleurs et
des entreprises sous leur autorité. La Banque Mondiale (1994) et Wedeman (2002) décrivent
de façon détaillée les différentes entraves mises en place par les gouvernements provinciaux.
Droits de douane et discriminations (dans le système de prix, dans l’attribution de permis
d’entrée sur le marché local et dans le cadre des appels d’offre) étaient imposés pour
empêcher l’entrée des produits extérieurs. Ces mesures visaient à limiter la concurrence et à
soutenir ainsi l’emploi et la survie des entreprises publiques déficitaires. Les autorités locales
ont souvent justifié ces mesures protectionnistes par leur stratégie régionale de substitution
aux importations. Cette politique, à l’image de celle menée à l’échelle nationale, vise le
développement local d’industries industrialisantes encore naissantes mis à l’abri de la
concurrence par des restrictions commerciales. Les politiques d’industrialisation par
substitution aux importations ont conduit à la multiplication spatiale d’entreprises sousoptimales et à la fragmentation de l’économie le long des frontières provinciales.
Le rôle du protectionnisme local dans la détermination de la localisation sectorielle doit
donc être pris en compte. La question est de savoir si les décisions de localisation sectorielle
au sein des provinces chinoises sont guidées par le jeu des forces de marché ou au contraire
organisées par l’interventionnisme des autorités locales.
3. Littérature relative à la distribution spatiale des activités
Une importante littérature s’est intéressée à la localisation des activités économiques, en
particulier en Europe et aux Etats-Unis6. Les études empiriques récentes ont développé l’idée
que les avantages comparatifs et les forces d’agglomération affectent toutes deux la
localisation des activités. Plus précisément, les disparités spatiales peuvent être vues comme
6
Voir Hanson (2001), Overman, Redding et Venables (2001) et Henderson et Thisse (2004) pour une revue de la
littérature récente.
5
le résultat de ce que l’on appelle parfois dans la littérature le « first and second nature ». Le
first nature fait référence aux dotations exogènes des territoires, comme les dotations en
ressources naturelles, la proximité de voies de communication naturelles, le relief, etc. Le
second nature renvoie à la distance et aux interactions entre les agents économiques.
Les théories des avantages comparatifs émettent des conclusions claires en ce qui
concerne la localisation des activités. Sous des conditions de concurrence parfaite, de
rendements non croissants, et étant donnée l’immobilité d’un ou de plusieurs facteurs de
production, l’ouverture favorise la spécialisation des régions, chaque région se spécialisant
dans la production d’un bien qui utilise intensément le facteur dont elle dispose en abondance.
Ainsi, la localisation est déterminée de façon exogène par la distribution spatiale des dotations
naturelles, des technologies et/ou des facteurs. Dans les modèles ricardiens, l’avantage
comparatif est le résultat de différences technologiques exogènes, et dans le modèle
Hecksher-Ohlin-Vanek (HOV) de différences de dotations exogènes. Les modèles de la
nouvelle économie géographique ont quant à eux, cherché à endogénéiser la structure centrepériphérie par la prise en compte de processus cumulatifs différents des simples liens d’offre
et de demande existant entre les firmes et les travailleurs/consommateurs. Ils modélisent une
structure endogène de localisation déterminée par les caractéristiques spécifiques de
l’économie comme la concurrence imparfaite, la différenciation des produits et les
rendements croissants. Les effets de proximité spatiale et relationnelle, la baisse séculaire des
coûts d’échange, l’étendue du marché local, les relations input-output et le réseau de transport
sont autant de facteurs favorisant le regroupement des activités économiques au sein d’une
entité géographique donnée. Des processus cumulatifs du côté de l’offre et de la demande
expliquent cette localisation des entreprises. Du côté de la demande, le goût pour la diversité
des consommateurs les pousse à se regrouper vers les agglomérations, ce qui permet
d’accroître les débouchés des entreprises. Du côté de l’offre, la variété des inputs présents sur
6
les grands marchés (qualification des travailleurs, diversité des fournisseurs...) constitue un
facteur important d’agglomération des entreprises. Ces caractéristiques conduisent
généralement à un processus d’agglomération auto-renforcé, absent des modèles
néoclassiques (Ottaviano et Thisse, 2004).
Une littérature empirique s’est développée pour identifier les facteurs à l’origine de
l’agglomération et de la localisation des activités et pour déterminer lesquels des liens aux
fournisseurs et aux acheteurs, des facteurs de production ou de la taille du marché local sont
les plus déterminants. Plusieurs études empiriques récentes ont cherché à introduire les forces
de la nouvelle économie géographique dans les modèles néo-classiques (Davis et Weinstein,
1998 et 2001 ; Amiti, 1999 ; Haaland et alii, 1999 ; Midelfart et alii, 2001 et 2003) pour
étudier les déterminants de la localisation des activités. Comme le souligne la revue de la
littérature sur la localisation industrielle de Combes et Overman (2004), la plupart des travaux
empiriques s’intéresse alternativement à des caractéristiques sectorielles, pour expliquer la
concentration industrielle, ou à des caractéristiques spatiales pour expliquer la spécialisation
des pays7. Depuis les travaux de Midelfart et alii (2001, 2003), ces effets peuvent vont être
combinés (Overman et alii, 2001). Leur approche économétrique innove dans la mesure où
elle considère la mesure entière de la production sectorielle par pays déterminée par
l’interaction entre les caractéristiques des industries et celles des pays8. Ces auteurs proposent
un modèle général incorporant à la fois les forces des modèles d'avantages comparatifs et des
effets de la nouvelle économie géographique pour étudier la façon dont les interactions entre
les caractéristiques provinciales et sectorielles déterminent la structure de production. Ils se
concentrent sur quatre caractéristiques spatiales et six caractéristiques sectorielles. Leur choix
est non seulement dicté par la théorie mais aussi correspond à l'obtention de résultats
concluants. Ils ne disposent cependant pas de données sur les mesures politiques ayant la
7
Les principales études des déterminants de la concentration sectorielle incluent Kim (1995 et 1999) pour les
Etats-Unis et Brülhart et Torstensson (1996), Amiti (1999), Haaland et alii (1999) et Brülhart (1998 et 2001).
7
double dimension pays et secteur et l'inclusion d'autres variables, notamment de politique au
niveau du pays, ne donne pas de résultat dans leur cas
L’hypothèse sous-jacente aux théories de la localisation est l’existence d’échanges
internationaux/interrégionaux de biens et de services. Si chaque pays ou région était en
autarcie, il n’y aurait pas de spécialisation dans la production industrielle à travers les pays et
régions en dépit de l’existence de fortes disparités en termes de dotations naturelles, de
rendements d’échelle croissants dans certaines industries ou secteurs ou d’économies
externes. Les faits stylisés qui émergent de la littérature sont que l’ouverture améliore
l’accessibilité de l’ensemble des régions, mais que l’accessibilité des régions centrales
augmente plus rapidement que celle des régions périphériques (Combes et Overman, 2004).
Comme nous l’avons vu précédemment, les provinces chinoises se singularisent par
l’intensité croissante de leurs échanges internationaux sans que les flux internes de biens
soient totalement libres du fait de l’existence d’un protectionnisme inter-provincial prononcé.
Cette spécificité chinoise se doit d’être prise en compte dans l’analyse des déterminants de la
structure productive. La littérature sur la localisation sectorielle en Chine est relativement rare
en raison principalement du manque de données. Il est difficile d’obtenir une décomposition
de données d’emploi et de production par secteur au sein des provinces chinoises pour une
longue période. Young (2000) étudie la spécialisation des provinces à travers l’évolution de la
mesure socialiste du revenu national pour cinq secteurs (agriculture, industrie, construction,
transport et commerce) et l’évolution du PIB pour trois secteurs (secteur primaire, secondaire
et tertiaire). L’auteur conclut à une baisse de la spécialisation régionale. Cependant, le très
faible niveau de désagrégation constitue une limite sérieuse à cette étude. L’absence de réels
fondements théoriques pour interpréter l’évolution dans le temps est également mise en avant
par Naughton (1999). Bai et alii (2004) adoptent une approche sectorielle. Ils utilisent des
8
En ceci, l’approche empirique s’inscrit dans la continuité de Ellison and Glaeser (1999).
8
données de production industrielle pour calculer des indicateurs de concentration sectorielle.
Ils régressent ces indicateurs de concentration sur les caractéristiques des différentes
industries pour mettre en évidence les rôles respectifs des dotations naturelles, des économies
d’échelle, des économies externes ainsi que du protectionnisme local, appréhendé par deux
indicateurs indirects que sont la part relative des entreprises d’Etat dans la production et la
contribution fiscale des entreprises. Nous disposons pour notre part d'indicateurs directs de
protectionnisme au niveau provincial et sectoriel en Chine basés sur les entraves au commerce
interne induites par les frontières. Nous nous proposons de vérifier empiriquement que
l'interventionnisme des autorités provinciales influence de manière significative le processus
de localisation des activités au-delà des dotations de facteurs et les effets géographiques. Par
ailleurs, nous ne limitons pas l'analyse aux barrières au commerce interne. L'une des
caractéristiques les plus importantes de l'économie chinoise durant les années 1990 est en
effet l'ouverture internationale rapide des provinces. L’évolution de la localisation au sein des
provinces chinoises ne peut être totalement comprise sans tenir compte de ces singularités
chinoises.
4. Estimation empirique
4.1. Données
La plupart des données ayant la double dimension secteur/province telles les données de
production et de flux commerciaux est issue des tables entrée-sortie des provinces chinoises.
Les colonnes de demande finale de ces tables fournissent la décomposition sectorielle de la
production et des flux commerciaux (avec le reste du pays et à l’international) pour 21
secteurs qualifiés d’échangeables. Ces données sont disponibles pour 25 provinces en 1992 et
24 provinces en 1997. Les données utilisées pour calculer les caractéristiques des provinces et
des secteurs sont quant à elles extraites des tables nationales entrée-sortie Input-Output Table
of China (1992 et 1997), des China Statistical Yearbooks et du Third National Census of the
People's Republic of China de 1995
9
4.2. Le modèle empirique
Notre analyse économétrique se fonde sur celle de Midelfart et alii (2003). Ces auteurs
développent une spécification qui relie de manière systématique la localisation des activités
productives au sein de l’UE aux caractéristiques des secteurs et des différents pays européens.
Midelfart et alii (2003) développent un modèle empirique en construisant un modèle de
simulation qui incorpore à la fois les avantages comparatifs et les liens d’offre et de demande
et en laissant ce modèle les guider dans leur choix de la spécification économétrique.
Nous reprenons leur approche où les caractéristiques sectorielles et provinciales interagissent, pour étudier les déterminants de la localisation des activités au sein des provinces
chinoises. Nous considérons à la fois des facteurs d’avantages comparatifs, des forces
géographiques et des paramètres de politique comme l’ouverture internationale et les entraves
imposées aux échanges intérieurs.
Les provinces disposent de dotations de facteurs différentes et supportent des coûts de
transport sur leurs échanges. Certaines sont relativement abondantes en capital physique,
d’autres en capital humain, certaines bénéficient d’une position centrale ou d’un accès
maritime privilégié, d’autres sont périphériques. De façon similaire, les secteurs diffèrent dans
leurs intensités d’utilisation des facteurs de production, dans la part de leur production qui est
vendue aux consommateurs finaux et autres producteurs, dans leurs achats en biens
intermédiaires. Toutes ces caractéristiques provinciales et sectorielles devraient interagir pour
déterminer les tendances de localisation.
La localisation sectorielle est ainsi déterminée à la fois par les dotations de facteurs et la
géographie. Les dotations de facteurs interviennent conformément au modèle HOS. Les
structures de production sont également influencées par la localisation de la demande. En
présence de coûts de transport, les provinces ont des potentiels marchands différents. Les prix
des biens intermédiaires et la demande varient selon les localisations. Les activités ont
tendance à se localiser près de leurs fournisseurs et consommateurs pour profiter d’économies
externes. De façon intuitive, on peut d’attendre à ce qu’au fur et à mesure de l’intégration et
de la baisse des coûts de transport, la distribution spatiale des activités soit en partie
déterminée par l’interaction des caractéristiques provinciales et sectorielles.
La théorie nous renseigne sur les caractéristiques sectorielles qui doivent interagir avec
les caractéristiques provinciales. Dans notre estimation économétrique, nous nous sommes
concentrées sur six caractéristiques provinciales et huit caractéristiques sectorielles.
Le tableau 1 énumère les huit interactions considérées.
10
<TAB 1>
Les quatre premières caractéristiques renvoient aux modèles du commerce international
de type HOV et prennent en compte les dotations relatives en facteurs de production et
ressources naturelles. Par ressources naturelles9, nous entendons les matières premières et
énergétiques. Les dotations factorielles de la province sont le capital10, en travail qualifié11 et
la capacité technologique approximée par la proportion d’ingénieurs dans la population
totale.
La notion de potentiel marchand fait référence quant à elle aux modèles de la Nouvelle
Economie Géographique (NEG). L’importance du marché local, ainsi que son accessibilité,
constituent des facteurs importants d’agglomération des entreprises. Le concept de potentiel
marchand utilisé dans cette étude renvoie à l’idée que l’accroissement de la demande dans une
province donnée i découle non seulement des consommateurs locaux mais aussi de la
demande de l’ensemble des consommateurs des provinces entourant i . Il a été introduit par
Harris (1954). Celui-ci propose, comme mesure de la demande potentielle à laquelle une
entreprise fait face, la somme pondérée de la taille économique des marchés environnants par
la distance: PM i = ∑ j =1 Y j / distanceij , où R est le nombre de marchés environnants, Y j est
R
la taille économique du marché j et dis tan ceij est la distance géographique entre les
localités i et j ( i , j ∈ [1, R ]. L’intuition de Harris, à savoir la prise en compte de la
demande des marchés environnants à coté de la demande locale tout en appliquant une
dépréciation pour l’éloignement (approximé par la distance) a été par la suite validée par la
dérivation théorique du terme de potentiel marchand. L’expression du potentiel marchand est
ainsi obtenue en dérivant celle du profit net agrégé d’un marché dans le cadre d’un modèle
standard de la nouvelle théorie du commerce (Fujita et alii, 1999). Elle correspond à
PM i = ∑ φij
j
Ej
Gj
, où E j sont les dépenses, G j l’indice des prix et ϕij l’accès au marché
9
Il s’agit de la part de la production de charbon, pétrole et ressources minières dans la production provinciale
totale.
10
Midelfart et alii (2003) n’intègrent pas le capital dans leurs estimations sous l’hypothèse de parfaite mobilité
du capital au sein des pays européens. Dans le cas de la Chine, cette hypothèse est difficilement soutenable.
Plusieurs études ont mis en évidence la faible mobilité du capital en Chine (Boyreau-Debray et Wei, 2002,
Tochkov, 2003). Nous avons recours à la formation brute de capital fixe rapportée à la production.
11
Nous utilisons la proportion de la population ayant au moins un niveau d’éducation secondaire dans la
population totale calculée par Démurger (2001).
11
bilatéral (Krugman, 1992; Head et Mayer, 2004a). Ainsi, comme le mettent en évidence Head
et Mayer (2004b), la simplification du terme théorique de potentiel marchand par une
expression à la Harris est très insuffisante en raison de l’omission du terme de l’indice des
prix, G j 12. Par ailleurs, cette simplification induit de façon implicite que la simple distance
comprend tous les coûts alors que la littérature sur les effets frontière entre les pays comme à
l’intérieur des pays réfute cette hypothèse en soulignant l’importance des entraves liées aux
frontières (McCallum, 1995; Helliwell, 1996; Head et Mayer, 2000). Il apparaît en
conséquence essentiel lors de l’étude des déterminants de la localisation des activités en
Chine de prendre en compte ces coûts de commerce additionnels induits par le passage des
frontières provinciales en plus de la distance lors du calcul des potentiels marchands
provinciaux13. En suivant Davis et Weinstein (2003) et Head et Mayer (2004), nous
construisons une mesure du potentiel marchand qui agrége la demande locale et la demande
émanant des marchés alentour tout en prenant en compte l’effet de dépréciation de la
demande due aux entraves aux échanges à travers des paramètres issus d’une estimation
préalable d’un modèle de gravité sur des flux de commerce. Comme Head et Mayer (2004),
notre mesure incorpore à côté de l’effet de la distance, l’impact des frontières sur l’intensité
des échanges ainsi qu’un ajustement théoriquement fondé pour tenir compte de l’effet de
concurrence. Nous suivons Redding et Venables (2004) et Head et Mayer (2004) et obtenons
les termes
Ej
Gj
à partir de l’estimation d’une équation de commerce bilatérale dérivée d’un
modèle théorique14, sur des flux d’importations internationales, domestiques et locales des
provinces chinoises en 1992 et 1997. Les paramètres estimés sur le terme de distance δ
15
ainsi que sur les effets frontières domestiques β jdom sont utilisés pour calculer l’accès au
marché i pour les biens en provenance de la province j différemment selon que l’accès
correspond à un échange inter-provincial ou intra-provincial de sorte que :
12
L’indice de prix permet de prendre en compte l’effet de la concurrence. Il correspond à la moyenne pondérée
des coûts de livraison dans une localité de l’ensemble des fournisseurs, avec un poids plus important pour les
origines disposant d’un nombre élevé de fournisseurs ou un accès privilégié à la localité. Ainsi, une localité qui
est desservie par un grand nombre de fournisseurs à coûts faibles aura un indice de prix inférieur et sera un
marché dans lequel il sera plus difficile d’obtenir une part de marché élevée.
13
L’existence d’entraves aux échanges à l’intérieur de la Chine a en outre été mise en évidence par Poncet (2003
et 2004)
14
Ils correspondent à l’exponentiel des effets fixes introduits pour chaque province importatrice j . Les flux
internationaux sont extraits des annuaires Almanac of China’s Foreign Economic Relations and Trade. Les
données de flux inter-provinciaux par province sont extraites des TES provinciales. Les importations de chaque
province avec elle-même sont calculées en appliquant la méthode de Wei (1996).
15
Le coefficient estimé devant le terme de distance est égal à –0,64 pour l’année 1992 et –0,39 pour 1997
12
^
^
φij = e xp(− β jdom )dis tan ceij−δ
lorsque
i ≠ j
^
^
et φii = dis tan ceii− δ
lorsqu’il s’agit
d’échanges intra-provinciaux. Le potentiel marchand prend ainsi en compte le degré
d’intégration économique interne du pays.
La deuxième colonne du tableau 1 fait apparaître les caractéristiques sectorielles
renvoyant aux caractéristiques provinciales que nous venons d’énoncer ci-dessus. Les quatre
premières caractéristiques sectorielles interagissent avec les variables de dotations factorielles
des provinces. Elles représentent l’intensité d’utilisation des facteurs que l’on retrouve
traditionnellement dans les modèles HOV. L’intensité d’utilisation de matières premières et
énergétiques est l’importance de ces ressources dans les consommations intermédiaires du
secteur. Les tables nationales entrée-sortie fournissent des informations sur l’intensité
d’utilisation des ressources par secteur. La variable d’éducation interagit avec la part des
travailleurs qualifiés dans l’emploi total du secteur, saisissant l’intensité d’utilisation de
travailleurs qualifiés du secteur. La variable de dotation provinciale en capital physique
interagit avec l’intensité d’utilisation du capital sectorielle, appréhendée par la part de la
formation brute de capital fixe sur la production du secteur. Enfin, les dotations provinciales
en chercheurs et ingénieurs interagissent avec la part dans la production totale des dépenses
en recherche et développement engagées par chaque secteur.
Les deux caractéristiques sectorielles suivantes renvoient à la littérature sur la NEG
(Midelfart et alii, 2003). L’ un des facteurs principaux avancés dans les modèles de la NEG
pour expliquer la localisation des activités sont les interactions entre agents. Les liens de
demande et les liens fournisseurs sont considérés comme une source de localisation. Ces
facteurs peuvent également apparaître dans les modèles de commerce international.
L’intensité d’utilisation des biens intermédiaires va influencer le niveau de production des
secteurs aval à travers les liens fournisseur: les secteurs fortement dépendant des biens
intermédiaires vont se localiser dans des provinces où l’accessibilité à l’offre de biens
intermédiaires est aisée et vice-versa. Le raisonnement est le même pour les entreprises
situées en amont qui cherchent à bénéficier d’une demande plus importante et à faire jouer la
concurrence entre les acheteurs potentiels en minimisant les coûts de transport. Les liens de
(Poncet, 2004).
13
demande et de coûts entre les industries créent des forces centripètes, limitées cependant par
l’immobilité de certains facteurs de production et par la localisation de la demande du
consommateur final. Chacune de ces deux variables : l’intensité d’utilisation de biens
intermédiaires dans la production finale et l’intensité des ventes de biens intermédiaires aux
autres secteurs dans la production, est couplée avec le potentiel marchand provincial. Nous
nous intéressons aux consommateurs « intermédiaires », en prenant en compte la part de la
production entrant dans la production des autres secteurs. Le signe de cette dernière
interaction est a priori ambigu. Il va dépendre en effet de la proximité des consommateurs
« intermédiaires » par rapport à celle des consommateurs finaux. En d’autres termes, alors que
les liens amont exercent une force centripète à la concentration des industries, la localisation
des consommateurs « intermédiaires » pourra avoir un effet inverse (Venables, 1996).
A côté des dotations de facteurs, de ressources naturelles et des forces issues de la
nouvelle économie géographique, les réformes mises en place en Chine vont influencer la
localisation des secteurs. Comme nous l’avons souligné, une structure industrielle fragmentée
et sous-optimale a émergé en Chine au fur et à mesure que les réformes économiques ont
délégué plus de responsabilités, de ressources financières et politiques dans les mains des
gouvernements locaux. Les provinces ne se spécialisent pas en fonction de leurs avantages
comparatifs. La Banque Mondiale (1994) montre ainsi en étudiant huit des principaux
groupes d'industries (extraction du charbon, tabac, textile, industrie chimique, machine,
électronique, télécommunications et matériel de construction) qu'ils sont représentés dans
l'ensemble des provinces. Nous disposons d'indicateurs de protectionnisme au niveau
provincial et sectoriel en Chine pour chacune des années de notre échantillon. Nous nous
proposons de vérifier empiriquement que l'interventionnisme des autorités provinciales
influence de manière significative le processus de localisation des activités. Nous introduisons
à côté des variables proposées par Midelfart et alii (2003), un terme interactif mettant en jeu
la politique de protectionnisme local, à savoir l'interaction entre le degré de protection dont
bénéficie un secteur et le potentiel marchand de la province16. Nous appréhendons le niveau
16
Bai et alii (2004) se sont également intéressés à l’impact du protectionnisme sur la localisation sectorielle en
Chine. Ils ne l’approchent que de façon indirecte en faisant des hypothèses relatives aux bénéfices que retirent
les gouvernements locaux en érigeant ces barrières à la concurrence inter-provinciale. Ils supposent ainsi que les
autorités locales protègent en priorité les industries qui dégagent d’importants profits et/ou recettes fiscales ainsi
14
d’entraves au commerce inter-provincial à travers les effets frontière des provinces chinoises.
Les effets frontière sont des indicateurs de l’ensemble des barrières (tarifaires ou non) qui
pèsent sur l’approvisionnement des provinces chinoises en produits provenant du reste du
pays. On considère que chaque province est une économie intégrée à l’intérieur de ses limites
mais que ses frontières constituent un frein aux échanges avec l’extérieur. Nous utilisons les
effets frontière par province calculés par Poncet (2003) pour les années 1992 et 1997 à partir
de flux commerciaux entre chaque province et le reste du pays. Par ailleurs, nous ne limitons
pas l'analyse aux barrières au commerce intérieur. L'une des caractéristiques les plus
importantes de l'économie chinoise durant les années 1990 est l'ouverture internationale des
provinces. Nous introduisons également dans notre estimation empirique un terme
d'interaction entre l'intensité d'ouverture sectorielle et la prédisposition à l'ouverture
internationale de la province dans la logique de notre modèle. L’intégration économique et la
libéralisation des échanges favorisent en effet l’exploitation des avantages comparatifs, la
réalisation d’économies d’échelle, la diffusion technologique, et par ces canaux, influencent la
localisation géographique des activités économiques. Cette relation entre localisation et
ouverture est particulièrement importante dans le contexte chinois d’intégration à l’économie
internationale et d’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce. Les secteurs chinois
devront s’adapter aux pratiques internationales et la concurrence qui résultera de cette
adhésion modifiera la localisation sectorielle. Nous approchons l’intensité commerciale
internationale des secteurs par leur taux d’ouverture17 et l’accessibilité et l’ouverture
internationale des provinces par la distance entre la capitale provinciale et le port le plus
proche.
En suivant Midelfart et alii (2003), nous estimons l’équation suivante pour chaque
année t, secteur k et province i:
ln
yik
k
= α1 ln( popi ) + α 2 ln( prodi ) + ∑ j β [ j ]( X [ j ]i − γ [ j ])( Z [ j ] − δ [ j ])
k
yi y
où yik , correspond à la production du secteur k dans la province i . Il s’agit du logarithme de
la production du secteur exprimée relativement aux productions de la province i et du secteur
k . Popi est la part de la population chinoise vivant dans la province i tandis que prodi est la
part de la production (production primaire et secondaire) chinoise réalisée dans la province i.
Les coefficients estimés des caractéristiques provinciales X [ j ]i et des caractéristiques Z [ j ]
k
que les entreprises qu’ils administrent directement (entreprises publiques).
17
Il s’agit du rapport de la somme des exportations et importations sur la production.
15
correspondent à − β [ j ] δ [ j ] et − β [ j ] γ [ j ] respectivement. Les coefficients estimés des
termes d’interaction X [ j ]i Z [ j ] correspondent quant à eux aux paramètres fondamentaux du
k
modèle, à savoir les β [ j ] . L’intuition est qu’après avoir contrôlé pour les effets de taille des
provinces (via les deux premières variables dont on attend un impact positif), la structure
productive est déterminée par les interactions entre les caractéristiques provinciales et
sectorielles. A titre d’exemple, si l’on prend l’interaction entre la dotation provinciale en
chercheurs et ingénieurs et l’importance sectorielle des dépenses de recherche et
développement R&D ( j = 3 ), la spécification implique que si β [ R & D ] > 0 , alors les
secteurs les plus intensifs en R&D18 seront attirés dans les provinces les mieux dotées en
personnels de recherche19.
4.3. Estimation
4.3.1. Estimation et Méthodologie
Cette section conduit l’estimation empirique de l’équation (4) présentée ci-dessus. Soit
yik la valeur courante de la production du secteur k dans la province i, nous estimons
l’équation suivante pour chaque année séparément :
ln
yik
= const an te + α1 ln popi + α 2 ln prodi
yi y k
+ β1 X i Z k − β1γ 1 Z k − β1δ 1 X i
+ β 2 X i Z k − β 2γ 2 Z k − β 2δ 2 X i
+ β 3 X i Z k − β 3γ 3 Z k − β 3δ 3 X i
+ β 4 X i Z k − β 4γ 4 Z k − β 4δ 4 X i
(5)
+ β 5 X i Z − β 5γ 5 Z − β 5δ 5 X i
k
k
+ β 6 X i Z k − β 6γ 6 Z k − β 6δ 6 X i
+ β 7 X i Z k − β 7γ 7 Z k − β 7 δ 7 X i
+ β 8 X i Z k − β 8γ 8 Z k − β 8δ 8 X i
Les termes X i et Z k correspondent à ceux présentés dans la section précédente. Les
estimations portent sur un panel de 21 secteurs et 25 provinces pour chacune des deux années
1992 et 1997. Elles sont conduites en ayant recours à l’estimateur Huber/White/sandwich de
18
19
Il s’agit des secteurs dont l’intensité est supérieure à δ[R&D]
Ils seront attirés et ainsi sur-représentés dans les provinces dont la dotation est supérieure à γ[R&D].
16
la variance pour corriger l’hétéroscédasticité potentielle entre les observations de notre
échantillon.
4.3.2. Résultats
Les résultats obtenus séparément pour chacune des années de notre base de données
1992 et 1997 sont reportés dans le tableau 2. Les coefficients estimés de la constante et des
deux variables provinciales de taille (part dans la population et part dans la production
nationale) sont reportés dans les trois premières lignes suivis des coefficients pour les huit
caractéristiques sectorielles Z k , des six caractéristiques provinciales X i et pour finir des huit
termes d’interaction X i * Z k .
<TAB 2>
Les deux premières colonnes reportent les résultats de l’estimation des sept premières
interactions de l’équation 5 successivement pour l’année 1992 et 1997 sur l’ensemble des
observations. Les deux colonnes suivantes (3 et 4) éliminent les observations aberrantes qui
sont définies comme celles s’écartant de la valeur moyenne plus de trois fois l’écart type20.
Sans qu’il en découle des modifications majeures, la significativité des résultats s’en trouve
renforcée. Cette procédure est appliquée pour l’ensemble des régressions suivantes. Les
colonnes 5 et 6 incluent la dernière interaction censée prendre en compte la politique de
protectionnisme intérieur à savoir celle entre l’effet frontière sectoriel et le potentiel marché
provincial. Les deux dernières colonnes (7 et 8) reproduisent les estimations 5 et 6 sans les
secteurs d’agriculture et d’extraction de charbon et d’hydrocarbures dont la localisation est
spécifiquement contrainte par la localisation et la disponibilité des matières premières qu’ils
exploitent. Ces secteurs affichent des niveaux de concentration régionale au-dessus de la
moyenne et l’on peut soupçonner qu’une logique différente caractérise la localisation de ces
activités intensives en capital et dépendantes des caractéristiques des sols et sous-sols. Les
résultats confirment globalement ceux trouvés sur l’ensemble des secteurs à l’exception des
termes liés au capital qui ne sortent plus significativement.
La plupart des variables sortent significativement avec le signe attendu. Ainsi les
caractéristiques provinciales et sectorielles entrent quasiment toutes avec un signe négatif
conformément à la prédiction du modèle tandis que les termes d’interaction ont le signe
positif attendu. La variable d’interaction entre la distance au port et l’ouverture internationale
20
Deux observations sont jugées aberrantes en 1992 et une en 1997.
17
sectorielle entre quant à elle avec le signe négatif prédit.
En ce qui concerne les deux variables censées capter l’effet de taille des provinces,
seule l’importance relative de la province en termes de population entre significativement et
positivement dans l’équation, et ceci uniquement pour l’année 1992. Le coefficient est en
outre significativement différent de la valeur unitaire attendue de sorte que l’estimation ne
parvient probablement pas à contrôler autant que l’on espérait pour l’hétérogénéité interprovinciale. Nous introduisons en conséquence des effets fixes provinciaux et sectoriels dans
notre régression afin de contrôler pour l’hétérogénéité des secteurs et des provinces (tableau
3). Cette introduction élimine de fait les caractéristiques provinciales et sectorielles. En raison
de la nature d’équilibre général du système économique21, les coefficients devant les
caractéristiques provinciales et sectorielles n’ont néanmoins que peu d’intérêt direct
(Midelfart et alii, 2003). L’objectif premier est en effet l’analyse des coefficients estimés des
termes d’interaction qui capturent le rôle joint des caractéristiques sectorielles et provinciales
dans le choix de localisation des entreprises.
Il convient de noter que les signes, valeurs et significativités des coefficients sont
inchangés par rapport au tableau 2. De manière générale, les huit interactions des
caractéristiques provinciales et sectorielles expliquent près de 25% de la structure productive
des provinces chinoises en 1992. Le pouvoir explicatif de notre modèle augmente
significativement entre les deux années de notre étude pour atteindre près de 30% en 1997.
Nos résultats suggèrent ainsi que les avantages comparatifs, les liens d’offre et de demande de
même que l’intégration économique intérieure et internationale deviennent des déterminants
de plus en plus significatifs pour expliquer la structure de localisation des activités en Chine.
<TAB 3>
De manière similaire au tableau 2, le tableau 3 présente les résultats séparément pour
l’année 1992 et 1997, après élimination des observations aberrantes, sans et avec
l’introduction de l’interaction entre l’effet frontière sectoriel et le potentiel marchand
provincial successivement sur les quatre premières colonnes. Les colonnes 5 à 8 examinent
l’hétérogénéité
du
processus
de
localisation
sectorielle
selon
la
dimension
occidentale/orientale des provinces. Les colonnes 5 et 6 reportent les résultats de l’estimation
pour l’année 1992 en différenciant l’influence de l’interaction mettant en jeu le
protectionnisme local selon la position géographique des provinces, en distinguant les
21
Notre modèle tient compte du fait qu’à l’équilibre, dans la mesure où tous les secteurs ne peuvent se trouver au
même endroit, ce sont les secteurs dont la dépendance est la plus forte dans la caractéristique X qui seront surreprésentés dans la province la mieux en ce facteur X.
18
provinces intérieures de l’Ouest de la Chine22 des autres provinces (côtières et voisines de
côtières). Les colonnes 7 et 8 procèdent similairement pour 1997. Les provinces de l’Ouest
non seulement ne bénéficient pas d'un accès maritime privilégié et d'une qualité des
infrastructures de transport suffisante pour favoriser le commerce, mais surtout se
caractérisent par un engagement tardif dans les réformes autant de libéralisation économique
que d'ouverture commerciale (Démurger et alii, 2002).
Les quatre premières interactions correspondent à l’impact des avantages comparatifs,
respectivement la dotation en emploi qualifié, capital, ressources naturelles et technologie.
Les dotations factorielles ont un impact important sur la structure de la production des
provinces chinoises. Le coefficient devant l’interaction de l’intensité d’utilisation de travailleurs
qualifiés par le secteur et la dotation en personnes disposant d’une éducation secondaire est positif,
significatif plus particulièrement pour les provinces de l’Est du pays. Pour ces provinces,
l’influence se renforce significativement entre 1992 et 1997. Ce résultat souligne l’importance
grandissante dans les provinces réformatrices de la formation de la force de travail pour attirer
des industries intensives en travail qualifié. Le terme d’interaction entre l’intensité en capital
sectoriel et la dotation en capital de la province sort positivement et significativement
uniquement pour les provinces de l’Ouest de la Chine. Le coefficient diminue néanmoins
entre 1992 et 1997 en lien certainement avec le déclin des secteurs agricoles et d’extraction
qui ont l’a vu plus haut sont à l’origine de la significativité du coefficient. En ce qui concerne
l’interaction entre l’intensité d’utilisation de matières premières énergétiques et minières et la
dotation provinciale en ces ressources, elle est positive et significative pour les deux groupes
de provinces. On remarque que si son influence grandit pour les provinces de la zone orientale
du pays, elle s’atténue au contraire pour les provinces de l’Ouest. L’hétérogénéité de résultats
pour ces trois premiers termes d’avantages comparatifs entre les provinces de l’Ouest et le
reste du pays s’explique sans doute par la prédominance des activités du secteur primaire
(agriculture, énergie et ressources minières) intensives en capital dans les provinces en retard
de l’Ouest du pays (Yang, 1997).Les provinces enclavées et peu développées de l’Ouest
chinois se caractérisent en effet par la richesse de leurs sols et sous-sols et la présence de
nombreuses minorités ethniques moins bien intégrées et scolarisées que la population Han.
Ces provinces ne se sont par ailleurs engagées que tardivement dans les réformes
économiques. Il apparaît logique que le lancement au cours des années 1990 dans ces
provinces d’un programme de rationalisation de la production (de la production de matières
22
Les provinces de l’Ouest de la Chine souvent doublement enclavées sont Sichuan, Guizhou,,Yunnan, Shaanxi,
Gansu, Qinghai, Ningxia et Xinjiang.
19
premières vers la transformation à plus forte valeur ajoutée) induise un renforcement de
l’importance de la dépendance en ressources naturelles et la réduction de celle de la
dépendance en capital. L’interaction entre les dépenses sectorielles en Recherche et
Développement et la dotation en ingénieurs des provinces est positive et significative pour les
deux groupes de provinces. L’influence cette dimension technologique se renforce entre 1992
et 1997 pour les provinces de la frange côtière, soulignant l’importance croissante de la
disponibilité de chercheurs et ingénieurs dans la détermination
de l’implantation des
industries à fort contenu technologique.
Les estimations considèrent également deux forces mises en avant par la nouvelle
économie géographique: les liens de demande (vente aux industries) et les liens fournisseurs
(accès aux intrants de production nécessaires). Le coefficient devant l’interaction entre la
demande des autres secteurs et le potentiel marchand est indéterminé a priori. L’obtention
d’un signe négatif (significatif uniquement pour les provinces orientales) suggère que les
secteurs qui vendent une part important de leur production à d’autres entreprises sont moins
susceptibles de se localiser dans des provinces à fort potentiel marchand que ceux qui vendent
principalement aux consommateurs finaux. Cette différence qui n’est pas significative pour
les provinces de l’Ouest s’atténue par ailleurs entre 1992 et 1997. Le signe positif et
significatif devant le terme mettant en jeu les liens fournisseurs (interaction entre l’intensité
des consommations intermédiaires et le potentiel marchand de la province) est quant à lui très
explicite. Il indique que les liens fournisseurs sont des déterminants stratégiques de la
localisation des activités notamment dans les provinces de l’Est. Les secteurs qui sont les plus
lourdement dépendants en biens intermédiaires sont plus particulièrement attirés par les
régions centrales disposant d’un bon accès aux biens intermédiaires. L’importance de cette
dynamique s’atténue néanmoins au cours des années 1990 comme l’atteste la réduction
significative du coefficient. Ce résultat est sans doute à mettre en relation avec la réduction
des coûts proportionnels à la distance de transport. L’élasticité des échanges à la distance
estimée sur la base du modèle de gravité passe en effet de –0,64 à –0,39 de 1997 et 1992. La
relative moindre cherté des approvisionnements pourrait ainsi expliquer la moindre
dépendance des secteurs à forte consommation intermédiaire vis-à-vis des localisations
centrales.
Enfin, l’introduction à côté des variables apolitiques proposées par Midelfart et alii
(2003) de deux termes interactifs mettant en jeu l’intégration économique intérieure et
internationale met en évidence l’impact significatif des politiques de libéralisation
commerciale sur la localisation de la production.
20
La variable d’interaction entre la distance au port et l’ouverture internationale
sectorielle entre avec le signe négatif prédit de sorte qu’il apparaît que les secteurs qui sont
particulièrement ouverts sur les marchés internationaux sont sous-représentés dans les
provinces les plus éloignées de la côte. Cette influence de l’intensité des échanges
internationaux apparaît logiquement plus intense pour les provinces plus libérales et
réformatrices de la zone orientale. Si la structure productive des provinces de l’Ouest ne
semble pas être affectée par l’intégration internationale en 1992, elle le devient
significativement en 1997.
La prise en compte des discontinuités territoriales inter-provinciales induites par
l’interventionnisme des autorités locales est effectuée non seulement par la prise en compte
des entraves aux échanges intérieurs dans le calcul du potentiel marchand provincial mais
également par l’introduction d’un terme interaction entre l’effet frontière sectoriel et le
potentiel marchand. L’effet frontière sectoriel mesure la protection contre la concurrence du
reste des provinces dont jouit un secteur. Le signe positif et significatif observé devant
l’interaction indique que la localisation des activités n’est pas indépendante du
protectionnisme local. En l’occurrence, les secteurs caractérisés par de plus fortes entraves au
commerce intérieur sont sur-représentés dans les provinces à fort potentiel marchand. Ce
résultat indique que les industries bénéficiant d’une plus forte protection se concentrent dans
les provinces où la clientèle de facto captive est la plus large. Ce phénomène est à l’œuvre sur
l’ensemble du territoire, il n’y a pas de différence significative entre les provinces de l’Ouest
et de l’Est de la Chine. Par ailleurs, cet impact persiste dans le temps sans qu’il y ait une
atténuation significative entre 1992 et 1997. Ce mécanisme va à l’encontre de la logique de
marché et implique un manque d’efficacité de la localisation des activités.
Globalement, les résultats confirment ainsi que la localisation sectorielle dans les
provinces chinoises n’est pas totalement déconnectée de la logique de marché. Nos résultats
corroborent en effet les prédictions des nouvelles théories du commerce et de la NEG. La
localisation des activités répond non seulement à des critères de dotations factorielles
(qualification du travail, capital, ressources naturelles et technologie) mais également aux
liens fournisseur et à l’accessibilité de la demande. Les politiques de protectionnisme menées
par les autorités provinciales en matière d’échanges intérieurs viennent néanmoins “perturber”
les mécanismes de marché. Les entraves aux échanges internes influencent la localisation
sectorielle au sein des provinces. Ce résultat met en évidence le fait que l’interventionnisme
21
des provinces à travers le commerce a un impact significatif au seuil de confiance de 1%23 et
persistant sur la localisation au cours des années 1990. Ce phénomène paraît d’autant plus
alarmante que le protectionnisme tend à augmenter au cours de la période étudiée. Les effets
frontière augmentent entre 1992 et 199724 en cohérence avec les arguments de fragmentation
croissante du marché chinois avancés par Young (2000). Une part non négligeable et
persistante de la localisation sectorielle au cours des années 1990 émane ainsi des stratégies
de protectionnisme local allant à l’encontre de l’exploitation des avantages comparatifs et des
économies externes.
Il apparaît néanmoins que la contribution du terme interactif mettant en jeu le
protectionnisme à localisation des activités, si elle est significative, est relativement faible
puisqu’elle s’établit aux alentours de 1% comme l’indique la hausse du pouvoir explicatif du
modèle après introduction de ce terme. On peut calculer de la même façon, à travers
l’augmentation du R² ajusté, la contribution respective des facteurs liés aux avantages
comparatifs et des liens d’offre et de demande pour chacun des sous-groupes de provinces. Le
tableau 4 calcule la part de l’augmentation du pouvoir explicatif de la régression induite par
l’introduction de chacun des grands types de déterminants.
<TAB 4>
Les contributions respectives des différents blocs de déterminants (i.e. dotations
factorielles, liens fournisseurs/demande et intégration commerciale interne et internationale)
différent selon la localisation orientale ou occidentale des provinces. Par ailleurs, le poids de
chacun des facteurs évolue significativement dans le temps.
Il convient tout d’abord de souligner que si la structure des activités à l’Ouest du pays
est majoritairement (à près de 25%) déterminée par les spécificités provinciales et sectorielles,
celle à l’Est du pays en est totalement affranchie. La décomposition du pouvoir explicatif de
la régression au-delà des effets fixes, les ressorts des avantages comparatifs apparaissent
comme les forces dominantes de la localisation des secteurs dans les provinces de l’Ouest
chinois tandis que les liens fournisseurs et de demande comptent autant pour la détermination
de la localisation dans le reste du pays. La comparaison des contributions entre 1992 et 1997
laisse transparaître une évolution très nette : la progression de l’influence de l’intégration
internationale et de celle de l’interventionnisme interne. Tandis que le rapport des forces reste
stable pour les provinces de l’Est, dans les provinces de l’Ouest l’impact des liens d’offre et
23
Colonnes 3 et 4.
Se reporter aux résultats de Poncet (2004). L’indicateur d’intégration du marché intérieur que ce soit par
province ou par secteur augmente entre 1992 et 1997.
24
22
de demande se renforce nettement au détriment de la dépendance vis-à-vis des dotations
factorielles. Ce résultat est cohérent avec les avancées tardives de la décentralisation et les
nouveaux objectifs des politiques industrielles adoptées dans l’Ouest au milieu des années
1990. Les autorités de ces provinces aux pouvoirs économiques et réglementaires accrus ont
donné la priorité aux industries industrialisantes à forte consommation de biens
intermédiaires. Ces activités étaient jugées capables d’absorber les productions de matières
premières locales et la main d’oeuvre en excédent libérée par les réformes agricoles. Cette
stratégie rompait avec la stratégie précédente qui donnait la priorité aux industries primaires
(agriculture, extraction et industries de base intensives en capital comme l’acier et l’énergie
(Naughton, 1999)).
La progression de la contribution de l’ouverture internationale pour expliquer la
structure productive dans l’ensemble des provinces (Est comme Ouest) fait échos au succès
de l’intégration commerciale et financière (via les Investissements Directs Etrangers (IDE))
promue par les autorités centrales. La plus forte contribution mesurée dans l’Est du pays est
par ailleurs logique avec la concentration des entreprises étrangères sur la frange orientale du
pays. Ces résultats cohérents avec les avancées des réformes et la dichotomie du territoire
chinois ne sauraient pas occulter l’observation d’une influence croissante du terme interactif
mettant en jeu l’interventionnisme local dans la vie économique. Ainsi, même si le poids reste
marginal, la localisation des activités, notamment dans l’Est du pays apparaît en partie issue
des barrières appliquées sur les échanges inter-provinciaux. On mesure même un
accroissement significatif de l’influence de la protection interne sur la localisation.
Ces résultats sont cohérents avec l’identification d’une influence négative de la
spécialisation sur la croissance sectorielle de la valeur ajoutée effectuée par Batisse (2002) et
Mody et Wang (1997). Il apparaît en effet logique que si la localisation de la production dans
ces provinces est pour une part issue de l’octroi de protection et non du libre jeu de la
concurrence, privilégiant des secteurs peu porteurs et peu productifs, elle ait du mal à
promouvoir la croissance de leur valeur ajoutée.
5. Conclusion
Ce papier étudie les déterminants de la localisation des activités économiques dans les
provinces chinoises entre 1992 et 1997, en portant une attention particulière aux politiques
d’intégration commerciale intérieure et internationale. Nous estimons un modèle dérivé de
Midelfart et alii (2000) pour mesurer l’importance respective des facteurs liés aux dotations
de facteurs, des liens d’offre et de demande et des mesures politiques dans la localisation des
23
activités économiques au sein des provinces chinoises. Notre travail met en évidence le rôle
central du potentiel marchand dans la détermination de la structure de localisation productive.
Nous vérifions également empiriquement que l'interventionnisme des autorités provinciales
influence de manière significative le processus de localisation des activités à travers les
entraves aux échanges inter-provinciaux et la politique d’ouverture internationale. Nos
résultats remettent ainsi en cause l’existence d’un lien systématiquement positif entre
ouverture, localisation et croissance. Ce constat pose à terme le problème de la viabilité de la
compétitivité et de la forte croissance de ces provinces chinoises.
24
Tableau 1: Variables d’interaction
Dotations provinciales ( X i )
j=1
Dotation en matières premières
Caractéristiques sectorielles ( Z k )
Intensité d’utilisation de matières premières
énergétiques et minières
j=2
Dotation en capital
Intensité d’utilisation du capital
j=3
Dotation en population ayant une Intensité d’utilisation de travailleurs qualifiés
éducation secondaire
j=4
Dotation en ingénieurs
Importance des dépenses de recherche et
développement
j=5
Potentiel marchand
Intensité de ventes aux autres secteurs
j=6
Potentiel marchand
Intensité d’utilisation de consommations
intermédiaires
j=7
Potentiel marchand
Entraves aux échanges inter-provinciaux
j=8
Distance au port le plus proche
Intensité des échanges internationaux
25
Tableau 2: Déterminants de la localisation sectorielle
Constante
Variable de contrôle de taille
Importance de la production
Importance de la population
Education
Education secondaire de la province
Intensité d’utilisation de travailleurs
qualifiés
Interaction
Matières premières
Dotation en matières premières
minières et énergétiques
Intensité d’utilisation de matières
premières
Interaction
Capital
Dotation en capital de la province
Intensité d’utilisation de capital
Interaction
R&D
Dotation en ingénieurs de la province
Dépenses de R&D du secteur
Interaction
1
1992
-17,78***
2
1997
-11,33***
3
1992a
-17,78***
4
1997a
-12,02***
5
1992a
-15,66***
6
1997a
-10,19***
7
1997ab
-11,25***
8
1997ab
-3,11
-0,25
0,38**
-0,08
0,39
-0,13
0,27**
-0,12
0,34
-0,13
0,28*
-0,12
0,33
-0,04
0,15
0,06
0,12
-4,09***
(1,53)
-4,85***
(1,28)
12,58***
(3,51)
-3,85**
(1,95)
-2,97
(1,95)
11,63***
(4,37)
-4,73***
(1,41)
-4,73***
(1,06)
14,41***
(3,08)
-3,66*
(1,92)
-3,47*
(1,79)
11,75***
(4,25)
-3,72***
(1,34)
-4,37***
(1,08)
11,91***
(2,97)
-3,24*
(1,78)
-3,87**
(1,72)
10,65***
(3,92)
-5,67***
(2,17)
-5,38***
(1,67)
14,67***
(4,89)
-6,09**
(2,44)
-4,97**
(2,15)
15,41***
(5,55)
-3,00**
(1,45)
-0,35
(0,45)
10,80***
(3,33)
-3,04*
(1,62)
-1,39***
(0,49)
19,26***
(4,25)
-1,85*
(0,96)
-0,41
(0,35)
8,54***
(2,67)
-3,71**
(1,51)
-1,29***
(0,47)
19,18***
(4,13)
-2,03**
(0,98)
-0,52
(0,36)
9,86***
(2,73)
-3,98***
(1,50)
-1,40***
(0,47)
21,44***
(4,06)
-3,49***
(0,84)
-0,73**
(0,36)
13,04***
(2,74)
-4,44***
(1,18)
-1,52***
(0,40)
21,28***
(3,62)
-0,97
(21,21)
-3,48
(3,43)
283,18
(219)
-55,98
(44,20)
-35,45**
(17,69)
1728,53*
(927)
-10,68
(18,78)
-6,67**
(2,60)
439,87***
(138)
-35,51
(39,76)
-17,66**
(6,95)
810,56*
(404)
-9,23
(18,71)
-6,94***
(2,62)
427,02***
(136)
-29,95
(41,16)
-14,81**
(7,48)
662,26
(462)
15,66
(20,06)
-0,50
(4,88)
-0,12
(21,70)
-0,91
(36,99)
-5,98**
(8,46)
-105,34
(533)
2,69
(7,16)
-0,004
(0,004)
0,68**
(0,32)
-13,79
(10,89)
-0,01
(0,01)
1,39**
(0,61)
4,83
(6,75)
-0,003
(0,003)
0,47*
(0,26)
-8,04
(9,29)
-0,01
(0,01)
1,08**
(0,50)
1,89
(6,73)
-0,003
(0,004)
0,69**
(0,33)
-11,44
(8,60)
0,0003
(0,005)
1,35**
(0,56)
4,37
(7,30)
0,00007
(0,004)
0,61*
(0,34)
-2,22
(7,80)
-0,003
(0,004)
0,79**
(0,36)
26
Tableau 2: Déterminants de la localisation sectorielle (suite)
Liens Fournisseur/Demande
Potentiel marchand de la province
Intensité des ventes à autres
industries
Interaction avec potentiel
marchand
Intensité des achats intermédiaires
Interaction avec potentiel
marchand
Ouverture internationale
Distance au port le plus proche
Taux d’ouverture internationale
du secteur
Interaction
1
1992
2
1997
3
1992a
4
1997a
5
1992a
6
1997a
7
1997ab
8
1997ab
-1,40**
(1,16)
1,24**
(0,53)
-1,76**
(0,77)
-2,16
(1,76)
3,76***
(1,35)
-1,53**
(0,64)
4,54***
(1,47)
-1,10***
(0,38)
-14,15***
(-3,49)
3,37***
(0,91)
-2,24***
(0,85)
1,25**
(0,52)
-1,76**
(0,75)
-3,89***
(0,83)
4,94***
(0,95)
-1,60**
(0,63)
4,16***
(1,41)
-1,03***
(0,37)
-13,94***
(3,46)
3,36***
(0,91)
-3,48***
(0,92)
1,29**
(0,51)
-1,67**
(0,71)
-4,68***
(0,94)
6,39***
(1,19)
-2,32***
(0,86)
3,88***
(1,27)
-0,93***
(0,33)
-15,80***
(4,55)
4,08***
(1,20)
-7,97***
(2,98)
0,64
(0,53)
-0,83
(0,69)
-8,83***
(2,82)
11,43***
(3,79)
-3,79***
(0,99)
3,72***
(1,33)
-0,86**
(0,33)
-23,58***
(5,68)
5,92***
(1,44)
0,0001
(0,0001)
-0,52
(1,07)
-0,002*
(0,001)
0,0001
(0,0001)
-0,51
(0,37)
-0,0008***
(0,0002)
0,0001
(0,0001)
-1,23
(0,82)
-0,0001
(0,0001)
0,0001
(0,0001)
-0,34
(0,33)
-0,0008***
(0,0002)
0,00003
(0,00009)
-0,91
(0,74)
-0,001*
(0,0005)
0,0001
(0,0001)
-0,09
(0,34)
-0,001***
(0,0002)
0,00002
(0,0001)
-0,96
(0,73)
-0,001*
(0,0005)
0,0001
(0,0001)
-0,09
(0,27)
-0,001***
(0,0002)
579
29,67
26,89
-0,002*
(0,001)
0,0047**
(0,0018)
555
28,41
25,17
-0,01*
(0,006)
0,0034**
(0,0016)
579
31,82
28,87
-0,005**
(0,002)
0,007**
(0,003)
485
29,52
25,84
-0,014**
(0,006)
0,004**
(0,002)
503
37,49
34,35
Protectionnisme local
Niveau de protection du secteur
Interaction avec le potentiel
marchand de la province
Nombre d’observations
R²
R² ajusté
557
20,93
17,67
580
27,52
16,95
555
27,36
24,36
a: après élimination des observations aberrantes définies comme ayant un écart à la moyenne supérieur à trois fois l’écart-type.
b : après élimination des secteurs agriculture, charbon et pétrole.
Ecarts-type corrigés de l’hétéroscédasticité entre parenthèses
avec ***, ** et * dénotant une significativité au seuil de confiance de 1, 5 et 10%
27
Tableau 3: Déterminants de la localisation sectorielle
Effets fixes (within) secteur et province
Variable dépendante : localisation sectorielle par province ln
Interaction
Intensité d’utilisation de travailleurs
qualifiés * éducation secondaire
Intensité en capital * Dotation en
capital de la province
Intensité d’utilisation de matières
premières minières et énergétiques*
Dotation en matières premières
Dépenses de R&D * Dotations en
ingénieurs
Intensité des ventes aux autres
industries * Potentiel marchand de
la province
Intensité des consommations
intermédiaires * Potentiel marchand
de la province
Taux d’ouverture internationale du
secteur* Distance au port le plus
proche
Intensité de protection du secteur *
Potentiel marchand de la province
Nombre. d’observations
R²
Nb de variables explicatives
R²ajusté
1
1992a
2
1997a
3
1992a
4
1997a
14,50***
(3,09)
436***
(138)
8,51***
(2,63)
11,83***
(4,09)
788**
(390)
19,22***
(4,19)
11,98***
(3,05)
418***
(139)
9,86***
(2,66)
0,45*
(0,27)
-1,79**
(0,73)
1,12**
(0,52)
-1,03***
(0,36)
4,96***
(0,93)
-0,001*
(0,0006)
yik
yi y k
10,65***
(3,97)
645
(446)
21,48***
(4,13)
5
1992a
est
11,51***
(3,88)
515
(344)
8,18***
(2,63)
6
1992a
ouest
-0,47
(7,43)
289**
(140)
54,23**
(23,91)
5
1997a
est
16,54***
(4,56)
-252
(780)
15,73***
(3,75)
6
1997a
ouest
0,71
(9,50)
175**
(562)
35,51**
(14,51)
0,69**
(0,34)
-1,69**
(0,69)
1,41**
(0,58)
-0,93***
(0,32)
0,59*
(0,33)
-1,75**
(0,87)
8,61***
(3,01)
-0,03
(1,18)
1,03*
(0,58)
-0,80**
(0,39)
6,66*
(3,92)
-0,16
(0,66)
3,32***
(0,90)
6,36***
(1,17)
4,01***
(1,20)
6,24***
(1,69)
5,55**
(2,73)
4,11**
(1,76)
2,55**
(1,02)
-0,0008***
(0,0002)
-0,001*
(0,0006)
-0,001***
(0,0002)
-0,004***
(0,00014)
0,0003
(0,001)
-0,004***
(0,0009)
-0,0009*
(0,0005)
0,0046***
(0,0018)
0,0046***
(0,0018)
0,005**
(0,002)
0,0064*
(0,003)
0,0052**
(0,0025)
0,0053***
(0,0019)
555
579
555
579
388
167
31,17
35,24
31,96
36,29
33,15
48,19
53
54
54
55
38
27
23,9
28,6
24,6
29,6
25,9
38,1
Ecarts-type corrigés de l’hétéroscédasticité entre parenthèses avec ***, ** et *
significativité à 1, 5 et 10%
411
38,34
39
31,9
seuils de
28
168
52,36
27
43,2
Tableau 4: Contribution des différents déterminants à la localisation sectorielle
(en % du pouvoir explicatif global)
1992
1997
Ouest
Est
Ouest
Est
Effets fixes secteur et province
21,93
0,00
24,60
0,62
Avantages comparatifs
14,12
12,59
13,24
13,99
Liens offre et demande
2,36
14,90
5,74
14,61
Ouverture internationale
0,06
7,13
2,16
12,39
Protection intérieure
0,00
0,26
0,02
1,41
29
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