Effet de la vaccination intra-tumorale sur l’immunité anti-tumorale Romane Dussez, Lycée-Collège de la Planta, Sion Sorina Vlad, Collège St-Michel, Fribourg Supervision : Marion Humbert, Unige Directrice de laboratoire : Pr. Stéphanie Hugues Département de Pathologie et Immunologie RESUME Lors de notre semaine en laboratoire, nous avons étudié les cellules dentritiques plasmacytoïdes (pDC) dans le contexte de l’immunité anti-tumorale. Nous avons tenté de restimuler ces cellules, dont les fonctions sont inhibées par le microenvironnement antitumoral au moyen d’un vaccin. Nous avons observé que lorsque nous injectons un vaccin contenant un adjuvant ciblant spécifiquement les pDC et un antigène tumoral, il y a une baisse de la croissance tumorale. Nos résultats ne nous permettent cependant pas de déterminer si la baisse de la croissance de la tumeur est due à la réactivation de ces pDC ou si d’autres cellules ont un rôle. INTRODUCTION Le système immunitaire est le mécanisme de défense de l’organisme contre les microorganismes nuisibles et les tumeurs. Les lymphocytes T CD4+ ont besoin de cellules présentatrices d’antigènes (CPA) pour détecter les micro-organismes nuisibles ou les cellules tumorales et enclencher la réaction immunitaire adaptive. Les CPA informent les lymphocytes T de la présence d’une infection ou d’une tumeur par trois différents signaux (fig.1) : 1. La présentation d’antigène 2. La co-stimulation 3. L’émission de cytokines fig1. La présentation d’antigène aux lymphocytes T Parmi ces CPA, nous nous intéressons, dans notre recherche, à des cellules spécifiques, les cellules dendritiques plasmacytoïdes (pDC). (fig.2) Viral or self nucleic acids DNA ssRNA Innate immunity Endosome TLR9 TLR7 Type I IFNs IRF7 pDC NF-KB IL-6, TNF DC licensing, NK cells, B cells Ag captured by endocytosis, exosomes, membrane transfer CD4/8 + T cell Adaptive immunity fig.2 Les cellules dendritiques plasmacytoïdes Cette étude porte sur le rôle des pDC dans le contexte de l’immunité anti-tumorale. Il est à noter que le microenvironnement tumoral secrète des facteurs anti-inflammatoires qui inhibent la réponse immunitaire. Les pDC ne peuvent donc plus remplir leurs fonctions de CPA et induire une réponse immunitaire anti-tumorale. L’objectif de cette recherche est de déterminer si les fonctions anti-tumorales des pDCs peuvent être réactivées après vaccination intra-tumorale. MATÉRIEL ET METHODES En salle de culture : Anesthésiant : L’anesthésiant est composé de : 50% PBS (tampon de phosphate salin), 50% kétamine (45%) et rompun (5%). Cellules : Nous utilisons la lignée EG7, qui est un lymphome exprimant la protéine OVA. La solution des cellules (cellules tumorales + milieu de culture), se trouvant dans un flasque stérile, est vérifiée à l’aide du microscope et on rajoute la généticine, qui est un antibiotique, afin d’obtenir seulement des cellules exprimant OVA. En effet, les cellules qui expriment OVA expriment aussi un gène de résistance à la généticine (R) et vont donc survivre à l’antibiotique, tandis que les cellules n’exprimant pas OVA sont sensibles à l’antibiotique (fig.3). Suite à ça, on transfère la solution dans des tubes de culture cellulaire, à l’aide d’une pipette et on les centrifuge pendant 5 minutes. Avec une pipette pasteur et une pompe à vide, on aspire le surnageant, le culot cellulaire restant au fond des tubes de culture. Le PBS est rajouté, afin de diluer les cellules cancéreuses et de pouvoir passer au comptage, à l’aide du quadrillage Neubauer. On rajoute de nouveau du PBS pour obtenir la concentration de cellules souhaitée et ce qu’on obtient est la solution de cellules tumorales EG7 que l’on va injecter aux souris. OVASensible OVA Généticine R OVA+ Résistant fig.3 Expression d’un gène de résistance à la Généticine par les cellules EG7 A l’animalerie : On dispose d’un total de 15 souris, C57Bl/6, qui sont séparées en 3x5. Avant de commencer toute procédure, les souris doivent être anesthésiées. On injecte l’anesthésiant dans le péritoine. Puis, on rase le flanc gauche, et on injecte le lymphome EG7 en sous-cutané à chaque souris. Par la suite, notre tutrice injectera le vaccin dans les tumeurs. Cinq souris seront injectées avec du PBS (contrôle), 5 souris avec du CpG-B seul (adjuvant ciblant spécifiquement les pDC) et 5 souris avec CpG-B en présence d’OVAII (antigène tumoral reconnu par les lymphocytes T CD4+). RESULTATS On constate une baisse de la croissance tumorale suite aux injections des vaccins. On remarque qu’en présence de CpG-B et l’antigène OVAII, la taille des tumeurs s’est stabilisée. Quant à l’injection avec du PBS, la croissance a continué de manière exponentielle, car ce n’est qu’un contrôle et pas un vaccin thérapeutique. Exemple de résultat obtenu par notre tutrice après vaccination intratumorale : 300 PBS CpG-B Tumor size 2 (mm ) CpG-B+OVAII 200 Vaccination 100 0 5 10 15 Time (days) 20 Fig.4 Suivi de la croissance tumorale après vaccination intra-tumorale DISCUSSION La croissance tumorale a baissé suite à l’injection de CpG-B et de manière encore plus importante en présence de l’antigène tumoral OVAII. Cependant, il reste à déterminer si ce sont bel et bien les pDC qui jouent un rôle dans la baisse de la croissance tumorale. Et si ce sont bien elles, est-ce que c’est dû à leur rôle de cellule immunitaire innée, ou à leur rôle dans le système immunitaire adaptatif en tant que cellules présentatrices d’ antigènes ? RÉFÉRENCES - Plasmacytoid Dendritic Cells: Recent Progress and Open Questions, Boris Reizis, Anna Bunin, Hiyaa S. Gosh, Kanako L. Lewis and Vanja Sisirak The multifaceted biology of plasmacytoid dendritic cells, Melissa Swiecki and Marco Colonna REMERCIEMENTS Un grand merci à Marion Humbert (notre tutrice), Pr. Stéphanie Hugues (directrice de laboratoire), Carla Lippens, Juan Dubrot, Mathilde Lacroix, Anjalie Schlaeppi, Dale Brighouse, qui nous ont accueilli dans le laboratoire, et à Cécile Gameiro (personnel de la cytométrie en flux).