sonnels. Ceci rend la documentation scientifique aussi
naturellement accessible que le chauffage, l’électricité
ou le Wi-Fi : elle fait partie des moyens de travail four-
nis par les établissements qui les accueillent.
Dans le deuxième cas, l’auteur achète un droit à être
publié, ce qui risque de limiter sa liberté de publication :
le choix de la revue par l’auteur cesse d’être un acte libre
s’il dépend de la décision du responsable des crédits de
chaque laboratoire, public ou privé.
Un très petit nombre de revues anglo-saxonnes sont des
« news » scientifiques : elles informent sur les grandes
interrogations et avancées de la science mondiale, sur
des événements et sur des expressions d’opinions. Elles
diffusent les articles récents, après de longues et rigou-
reuses expertises. Elles sont onéreuses mais sont inté-
grées par les différents centres d’achat et deviennent des
passages obligés très recherchés car leurs facteurs d’im-
pact sont élevés, là où les évaluations sont guidées par
ce facteur.
Le facteur d’impact est un indi-
cateur bibliométrique. Il est le
rapport du nombre de citations,
dans une année N, des articles
publiés pendant les années N-1
et N-2 au nombre d’articles pu-
bliés pendant ces deux années.
Les revues qui affichent un fac-
teur d’impact fort sont les plus
recherchées par les auteurs, qui
en attendent de nombreuses cita-
tions de leurs articles. Ce facteur
est totalement non significatif
pour certaines disciplines où la
durée de vie d’un article est de 5
ans, voire plus (mathématiques).
En outre, s’il est signifiant pour la
notoriété d’une revue qui affiche
un fort facteur impact, il ne l’est
pas pour la qualité et les citations
des articles qui y sont publiés,
ni pour déterminer la diffusion
réelle de chaque article : en effet,
plus de la moitié des articles pu-
bliés ne sont jamais lus ou sont
peu cités.
Le constat de l’importance ex-
cessive prise par cet indice pour
le recrutement et l’évaluation des
chercheurs conduira l’Académie
à faire prochainement des propo-
sitions aux pouvoirs publics, dans
le cadre de sa mission de conseil
sur l’organisation de la recherche
française.
L’indice de citation (citation d’un
article par rapport à la citation nationale et mondiale)
permet de prendre en considération l’indice de citation
d’un article publié dans un pays par rapport à la pro-
duction mondiale, d’un établissement par rapport à une
liste d’autres établissements… Ces données sont four-
nies par ISI (Thomson Scientific) et sont maintenant
aisément accessibles aux chercheurs et aux managers de
la recherche. Si le facteur d’impact évalue la notoriété
de la revue, seul l’indice de citation est significatif pour
évaluer un établissement, une discipline dans un pays,
une équipe et un chercheur au sein d’un établissement.
L’Académie tirera les enseignements de ce colloque
pour évaluer son efficacité, en particulier en définissant
sa politique éditoriale, variable selon les disciplines, pour
satisfaire auteurs et lecteurs et continuer à répondre à
ses missions n
ÉDITORIAL
La lettre de l’Académie des sciences n° 21
Les résumés des interventions et le contenu vidéo intégral
de cette manifestation sont disponibles sur
http://www.academie-sciences.fr/conferences/colloques/
Par Jean Dercourt
Secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences,
professeur émérite à l’université Pierre et Marie Curie
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