Depuis 20 ans, on note
une augmentation consi-
dérable de l’incidence
des cancers dans le monde dus à
certains facteurs de risque, dont les
plus délétères sont le tabac et l’al-
cool.
Le tabac
Plus personne n’ignore les méfaits
du tabac sur la santé et l’impact du
tabagisme sur le développement
de maladies tumorales. Le cancer
bronchopulmonaire reste la pre-
mière cause de décès chez l’hom-
me et la deuxième chez la femme.
En France, un quart des décès par
cancer, soit plus de 30 000 morts,
est attribué au tabac. Il s’agit de :
85 % des cancers bronchiques ;
54 % des cancers des voies aéro-
digestives supérieures (VADS) selon
la localisation ; 40 % des cancers de
la vessie ; 30 % des cancers du
pancréas.
Certes, la proportion de fumeurs
dans la population est passée de
34,5 % en 1999 à 30,4 % en
2003 soit une chute de 12 %. Les
femmes et les jeunes étant les pre-
miers bénéficiaires de la baisse de
la consommation. Mais ces popula-
tions sont particulièrement expo-
sées, car il existe d’une part des
risques spécifiquement féminins et,
d’autre part, une corrélation entre
l’âge d’entrée dans le tabagisme et
les risques encourus.
Il ne faut pas oublier que la cigarette
contient un cocktail de substances
chimiques, reconnues comme
nocives et dangereuses pour la
santé. Ce sont des produits radioac-
tifs, irritants, toxiques dont beau-
coup sont également connus pour
être cancérigènes.
Le risque de cancer bronchique lié
au tabac dépend de l’intensité du
tabagisme journalier, du nombre
d’années de tabagisme, de la pro-
fondeur de l’inhalation et du type
de tabac fumé. Cependant, il existe
une relation dose-effet indéniable :
même chez les fumeurs légers
(1 à 10 cigarettes par jour), le
risque de développer un cancer du
poumon est multiplié par 11. À un
paquet par jour, le risque est multi-
plié par 30 et un gros fumeur, à
deux paquets par jour, aura 71 fois
plus de chances de développer un
cancer du poumon qu’un non-
fumeur !
L’alcool
L’alcool provoque directement
23 000 décès par an, dus aux can-
cers, aux cirrhoses et à l’alcoolo-
dépendance. Sa consommation est
associée de façon dose-dépen-
dante à une augmentation de l’inci-
dence de plusieurs types de can-
cers. Tous les types de boissons
alcoolisées semblent impliqués.
Outre l’éthanol, elles contiennent
d’autres substances issues de la fer-
mentation ou de la préparation qui
sont elles aussi mises en cause
dans le processus de cancérisation :
aldéhydes, esters, cyanures et
alcools autres que l’éthanol, aux-
quels il faut ajouter certains additifs
et contaminants (terpènes, phyto-
toxines, etc.).
Les cancers buccal et du pharynx
sont en étroite corrélation avec la
consommation alcoolique. Le tabac
et l’alcool interagissent au niveau du
risque de tels cancers, qui sont envi-
ron 37 fois plus élevés chez les
grands buveurs/grands
fumeurs,
que chez les non-buveurs/
non-
fumeurs. Parmi les non-fumeurs, les
grands buveurs encourent un risque
de cancer 6 fois supérieur aux absti-
nents. Les mêmes risques élevés
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 64 • juin-juillet 2005
ont été décrits pour toutes les caté-
gories de boissons alcoolisées. Il est
intéressant de noter que les bains
de bouche trop fréquents présen-
tent également un risque élevé
pour les cancers de la bouche.
Le cancer de l’œsophage est forte-
ment associé à la prise d’alcool, et
ici aussi, l’alcool s’associe au tabac
en majorant le risque. Bien que le
risque de ce cancer augmente avec
la quantité d’alcool absorbée, il
semble que les consommateurs de
boissons à haute teneur d’alcool
soient plus sensibles au risque de
ce type de cancer, que les buveurs
de vin et de bière. L’alcool est de la
même façon un facteur détermi-
nant du cancer du larynx.
L’alcool est un poison avéré du foie,
et la destruction des tissus hépa-
tiques qu’il provoque peut être à
l’origine de cirrhoses alcooliques, la
cirrhose pouvant ensuite dégénérer
en cancer du foie.
Des études comparatives portant
sur différentes populations tendent
à prouver l’incidence de la con-
sommation de boissons alcoolisées
sur le risque de développement
des cancers colorectaux. En ce qui
concerne le cancer du pancréas,
une pancréatite accompagnant ces
cas de cancer, l’incrimination de la
consommation de boissons alcooli-
sées dans leur développement a
souvent été évoquée ; l’alcool
entraînerait un cancer du pancréas
par l’intermédiaire d’une pancréa-
tite. Mais ce lien demeure contro-
versé.
Par ailleurs, de nombreuses études
montrent une relation évidente tout
en ne permettant pas de conclure
de façon définitive, entre la prise
d’alcool et le cancer du sein. Mais la
présomption semble sérieuse.
ALP
Infos ...
Mécanismes
d’action
La consommation
d’alcool est associée
de façon dose-
dépendante à une
augmentation de
l’incidence de
plusieurs types de
cncers. Toutes les
boissons alcoolisées
semblent impliqués.
Le rôle étiologique
de l’alcool ou de ses
métabolites est
souligné. Les
données concernant
la relation entre can-
cer et alcool
sontprincipalement
basées sur des
études
épidémiologiques.
DOSSIER
32
>> DOSSIER
L'association alcool et cirrhose du foie, et l'association tabac et cancer du poumon sont
des grands classiques. S’y ajoute une association éminemment délétère : l’association
tabac et alcool. La France est un des pays où le taux de mortalité prématurée (avant 70
ans) dû aux cancers liés à ces facteurs de risque est le plus mauvais.
Alcool et tabac
Des liaisons dangereuses
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