La France restera-t-elle dans l`euro

Jean-Pierre Lacoste
La France restera-t-elle dans
l’euro ?
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La préface
Depuis les années 1980, la dynamique asiatique monte
en puissance au travers de la mondialisation et va
probablement imposer son leadership mondial dans les
années à venir. Dans le même temps, nous voyons la vieille
Europe subir de nombreux problèmes fondamentaux qui
nous entraînent dans un scénario probable de croissance à
la « japonaise » et cela malgré une volonté de la BCE de faire
baisser l’euro. Cela d’autant plus que le Japon pour essayer
de sortir de sa nasse déflationniste a déjà dévalué sa
monnaie de l’ordre de 30 % par rapport au dollar en 2 ans et
pourrait aller encore plus loin… Cela représente un sérieux
risque pour la dynamique allemande qui se trouve
confrontée, à la fois au redéploiement du modèle chinois qui
veut privilégier la consommation au détriment de
l’industrie, et à un Japon plus compétitif dans les mêmes
secteurs que l’Allemagne. La création de l’union monétaire
qui aurait dû être une réponse à la mondialisation, pose en
fait de nombreux problèmes du fait de grandes divergences
entre les différents partenaires. Dans cette grande bataille
pour le leadership mondial dans laquelle nous sommes
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engagés, l’union monétaire apparaît comme une rigidité qui
aura beaucoup de mal à résister face aux turbulences de cette
dynamique. Cela d’autant plus que le modèle d’Etat
providence développé par la France ces quarante dernières
années, ne peut tenir dans une Europe qui est intégrée dans
la mondialisation. Seule une remise en cause rapide et
fondamentale de son modèle économique et financier
permettra à la France de rester dans la zone euro !!!
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Un bref historique
de la dynamique du monde
Nous pouvons décomposer cette évolution en plusieurs
phases :
– Un, de 1100 à 1800, la Chine grâce à une bonne
technique d’irrigation agricole et une forte avance
technologique par rapport au monde occidental, domine
largement l’économie globale. Dans le même temps, le
monde japonais vit en circuit fermé dans un monde féodal ;
– Deux, la dynamique militaire anglaise pour acquérir
ses colonies et la découverte de l’ère industrielle dans les
années 1800, permettent à ce pays de dominer le monde
pendant plus d’un siècle. Durant cette période, la Chine est
paralysée en ne voulant pas rentrer dans cette nouvelle ère.
C’est le début d’une période d’humiliation pour celle-ci, qui
ne commencera à se réveiller que dans les années 1980.
– Trois, sous la pression américaine, le Japon est le
premier pays d’Asie qui commence à s’ouvrir avec l’ère Meiji
en 1867. Après la première guerre mondiale, le Japon est déjà
un pays avancé. La phase d’expansion militaire qui s’en suit
se terminera par l’explosion des bombes atomiques à
Nagasaki et Hiroshima… De 1950 à 1990, le Japon connaît
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une forte croissance économique. A la fin des années 80, ce
pays deviendra brièvement la plus importante place
financière du monde. Mais l’inversion de la politique de
facilité monétaire crée un choc économique et financier
foudroyant. En un an, la bourse et le prix de l’immobilier
plongent de 60 %. Depuis, ces marchés ont faiblement
remonté.
– Quatre, à partir des années 1980, la Chine commence
à faire des expériences capitalistes à travers des zones
spéciales de développement. En l’espace de 30 ans, ce pays
est passé de la pauvreté à la deuxième puissance économique
du monde. Aucun autre pays n’a connu une évolution aussi
rapide !
De 1100 à 1800, l’avance technologique dans de
nombreux domaines et une agriculture prospère font de
la Chine, la première puissance économique de l’époque.
Comme la plupart des grandes régions du monde,
l’agriculture a été à cette époque, la principale activité
économique. La Chine, a cherché à mieux rentabiliser son
agriculture en développant de nouvelles techniques
d’irrigation. L’abondance alimentaire qui en a résulté a
permis un fort développement de la population, celle-ci
serait passer de 100 millions à 380 millions durant cette
période. Par comparaison, la France de Louis XIV à
Napoléon, qui était le pays le plus peuplé du monde
occidental, avait alors une population de 20 millions
d’habitants. Le climat tempéré de nos régions permettait à
notre pays d’avoir une agriculture prospère pouvant nourrir
autant d’hommes. L’Angleterre de la même époque, avec un
climat moins propice au développement de l’agriculture,
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avait une population de 5 millions d’habitants. Ainsi, à cette
époque, la principale force militaire était la quantité
d’hommes disponibles. Napoléon a été sûrement un grand
stratège militaire, mais surtout il a pu constituer une armée
de un million d’hommes pour conquérir l’Europe !!!
Dans son livre « the Eastern origins of Western
civilisations », John HOBSON montre que la Chine avant le
19ème siècle avait une suprématie technologique dans de
nombreux domaines. La comparaison de la Chine et de
l’Angleterre durant cette période ne laisse pas de doute sur
la suprématie chinoise.
L’origine du golf serait chinoise ?
Nous trouvons des traces d’un jeu connu sous le nom
de Chuiwan (ou taper la balle) qui a fait son apparition
autour des années 1100. Pour jouer à ce jeu, on utilisait des
instruments proches des clubs de golf pour frapper une balle
qui était en cuir cousu. Ainsi, vous pouvez voir dans les trois
pages suivantes des tableaux montrant bien les similitudes
entre le jeu Chuiwan et le golf.
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Un tableau de l’empereur Xuanzong de la dynastie Ming
jouant au Chuiwan
Le 26 avril 2006, un symposium pour la restauration
du jeu Chuiwan appelé aussi l’origine du golf moderne, a
eut lieu dans le grand hall du peuple à Pékin.
Les instruments pour jouer au Chuiwan
Il semble clair que ce jeu chinois, le Chuiwan, vieux de
plus d’un millénaire a contribué à la création du golf
moderne par les Ecossais…
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Dans le domaine militaire, la suprématie chinoise était
claire avec la production d’acier et la poudre à canon.
En 1078, la Chine produisait plus de tonnes d’acier que
l’Angleterre sept siècles plus tard. Les feux d’artifices, mais
surtout la découverte de la poudre à canon, ont joué
également un rôle important dans le domaine des armes.
– De même, dans un autre domaine, la Chine avait
développé la machine à tisser, également sept siècles avant
l’Angleterre.
C’est surtout dans le domaine maritime où la puissance
chinoise était la plus évidente.
– Alors que dans le monde occidental, tous les
spécialistes s’accordaient à reconnaître la suprématie navale
britannique, le livre « 1421 la Chine découvre le monde »
par Gavin Menzies révèle sa suprématie navale confirmée
par de grands chercheurs américains. L’Empereur Zhu Di
aurait nommé Zheng He (un musulman chinois), amiral de
la plus grande flotte jamais construite.
Ce sont d’énormes jonques de plus de 3000 tonnes, de
400 pieds de long en teck avec quatre grands mâts pour
supporter une importante voilure. Par comparaison, le
bateau Santa-Maria de Christophe Colomb mesurait 85
pieds de long et pesait moins de 400 tonnes. Cette grande
Armada, d’une centaine de bateaux avait plus de 28 000
soldats, avec ses canons et des chevaux, a imposé le
gigantisme de ces navires. Plusieurs mois en mer
nécessitaient un important espace de stockage de nourriture
et d’eau pour les hommes et les chevaux. Ainsi, pour un seul
cheval, il était nécessaire de stocker plus d’une tonne d’eau
par mois en mer. La mission de cette grande flotte était
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d’aller au bout du monde pour collecter des tributs de
pirates de la mer et d’unifier le monde à l’harmonie de
Confusius.
Les 7 voyages de Zheng He avec la grande Armada chinoise
Le bateau de l’amiral Zheng He (400 pieds de long) le
bateau de Christophe Colomb le Santa Maria (85 pieds de
long)
Selon l’auteur du livre, ces bateaux chinois auraient
découvert l’Amérique 70 ans avant Christophe Colomb et
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auraient fait le tour du monde, un siècle avant Magellan.
Cette flotte aurait également été dans l’Antarticque et en
Australie 350 ans avant Cooke. Certains contestent la
véracité de toutes ces découvertes.
Cependant, un fait indéniable, à la fin du XVIIIème, il
y avait plus de 130 000 bateaux privés recensés en Chine, soit
beaucoup plus qu’en Angleterre à la même époque.
Il y avait beaucoup d’autres domaines concernant la
domination chinoise sur le reste du monde :
– Le système bancaire chinois de l’époque était déjà
basé sur le papier monnaie ;
– Les inventions dans la production du papier et le livre
imprimé ont donné une grande avance à ce pays…
Ainsi, selon les meilleurs spécialistes, au moment de la
Révolution Française, la Chine était la première puissance
économique du monde avec 30 % de la production
mondiale. Rappelons qu’aujourd’hui, les USA, leaders
économiques mondiaux, ne pèsent que 17 % de la
production mondiale.
La découverte de l’ère industrielle par l’Angleterre va
permettre à ce pays et ses colonies, de dominer le monde
comme jamais dans l’histoire durant plus d’un siècle.
Cette nouvelle ère britannique a d’abord été précédée
par une expansion coloniale très forte. Entre 1688 et 1815,
l’Angleterre a passé plus de la moitié de son temps à
développer son empire colonial par la force militaire mais
aussi à se battre contre la France. A l’inverse, la Chine avait
basé sa prédominance par la non ingérence dans les affaires
de ses partenaires commerciaux.
Dès le XVIème siècle, la Réforme protestante conduite
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par Martin Luther et Jean Calvin secoue l’Europe. Le
protestantisme portait en lui les germes qui vont
révolutionner le concept du travail et de la vie. D’après Max
Weber « le travail n’a pas a être considéré comme un
châtiment expiatoire du pêché originel comme le rapporte
le catholicisme. C’est au contraire une valeur fondamentale
au travers de laquelle chacun s’efforce de se rapprocher de
Dieu ». Après la révocation de l’Edit de Nantes, la France se
prive du savoir faire et des capitaux des Protestants qui ont
fui dans les pays du nord du Rhin et en Angleterre.
Dès le XVIIème, les grandes compagnies maritimes
préfigurent l’entreprise moderne. L’ampleur des besoins
financiers crées par la révolution industrielle pose
rapidement le problème du financement par l’épargne
publique. Le développement des chemins de fer nécessite
des investissements considérables. Cela a entraîné
l’apparition de la société anonyme facilitant les apports de
capitaux des investisseurs tout en limitant leurs risques au
montant de leurs apports.
Selon Arnold Toynbee « l’essence même de la
révolution industrielle est la substitution de la libre
concurrence aux réglementations qui depuis le moyen-age
étaient imposés à la production ».
Cette révolution industrielle est aussi le fait de découvertes
et innovations majeures. Le développement de la machine à
vapeur par les Anglais a permis à ce pays d’être en avance sur
les autres économies. En 1830, l’Angleterre possédait
15 000 machines à vapeur contre seulement 3000 en France.
Dans la première phase du développement de la révolution
industrielle, l’Angleterre s’applique à faire fonctionner les
bateaux à vapeur et plus tard les locomotives. Dès les années
1750, l’Angleterre affirme sa suprématie en imposant une
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politique maritime ambitieuse. Les Anglais dominent la mer,
l’avance du pays est avant tout technique, l’avantage de la
France était démographique, un européen sur 5 était Français.
Au XIXème siècle, l’empire colonial britannique atteint une
surface de 33 millions de km2 (plus de 3 fois l’Europe
d’aujourd’hui) avec une population de 125 millions, soit le
quart du monde. L’empire colonial français ne représentait que
10 millions de km2 et une population de 50 millions
d’habitants. Durant la deuxième partie du XIXème, l’agriculture
britannique est sacrifiée au profit de l’industrie, et passe de
20 % du PIB à 6 % entre1850 et 1906.
Durant cette période, la production industrielle
progresse fortement, la main d’œuvre s’appuie sur un essor
important de la démographie. En 1860, l’Angleterre sans ses
colonies, représente plus de 20 % de la production mondiale.
Cependant, durant cette période, le dynamisme anglais est
de plus en plus contesté par les USA et l’Allemagne qui
s’industrialisent plus vite.
En 1871, l’invention de l’électricité va changer le
monde, l’Amérique va devenir alors la grande gagnante.
Durant toute cette phase de forte expansion
industrielle, qui a duré plus d’un siècle, la Chine n’a pas
voulu s’industrialiser et a été marginalisée, mais aussi a subi
de nombreuses humiliations.
Le Japon est le premier pays d’Asie à entrer dans la
révolution industrielle, contraint par l’Amérique.
Depuis 1198, le Japon avait un système féodal, de plus, il
était complètement fermé aux étrangers. L’arrivée d’un navire
portugais allant en Chine, en s’échouant près de Nagasaki en
1543, provoqua le début d’un développement d’une
communauté étrangère. Quelques années plus tard,
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l’Empereur Toyotomi, s’inquiète de l’influence grandissante du
christianisme dans le sud du Japon. Il décide alors d’expulser
tous les missionnaires portugais et de persécuter les chrétiens
étrangers et japonais. Seule une petite communauté
hollandaise particulièrement discrète a pu continuer à
développer ses affaires au Japon. Malgré la politique officielle
des Shoguns de mettre fin à l’influence étrangère, les
Hollandais obtiennent le droit de séjourner dans une petite île
artificielle dans la baie de Nagasaki, d’une surface d’un hectare,
appelée Dejima. Cette île reliée au continent par un pont levis
était fermée tous les soirs par les Japonais. Jusqu’en 1855, les
contacts du Japon avec le monde extérieur furent strictement
limités aux étrangers de Dejima. Pourquoi les Hollandais ontils pu rester dans ce pays ? En fait, les Japonais lors de leurs
contacts avec les Hollandais ont découvert les nouvelles
technologies du monde occidental ainsi que leur médecine.
Nagasaki est aujourd’hui une ville moyenne au Japon, de
400 000 habitants intéressante à visiter où nous pouvons
retrouver l’origine de l’ouverture du Japon au monde
industriel, mais aussi le mémorial de l’explosion de la bombe
atomique. Il y a toujours l’ancien quartier portugais, avec un
ensemble de maisons tout à fait occidentales du XVIème siècle,
avec des petits jardins paisibles très fleuris donnant sur la baie
de Nagasaki. La petite église catholique blanche domine sur la
colline où se retrouvaient chaque dimanche la communauté
chrétienne portugaise, mais aussi locale. L’île artificielle de
Déjima a été restaurée par le gouvernement avec les maisons à
l’identique et des Japonais habillés comme l’étaient les
Hollandais au XVIème siècle.
En 1853, un bateau de pêche américain fait naufrage
près des côtes, les Japonais ne vont pas les secourir car ce
sont des étrangers. L’Amérique est offusquée, le Président
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envoie une petite escadre de navires de guerre avec à sa tête,
le commandant Perry pour imposer l’ouverture du pays au
monde ou la guerre.
L’île de Dejima où étaient parqués les commerçants
hollandais
Les Japonais voient arriver dans la baie de Tokyo des
cuirassés avec des canons montés sur des tourelles en acier,
alors qu’ils ne possédaient que des sabres et des arcs pour se
battre. Aussi, ils décident de s’ouvrir au monde extérieur, et
en 1859, Nagasaki devint un port libre. Quelques années
plus tard, l’Empereur Mutsuhito prend le pouvoir, c’est le
début de l’ère Meiji qui marque l’entrée du Japon dans l’ère
industrielle. Durant cette période, le pays va se moderniser,
des missions sont envoyées en Europe et aux USA pour
étudier les institutions politiques, les nouvelles techniques,
ainsi que les organisations industrielles. Le Shintoîsme
devient en 1871, la religion officielle et le système féodal est
aboli.
La modernisation va alors devenir très rapide : réseaux
de chemins de fer, lignes télégraphiques, ainsi que le
développement d’une flotte commerciale. L’absence de
matières premières au Japon et la constitution d’un
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ensemble de pays clients pour commercer, va pousser le
Japon à des guerres de conquêtes. En 1894-95, le Japon
attaque l’Empire chinois, celui-ci doit céder l’île de Taiwan
et les îles Pescadores. En 1904-1905, le Japon attaque la
Russie en torpillant sa flotte à Port Arthur, le seul port russe
sur le pacifique. La flotte russe envoyée en renfort d’Europe
pour débloquer le port, est totalement coulée par la flotte
japonaise. Les pays occidentaux sont stupéfaits de la
puissance militaire japonaise. En effet, à l’époque, la Russie
était considérée comme l’une des plus grandes puissances
militaires du monde. Encouragé par ses succès, le Japon
impose un protectorat sur la Corée, qu’il annexera en 1920.
En 1931, l’armée japonaise envahie la Mandchourie qui
devient un protectorat. Six ans plus tard, l’armée japonaise
pénètre en Chine et atteint Canton en 1938. Dans cette
guerre, les Japonais se livreront à de nombreux actes de
terreur en particulier lors de la prise de Nankin où 200 à
300 000 Chinois auraient été exécutés. Cette expansion a
créé le plus grand empire de l’histoire. Il faudra la révolution
communiste et l’impérialisme américain, avec la bombe
atomique, pour défaire le Japon.
Le miracle économique japonais 1950-1990.
Après la guerre, le Japon est occupé par ses vainqueurs
jusqu’en 1952, durant cette période, les Américains
cherchent à démocratiser la société japonaise.
A partir de 1948, la reconstruction du pays passe entre
les mains du gouvernement japonais. De 1950-1973,
l’économie progressera à un rythme de croissance de 10 %
par an. A partir des années 70, les deux chocs pétroliers et
l’appréciation du yen, à la suite des accords du Plaza, ont
entraîné une baisse du rythme de croissance du pays vers
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5 % jusqu’en 1989.
De 1985 à 1989, le Japon devient la première puissance
financière du monde, devant les USA. Durant ma carrière
professionnelle, lors d’un de mes séjours réguliers dans ce
pays, un haut responsable de la société Nomura me dit :
« Nous sommes la première puissance financière du
monde avec 60 % des actifs globaux ». En effet, à cette
époque, la capitalisation boursière japonaise représentait
42 % du monde contre seulement 27 % pour les USA. Mon
correspondant japonais ajoutait : « si demain l’Empereur
vendait son terrain sur lequel est construit le palais impérial
au centre de Tokyo, avec le produit de cette vente, il pourrait
acheter tous les immeubles de la Californie ». A cette
époque, la valorisation de l’agglomération de Tokyo était
estimée à plus de 20 000 milliards de dollars, c’est-à-dire
plus que la valorisation du territoire US. Cette énorme
surévaluation des actions et de l’immobilier japonais
trouvait son origine dans le fait que durant toute la période
d’après guerre, ce pays a maintenu des taux d’intérêt
particulièrement bas. Ainsi, plus le prix de l’argent est bas,
plus la valeur des actifs monte. La politique monétaire
quantitative utilisée aux USA depuis 2008 et aujourd’hui
dans les grands pays, afin de nous sortir de la récession
globale de 2007-2009, part exactement du même principe.
L’exemple japonais devrait nous servir de leçon. Lorsqu’en
1990, la banque centrale japonaise jugeant son système
financier suffisamment solide, décide de monter ses taux
d’intérêt, nous assistons dans les douze mois suivants à un
effondrement de plus de 60 % des actifs financiers et
immobiliers. Cette modification de la politique des taux
d’intérêt par la banque centrale constitue une véritable
rupture, la hausse des taux ayant cassé toute la dynamique
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économique du pays. Aujourd’hui, 25 ans après, les marchés
immobiliers et financiers ont faiblement remonté. Revenons
un instant sur le boom immobilier de ce pays, à partir des
années 1950 et cela jusqu’à la fin des années 80, le marché
immobilier japonais a monté chaque année de plus de 20 %.
Ainsi, les familles japonaises s’endettaient sur quatre
générations pour acheter de l’immobilier. Ce marché ne
pouvait que monter, car il y avait un phénomène de rareté,
l’espace disponible pour construire est limité car le pays est
très montagneux. En fait, ce qui a fait monter les prix, ce
n’est pas simplement le phénomène de rareté, mais aussi des
taux d’intérêt très bas qui ont fait baisser le coût de
financement de l’immobilier. Dans nos investissements
immobiliers, nous ne devons pas oublier qu’aujourd’hui, ce
placement est devenu un actif financier.
La résurgence de la Chine
Après 150 ans de domination de l’Occident, le centre du
monde économique et financier se déplace graduellement
vers l’Asie. Nous avons d’abord vu le Japon s’ouvrir au monde
industriel de l’Occident à partir de l’ère Meiji. Durant les
années 1970, les quatre dragons sont entrés dans le
développement économique. Aujourd’hui, Hong-Kong, la
Corée du Sud, Taïwan et Singapour connaissent un niveau de
vie parmi les plus élevés du monde. Mais le grand
changement, c’est le réveil chinois à partir de 1979, où le
pragmatisme du pays révèle que le développement industriel
de l’Occident lui a donné une large domination économique
et financière. Ils décident alors de faire des expériences
capitalistes dans le sud de la Chine près de Hong-Kong.
A partir des années 1980, la Chine crée des zones spéciales
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de développement économique.
Ces zones ont été faites pour tester le système capitaliste
et attirer des investisseurs étrangers afin de développer
l’activité industrielle et le commerce avec l’extérieur. Ces
zones ont été faites tout d’abord, proche de la zone anglaise
de Hong-Kong et de Macau avec : Shenzhen, Zhuhai et
Shantou dans la province de Guangdong et Xiamen dans la
province de Fujian.
Je me souviens de mon premier voyage à Shenzhen au
début des années 80 pour visiter l’implantation des
premières usines dans ce pays. J’ai d’abord eu l’impression
que j’entrais dans une cour d’école emplie d’enfants de 12
ans en voyant les travailleuses chinoises se déplacer en rang
autour de l’usine.
Celles-ci habitaient juste à coté de l’usine où se trouvaient
de grandes constructions comme des HLM très
rudimentaires dans lesquels il y avait de grands dortoirs
collectifs. En entrant dans le hall de l’entreprise, je remarquais
de grands panneaux remplis de photos des meilleures
ouvrières de la semaine. Je ne me souviens plus exactement
des salaires qu’elles touchaient par jour, mais c’était très peu
de chose. Enfin, je pénétrais dans un immense hangar dans
lequel des milliers d’ouvrières travaillaient, la meilleure
description que l’on puisse en donner : une ruche. La ville de
Shenzhen toute proche, avant le début du développement,
était un gros village de 80 000 habitants.
Aujourd’hui, les investissements étrangers dans cette
ville dépassent 30 milliards de $. Celle-ci est devenue la plus
dynamique du monde avec 15 millions d’habitants.
A partir de 1984, devant le succès de ces expériences, 14
nouvelles villes sont ouvertes pour développer les
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investissements étrangers. En 1988, la Chine dans sa totalité
est ouverte au monde. Je me souviens également de mes
premières visites à Shanghai au début des années 80. Dans les
rues, il n’y avait que des vélos qui circulaient, les Chinois et
les Chinoises étaient tous habillés avec une sorte d’uniforme
gris de Mao. Il n’y avait ni bureau, ni magasin, nous étions
reçus dans les hôtels par les spécialistes financiers. Le soir, la
ville était à peine éclairée, et de l’autre coté du fleuve, c’était
la campagne. Aujourd’hui, tout le monde connaît Pudong à
Shanghai, au moins en photos, où sont construits les plus
beaux et parmi les plus grands gratte-ciel du monde. Pudong
a démarré en 1992 !!! Aujourd’hui, l’ensemble de ces tours est
beaucoup plus spectaculaire qu’à New York.
Ainsi, en l’espace de 30 ans, la Chine est passée d’une
période de pauvreté à la deuxième puissance économique du
monde. Aucun autre pays au monde n’a connu un tel
processus d’évolution. Selon un récent rapport du FMI, la
Chine serait devenue aujourd’hui, la première puissance
économique du monde, mesuré en termes réels de pouvoir
d’achat. La Chine devrait produire 17,6 milliards de $ en
2014 contre 17,4milliards pour les USA. En 2000, les USA
produisaient 3 fois plus que la Chine. Jamais dans le monde,
un pays n’a connu une croissance aussi rapide (10 % par an)
sur une longue période. Ainsi, ce pays est devenu le plus
grand pays industriel du monde, le plus grand exportateur,
le plus grand marché domestique et le deuxième plus grand
importateur. Après être devenu membre du World Trade
Organisation en 2001, c’est aujourd’hui le pays qui fait le
plus de commerce dans le monde. L’explication de la
différence de valorisation de la Chine en terme de pouvoir
d’achat, est la sous évaluation de la monnaie chinoise par
rapport au dollar.
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