32 DOSSIER Alcool et tabac >> DOSSIER Des liaisons dangereuses Infos ... Mécanismes d’action La consommation d’alcool est associée de façon dosedépendante à une augmentation de l’incidence de plusieurs types de cncers. Toutes les boissons alcoolisées semblent impliqués. Le rôle étiologique de l’alcool ou de ses métabolites est souligné. Les données concernant la relation entre cancer et alcool sontprincipalement basées sur des études épidémiologiques. L'association alcool et cirrhose du foie, et l'association tabac et cancer du poumon sont des grands classiques. S’y ajoute une association éminemment délétère : l’association tabac et alcool. La France est un des pays où le taux de mortalité prématurée (avant 70 ans) dû aux cancers liés à ces facteurs de risque est le plus mauvais. D epuis 20 ans, on note une augmentation considérable de l’incidence des cancers dans le monde dus à certains facteurs de risque, dont les plus délétères sont le tabac et l’alcool. Le tabac Plus personne n’ignore les méfaits du tabac sur la santé et l’impact du tabagisme sur le développement de maladies tumorales. Le cancer bronchopulmonaire reste la première cause de décès chez l’homme et la deuxième chez la femme. En France, un quart des décès par cancer, soit plus de 30 000 morts, est attribué au tabac. Il s’agit de : 85 % des cancers bronchiques ; 54 % des cancers des voies aérodigestives supérieures (VADS) selon la localisation ; 40 % des cancers de la vessie ; 30 % des cancers du pancréas. Certes, la proportion de fumeurs dans la population est passée de 34,5 % en 1999 à 30,4 % en 2003 soit une chute de 12 %. Les femmes et les jeunes étant les premiers bénéficiaires de la baisse de la consommation. Mais ces populations sont particulièrement exposées, car il existe d’une part des risques spécifiquement féminins et, d’autre part, une corrélation entre l’âge d’entrée dans le tabagisme et les risques encourus. Il ne faut pas oublier que la cigarette contient un cocktail de substances chimiques, reconnues comme nocives et dangereuses pour la santé. Ce sont des produits radioactifs, irritants, toxiques dont beaucoup sont également connus pour être cancérigènes. Le risque de cancer bronchique lié au tabac dépend de l’intensité du Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005 tabagisme journalier, du nombre d’années de tabagisme, de la profondeur de l’inhalation et du type de tabac fumé. Cependant, il existe une relation dose-effet indéniable : même chez les fumeurs légers (1 à 10 cigarettes par jour), le risque de développer un cancer du poumon est multiplié par 11. À un paquet par jour, le risque est multiplié par 30 et un gros fumeur, à deux paquets par jour, aura 71 fois plus de chances de développer un cancer du poumon qu’un nonfumeur ! L’alcool L’alcool provoque directement 23 000 décès par an, dus aux cancers, aux cirrhoses et à l’alcoolodépendance. Sa consommation est associée de façon dose-dépendante à une augmentation de l’incidence de plusieurs types de cancers. Tous les types de boissons alcoolisées semblent impliqués. Outre l’éthanol, elles contiennent d’autres substances issues de la fermentation ou de la préparation qui sont elles aussi mises en cause dans le processus de cancérisation : aldéhydes, esters, cyanures et alcools autres que l’éthanol, auxquels il faut ajouter certains additifs et contaminants (terpènes, phytotoxines, etc.). Les cancers buccal et du pharynx sont en étroite corrélation avec la consommation alcoolique. Le tabac et l’alcool interagissent au niveau du risque de tels cancers, qui sont environ 37 fois plus élevés chez les grands buveurs/grands fumeurs, que chez les non-buveurs/nonfumeurs. Parmi les non-fumeurs, les grands buveurs encourent un risque de cancer 6 fois supérieur aux abstinents. Les mêmes risques élevés ont été décrits pour toutes les catégories de boissons alcoolisées. Il est intéressant de noter que les bains de bouche trop fréquents présentent également un risque élevé pour les cancers de la bouche. Le cancer de l’œsophage est fortement associé à la prise d’alcool, et ici aussi, l’alcool s’associe au tabac en majorant le risque. Bien que le risque de ce cancer augmente avec la quantité d’alcool absorbée, il semble que les consommateurs de boissons à haute teneur d’alcool soient plus sensibles au risque de ce type de cancer, que les buveurs de vin et de bière. L’alcool est de la même façon un facteur déterminant du cancer du larynx. L’alcool est un poison avéré du foie, et la destruction des tissus hépatiques qu’il provoque peut être à l’origine de cirrhoses alcooliques, la cirrhose pouvant ensuite dégénérer en cancer du foie. Des études comparatives portant sur différentes populations tendent à prouver l’incidence de la consommation de boissons alcoolisées sur le risque de développement des cancers colorectaux. En ce qui concerne le cancer du pancréas, une pancréatite accompagnant ces cas de cancer, l’incrimination de la consommation de boissons alcoolisées dans leur développement a souvent été évoquée ; l’alcool entraînerait un cancer du pancréas par l’intermédiaire d’une pancréatite. Mais ce lien demeure controversé. Par ailleurs, de nombreuses études montrent une relation évidente tout en ne permettant pas de conclure de façon définitive, entre la prise d’alcool et le cancer du sein. Mais la présomption semble sérieuse. ALP