Archéologie
1. QUELQUES DÉFINITIONS.
L’archéologie est l’étude du passé à travers la découverte et l’analyse des
vestiges matériels.
Cela pose un problème : il faut exhumer les objets pour les analyser et il y a donc eu
destruction d’une partie de ces vestiges. On est obligé d’utiliser des documents graphiques
(comme en histoire de l’art) pour remplacer le vestige puisqu’il a disparu.
Il faut retenir 4 grands degrés d’analyse spatiale : la structure, le site, la région ou le
terroir, le territoire. Chacun de ces niveaux d’analyse change l’interprétation du vestige.
En archéologie, un contexte est une entité spatiale élémentaire. La structure est une
association de contextes : un alignement de vingt piliers forment une palissade.
Un artefact est un objet fragmenté (ex : couteau, vase en verre) produit par
l’homme. C’est donc souvent un produit d’artisanat.
Un assemblage est un groupe d’artefact dans une structure particulière.
La répartition des artefacts peut indiquer la structure et donc permettre de dessiner un
plan. Chaque structure peut s’analyser. Ainsi, la présence de grains dans une structure peut
nous dire que c’était un moulin.
Un site est un gisement de structures. En reliant les sites, on peut déterminer une
région, laquelle dépend aussi et surtout de la géographie. De cette manière, les moutons se
retrouvaient dans les landes et les bœufs dans les vallées.
Il faudra aussi retenir les concepts temporels : dans l’ordre croissant, l’événement, la
conjoncture et la structure temporelle.
2. HISTORIOGRAPHIE DE L’ARCHÉOLOGIE.
L’archéologie est mondiale : les méthodes sont identiques, même si les buts et les
contextes diffèrent.
La méthode universelle de recherche comporte trois niveaux : la prospection ou fouille, la
partie la plus spectaculaire du travail ; l’enregistrement par une photo ou un dessin et
l’archivage des vestiges ; et l’exploitation des vestiges (traitement et interprétation des
données).
L’archéologue devra sans doute faire appel à la botanique ou à l’informatique lors de
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ses recherches. C’est donc un ensemble de méthodes que l’on utilise dans un cadre
pluridisciplinaire.
Les restaurateurs ont une importance capitale dans le monde de l’archéologie. Ce sont
eux qui nous transmettent une image du passé, en reconstituant une mosaïque ou un site
complet.
Le mot archéologie vient de la synthèse de deux mots grecs : archaïa {choses
anciennes} et logos {discours sur}. L’archéologie est donc un discours sur les choses
anciennes. Le premier à avoir utilisé le mot archaïalogia est un élève de Platon. Il désigna par
ce terme tout ce qui concerne l’Antiquité, donc la collecte d’objets. On peut comprendre le
monde grâce aux objets du passé.
Hérodote, quant à lui est considéré comme le père de l’Histoire, puisque c’est lui, au
5°s. av. JC qui propose le premier une interprétation des faits. La vue et l’ouïe vont avoir une
importance capitale dans ce travail.
Suite à cette démarche, Posanias analyse les poèmes homériques et se rend compte
qu’il existe une corrélation entre les armes conservées dans les temples et celles décrites dans
les chants. Il en déduit que ces poèmes peuvent être pris comme source historique, même s’il
ne faut pas négliger l’apport romanesque apporté par l’auteur.
Il est très important de distinguer les faits des opinions. Thucydide, un autre historien,
arrive à se soustraire aux opinions et essaye d’être objectif dans l’analyse des faits. Il
remplace la tradition orale par des valeurs objectives.
Il se projette dans le futur et explique que si nous ne prenions en compte que les ruines
d’Athènes et de Sparte, on en déduirait que Sparte avait une puissance infiniment moindre
qu’Athènes, alors que ces deux cités se valent.
C’est aussi à cette époque qu’apparaît la dualité entre les antiquaires et les historiens,
puisque “archaïalogia” se traduit par “antiquitates” en latin.
Les antiquaires s’intéressent aux objets et aux faits parfois très éloignés du présent, alors que
les historiens analysent le passé et le présent et utilisent les objets pour illustrer leur travail.
3. LES ORIGINES DE L’ARCHÉOLOGIE.
On peut faire des découvertes archéologiques de différentes façons : soit pour prouver
quelque chose (notamment durant l’Antiquité et le Moyen-Âge), soit par hasard, soit dans le
but d’enrichir une collection (antiquaires). Suivant les cas, on peut servir ou desservir
l’histoire.
La première trace écrite parlant d’archéologie date du 6°s av. JC. A cette époque,
Nabonide, roi de Babylone, recherche le sanctuaire d’un ancien chef. En creusant, les
Babyloniens trouvèrent un texte encore plus ancien du roi Hammurabi (18°s av. JC.).
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Nabonide put ainsi dresser un temple sur un site où l’on avait déjà célébré un culte.
De la même façon, tout au long de l’histoire, des chefs ont tenté de légitimer leur
pouvoir auprès du peuple et des dieux en effectuant des fouilles archéologiques.
Le Zimbabwe a pris son nom du site archéologique qui a démontré la puissance et l’évolution
de leur pays avant l’arrivée des colons. C’est bien la preuve que les vestiges du passé peuvent
cimenter l’identité d’une nation.
En Irak, Saddam Hussein utilisait la propagande pour persuader le peuple que son pouvoir lui
était dû depuis l’histoire Perse.
C’est ce que l’on a appelé l’archéolatrie. Cette tendance s’est développée jusqu’aux Temps
Modernes. C’est cet intérêt pour l’Antiquité qui a lancé des centaines de fouilles.
Dans le monde religieux, il y a eu des abus au niveau des fouilles visant à découvrir les
reliques. On a parfois assez d’os pour reconstituer quinze crânes d’un même saint. Sainte
Hélène, la mère de l’empereur Constantin, mena des fouilles dans la région de Jérusalem pour
retrouver la Sainte Croix.
L’archéologie a aussi apporté sa part de fantastique : l’existence du site de Stonehenge
a été expliquée par les textes de la légende arthurienne, toujours pour légitimer le pouvoir en
place.
La Renaissance marque le début du pillage des antiquités. Ceux qui rentrent de voyage
éditent des carnets de voyage, à l’intention de ceux qui ne voyage pas.
Le goût des collections fut tel que le pape Sixte IV réglementa l’enlèvement d’antiquité sur son
territoire.
Le 16°s. voit l’ouverture des “cabinets de curiosité”, les ancêtres des musées. On
répertorie les sites préhistoriques.
Au Danemark, pour des questions de prestige historique et afin de démontrer les
origines nationales, naît la stratigraphie : on découvre que chaque couche de fouille est
différente. Olof Rudbeck (danois) publie pour la première fois un dessin des stratigraphies
dans Atlantica en 1697.
En Allemagne, Winckelman (1717-1768) consacre l’objet par rapport à l’histoire. Il est
très intéressé par l’art grec, qui est une sorte de perfection pour lui. C’est pourquoi il
comparera toujours les autres civilisations en fonction de la Grèce antique. Il publie Histoire
de l’art de l’Antiquité en 1764.
Au 17°s., Michael Mercati comprend que les “pierres de foudres” du Moyen-âge sont
des outils en pierre, taillés par l’homme.
Puis vient la quête romantique des vestiges intacts, entamée après la découverte
d’Herculanum en 1738. La cendre avait parfaitement conservé ce site, tout comme celui de
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- Arts et civilisations -
Pompéi, découvert en 1748. Les objectifs de découverte sont atteints, mais les méthodes sont
mauvaises. Goethe, grand philosophe allemand, estime que les fouilles d’Herculanum
manquent de sérieux, d’ordre et de discipline. C’est donc à Pompéi que les fouilles seront
rationalisées.
Les voyages en Italie, en Grèce et ailleurs se multiplièrent, accompagné à chaque fois
d’un carnet de voyage.
A partir du 18°s., la Society of Dilletanti encouragea les gentilshommes à se rendre
dans toute l’Europe avec des artistes. A chaque fois, ils ramenaient des “souvenirs”. C’est
pourquoi la plupart des statues allèrent orner les jardins anglais au cours du 18°s.
1617, le Parthénon, alors réserve de poudre, explose. Lord Elgin récupéra les statues et
des parties du fronton du Parthénon, afin de les “protéger”. Il ramène le tout en Grande-
Bretagne et finit par les revendre à l’Etat. Quand le British Museum ouvre ses portes en 1763,
c’est avec les collections d’Elgin.
Le pillage des antiquités ne se ferait plus par les particuliers, mais par les États.
H. Schliemann (1822-1890) était un marchand et un aventurier. Lors de fouilles en
1871-73 sur la colline d’Hissarlik, il découvre Troie. Il identifie dans cette colline neuf niveaux
de stratigraphie dont la période va de 3000 av. n.è. jusqu’à l’époque romaine.
En 1876, il découvre une citadelle de l’âge de Bronze : Mycène et le trésor de Priam, dont le
masque d’Agammemnon. Mais l’état turc lui reproche de voler des objets lui appartenant, ce
qui force Schliemann à commencer des fouilles en Grèce, toujours en suivant le parcours décrit
dans les poèmes homériques. Il est le premier à effectuer une fouille systématique des sols, ce
qui veut dire qu’il utilise la technique en carrés.
Arthur Evans (1851-1941), un anglais, entreprend des fouilles à Cnossos en 1900. Il
reconstitue le palais de Minos. Mais il n’a pas tous les plans et invente les parties
manquantes.
Bonaparte lance une expédition en Égypte et se fait accompagner par “L’Expédition
d’Egypte”, une commission des sciences et des arts.
Cette commission va établir un catalogue systématiques des objets rencontrés. Vivant Denom,
grand dessinateur de son époque publie à son retour “Voyage dans la basse et haute Égypte
avec Napoléon Bonaparte”.
Entre 1809 et 1822, on voit la publication d’une “Description de l’Egypte” faisant état de
toutes les antiquités rencontrées, de la géographie du pays et introduit des notions de sciences
naturelles propres à l’Egypte. C’est la période de l’égyptomanie.
1799, découverte de la Pierre de Rosette. Elle est décryptée par Champolion en 1822, grâce
aux trois langues présentes sur la pierre : le grec, le démotique et les hiéroglyphes.
4. L’ÉVOLUTION DES MÉTHODES ARCHÉOLOGIQUES DU 19° AU 20°S.
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Rappelons que l’archéologie est une science à part entière. C’est un ensemble de
méthodes conjuguées qui permettent de mettre à jour des vestiges.
La Préhistoire naît quand on découvre que les données de la Bible sont erronées. En
effet, au Moyen-âge et ce jusqu’au 19°s, on pensait que l’homme était apparu entre 5000 et
3000 ans av. n.è. C’est quand on a fait la preuve que les hommes ont cohabité avec des grands
animaux, tels les bisons, que l’archéologie commence à être reconnue.
La préhistoire est l’âge des métaux. Il y a toujours des populations moins évoluées et
la préhistoire ne s’est pas arrêtée partout au même moment. Certains peuples, comme les
Bushmens, vivaient comme à la préhistoire encore au 18°s. Les évolutions ne sont pas
simultanées.
Charles Darwin publie “De l’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle” en
1859. On commence à admettre que l’homme a évolué et que le travail des métaux à également
évolué, et ce en fonction de l’évolution de l’homme.
Jacques Boucher-De Crèvecoeur lance des fouilles à St Aquel et découvre des objets
fabriqués par l’homme dans la même strate que celle des mammouths. Il commence à
appliquer les techniques de géologie à l’archéologie.
Christian Thomsen (1788-1865), danois, est à l’origine du découpage de la Préhistoire
en trois âges : l’âge de pierre, l’âge de bronze et l’âge de fer.
John Lubock (1834-1913), anglais, divise l’âge de la pierre en deux parties : le
paléolithique (pierre taillée) et le néolithique (pierre polie).
Le but de l’archéologie est d’expliquer nos origines, plus seulement en collectant les
objets mais en tentant de les décrire et de les classer. Les méthodes de prospection, de fouille,
d’enregistrement des données et l’analyse des objets s’est progressivement améliorée.
Alors qu’au 19°s l’archéologie ressemblait plutôt à une chasse au trésor, on ne se
limite plus, au 20°s, à creuser. Les méthodes de prospection surtout se sont améliorées :
cartographie d’après l’analyse de photos aériennes ou satellites, prospection électrique ou
électromagnétique.
On améliore les techniques pour diminuer la destruction. C’est pourquoi on superpose
les différentes cartes (topographique, géologique, pédologique, hydrographique, cadastrale et
d’occupation des sols) pour obtenir une carte archéologique.
C’est en cela que la stratigraphie est importante. Il va de soi que les couches du
dessous sont antérieures à celles du dessus. Plus on analyse d’objets, plus on découvre quelles
sont les vraies couches et surtout, quel est leur nombre exact. Le premier à parler de
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