Archéologie - of /tuyaux

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Archéologie
1. QUELQUES DÉFINITIONS.
L’archéologie est l’étude du passé à travers la découverte et l’analyse des
vestiges matériels.
Cela pose un problème : il faut exhumer les objets pour les analyser et il y a donc eu
destruction d’une partie de ces vestiges. On est obligé d’utiliser des documents graphiques
(comme en histoire de l’art) pour remplacer le vestige puisqu’il a disparu.
Il faut retenir 4 grands degrés d’analyse spatiale : la structure, le site, la région ou le
terroir, le territoire. Chacun de ces niveaux d’analyse change l’interprétation du vestige.
En archéologie, un contexte est une entité spatiale élémentaire. La structure est une
association de contextes : un alignement de vingt piliers forment une palissade.
Un artefact est un objet fragmenté (ex : couteau, vase en verre) produit par
l’homme. C’est donc souvent un produit d’artisanat.
Un assemblage est un groupe d’artefact dans une structure particulière.
La répartition des artefacts peut indiquer la structure et donc permettre de dessiner un
plan. Chaque structure peut s’analyser. Ainsi, la présence de grains dans une structure peut
nous dire que c’était un moulin.
Un site est un gisement de structures. En reliant les sites, on peut déterminer une
région, laquelle dépend aussi et surtout de la géographie. De cette manière, les moutons se
retrouvaient dans les landes et les bœufs dans les vallées.
Il faudra aussi retenir les concepts temporels : dans l’ordre croissant, l’événement, la
conjoncture et la structure temporelle.
2. HISTORIOGRAPHIE DE L’ARCHÉOLOGIE.
L’archéologie est mondiale : les méthodes sont identiques, même si les buts et les
contextes diffèrent.
La méthode universelle de recherche comporte trois niveaux : la prospection ou fouille, la
partie la plus spectaculaire du travail ; l’enregistrement par une photo ou un dessin et
l’archivage des vestiges ; et l’exploitation des vestiges (traitement et interprétation des
données).
L’archéologue devra sans doute faire appel à la botanique ou à l’informatique lors de
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ses recherches. C’est donc un ensemble de méthodes que l’on utilise dans un cadre
pluridisciplinaire.
Les restaurateurs ont une importance capitale dans le monde de l’archéologie. Ce sont
eux qui nous transmettent une image du passé, en reconstituant une mosaïque ou un site
complet.
Le mot archéologie vient de la synthèse de deux mots grecs : archaïa {choses
anciennes} et logos {discours sur}. L’archéologie est donc un discours sur les choses
anciennes. Le premier à avoir utilisé le mot archaïalogia est un élève de Platon. Il désigna par
ce terme tout ce qui concerne l’Antiquité, donc la collecte d’objets. On peut comprendre le
monde grâce aux objets du passé.
Hérodote, quant à lui est considéré comme le père de l’Histoire, puisque c’est lui, au
5°s. av. JC qui propose le premier une interprétation des faits. La vue et l’ouïe vont avoir une
importance capitale dans ce travail.
Suite à cette démarche, Posanias analyse les poèmes homériques et se rend compte
qu’il existe une corrélation entre les armes conservées dans les temples et celles décrites dans
les chants. Il en déduit que ces poèmes peuvent être pris comme source historique, même s’il
ne faut pas négliger l’apport romanesque apporté par l’auteur.
Il est très important de distinguer les faits des opinions. Thucydide, un autre historien,
arrive à se soustraire aux opinions et essaye d’être objectif dans l’analyse des faits. Il
remplace la tradition orale par des valeurs objectives.
Il se projette dans le futur et explique que si nous ne prenions en compte que les ruines
d’Athènes et de Sparte, on en déduirait que Sparte avait une puissance infiniment moindre
qu’Athènes, alors que ces deux cités se valent.
C’est aussi à cette époque qu’apparaît la dualité entre les antiquaires et les historiens,
puisque “archaïalogia” se traduit par “antiquitates” en latin.
Les antiquaires s’intéressent aux objets et aux faits parfois très éloignés du présent, alors que
les historiens analysent le passé et le présent et utilisent les objets pour illustrer leur travail.
3. LES ORIGINES DE L’ARCHÉOLOGIE.
On peut faire des découvertes archéologiques de différentes façons : soit pour prouver
quelque chose (notamment durant l’Antiquité et le Moyen-Âge), soit par hasard, soit dans le
but d’enrichir une collection (antiquaires). Suivant les cas, on peut servir ou desservir
l’histoire.
La première trace écrite parlant d’archéologie date du 6°s av. JC. A cette époque,
Nabonide, roi de Babylone, recherche le sanctuaire d’un ancien chef. En creusant, les
Babyloniens trouvèrent un texte encore plus ancien du roi Hammurabi (18°s av. JC.).
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Nabonide put ainsi dresser un temple sur un site où l’on avait déjà célébré un culte.
De la même façon, tout au long de l’histoire, des chefs ont tenté de légitimer leur
pouvoir auprès du peuple et des dieux en effectuant des fouilles archéologiques.
Le Zimbabwe a pris son nom du site archéologique qui a démontré la puissance et l’évolution
de leur pays avant l’arrivée des colons. C’est bien la preuve que les vestiges du passé peuvent
cimenter l’identité d’une nation.
En Irak, Saddam Hussein utilisait la propagande pour persuader le peuple que son pouvoir lui
était dû depuis l’histoire Perse.
C’est ce que l’on a appelé l’archéolatrie. Cette tendance s’est développée jusqu’aux Temps
Modernes. C’est cet intérêt pour l’Antiquité qui a lancé des centaines de fouilles.
Dans le monde religieux, il y a eu des abus au niveau des fouilles visant à découvrir les
reliques. On a parfois assez d’os pour reconstituer quinze crânes d’un même saint. Sainte
Hélène, la mère de l’empereur Constantin, mena des fouilles dans la région de Jérusalem pour
retrouver la Sainte Croix.
L’archéologie a aussi apporté sa part de fantastique : l’existence du site de Stonehenge
a été expliquée par les textes de la légende arthurienne, toujours pour légitimer le pouvoir en
place.
La Renaissance marque le début du pillage des antiquités. Ceux qui rentrent de voyage
éditent des carnets de voyage, à l’intention de ceux qui ne voyage pas.
Le goût des collections fut tel que le pape Sixte IV réglementa l’enlèvement d’antiquité sur son
territoire.
Le 16°s. voit l’ouverture des “cabinets de curiosité”, les ancêtres des musées. On
répertorie les sites préhistoriques.
Au Danemark, pour des questions de prestige historique et afin de démontrer les
origines nationales, naît la stratigraphie : on découvre que chaque couche de fouille est
différente. Olof Rudbeck (danois) publie pour la première fois un dessin des stratigraphies
dans Atlantica en 1697.
En Allemagne, Winckelman (1717-1768) consacre l’objet par rapport à l’histoire. Il est
très intéressé par l’art grec, qui est une sorte de perfection pour lui. C’est pourquoi il
comparera toujours les autres civilisations en fonction de la Grèce antique. Il publie Histoire
de l’art de l’Antiquité en 1764.
Au 17°s., Michael Mercati comprend que les “pierres de foudres” du Moyen-âge sont
des outils en pierre, taillés par l’homme.
Puis vient la quête romantique des vestiges intacts, entamée après la découverte
d’Herculanum en 1738. La cendre avait parfaitement conservé ce site, tout comme celui de
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Pompéi, découvert en 1748. Les objectifs de découverte sont atteints, mais les méthodes sont
mauvaises. Goethe, grand philosophe allemand, estime que les fouilles d’Herculanum
manquent de sérieux, d’ordre et de discipline. C’est donc à Pompéi que les fouilles seront
rationalisées.
Les voyages en Italie, en Grèce et ailleurs se multiplièrent, accompagné à chaque fois
d’un carnet de voyage.
A partir du 18°s., la Society of Dilletanti encouragea les gentilshommes à se rendre
dans toute l’Europe avec des artistes. A chaque fois, ils ramenaient des “souvenirs”. C’est
pourquoi la plupart des statues allèrent orner les jardins anglais au cours du 18°s.
1617, le Parthénon, alors réserve de poudre, explose. Lord Elgin récupéra les statues et
des parties du fronton du Parthénon, afin de les “protéger”. Il ramène le tout en GrandeBretagne et finit par les revendre à l’Etat. Quand le British Museum ouvre ses portes en 1763,
c’est avec les collections d’Elgin.
Le pillage des antiquités ne se ferait plus par les particuliers, mais par les États.
H. Schliemann (1822-1890) était un marchand et un aventurier. Lors de fouilles en
1871-73 sur la colline d’Hissarlik, il découvre Troie. Il identifie dans cette colline neuf niveaux
de stratigraphie dont la période va de 3000 av. n.è. jusqu’à l’époque romaine.
En 1876, il découvre une citadelle de l’âge de Bronze : Mycène et le trésor de Priam, dont le
masque d’Agammemnon. Mais l’état turc lui reproche de voler des objets lui appartenant, ce
qui force Schliemann à commencer des fouilles en Grèce, toujours en suivant le parcours décrit
dans les poèmes homériques. Il est le premier à effectuer une fouille systématique des sols, ce
qui veut dire qu’il utilise la technique en carrés.
Arthur Evans (1851-1941), un anglais, entreprend des fouilles à Cnossos en 1900. Il
reconstitue le palais de Minos. Mais il n’a pas tous les plans et invente les parties
manquantes.
Bonaparte lance une expédition en Égypte et se fait accompagner par “L’Expédition
d’Egypte”, une commission des sciences et des arts.
Cette commission va établir un catalogue systématiques des objets rencontrés. Vivant Denom,
grand dessinateur de son époque publie à son retour “Voyage dans la basse et haute Égypte
avec Napoléon Bonaparte”.
Entre 1809 et 1822, on voit la publication d’une “Description de l’Egypte” faisant état de
toutes les antiquités rencontrées, de la géographie du pays et introduit des notions de sciences
naturelles propres à l’Egypte. C’est la période de l’égyptomanie.
1799, découverte de la Pierre de Rosette. Elle est décryptée par Champolion en 1822, grâce
aux trois langues présentes sur la pierre : le grec, le démotique et les hiéroglyphes.
4. L’ÉVOLUTION DES MÉTHODES ARCHÉOLOGIQUES DU 19° AU 20°S.
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Rappelons que l’archéologie est une science à part entière. C’est un ensemble de
méthodes conjuguées qui permettent de mettre à jour des vestiges.
La Préhistoire naît quand on découvre que les données de la Bible sont erronées. En
effet, au Moyen-âge et ce jusqu’au 19°s, on pensait que l’homme était apparu entre 5000 et
3000 ans av. n.è. C’est quand on a fait la preuve que les hommes ont cohabité avec des grands
animaux, tels les bisons, que l’archéologie commence à être reconnue.
La préhistoire est l’âge des métaux. Il y a toujours des populations moins évoluées et
la préhistoire ne s’est pas arrêtée partout au même moment. Certains peuples, comme les
Bushmens, vivaient comme à la préhistoire encore au 18°s. Les évolutions ne sont pas
simultanées.
Charles Darwin publie “De l’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle” en
1859. On commence à admettre que l’homme a évolué et que le travail des métaux à également
évolué, et ce en fonction de l’évolution de l’homme.
Jacques Boucher-De Crèvecoeur lance des fouilles à St Aquel et découvre des objets
fabriqués par l’homme dans la même strate que celle des mammouths. Il commence à
appliquer les techniques de géologie à l’archéologie.
Christian Thomsen (1788-1865), danois, est à l’origine du découpage de la Préhistoire
en trois âges : l’âge de pierre, l’âge de bronze et l’âge de fer.
John Lubock (1834-1913), anglais, divise l’âge de la pierre en deux parties : le
paléolithique (pierre taillée) et le néolithique (pierre polie).
Le but de l’archéologie est d’expliquer nos origines, plus seulement en collectant les
objets mais en tentant de les décrire et de les classer. Les méthodes de prospection, de fouille,
d’enregistrement des données et l’analyse des objets s’est progressivement améliorée.
Alors qu’au 19°s l’archéologie ressemblait plutôt à une chasse au trésor, on ne se
limite plus, au 20°s, à creuser. Les méthodes de prospection surtout se sont améliorées :
cartographie d’après l’analyse de photos aériennes ou satellites, prospection électrique ou
électromagnétique.
On améliore les techniques pour diminuer la destruction. C’est pourquoi on superpose
les différentes cartes (topographique, géologique, pédologique, hydrographique, cadastrale et
d’occupation des sols) pour obtenir une carte archéologique.
C’est en cela que la stratigraphie est importante. Il va de soi que les couches du
dessous sont antérieures à celles du dessus. Plus on analyse d’objets, plus on découvre quelles
sont les vraies couches et surtout, quel est leur nombre exact. Le premier à parler de
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stratigraphie, nous l’avons vu, est Rudbeck.
H.-L. Pitt-Rivers (1827-1900) développe cette technique de fouille strate par strate en
vue de l’établissement d’une chronologie générale.
Mortimer Wheeler (1890-1976) est le père de l’archéologie moderne. Depuis lui, que
l’archéologie soit de type urbain ou rural, elle s’établit en quadrillage.
La chronologie relative est l’épine dorsale de l’archéologie. On l’obtient en observant
les objets d’une couche par rapport à l’autre. Les vestiges sont en relation de simultanéité s’ils
proviennent de la même couche. On a une idée de l’époque à laquelle ils appartiennent, mais
pas de dates précises.
La typologie , ou le classement des objets par type en fonction des couches
stratigraphiques, est une notion importée par Oscar Montélius (1843-1921)1. Mais c’est
William Flinders Petrie qui étudie les céramiques du pourtour méditerranéen qui est le premier
à appliquer réellement la typologie2 .
La chronologie absolue nous fournit des dates précises grâce à des méthodes de
datation scientifique, telle que l’analyse chimique au C1 4, découverte dans les années 60.
Libby reçut le prix Nobel en 1960 pour ses travaux sur le C1 4. Il a découvert que celuici ne fonctionne que sur des objets organiques3. Les atomes de C1 4 diminuent de 50% tous les
5730 ans.
La dendrochronologie se base sur l’observation des cernes des arbres. En effet, l’arbre
croît en fonction des signaux climatiques, lesquels modifient l’épaisseur et l’espacement des
cernes. En superposant les cernes de plusieurs arbres, on peut les dater.
Tout cela nous aide à définir des cultures et lorsque certains paramètres sont définis
(écriture, art,…) on peut parler de civilisation. Les artefacts reflètent le comportement des
individus et un ensemble d’artefacts reflète une civilisation.
5. LA PRÉHISTOIRE.
5.1. Le paléolithique (âge de la pierre taillée).
Le paléolithique se divise en trois périodes : paléolithique inférieur (4/2 millions
d’années à 300/200 000 ans av. n.è.) ; paléolithique moyen (300/200 000 ans à 50/30 000 ans
av. n.è.) ; et le paléolithique supérieur (50/30 000 ans à 10 000 ans av. n.è.).
5.1.1. Origines de l’homme.
Il expliqua cette notion en fonction de l’évolution des wagons, du plus ancien au plus récent.
Il analyse pour ce faire l’évolution des formes et des décors.
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C’est-à-dire des objets ayant respiré !
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Les hommes n’ont pris conscience de l’ancienneté du monde que très progressivement.
Les premiers repères nous ont été donnés par les sciences naturelles. Buffon disait “Dieu a
créé, Linné à classé”. C’est en effet Karl von Linné qui, le premier, donne un nom aux espèces
et aux genres. Il est le père de la taxonomie.
Buffon publie “Une histoire naturelle” en 40 volumes. Il en consacre 15 aux
quadrupèdes, plus proches de l’homme. Il considère ce dernier comme une sorte de perfection
inclassifiable parce que dotée de conscience. Son classement est périphérique, les animaux les
plus proches de l’homme se trouvant dans les premiers volumes.
Cependant, il intitule son dernier volume “Histoire naturelle des Singes”. Buffon
estimait que le singe était très éloigné de l’homme et se refusait à nous apparenter à lui.
Selon Buffon toujours, les espèces ont une tendance certaine à se dégrader. En fait, ils
ont deux possibilités : soit évoluer, soit régresser (c’est le cas des animaux domestiqués).
Lamarck (1744-1829) ne reprend pas la thèse de la dégradation des espèces, mais
affirme plutôt que les formes de vie ont tendance à devenir de plus en plus complexes. Cette
théorie du transformisme l’éloigne fortement de la théologie.
Darwin (1809-1882) estime que le transformisme est une notion perceptible de
génération en génération. La variabilité peut s’observer à chaque génération. Sans le savoir, sa
théorie comprend les lois de la génétique.
Il est arrivé à cette constatation en observant les pinsons des îles Galápagos. Il existe une
certaine compétition entre les individus d’une même espèce et seuls les plus aptes subsistent.
C’est ce qu’il appelle la “sélection naturelle”.
Son livre est publié en 1859 et produit un tollé dans le monde scientifique et religieux.
En 1871, il publie “L’ascendance de l’homme en relation avec la sélection naturelle” pour
tenter d’expliquer ce que les gens avaient mal compris dans l’explication première de sa
théorie.
Pour Lamarck, chaque espèce évolue distinctement. Or, l’ADN le prouve, la théorie de
Darwin est la bonne : chaque espèce possède une généalogie arborescente dont certaines
branches se divisent. On sait que l’homme s’est bien détaché de la branche des singes.
5.1.2. Données actuelles sur les origines de l’homme.
Darwin refusait que l’on qualifie une espèce d’inférieure ou de supérieure parce que
chaque chose est différente.
1924, découverte du premier australopithèque en Afrique du Sud4 . On le nomma
australopitecus africanus ou “grand singe africain”. Il date d’il y a 4,2 millions d’années.
Les humains et les grands singes appartiennent à la même famille des primates. Cette
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Notons que son squelette fut identifié en 1925.
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famille est apparue il y a 65 millions d’années, après la disparition des dinosaures.
Entre 8 et 6 millions d’années av. n.è., apparition des premiers hominidés en Afrique.
Orori tugenensis et Sahalenthropus tchadensis sont les plus anciennes traces humaines
fossiles.
Nous devons la théorie de l’East Side Story à Yves Coppens. Un grand rift, dû à la
tectonique des plaques, a protégé une grande forêt à l’ouest de l’Afrique et privilégié un climat
variable à l’est. C’est pourquoi on retrouve à l’ouest des palinés (singes) et à l’est des
australopithèques devant marcher en plus de grimper aux arbres.
C’est la première évolution du singe vers l’hominidé : ces derniers marchent sur leurs
deux jambes. La bipédie date d’il y a environ 4,4 millions d’années. En étant debout, les
australopithèques peuvent voir leurs prédateurs et porter leurs enfants. Ils développent des
capacités d’adaptation à des milieux très diversifiés.
L’homme évolue par rapport à son espace et devient omnivore. Le squelette et la
pensée se développent. Le volume crânien augmente et la première forme de langage apparaît.
Il y a deux millions d’années, apparition du genre homo ergaster. Il présente des
ossements très proches de ceux de l’homme moderne. Son cerveau est plus gros, sa mâchoire
est plus petite. Il taille la pierre, ce qui prouve qu’il est humain : il réfléchit.
Il y a 1,8 millions d’années, l’homo ergaster se répand en dehors de l’Afrique. Il y a
1,7 millions d’années, il arrive en Asie puis en Europe centrale. On a découvert un homo
ergaster en Géorgie l’année dernière.
5.1.3. L’homme moderne et l’outillage.
La pensée structurée de l’homme fait naître l’outillage. L’industrie oldowayenne dure
un million d’année et commence il y a 2,6 millions d’années. C’est la première fois que
l’homme travaille la pierre. Les “chopping tools”5 sont fabriqués par l’homo habilis.
L’outillage se répand d’Ethiopie en Eurasie, puis en Europe et en Asie depuis 1,7
million d’années. C’est la première fois qu’on remarque qu’une culture est en expansion.
Puis, les outils sont taillés plus précisément : ce sont les bifaces. En frappant la pierre,
l’homme doit imaginer la forme qu’il va donner pour obtenir un maximum d’efficacité. C’est
l’époque de l’industrie acheuléenne.
De nouveau, les bifaces se retrouvent d’abord en Eurasie et en Afrique, alors que
l’Europe et l’Asie en sont toujours à fabriquer des chopping tools.
Il y a 500 000 ans avant notre ère, on passe à la technique du débitage Levallois. La
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Chopping tools : outils percutés.
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pierre est cassée en fragments, lesquels sont utilisés pour fabriquer des objets plus fins. Les
pierres vont être débitées en lames afin de ne produire qu’un minimum de déchets. Un
kilogramme de pierre produit 100 cm de tranchant utile. Cette technique est associé à l’homme
de Neandertal.
5.1.3.1. L’énigme de Neandertal
L’homme de Neandertal apparaît pour la première fois il y a un million d’années. On
trouve leurs restes dans toute l’Europe, au Proche Orient et en Asie centrale. Son physique
est trapu, son ossature épaisse. Il a un gros cerveau et un nez proéminent.
Il se déplace vers des régions plus froides et atteint l’Europe en -130 000. Il
consomme beaucoup de viande et est très habile dans la fabrication d’outils en pierre, même
s’il est à la traîne au niveau des autres techniques (abris, vêtements, lances,…).
Le Néandertalien enterre ses morts, mais on ne sait pas pourquoi. Sa vie sociale reste
une grande énigme, encore aujourd’hui.
Il commence à disparaître il y a environ 40 000 ans, quand l’homme moderne envahit
l’Europe et disparaît définitivement 10 000 ans plus tard.
5.1.3.2. L’homme moderne.
Au paléolithique supérieur, l’homme moderne arrive en Australie et en Asie du nordest, ce qui implique qu’il connaisse la navigation.
L’apprentissage et l’éducation culturelle se transmettent de génération en génération.
On apprivoise le territoire et on commence à bien le gérer. Mais l’homme moderne doit aussi
maîtriser les climats : il se déplace en fonction des saisons parce qu’il suit les gibiers. Les
parcours de migration se transmettent donc également d’une génération à l’autre.
Le mode d’occupation du sol est raisonné. Cela se remarque surtout chez les
esquimaux qui laissent sur leurs trajets des stocks de viande qu’ils retrouveront à la saison
suivante.
5.1.4. L’habitat.
La structure de base en archéologie est constituée de l’habitat domestique et du foyer6.
Des parois délimitent les abris et établissent un périmètre évident.
C’est en Tanzanie, à Olduwai, que se construisent les premières maisons, mais c’est
en France, à la villa de Terra Amata (près de Nice) que l’on a retrouvé la plus ancienne cabane
structurée prouvant que l’homme maîtrise le feu.
Aux paléolithiques moyen et supérieur, les espaces sont délimités en fonction de
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Cela signifie que l’homme connaissait et maîtrisait le feu.
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l’usage. C’est la cas en Ukraine, à Mezine et Mezhirich, mais aussi pour toutes les maisons
mises en évidence dans l’Est de l’Europe (Russie, Pologne, Moldavie,…). Les toits sont fait
en peau et ont une structure en os.
Au Mésolithique, entre 10 000 et 5500 ans av. n.è., les cabanes sont construites dans
des abris sous roche (grotte de Lazaret p.ex.).
On retrouve des coquillages marins en Europe centrale, ce qui prouve que l’homme
moderne voyage. Les huttes font maintenant entre 6 et 9 m de diamètre et comprennent
parfois plusieurs foyers. De petits “villages” commencent à se former : on retrouve des
communautés de chasseurs de 30 à 40 personnes. On retrouve parfois des signes de pratiques
religieuses ou chamaniques.
Sur le site allemand de Borneck, datant de 15 000 ans av. n.è., on observe trois
périmètres, dont le troisième est constitué de pierres et permet d’arrimer la tente au sol. Juste
après le premier périmètre, on retrouve les traces d’un foyer et de silex : c’est à cet endroit
que l’on taillait la pierre.
Cependant, il faut remarquer que l’interprétation d’un site peu parfois être
contradictoire, comme c’est le cas pour le site de Taillevent en Seine-et-Marne. Pour
l’archéologue ayant effectué les fouilles, trois foyers et trois tentes sont mises en relation, ce
qui pourrait signifier qu’un famille vivait sous le même toit ou presque.
Mais E. Bindford, ethnoarchéologue, propose une autre interprétation. Pour lui, ces
tentes sont des ateliers et non des habitations. Ces divergences d’interprétations vient du fait
que les restes qui nous sont parvenus sont très ténus.
L’évolution architecturale est fonction de l’évolution sociale. On organise bientôt
des zones de dépeçage fixe et l’on remarque que l’organisation de ce même dépeçage est très
élaborée, surtout chez les Inuits.
En Essonne, sur le site d’Etiolles, on retrouve sous la tente des zones de repos et
d’activité bien distinctes. Les zones d’activité sont réparties entre l’intérieur et l’extérieur.
C’est pourquoi on en a déduit que la taille était une technique qui s’enseignait. On présume
que les apprentis se trouvaient éloignés du foyer, alors que les anciens se tenaient près de la
source de lumière.
L’homme s’est donc toujours structuré sur le plan social en fonction de son
apprentissage.
5.1.5. Les premières sépultures.
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C’est au paléolithique moyen que l’on commence à manipuler intentionnellement les
morts. Ceux-ci peuvent être décharnés, leurs crânes être manipulés. Est-ce du cannibalisme ou
un rituel ? Rien ne nous permet de le savoir.
L’homme fait maintenant une différence entre le gibier et ses congénères. Il prend
conscience de la vie et de la mort.
Avant, le seul moyen pour les archéologues de retrouver les squelettes en connexion
était que la mort soit violente ou due à un accident. Maintenant, on va les retrouver dans les
sépultures. Cependant, on ne sait pas pourquoi on enterre les morts.
C’est en Palestine que l’on retrouve les sépultures les plus anciennes : elle datent de
200 000 ans av. n.è. et se retrouvent dans des grottes.
Les hommes de Neandertal et de Cro-Magnon enterrent leurs morts vers 95-90 000
ans av. n.è. C’est à Qafzeh que l’on retrouve les restes d’un enfant, d’un adulte et des restes
d’un animal dépecé, tout cela dans la même tombe.
Les tombes se complexifient à Shanidar, en Irak actuel : les hommes reposent sur un lit
de fleur. C’est bien la preuve qu’il existe un rituel mortuaire.
Au paléolithique supérieur, on retrouve des objets, notamment de parure. On recouvre
d’ocre la tombe et les os. Là encore, les inégalités sociales se retrouvent.
A Sungir en Russie, on a retrouvé dans une tombe d’il y a 25 000 ans un homme,
habillé d’un vêtement et d’une coiffe de perle. L’homme était très grand et est enterré avec un
outil. A côté de lui, se trouvent deux enfants de 10 ans, tout aussi richement vêtus. Les autres
tombes étant plus modeste, on se demande si ce n’est pas la sépulture d’un chef.
Les cimetières apparaissent. A Grimaldi, en France, les rites sont précisés vers
- 25 000 ans.
A la fin du paléolithique, le cannibalisme est avéré. Les ossuaires se développent ;
c’est l’apparition des dolmens, véritables sépultures collectives.
5.1.6. Naissance de l’art.
On distingue quatre grande périodes culturelles : l’Aurignacien (35 000 à 26/25 000
ans), le Gravettien (27/26 000 à 18 000 ans), le Solutréen (18 000 à 15 000 ans) et le
Magdalénien (15 000 à 9000 ans).
A travers ces quatre périodes, les artistes vont s’attacher à la vraisemblance et tenter
d’accéder à la troisième dimension. Ils ont aussi un souci d’abstraction et de stylisation. Leurs
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sujets de prédilection sont les animaux, des objets géométriques et des mains “pochoirs”.
Parfois, l’homme se représente lui-même, mais cela reste rare.
L’art débute avec l’apparition de l’homme de Cro-Magnon. Les animaux sont toujours
représentés de façon abstraite, en dehors de leur environnement naturel.
La grotte de Lascaux est de type solutréen. Les animaux sont plus stylisés, la
représentation plus symbolique. L’homme se met déjà en scène de manière indirecte : il peint
des flèches ou des sagaies. Les artistes adoptent les techniques de brossage et de soufflage.
Le trou de Chaleux, à Dînant, est de type magdalénien. Les traits sont plus fins,
incisés. La représentation est très réaliste et l’on retrouve parfois des sculptures sur les
parois. On voit une représentation d’un saumon près d’un ours. Ce poisson était très
important dans la chasse et la pêche de l’époque.
Altamira est une grotte d’Espagne, datant de 16 500 à 13 000 ans av. n.è. Cette grotte
est une des premières découvertes. Il y a peu de grandes représentations à cause des
difficultés d’éclairage dans le fond des grottes et du manque de graisse de suif.
Le cheval sera beaucoup représenté et sera même parfois sculpté en taille réelle. On
représentera aussi le sanglier.
Parmi les animaux, on retrouves des symboles. Il est difficile de dire s’ils se
rapportaient à la religion de l’époque.
Singulièrement, on ne retrouve la représentation que d’un renne dans la grotte de
Lascaux alors que cet animal faisait partie du quotidien des hommes de la région.
Les animaux dangereux se retrouvent tous à la périphérie des représentations. Les
félins sont représentés durant tout le paléolithique.
L’Aurignacien est très réaliste, comme le type magdalénien. L’art ne suit pas une
évolution chronologique linéaire. Au paléolithique, il y a des artistes dont le “métier” est de
faire des représentations d’animaux. Ils dessinent d’abord les contours puis remplissent avec
une ou deux (plus rarement trois) couleurs.
L’homme va manipuler la réalité, on ne sait pour quelles raisons. Quoi qu’il en soit,
ses représentations compteront des ours et des loups ayant échangé leurs queues.
Parfois, l’homme se représente en danger par rapport à un ours. C’est très rare
puisque les animaux sont toujours représentés en dehors de leur contexte.
On retrouve également des gravures de structures d’habitat et de pièges de
- Arts et civilisations -
13
mammouths.
On retrouve dans les grottes des traces de pas, dues à des danses rituelles ou à un
parcours initiatique. C’est en tout cas une manifestation religieuse.
L’art mobilier peut être non-utilitaire et utilitaire, comme pour les propulseurs de
sagaie, décorés dans toute l’Europe des mêmes motifs.
On a des preuves de pratique de la musique de l’Aurignacien au Magdalénien, dès
l’apparition de l’homme de Cro-Magnon en fait.
On utilise dès que l’on peut le relief des grottes, mais les problèmes de l’accès, de
l’échaffaudage (les plafonds sont parfois très hauts) et de l’éclairage sont importants. La
géographie de ces abris est très complexe. Les couloirs sont parfois très longs. La répartition
des animaux se fait de manière systématique, de même que les éléments réalisés au pochoir.
L’apparition des premiers bijoux se fait au Magdalénien. Ils sont en os, en ivoire, en
dents ou en coquillages (ce qui prouve encore une fois que l’homme voyage).
Au Gravettien, l’homme de Cro-Magnon est représenté de façon réaliste et pas du
tout symbolique. Au Magdalénien par contre, les hommes sont représentés symboliquement
alors que les animaux sont très réalistes. C’est bien un choix délibéré.
Les représentations de femmes sont des symboles de fertilité, c’est pourquoi elles
sont souvent obèses. Une des plus connues est la Vénus de Bassempouy, grande de 2 cm et
datant de 25/20 000 ans av. n.è. Sa coiffure est extrêmement détaillée et sa représentation très
soignée.
5.2. La révolution néolithique.
5.2.1. Rappels et mises au point.
Le début du néolithique marque le début de la protohistoire. Cette période commence
il y a 10 000 ans av. n.è. et dure jusqu’à l’arrivée des Romains dans nos régions, mais parfois
jusqu’au 10°s. ap. JC. pour les pays nordiques.
L’homme passe de la gestion à la production d’un cheptel alimentaire. Il se sédentarise
et doit domestiquer les animaux.
Le chalcolithique, l’âge du cuivre, marque la maîtrise des métaux natifs. Il précède le
néolithique qui est l’âge du bronze.
On voit, durant le néolithique, le développement des techniques économiques et
- Arts et civilisations -
14
politiques. Les premières lois sont formulées, les récits que l’on retrouve parlent du pouvoir
et de la religion. La notion d’Etat apparaît : celui-ci doit gérer une comptabilité des ressources
agricoles.
C’est il y a 3400 ans av. n.è. que l’on retrouve les premières traces d’écriture en
Mésopotamie. Elle apparaîtra ensuite en Chine et en Grèce7 .
5.2.2. La néolithisation.
C’est vers -18 000 ans que s’achève la dernière glaciation. Les zones tempérées
s’agrandissent jusqu’au bassin méditerranéen et au nord de l’Europe.
La faune et la flore se diversifient et l’homme peut se fixer de manière permanente
puisqu’il dispose de ressources alimentaire durant les quatre saisons.
La culture natoufienne, au Moyen-Orient, est la première à se sédentariser (déjà vers
13 000 ans av. n.è. Les premières techniques agricoles et la domestication naissent à peu près
au même moment.
Cependant, la sédentarisation va générer toute une série de problèmes, au niveau du
stockage (gestion de la production) et les greniers et les silos font leur apparition. Les maisons
se regroupent en villages et c’est le début de l’urbanisation. La délimitation des villages se fait
de facto et l’on protège les maisons par des fortifications.
De nouveaux artisanats apparaissent. On travaille la terre cuite pour obtenir des
récipients8 . Le textile se développe aussi. L’artisanat des métaux est le dernier à apparaître.
En fait, la néolithisation est effective quand l’homme passe d’un entretien artificiel des
animaux et de la végétation à une gestion véritable du monde végétal (stockage des grains pour
réensemencer la saison suivante). Un fait majeur de la néolithisation: on garde les animaux sur
pied pour contrôler la reproduction, ce qui induit une certaine domestication et la pratique de
l’élevage.
Donc, la première étape du néolithique est cette modification des rapports à la nature ;
la seconde étape qui est franchie, c’est un véritable contrôle des lois biologiques. On va
domestiquer et donc sélectionner les races qu’elles soient végétales ou animales.
5.2.3. Les stades du néolithique.
On a d’abord une période fondamentale de sédentarité. Elle marque une transformation
d’ordre social. On commence à domestiquer la nature et à récolter systématiquement les
espèces. Cette période démarre il y a 12 000 av. n.è. et se termine approximativement autour
de 10 000 ans av. n.è.
7
8
Les écritures linéaires grecques remontent au 2° millénaire av. n.è.
L’utilisation qui en est faite est donc bien utilitaire.
- Arts et civilisations -
15
La seconde phase du néolithique est ce que l’on appelle le protonéolithique. C’est une
phase pendant laquelle les plantes sont désormais cultivées et réensemencées. Cette phase
perdure jusqu’à environ 6900 ans av. n.è.
Ces deux premières périodes sont parfois appelées mésolithique en fonction des
régions dans lesquelles on se trouve. Le néolithique ancien, le protonéolithique et le
mésolithique se chevauchent en fonction de la diffusion de l’agriculture.
Ensuite, trois périodes se succèdent de 6900 à 2000 ans av. n.è :
+ le néolithique accomplit, marqué par l’apparition et le développement de la
céramique. L’homme commence aussi à sélectionner les espèces.
+ le subnéolithique : appellation d’une période sur un territoire donné
caractérisée par l’emprunt des techniques agricoles aux peuples périphériques plus évolués.
C’est la période de l’échange et de diffusion des techniques.
+ le chalcolithique, marqué par l’introduction des métaux natifs non réduits.
5.2.3. L’expansion des techniques agricoles.
La première espèce domestiquée par l’homme est sans doute, dès le paléolithique, le
chien, comme auxiliaire de chasse.
La néolithisation progresse parallèlement et indépendamment en fonction des
différentes régions du globe.
5.2.3.1. Le Proche Orient.
Le Proche Orient est véritablement le berceau de l’agriculture. Les céréales y sont
domestiqués vers -9000 ans. La première culture intensive porte sans doute sur le blé et
l’avoine, parce que leur tiges sont plus dures et donc plus faciles à moissonner.
La domestication animale suit de près, tout d’abord avec les chèvres, il y a 9000 ou
8000 ans9. Après la chèvre, suivra le mouton, les bœufs et les porcs. La base de l’alimentation
carnée des populations à travers les âges (le trio bovidés, galinacés, porcins) fait l’objet de
domestication très rapidement.
5.2.3.2. La Chine.
En Chine, la domestication des espèces végétales commence entre 6500 et 6000 ans av.
n.è. avec le soja, les pêches et les abricots.
On élève aussi des chèvres et des buffles.
5.2.3.3. L’Inde et la Papouasie.
La chèvre est également domestiquée en Afrique du nord, à la même période, ainsi qu’en Grèce, il y a 7000
ans.
9
- Arts et civilisations -
16
La domestication des espèces se situe vers 7000 ans av. n.è.
Dans le sud-est asiatique, on commence à domestiquer le riz et les premières agrumes
vers 6000 ans av. n.è.
5.2.3.4. L’Afrique.
En Afrique centrale, la domestication commence aussi vers 6000 ans av. n.è., avec,
notamment, la domestication de bovidés.
En Égypte, c’est seulement vers 5000 ans av. n.è. que l’agriculture apparaît.
5.2.3.4. L’Europe.
En Europe, l’agriculture se développe par deux chemins différents. L’agriculture va
apparaître au gré de l’installation des premiers paysans, lesquels vont d’abord cohabiter avec
les chasseurs-cueilleurs10.
Dans le sud de la Méditerranée, en Espagne notamment, les deux communautés vont
parfois se succéder sur des lieux identiques. Des sites troglodytes seront habités d’abord par
des chasseurs-cueilleurs et puis par des agriculteurs.
L’agriculture va d’abord se diffuser à partir de la Grèce vers l’Espagne, en passant par
le long de la Méditerranée. On peut penser que la progression de l’agriculture est liée aux
échanges maritimes.
Ce mouvement de diffusion de l’agriculture se déplace plus au nord, le long des côtes
atlantiques et jusqu’au sud de la Scandinavie.
La première route de diffusion suit donc une progression d’est en ouest, alors que la
deuxième route fait une progression sud-nord, via les fleuves de l’Europe continentale, mais
toujours à partir de la Grèce.
Les colonisateurs gagnent non seulement les côtes, mais aussi l’intérieur du continent.
Des cultures différentes sont réparties à travers tout le territoire.
Toute cette diffusion de l’agriculture se fait durant le néolithique accompli, avec un
décalage chronologique entre le bassin méditerranéen et le Proche Orient.
Cfr. manuel pp. 150 à 155.
5.2.4. La fin du néolithique et le développement de l’outillage.
Il ne faut pas penser que la transition de l’état nomade à l’état sédentaire s’est faite d’un seul coup. Les deux
modes de vie ont bel et bien coexisté, parfois pendant des dizaines d’années. Notons que la chasse était aussi
pratiquée par les agriculteurs.
10
- Arts et civilisations -
17
La période du néolithique prend fin avec les premiers âges des métaux : l’âge du
Bronze et puis l’âge du Fer, vers 2000 ans av. n.è.
Des outils spécifiques vont se développer : l’araire, la moissonneuse, le polissoir
adapté en meule pour produire de la farine, l’herminette permettant de tailler le bois et de
couper les arbres.
Ce dernier outil était très important parce que l’économie du néolithique reposait sur
l’agriculture et qu’il était donc nécessaire de défricher.
L’homme commence à domestiquer les animaux pour le lait et la laine11 en plus de la
viande. De plus, on récupère leurs graisses pour s’éclairer, leur os pour faire des aiguilles.
Les techniques de pêche se développent aussi : apparition du harpon au paléolithique
et développement au néolithique parce que les habitats sont fixes et que cela nécessite des
apports de nourriture renouvelables toute l’année.
Les industries minières font également leur apparition : on ne se contente plus de
ramasser les métaux que l’on trouve, mais on creuse des mines. Cela causera dans certains cas
des villages spécialisés dans un artisanat bien spécifique, ou témoignera de l’état d’avancement
plus prononcé d’une culture.
Les échanges se font à grande échelle : l’ambre est très prisée parce qu’elle a une valeur
esthétique et magique, du néolithique jusqu’au début du Moyen-âge. Elle est exploitée en
Europe centrale et sera exportée jusqu’en Europe de l’ouest et en Grande-Bretagne.
La roue est aussi une invention capitale du néolithique. Elle va révolutionner les
transports et les véhicules serviront soit au transport, soit plus tard au combat. L’utilisation
des véhicules dépend naturellement de l’état de domestication des animaux, dont on doit
maîtriser la force.
5.2.5. Complexification des systèmes et contextes sociaux.
On distingue quatre types de liens sociaux :
5.2.5.1. La bande.
Les bandes sont de petites sociétés égalitaires de chasseurs-cueilleurs dont la taille
dépasse rarement 100 membres. Ce sont des nomades vivant dans des camps saisonniers. Ils
pratiquent le chamanisme. C’est l’organisation typique des sociétés du paléolithique, des
Aborigènes et des Inuits.
5.2.5.2. Les sociétés segmentaires.
11
Apparition de l’industrie textile.
- Arts et civilisations -
18
Ce sont les tribus. Leurs membres sont des agriculteurs sédentaires vivant d’élevage
nomade et/ou sédentaire et peuvent atteindre le nombre de plusieurs milliers de personnes. Ils
habitent dans des villages à caractère permanent ayant tous une superficie identique. Ces
sociétés égalitaires sont espacées dans les territoires. Elles ont des sanctuaires, ce qui
prouvent qu’elles avaient des rites organisés.
Ces sociétés segmentaires sont le système de fonctionnement des premières sociétés
agricoles, mais aussi, d’une manière plus actuelle, celui des populations de Nouvelle Guinée.
5.2.5.3. Les souverainetés.
Les souverainetés sont parfois appelées chefferies. Elles comptent entre 5 et 20 000
personnes, parfois plus. Ils sont dirigés par des chefs identifiés par des marques de prestige,
ce qui prouve la réalité d’une hiérarchie. Les rois sont enterrés avec de riches mobiliers et leurs
maisons sont différentes.
Les centres sont identifiables grâce au temple. L’urbanisme se fait en fonction du
niveau social.
Les ressources sont centralisées et on organise la survie de la population par une
redistribution équitable. Ce sont ces chefferies qui entreprennent les premières la construction
de fortifications et de grands monuments. On remarque surtout ce phénomène à l’âge des
métaux.
5.2.5.4. Les États.
Les États sont dirigés par un souverain édictant des lois et les faisant respecter à l’aide
d’une armée. Les pouvoirs qui lui sont conférés relèvent du domaine de la législation, de
l’organisation et militaire.
Les classes sociales sont réglementées et identifiées. Une administration s’occupe du
prélèvement et de la redistribution des impôts. La taxation se fait au bénéfice de l’Etat.
Ce dernier possède un réseau de villes reliées entre elles par des routes. Des
fortifications protègent les frontières périphériques. Des palais, des temples et des
monuments publics imposants sont érigés.
On pourrait croire que le passage d’un stade à l’autre se fait comme un processus
linéaire continu, mais ce n’est pas le cas. Le passage d’un stade à l’autre ne se fait pas
systématiquement en un lieu donné, même s’il existe entre tous une gradation indéniable.
5.3. Approche du néolithique au Proche Orient.
- Arts et civilisations -
19
C’est entre 12 500 et 10 000 ans av. n.è. que sont identifiées les premières habitations
villageoises sur des sites natoufiens du Sinaï et de l’Euphrate. Ces maisons sont construites en
terre et en pierre. Le plan se développe et devient semi-circulaire. Il fait de 6 à 9 m de
diamètre. Les toits sont en bois.
L’économie reste mixte : les habitants vivent toujours de la chasse et de la récolte de
céréales sauvages. L’homme se sédentarise avant de pratiquer l’agriculture.
Les sépultures sont le plus souvent intégrées à l’habitat, et se retrouvent dans des
silos désaffectés.
Les hommes ne vivent plus en bandes, mais en sociétés segmentaires où l’on remarque
parfois l’élection de dirigeants. La plus grande sépulture est dès lors réservée au “chef”.
On passe à la période appelée “protonéolithique”. On ne fait pas encore de poterie,
mais on utilisait le plâtre à chaux pour les récipients et le sol. Chez nous, nous sommes
toujours au mésolithique.
Sur le site de Jéricho, on remarque que le plan des maisons, mais aussi des villages est
quadrangulaire, en vue d’une rationalisation et d’une meilleure organisation de l’espace. C’est
aussi sur ce site que l’on voit la réalisation des premiers travaux publics avec la construction
d’un mur d’enceinte et d’une tour massive, haute de 9 m.
Cfr. manuel pp. 148-149.
On chasse toujours le bœufs. Les crânes sont enfouis dans le sol des maisons
(vraisemblablement pour marquer l’hérédité de façon permanente). Ils sont accompagnés de
statuettes et sont modelés pour recréer les aspects de l’anatomie.
De grandes communautés urbanisées apparaissent en Anatolie vers 9000 - 6000 ans
av. n.è. à cause de l’extension du néolithique hors du Triangle Fertile12. Les villes progressent
réellement à leur périphérie. On travaille la chaux, le cuivre et parfois le plomb.
L’urbanisme est plutôt dense. Les maisons sont agglomérées et les portes d’accès se
trouvent sur les toits13. La superficie est d’à peu près 25m2 et nous sommes toujours dans un
système égalitaire : toutes les maisons sont construites sur le même modèle.
Elles sont en brique crue et ont des structures en bois. On remarque l’apparition de
fours, de banquets, de bassins. Des motifs mythologiques sont peints sur les murs. Ce sont la
plupart du temps des taureaux, des léopards ou encore des vautours aux pieds humains. La
religion est toujours associée à des vénus.
L’Anatolie voit aussi le développement des fortifications, à travers les murailles, les
12
13
C’est dans cette région qu’avait commencés les débuts de l’agriculture.
C’était une sorte de remparts, suffisante pour l’époque.
- Arts et civilisations -
20
chicanes et les tours (dès le 7° millénaire av. n.è.).
A Troie, on voit de grands bâtiments publics et réservés aux notables. Nous sommes
donc bien en présence d’une société hiérarchisée. Une grande muraille protège à peine un
hectare de cité.
5.4. L’expansion culturelle au rubané.
Les cultures du rubané s’étendent dans toute la campagne européenne, du Hainaut à la
Pologne. C’est le début du monde rural.
De grandes maisons en torchi sont divisées en plusieurs nefs. Les travées démontrent
une organisation en maison-étables. Elles abritent en effet l’habitation, la stabulation et le
stockage.
Certaines maisons atteignent les 40 m de long, mais la largeur est standard et ne
dépasse pas les 7 m. Les édifices sont construits côte à côte de manière à former un village de
1 à 2 ha. Les villages sont espacés entre eux de 3 à 4 km. Les besoins en terre arable de chaque
village sont de 10 à 20 ha. Le plus souvent, ils se trouvent sur le versant d’une colline et près
d’un point d’eau.
Les poteries se répandent. L’homme est encore forcé de se déplacer lorsque les
ressources de la terre qu’il exploite sont épuisées.
Les maisons ne sont pas différenciées. Il n’y a pas de sanctuaires. Les villages sont
très similaires entre eux. On dénombre de 50 à 100 agriculteurs par village.
L’activité principale de tout ce peuple reste le défrichement.
5.5. La période chalcolithique.
Cette période est localisée en Hongrie aux 3° et 2° millénaires av. n.è. et concerne la
civilisation de la Tisza.
Les maisons sont en bois et en torchis. On y retrouve des statuettes en terre cuite,
gravées ou incisées. Ce sont le plus souvent des idoles dotées d’outils agricoles.
Au 5° millénaire av. n.è., on retrouve les mêmes représentations en Europe et au
Proche Orient. Les attitudes sont identiques et se développent jusqu’à l’âge du Bronze.
La filiation artistique est indéniable et s’est probablement répandue du bassin
méditerranéen vers nos régions. L’art a un rôle funéraire, mais nous n’avons aucune certitude
sur l’interprétation que l’on peut en faire. Certains pensent qu’il s’agit d’un jeu, d’autres
pensent qu’il s’agit là de la représentation de l’épouse.
- Arts et civilisations -
21
Les modèles schématiques coexistent avec les vénus. A Malte, une déesse de type
vénusien est déposée sur un autel.
Dans les cultures chasséennes, que l’on retrouve principalement en Espagne, l’habitat
est toujours perché et entouré de fortifications très complexes. Sur le site de Los Millares, 8
ha sont entourés de 4 murs de fortification. L’analyse des systèmes de défense nous donne un
reflet de la situation sociale. Ces cultures sont clairement administrées par des chefferies.
Les cultures campaniformes (que l’on retrouve à la fin du néolithique) se diffusent vers
la Sicile, la Sardaigne, mais aussi sur le continent. Elles pratiquent l’élevage de bovins et
l’agriculture n’est plus le seul nœud de leur économie : le commerce du sel et diverses mines
permettent l’obtention de richesses durant tous les âges des métaux.
5.6. Le mégalithique.
Le mégalithique14 se développe en Méditerranée occidentale (Espagne, Portugal,
Sardaigne) dès le 5° millénaire av. n.è.
5.6.1. Les sépultures.
Les tombes du mégalithique sont des tombes hors du commun qui révèlent un aspect
compétitif : in veut distinguer le chef de ses sujets.
Ce sont toujours les survivants qui confèrent de l’importance à tel ou tel défunt, d’où
l’importance d’une hiérarchie reconnue et légitimée. La commémoration des ancêtres
fondateurs obéit à un protocole post-mortem qui permet de reconnaître leur “puissance”.
Déjà, la richesse est synonyme de pouvoir.
Les tombes mégalithiques se diffusent selon les mêmes axes empruntés par
l’agriculture. ce sont des sépultures collectives comprenant des chambres confinées et des
couloirs avec des étapes d’accès à la chambre funéraire.
Elles accueillent parfois plusieurs centaines de morts. La sépulture devient un signe
d’appartenance à une communauté.
Cfr. manuel pp. 151 et 286 (Newsgrange).
Newsgrange est un site fondé en 3000 av. n.è. L’entrée et le couloir principal de ce site
gigantesque est dans l’axe du soleil au solstice d’hiver. Le décor en spirale que l’on y retrouve
est commun à toute l’Europe.
Les tumulus et les dolmens étaient des formes de sépultures utilisées très tard
(jusqu’au 10°s ap. JC. pour les vikings).
14
On entend par le terme mégalithique tout ce qui a trait aux sépultures et statuaires monumentaux.
- Arts et civilisations -
22
5.6.2. Les temples.
Cfr. manuel p. 284 (temples de Tarxien)
Sont associés aux temples de Tarxien les sites de Hagar Qim et de Hal Tarsien, dont
l’architecture est semblable.
Il y a à Malte des temples qui marquent le territoire, associés à des hypogées
contenant parfois des centaines de défunts. On rend un culte à ces temples en passant à
Malte. On peut même envisager que certains faisaient expressément le déplacement, qu’il
s’agissait d’un pèlerinage.
On y retrouve des vasques, des autels et des représentations de prêtresses obèses. La
cellule la plus profonde est réservée à un clergé qui pourrait être féminin.
Les statues atteignent parfois deux mètres de haut. C’est la naissance d’une statuaire
monumentale.
5.6.3. Les habitats.
Sur le site d’Orcades, dans le nord de l’Ecosse, datant de 3100 à 2500 ans av. n.è., les
conditions climatiques étaient particulièrement rigoureuses, et l’on retrouve des villages
partiellement enterrés.
Une espèce de village regroupe 8 maisons identiques. Le mégalithique est mis à profit,
jusque dans l’ameublement. La toiture est faite en ossature de poisson et de baleine. On
retrouve là aussi des décors en spirale.
Cfr. manuel p. 282.
Les statues menhirs datent du 4° et du 3° millénaire av. n.è. Elles naissent partout à la
même époque, sans preuve d’un réel échange commercial.
6. L’ASIE OCCIDENTALE.
6.1. Introduction.
Au terme de la préhistoire, quelque chose est acquis : le pouvoir personnalisé. Nous
allons maintenant voir la naissance des États.
La Mésopotamie se trouve au cœur du triangle fertile (Cfr. manuel p. 159).
L’urbanisme de cette région est marqué par une architecture d’exception avec différents sens :
économique, politique ou religieux, voire parfois les trois ensemble.
- Arts et civilisations -
23
Rappelons que le triangle fertile fut le berceau de l’agriculture puisque, encadré du
Tigre et de l’Euphrate, elle était propice à la culture et à l’élevage.
6.2. Cultures d’Hassuna, Samarra et Halaf (6° millénaire av. n.è.)
6.2.1. Développement de l’art.
Plusieurs civilisations se succèdent dans la région. Ces cultures voient se développer
l’abstraction artistique mise en évidence sur les décors peints de céramique. Les plus inventifs
sont localisés à Samarra. On retrouve comme sujets des danseuses, des chèvres,…
Dans les cultures d’Hassuna et Halaf, les motifs sont plutôt géométriques et floraux.
Cela témoigne d’une évolution vers la schématisation et l’abstraction.
Les figurines de déesses mères sont maintenant modelées et peintes.
6.2.2. Les premiers sanctuaires.
L’architecture sacrée apparaît dans la culture d’Halaf. Ça se passe sur le site d’Eridu.
On identifie un sanctuaire au plan très simple : grande salle rectangulaire, divisé en deux zones
distinctes. Il y a une logique de distribution qui rappelle les composantes majeures de
l’architecture religieuse.
En Judée, au 4° millénaire, le long de la mer Morte, on a retrouvé un autre sanctuaire.
Toute l’organisation interne nous confirme que nous sommes dans un lieu sacré : il y a des
subdivisions avant d’arriver dans le sanctuaire. Ce sanctuaire-ci est dédié au culte de l’eau, très
important dans ces régions parfois désertiques. C’est un autre moyen de célébrer la fertilité.
Notons que dans les grands sites urbains, la gestion de l’eau est décisive pour la survie
d’une culture.
Les pouvoirs vont utiliser l’architecture pour légitimer la religion et leur pouvoir.
6.3. Période d’el Obeid et d’Uruk.
6.3.1. L’architecture monumentale.
A cette période, l’architecture monumentale connaît un développement considérable.
Les grands bâtiments se distinguent des maisons d’habitat classique. L’architecture reflète
véritablement le niveau social des habitants.
Les plus grands édifices sont bien évidemment occupés par les dirigeants. Ce ne sont
pas forcément des temples, mais aussi des habitats.
- Arts et civilisations -
24
On construit aussi des murs à redents, caractéristique propre à toute la région
mésopotamienne de cette époque. Les habitats sont construits en brique crue, ce qui révèle
encore une fois la maîtrise techniques des hommes de l’époque.
La plupart du temps, les bâtiments sont construits sur des plates-formes artificielles
auxquelles on accède via des rampes et des escaliers monumentaux. L’architecture est en pisé
et en roseaux.
Les ruelles convergent vers les bâtiments importants, entourés de greniers où l’on
centralise les récoltes.
6.3.2. La première achitecture palatiale.
A Uruk, on a retrouvé les premières formes d’architecture palatiale. Elle est mise en
évidence par le même système que ci-dessus : ruelles convergentes, magasins publics.
Les palais peuvent aussi servir de salle de réunion, qui reflètent l’exercice d’un pouvoir
soit collégial, plutôt démocratique, soit individuel, organisé par un roi et son entourage
immédiat.
A Uruk toujours, on retrouve des temples gigantesques15. Le complexe d’Uruk atteint
200m sur 300 : c’est une véritable ville dans la ville. La superficie des édifices varie entre 1200
et 4600 m2 . Ils sont toujours divisés en architecture tripartite : un grande salle centrale et deux
ailes divisées en salles plus petites.
Les ensembles palatiaux sont parfois appelés ziggourat16. Le terme avait été appliqué à
ces grands ensembles palatiaux au moment où l’on pensait encore qu’on n’y exerçait que des
fonctions religieuses.
Des édifices semblables naissent dans toute la Mésopotamie. Ce sont des symboles
d’autorité entourés de toute une série d’autres édifices (magasins, salle de réunion) toujours
monumentaux et toujours rassemblés.
6.3.3. Les rois se font représenter…
C’est à la même période que les rois vont commencer à se faire représenter. “La stèle
de la chasse aux lions” montre un roi chassant à l’aide d’un arc. Cette scène allégorique aura
un succès très important et se retrouvera dans plusieurs reliefs d’autres cités.
Pendant 2000 ans, le thème de la chasse symbolisera la victoire du roi sur l’ennemi.
Mais le roi se représente aussi déférent face à la divinité et cherche à s’en attirer les faveurs.
15
16
Notons que l’appellation de temple ne désigne pas toujours un lieu religieux.
La ziggourat est une espèce de pyramide.
- Arts et civilisations -
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Dans tout l’art mésopotamien, on retrouve ce contraste de représentation royale entre la
guerre et son rapport avec les dieux. On retrouve cette caractéristique également en Égypte.
Tout cela se passe dans un cadre urbain très large et les premières villes vont naître :
de grandes cités sont construites en Mésopotamie et dans les colonies. Il faut donc maîtriser
les axes commerciaux et construire des fortifications. Plusieurs cités seront fondées sur la
route de l’Egypte pour ces raisons.
6.4. Les cités-états sumériennes (2900/2800 à 2450/2300).
Dans la littérature, on appelle parfois cette période, la période dynastique ancienne.
6.4.1. L’évolution de l’architecture.
L’architecture sera directement centrée sur le culte, la religion et la centralisation du
pouvoir. C’est la première fois que les populations du sud et du nord de la Mésopotamie sont
intégrées à un seul ensemble fonctionnel. Cette unification est contemporaine de l’unification
de la basse et de la haute Égypte.
On dénombre à cette époque deux systèmes d’écriture pictographiques, au nord et au
sud. Peu à peu, ces écritures vont se schématiser et donner naissance à l’écriture cunéiforme,
vers 3300-3000 ans av. n.è. La dernière trace d’écriture cunéiforme date de 75 av. n.è.
Cfr. manuel pp. 158-159.
6.4.2. L’apparition de l’écriture.
L’écriture servira aux comptes et à l’administration, ce qui confère un certain statut
dans la société aux personnes qui savent écrire. L’histoire et la mythologie apparaissent. Les
sceaux17 apparaissent également à cette époque.
80% de la population mésopotamienne vit dans les grandes villes. Uruk est une de ces
plus grandes villes, entouré de fortifications importantes. Ces fortifications n’apparaissent
pas en Égypte à la même période et en Europe, on en est seulement au rubané.
6.4.3. L’évolution des temples.
Les temples ont leur place permanente : un clergé à temps plein dessert les
sanctuaires. Un État apparaît et tout se clarifie et se caractérise. L’autorité civile passe du
religieux au séculaire. La religion est au service du pouvoir et n’a plus le pouvoir !
A Khafadje, vers 2450 av. n.è., un temple est construit, dont le modèle se retrouve
aussi bien dans le nord et dans le sud de la Mésopotamie : les cultures ont bel et bien
fusionné.
17
Une des figures principale de ces sceaux est Gilgamesh.
- Arts et civilisations -
26
Ce temple domine tout l’espace environnant. Cela montre bien les nouveaux
fondements de l’ordre social : les palais d’un côté, les temples de l’autre. Ils sont bien séparés.
Le temple de Khafadje est entouré de deux enceintes et des demeures sont mises à la
disposition d’un clergé permanent.
6.4.4. La représentation humaine et autres sculptures.
Des personnes se font représenter de leur vivant. On les représente de manière très
stéréotypée et les exemples les plus beaux présentent un traitement polychromique. Ces
statuettes sont placées dans les sanctuaires pour attirer les faveurs des divinités. Le style est
massif, schématique et très sélectif.
Cfr. manuel pp. 334 - 335 “Tell Asmar”.
En parallèle, la sculpture en bas-relief se développe sur les vases cultuels. On y
retrouve toute une série de références mythologiques, souvent mal comprises. Les rois se font
également représenter en bas-relief.
“La stèle des vautours” est très importante. Elle date de la première moitié du 3°
millénaire av. n.è. Histoire et religion y sont mêlé. Elle est sculptée sur ses deux faces et suit
un ordre chronologique. On représente la même histoire, mais on la raconte de deux façons
différentes : d’un côté la façon humaine, de l’autre la version divine. Le roi est en tête et
représenté dans un char. Les fantassins sont précédés du roi et piétinent les adversaires
vaincus. On doit la victoire à la divinité.
Les tenants du pouvoir contrôlent les richesses matérielles et leurs tombes deviennent
plus riches.
Cfr. manuel pp. 330 - 331 “La cité d’Ur”
Le roi est enterré avec un cortège funèbre réel, allant des aristocrates aux domestiques.
On a vraiment un rite étonnant et nouveau. Les mobiliers sont richissimes. On retrouve des
bijoux, des casques, des harpes, des lyres décorées et des statuettes.
Autre monument important : l’étandard d’Ur. C’est un panneau de bois à double face,
incrusté de pierre. Il a une fonction narrative et représente d’un côté la paix; de l’autre la
guerre. On ne fait plus intervenir de dieu : le succès est l’oeuvre de l’homme. Il y a une réelle
progression narrative : c’est une sorte d’ancêtre du dessin animé. Après la guerre, un cortège
et un banquet pour fêter la victoire.
6.5 L’empire akkadien.
Nous allons franchir une nouvelle étape. L’occupation de la Mésopotamie est faite de
- Arts et civilisations -
27
luttes incessantes entre des peuples venant de tous les horizons. L’organisation militaire est
devenue primordiale dans le cadre de ces états.
Pour la première fois, on tente de représenter avec réalisme, la majesté du roi. Il a un
air de dédain, un peu hautain.
Les rois font également narrer leurs exploits. La stèle de “Nar Amsin” nous frappe par
l’absence de registre. On ne suit plus d’ordre chronologique : la représentation est plus
fantaisiste. On fait simplement allusion aux dieux, via deux astres sculptés au sommet de la
stèle. Le souverain est représenté au sommet, portant les attributs royaux, ce qui prouve qu’il
s’assimile à un dieu.
Ici encore, on voit des soldats terrassant l’ennemi, mais ils sont replacés dans des
éléments de paysage (on voit quelques arbres). Cette représentation n’est plus narrative mais
presque allégorique : les cadavres sont amenés par les soldats et piétinés par le roi.
L’art akkadien est une synthèse de l’histoire. Tout est résumé sur une seule stèle de
manière synthétique.
6.6. Les néo-sumériens (2285 à 2016 av. n.è.).
6.6.1. Développement considérable de l’architecture.
C’est maintenant une période de calme qui va influencer les arts et la manière de gérer
les arts.
Le retour à la prédominance sumérienne signifie le retour d’une littérature religieuse,
qui s’accompagne d’un développement sans précédent de l’architecture religieuse.
L’architecture et les systèmes palatiaux deviennent plus imposants que jamais. Les choses
vont être exagérée avec les ziggourat.
Cette architecture se développe avec le système de terrasse : le temple est placé le
plus haut possible, terre d’accueil pour la divinité. Les ziggourats font à coup sur penser aux
pyramides égyptiennes, mais nous sommes bien en face ici d’un temple et pas d’un lieu
funéraire.
Les moyens mis en œuvre pour la construction de ces ziggourats sont énormes par
rapport aux matériaux qui peuvent sembler désuets. Ces monuments sont toujours construits
en brique crue dont la hauteur ne dépasse pas 40 cm.
6.6.2. L’évolution de la sculpture.
La sculpture témoigne aussi de cette évolution : Gudéa se fait représenter très souvent
- Arts et civilisations -
28
en roi pacifique. Il était excellent administrateur, grand mécène, mais pas du tout conquérant.
Il se fait représenter les mains jointes, tantôt assis, tantôt debout. Il est souvent déférent
envers la divinité et a la tête ornée d'un turban. On revient à une sculpture plus schématique.
Le costume est simple, même s’il est parfois gravé de textes ; seuls les pieds émergent
de l’ensemble. Gudéa est représenté avec un vase d’où jaillit de l’eau. Ce culte est toujours
très important.
6.7. Babylone
Cfr. manuel pp. 340 - 341.
Babylone constitue le premier véritable empire. La cité annexe toute une série d’états
gravitant autour d’elle.
La période de calme est mise à profit dans le domaine législatif. Nous remarquerons
spécialement le code législatif du roi Hammurabi (1792 à 1750 av. n.è.). La stèle le
représentant contient 282 articles témoignants clairement de la volonté du roi de fixer la loi et
de la faire reconnaître. La stèle met en scène le roi et un dieu de la justice, assis, entouré
d’éléments de la nature.
Le roi est représenté à la manière de Gudéa. Il y a une continuité artistique entre les
deux périodes. Le souverain est représenté très modeste, les bras croisés, comme s’il
s’inclinait devant la divinité. Le roi reçoit la loi du dieu.
La ziggourat d’Ur pourrait être mise en rapport avec la tour de Babel dont fait mention
la Bible.
6.8. Période assyrienne (1245 à 606 av. n.è.)
Les Assyriens vont bouleverser toute la région. Ils vont prendre le pouvoir grâce à une
conquête très dure et violente. Les Assyriens vont mettre sur pied un régime autoritaire. Mais
leur hégémonie ne durera que 6 siècles.
6.8.1. Une administration très développée.
Leur administration est très développée et leurs réalisations seront très
impressionnantes.
Ils vont construire beaucoup de palais parce qu’ils déménagent
fréquemment pour éviter les contestations au sein de la cour. Chacun des souverains édifiera
sa capitale. Toutes ces villes seront des centres très important au niveau artistique.
A chaque fois que l’on change de “gouvernement”, on réorganise les systèmes de
gestion. L’aspect dictatorial du pouvoir contraste étrangement à la place dévolue à l’art. Les
constructions seront gigantesques, les rois, lettrés, se constitueront les premières librairies. Ils
- Arts et civilisations -
29
sont de véritables mécènes.
6.8.2. Les effets du mécénat.
Sargon II érige Khorsabad, grand carré de trois kilomètres de côté, doté d’une enceinte.
Dans cette enceinte, deux zones se dégagent encore : la zone des palais et des temples, et la
zone du prince héritier. Ces deux zones ont également des fortifications propres.
Les palais et les temples sont élevés sur des plates-formes, rassemblant toutes les
résidences des hauts personnages de l’Etat.
Dans toutes les villes, la sculpture est à l’échelle de l’architecture. Les taureaux se
retrouvent à l’entrée de toutes les cités. Les grandes portes sur lesquelles ils se trouvent sont
polychromes. On commence à exploiter un nouveau système de décoration, qui va se
développer surtout à la période suivante : les briques émaillées.
Tout ces énormes palais sont décorés de bas-relief, très nombreux et omniprésents.
Ces décors sont destinés à impressionner : ce sont des discours de propagande. On privilégie à
nouveau la narration, même si le souverain est toujours représenté de façon stéréotypée. Les
scènes sont très réalistes, surtout les scènes de chasse. Toutes les représentations sont au
service du pouvoir politique et militaire.
La peinture murale apparaît également à l’échelle monumentale.
6.9. Période Néo-babylonienne (990 à 539 av. n.è.)
Les Babyloniens vont survivre à côté de l’empire assyrien. A la chute de ce dernier,
une véritable dynastie néo-babylonienne est instaurée. Le nom le plus célèbre de cette
dynastie est sans doute Nabuchodonosor II. Il a mauvaise réputation puisque c’est lui qui a
pris Jérusalem, et à causer la première diaspora juive, racontée dans la Bible.
Babylone couvre 1000 km2 . Les portes de la ville sont richement décorées. La
ziggourat de Babylone, assimilée à la tour de Babel, est haute de 100m. Nous sommes au
comble de la démesure.
6.10. Les Perses achéménides (558 à 330 av. n..è.).
Cfr. manuel page 350.
- Arts et civilisations -
30
L’empire de Cyrus III, Darius I° et Xerxès va peu à peu supplanter l’empire
babylonien. Ils vont s’étendre vers l’Egypte mais seront bloqués par Alexandre le Grand en
Grèce.
L’art sera véritablement un art de synthèse qui s’exprimera à travers toute une série de
villes qu’ils vont fonder, dont la plus célèbre est certainement Persépolis.
Le cœur de cette ville est occupé par La Citadelle, complexe palatial immense. C’est
encore une fois une grande construction en terrasse. Les salles sont gigantesques : les plus
grands palais font 120 m sur 60 et les plus grandes salles comptent jusqu’à 120 colonnes qui
atteignent jusqu’à 12 m de haut.
Partout, les murs sont décorés de reliefs. On représente non plus des scènes de
bataille, mais des cortèges de dignitaires de peuples vaincus venant rendre hommage au
souverain. Il n’y a plus de décor. Tout est neutre, quasi mathématique. Il n’y a pas de
narration.
Malgré un contexte de conquêtes, pas une seule fois n’est représentée la guerre : on
n’en montre que les aspects bénéfiques.
L’empire perse disparaîtra avec la contre-offensive d’Alexandre le Grand.
7. L’ÉGYPTE ANCIENNE.
7.1. Époque archaïque ou protohistoire (3000 à 2635 av. n.è.)
1° et 2° dynasties
A cette époque se développent des communautés pratiquant l’agriculture le long du
Nil. Les crues de ce fleuve constituent un fondement de l’économie et de la religion (aspect
cyclique des inondations) de ce pays.
L’Etat égyptien se constitue au moment de l’apparition de l’écriture hiéroglyphique.
Celle-ci sera utilisée jusqu’à la fin de l’occupation romaine. Elle a été découverte par
Champolion (Cfr. supra).
On ne sait pas grand chose de la filiation dynastique. Dans ce domaine, l’imaginaire se
lie au réel. Un des premiers souverains importants est Narmer. Il est le premier à exercer un
pouvoir sur la Haute et la Basse Égypte.
Le Pectoral de Narmer a longtemps été considéré comme une allégorie de la victoire de
la Haute Égypte sur la Basse Égypte. Aujourd’hui, on pense plutôt que c’est le symbole
d’une révolte matée.
- Arts et civilisations -
31
Il y a quelque chose d’étonnant au niveau politique : l’autorité s’impose très
rapidement et les foules travaillent pour un pouvoir centralisé apparu très rapidement. La
dynamique égyptienne est soudaine et spectaculaire.
7.2. L’ancien Empire (2670 à 2195 av. n.è.)
3° à 6° dynasties
7.2.1. La religion.
Les Egyptiens ont plusieurs mythes sur la création. Pour eux, il n’y avait à l’origine ni
ciel, ni terre, ni dieu. Une terre a ensuite émergé (symbolisée plus tard par la pyramide). Les
rois égyptiens se présentent comme des dieux ou des fils de dieux. Ils incarnent la divinité.
Les crues ont une importance capitale dans le culte.
7.2.2. Les pyramides.
Cette époque marque la genèse des pyramides, tombes monumentales. Ce sont aussi
des escaliers symboliques facilitant le chemin des rois vers les dieux à leur mort18. Ces édifices
funéraires sont de véritables forteresses.
On adapte les anciens sites funéraires, les mastabas19, pour construire les pyramides.
La pyramide apparaît sous Djeser, soudainement, à Saqqarah. Notons que chez nous, nous
sommes en pleine période du rubané.
Ces nouveaux édifices apparaissent dans des nécropoles déjà existantes. Elles sont
situés dans un enclos. L’architecte de la première pyramide est Imhotep. Il superpose des
mastabas devenant de plus en plus petites. Le plan est rectangulaire et fait partie d’un
complexe délimité par une enceinte. L’architecture est toujours à redents et en briques crues.
La première pyramide est érigée vers 2650 av. n.è. pour Djeser, le premier grand
empereur, donc le premier à avoir besoin d’un grand tombeau. On y retrouve la première
statue de pharaon égyptien, statue haute de 2 m. Djeser est sculpté avec des habits distinctifs
(perruque, barbe d’apparat, aspect sévère et puissant).
Les premiers décors en bas-relief apparaissent aussi. On y représente le roi qui court.
Durant son règne, il devait en effet faire une espèce de parcours du combattant, pour prouver
qu’il était encore capable de gouverner l’Egypte unifiée.
Snefrou (règne de 2570 à 2545 av. n.è.) fait d’abord édifier une pyramide à degré puis
tente de lisser les parois pour avoir une pyramide parfaite. Elle comprend déjà des labyrinthes
d’accès. C’est un échec : le lissage ne tient pas.
18
19
Leur fonction s’oppose donc aux ziggourats puisque ces dernières accueillent les dieux sur terre.
Une mastaba est un tombeau rectangulaire en brique crue. Les murs sont à redents.
- Arts et civilisations -
32
Il fait une nouvelle tentative à Dasshour. Cette fois, il applique le style rhomboïdal. La
structure funéraire se développe. La pyramide se retrouve dans un enclos et on y arrive grâce
à un couloir d’accès. Il construit une pyramide satellite pour la reine.
Cheops (2545 à 2520 av. n.è.), fils de Snefrou, réalise lui, un seul monument sur le site
de Gizeh. C’est un grand carré de 227, 5 m de côté et de 146 m de haut. Par contre, on n’a
retrouvé de Chéops qu’une petite statuette mesurant 5 cm.
Ces constructions de plus en plus grandes nous donnent une idée de la dimension du
pouvoir de chacun des pharaons. Plus la pyramide est grande, plus le pharaon est puissant.
On remarque qu’après Chéops, les pyramides sont plus petites.
La construction d’une pyramide commence avec le règne du pharaon et doit être
achevé pour sa mort. En Égypte, le pouvoir est théocratique : politique et religion sont
intimement liées.
Sur le plateau de Gizeh, on retrouve trois pyramides : celles de Chéops, Chephren et
Mykerinos. Elles sont accompagnées de pyramides plus petites pour les reines. Il y a aussi de
grandes barques dans les tombeaux. Deux temples sont situés dans l’enclos.
7.2.3. Les temples.
L’un des deux temples est dirigé vers le Nil20 , l’autre, vers la pyramide. Ils
fonctionnent comme des villes. Un clergé permanent rend des offrandes de façon permanente.
On organise des processions régulièrement, de manière à ce que le peuple puisse admirer les
divinités.
Le temple accolé à la pyramide est le temple mortuaire. Le plus important de ceux-ci
est sans doute celui de Chephren. C’est vraiment l’archétype de l’architecture religieuse
égyptienne.
On a d’abord un vestibule d’entrée, puis une cour centrale, ouverte. On arrive ensuite
dans une salle comportant des niches abritant des statues du pharaon. Après vient la salle où
l’on stocke les offrandes et enfin, la statue du pharaon, destinée aux offrandes.
On a retrouvé un sphinx à côté du temple de la Vallée de Chephren. C’est bien une
représentation de ce pharaon et non celle d’un dieu solaire, comme on l’a d’abord cru.
Le modèle de la pyramide va peu à peu se standardiser et se généraliser pour des
tombes plus petites.
7.3. Le Moyen Empire (2040 à 1781 av. n.è.)
11° à 13° dynasties
20
On l’appelle le temple de la Vallée.
- Arts et civilisations -
33
7.3.1. Les canons de l’art égyptien.
Cette époque est celle de l’âge d’or artistique. Même si cette période est très courte,
les artistes vont découvrir toutes les techniques existant en art et fixer les normes pour les
siècles à venir.
Nous avons vu que Djeser avait déjà fixé les canons de la représentation royale. Ils se
font représenter de manière colossale, parfois en sphinx.
L’art de cette époque a deux aspects importants : le travail des proportions et
l’absence de perspective, et l’évolution du portrait. On passe en effet d’un certain idéalisme à
un réalisme où la personnalité du roi intervient aussi.
On choisit un angle de représentation permettant de comprendre le sujet. C’est un des
canons du style hiéroglyphique. De cette manière, le visage est de profil et le corps de face.
On dessine et on sculpte par registre. Au Moyen Empire, on tente de modéliser les
styles, ce qui donne naissance à la technique du carroyage.
L’axe fondamental des artistes égyptiens est perpendiculaire. On part d’une ligne
immuable : le sol et on remonte petit à petit.
On a retrouvé quelques fois des représentations en perspectives. Elles sont très rares,
mais on pense qu’elles sont intentionnelles : il n’y a pas de ligne à la base et une espèce de
point de fuite reliant trois objets. C’est une exception.
Les premières tentatives de formalisation de l’art ne sont pas réussies parce qu’on
passe de la spontanéité à une réflexion théorique sur l’art.
7.3.2. Représentation des souverains.
Toute sculpture égyptienne doit être vue de face. Les statues sont monumentales et
inscrites dans un cadre architectural. Chephren se fait représenter d’une manière plus divine
qu’humaine.
Les statues-cubes apparaissent. Le corps disparaît et la sculpture est réduite à
l’essentiel.
Au Moyen Empire, ce que l’on croyait établi, évolue. Mentouhotep II est représenté
d’une manière sauvage (témoin des troubles que connaît l’Egypte à cette époque) mais la
représentation est toujours divine.
Sous Sesotris I°, la personnalisation apparaît. Les représentations de Sesotris III sont
- Arts et civilisations -
34
mélancoliques. Ce roi était très important. Il se fait représenter en fonction de son âge, tel
qu’il est. Le pouvoir est personnalisé. Son portrait porte encore les marques de la
détermination, malgré l’âge. On remarque plus de fragilité dans la représentation de Toutmosis
III.
Amenhotep IV (Akhenaton) et sa femme, Nefertiti, constituent une exception dans ce
paysage de l’art égyptien. Le style de leurs sculptures est naturel et expressif. On pousse le
réalisme à l’extrême. La représentation se fait de face !
Mais ce pharaon bouleverse aussi la religion de son pays et impose le monothéisme du
dieu solaire. C’est pour cela que l’on tentera rapidement d’oublier ce roi hérétique.
Touthankhamon, son successeur, continue un peu l’oeuvre de son prédécesseur, mais
très vite, il réforme l’Etat égyptien.
7.4. Le Nouvel Empire (1550 à 1075 av. n.è.)
18° à 20° dynasties
Le Nouvel Empire est véritablement l’époque des temples. Nous avons vu que les
temples funéraires rendent un culte à tout une série de dieux. On va maintenant construire
d’autres temples pour honorer ces mêmes dieux.
7.4.1. Les temples solaires.
Ces temples se retrouvent dans toutes les périodes. A Abu Gorab, on a retrouvé une
obélisque massive, en pierre. Elle fait partie d’un culte rendu au soleil.
On pointe l’architecture vers l’astre. Les décors sont des illustrations des effets
bénéfiques du soleil.
7.4.2. Prototypes des temples au Moyen Empire.
On retrouve dans ces temples une zone d’accueil, une cour centrale, des niches
périphériques. L’architecture est en brique crue sur laquelle on pose de la pierre.
7.4.3. Temples standards.
C’est les temples de Louqsor et de Karnak, à Thèbes, qui serviront de modèle à tous
les temples qui suivront.
On arrive devant deux pylônes, des espèces de tours. Puis, vient la cour péristyle,
cernée de colonnes. Ensuite, ont trouve la salle hypostyle, faisant écran avec le sanctuaire.
Tout ce passage est direct, jusqu’au sanctuaire, la quatrième partie de l’édifice. Le sanctuaire
- Arts et civilisations -
35
comprend l’autel et des magasins pour stocker les offrandes.
Les colonnes reprennent des motifs de lotus ou de papyrus. A Louqsor, elles
soutiennent des plafonds peints avec des étoiles.
Plus tard, les temples sont modifiés et agrandis, mais on respecte ces grands principes
architecturaux.
Karnak est construit sur le même modèle et est dédié à Amon, dieu solaire.
7.4.4. Temple rupestre.
A Deir el-Bahari, on a retrouvé un temple rupestre. Le principe de base y est respecté
(accès progressif au sanctuaire). Abu Simbel est un autre site témoin du temple rupestre. Ce
dernier a été construit par Ramses II.
8. LA GRÈCE ANTIQUE.
8.1. L’âge de Bronze des Mycéniens (16°s à 1200 av. n.è.)
Nous ne parlerons pas ici de la civilisation minoënne. Pour obtenir plus de précision
sur cette période, se référer au manuel pp. 168-169.
Les fouilles de Mycène ont été menées par Schliemann au 19°s. Cette civilisation
domine le centre et le sud de la Grèce du 16° au 12°s av. n.è.
L’écriture mycénienne est proche de celle de Mésopotamie. Le linéaire B a été
déchiffré par des spécialistes anglais. Elle nous donne diverses informations sur la vie sociale,
économique et religieuse.
Mycène est déjà une cité-état. Les informations que l’on y a retrouvé sont en rapport
avec l’économie, plus rarement avec la religion. Néanmoins, on sait que les dieux honorés à
cette époque se maintiendront jusqu’à l’époque classique.
La cité est dirigée par une classe aristocratique au-dessus de laquelle se trouve un roi.
Le palais occupe la place centrale dans la ville. Il est construit sur une une citadelle fortifiée,
réputée imprenable. Les décors muraux reprennent des scènes de guerre (attelages, combats...)
Les premiers sanctuaires sont intégrés aux citadelles.
On constate à Mycène, au 16°s av. n.è., l’implantation d’habitats à l’ouest. Des
tombes seront découvertes au sud, garnies de mobilier très riche. La cité est entourée d’un
rempart.
- Arts et civilisations -
36
Schliemann qualifie ces tombes de royales. Nous pensons plutôt qu’il s’agit là des
tombes de toute l’élite entourant le roi. Ce sont des tombes à fosses, très simples, creusées et
couvertes de dalles.
Plus tard, on retrouve un autre type de tombes : des tombes à tholos (recouvertes
d’une coupole) ou à dromos (avec un couloir conduisant aux tombes). C’est dans ce dernier
type de tombes que l’on a retrouvé le masque d'Agammemnon.
Ce changement dans les sépultures s’explique par un changement de dirigeants.
La muraille de la ville est haute de 17m, construite en blocs cyclopéens. On rentre dans
la citadelle par la Porte aux Lions, ce qui lui permet d’être protégé contre les attaques. Il y a
toutefois une autre porte dérobée permettant d’atteindre un point d’eau.
Le palais, au centre, est doté d’une grande cour. On y arrive grâce à un escalier
monumental. Il est composé de la salle du trône, de magasins (ce qui prouve encore une fois
que la fonction de stockage des récoltes est réservée à l’élite), d’un temple et d’un mégarone21.
Vers 1200 av. n.è., tous les palais mycéniens sont détruits et on tombe dans l’âge
sombre, du 11° au 8° siècles av. n.è. Il ne nous reste que très peu de sources archéologiques de
cette période.
8.2. Les cités-états grecques (7° au 4°s. av. n.è.)
Dès la fin du 8°s av. n.è., un nouveau type d’écriture apparaît : l’alphabet grec. Le
genre de l’épopée apparaît également dans les poèmes d’Homère.
Les cités-états naissent dans la première moitié du 7°s. av. n.è. Ces villes constituent
des colonies en ouvrant des comptoirs commerciaux et l’urbanisme s’organise. Les villes sont
différentes d’avant ; le carroyage est très régulier.
Athènes, Sparte et Corinthe ne seront jamais unies, sauf dans le cadre de la guerre
contre les Perses, qui conduira à la victoire lors de la bataille de Marathon.
Cependant, même si elles ne s’entendent pas, elles partagent la même culture
panhellénique. On voit partout l’apparition de sanctuaires réservés aux jeux (olympiques) par
exemple.
Athènes s’organise d’une manière spécifique. On y invente des ordres architecturaux
marquant tout l’architecture, et ce jusqu’au 20°s. On remarque différents styles : le dorique,
très simple ; ionique, plus arrondi ; et corinthien, très chargé, avec des modèles floraux.
La partie principale de la colonne est le fût, reposant sur un stylobate, sorte de plateforme surélevée. Un chapiteau est au sommet du fût. C’est lui qui permet de reconnaître de
quel style il s’agit. Au-dessus du chapiteau, se trouve l’architrave sur lequel est gravé la frise,
21
Grande salle avec un foyer central, précédé d’autres petites pièces.
- Arts et civilisations -
37
une alternance de triglyphe et de métopes22.
L’agora d’Athènes est le cœur de la démocratie et se situe au nord de l’acropole. Elle
est en fait sur le site de la première citadelle. Elle a été aménagée par Périclès, même si elle a
été quelque peu remaniée par la suite.
C’est à l’agora que se trouve le temple d’Héphaïstos, temple dorique et le mieux
conservé de Grèce. Autour de ce temple ont été construit le bouleuterion, la tholos23 et
l’odéon. Remarquons que l’agora est aussi un lieu festif.
L’acropole, quant à elle, est le lieu d’un rassemblement de temples. Il est d’ordre
dorique est construit sur le même modèle que celui de Mycène. C’est en -525 que l’on érige le
premier grand temple à Athéna. Ce dernier disparaîtra quand le Parthénon sera reconstruit.
On a retrouvé de nombreuses statues de kouros au Parthénon. Phidias est le décorateur
de ce lieu. Il se construit entre 448 et 437 av. n.è. Il est long de 69 m, large de 34 et les
colonnes font 10,5 m de haut.
Tous les calculs ont été faits sur base des chiffres 2 et 3. Les artistes étaient très mal
considérés : ils ne font qu’appliquer des mathématiques. Les colonnes du Parthénon sont
légèrement inclinées vers l’intérieur pour donner une impression de légèreté et d’harmonie. Les
colonnes extérieures sont également plus épaisses. On fait toujours très attention au problème
des proportions.
Différents temples se développent autour du Parthénon, dont l’Erechtéion : un temple
rassemblant tous les cultes anciens. Dans celui-ci, les colonnes sont remplacées par des
statues.
Les temples sont divisés en plusieurs parties : le stylobate (plate-forme), le péristyle
(colonnes), le pronaos (pièce-écran) et enfin le naos (cella).
Les théâtres sont une innovation grecque. Ils font partie du culte rendu à Dyonisos. Ils
sont composés de la scène, de l’orchestre (place du chœur) et de la cavea (gradins).
8.3. La sculpture de la période classique (5° et 4°s av. n.è.) à la période hellénistique
(3° à 2°s. av. n.è.)
Les kouros sont des sculptures monumentales apparues au 7°s. av. n.è. Ce qui
frappe, c’est l’aspect figé de leur représentation. On les regarde de face, essentiellement. Ils
ont les bras le long du corps, un pied en avant.
En -470, avec l’aurige de Delphes24, on passe d’un processus d’idéalisation, à un
certain naturalisme. Plus tard, on évoluera au naturalisme.
Les métopes sont des les pauses entre les parties gravées.
sorte de restaurant pour les hommes politiques.
24
La Sicile avait remporté une compétition sportive et Delphes lui avait fait cadeau de la statue.
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- Arts et civilisations -
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Étant donné que les sculptures grecques étaient en bronze, on ne connaît que leur
copies romaines, en marbre.
8.3.1. La mimesis.
On tente d’idéaliser le réel en idéalisant les formes. Le mouvement est maîtrisé et
l’équilibre est parfait.
8.3.2. Le naturalisme.
Jusqu’à présent, on se contentait de représenter un seul type d’individu. Maintenant,
on tente de reproduire les traits de la personne représentée. Héraclès de Farnèse, par
Lysippar.
8.3.3. L’art hellénistique.
L’équilibre des personnages représentés semble précaire. Les formes sont parfaites.
Les drapés sont tourmentés et donnent une impression de force et de tragique. Les sentiments
sont très forts. Gaulois se donnant la mort, Vénus de Milo, Victoire de Samothrace.
On prend véritablement possession de l’espace. La sculpture s’observe en trois
dimensions ; on est loin de l’art du kouroï.
9. ROME ET L’EMPIRE.
L’Empire d’Adrien s’étend du Moyen-Orient à l’Ecosse. Cet empire gigantesque est
couvert par un réseau routier dès le 2°s. av. n.è. Dans nos régions, nous retrouvons partout
des villes de type gallo-romain. Ce sont celles-ci que nous allons étudier.
9.1. Pompéi, introduction historique
Pompéi est un site magnifique, resté figé grâce (ou à cause) d’une éruption du Vésuve
le 24 août 79 ap. JC. Tout s’est retrouvé bloqué sous des mètres de cendre.
Pompéi se trouve en Campanie, une région très riche au niveau de l’agriculture. La ville
se trouve à la jonction des mondes oriental et occidental et est donc au centre d’échanges
commerciaux ; la société est très hiérarchisée.
Les maisons antiques du type de Pompéi se retrouvent jusque dans nos régions.
Les éruptions du Vésuve étaient fréquentes à l’époque. La dernière datait de 2000 ans
av. n.è. et il a fallu attendre le 6°s. av. n.è. pour que le site soit de nouveau habité.
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En effet, au 6°s av. n.è., Pompéi voit la construction d’un temple dédié à Apollon et
de maisons. Au 5°s, la ville s’entoure d’une fortification. Le site est géographiquement très
intéressant : il a été rendu fertile par les éruptions successives et un fleuve navigable passe à
proximité.
La cité est divisée en carré. Il y a d’un côté les îlots d’habitats, de l’autre les espaces
verts, ou encore les bâtiments publics. Le canevas est régulier et orthogonal dans tout le
territoire inclus dans la fortification.
On construit des laraires25 dans la maison. Sur l’un d’eux, on voit Baccus donner du vin
à un panthère. Le Vésuve est en arrière plan. La maison est placée sous la protection de ce
dieu. C’est une allégorie de la réussite de Pompéi et de la fertilité.
Au 6°s. av. JC. on avait oublié que le Vésuve pouvait être dangereux, mais un
tremblement de terre en 62 ap. JC. rappela qu’il était là. Cela provoqua un changement dans
les habitudes des habitants. On a dû reconstruire la plupart des maisons et des bas-reliefs
décrivent largement cet incident qui a marqué les esprits.
Le 24 août 79, Pline l’Ancien est témoin de l’éruption fatale du Vésuve. Ces épisodes
seront racontés par Pline le Jeune, son neveu.
Les cendres de l’éruption ont touché tout le sud-est. Au 19°s, lors des fouilles de
Pompéi, on a l’idée pour la première fois d’injecter du plâtre dans les creux. La vie s’était figée
en quelques minutes et on a pu recréer de cette façon du mobilier et des corps qui avaient été
fossilisés. On sortait ces objets comme d’une mine : avec des wagonnets.
Les fouilles deviennent plus méthodiques au 20°s. On laisse des sites de réserve que
l’on explorera avec de meilleures techniques et de meilleurs connaissances.
9.2. Caractéristiques architecturales.
Les axes routiers forment un canevas géométrique, mais n’ont pas la même taille (rue,
ruelle, impasse...) On entre dans la ville par des portes caractéristiques. Aux carrefours, on
retrouve la plupart du temps des accès à l’eau26, amenée par des aqueducs, construits dans
toute la campagne.
Nous verrons à Pompéi le théâtre, les thermes publics, le forum et l’amphithéâtre. On
en retrouve partout ailleurs, dans les grandes villes, mais pas aussi bien conservés.
25
26
autel particulier dédié aux ancêtres de la famille.
Puits ou fontaines.
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9.2.1. Les théâtres.
On peut dire que les théâtres matérialisent la mise en scène de l’urbanisme. Il est placé
à proximité du forum et d’un temple.
Le théâtre de Pompéi peut accueillir 5000 spectateurs. L’odéon, situé juste à côté, est
destiné aux spectacles musicaux ou aux déclamations.
Les théâtres sont construits grâce à des mécènes (souvent des personnages politiques
influents).
Les gradins sont divisés et chaque partie est réservée à une certaine classe sociale.
Certaines places sont marquées. On retrouve des théâtres dans toutes les villes importantes de
Gaule.
9.2.2. Les maisons.
Ce qui frappe dans les maisons de Pompéi, ce sont les peintures que l’on retrouve sur
les murs. Ce sont généralement les propriétaires qui se font représenter, toujours de façon très
stéréotypée. Ils ont toujours un air intelligent ou pensif.
9.2.3. Le forum.
Cfr. pp. 314-315 du manuel.
On érige sur le forum des temples dédiés aux empereurs morts et divinisés. Les
triomphes sont célébrés sur cette place. C’est le véritable lieu de la vie publique : on y fait les
communications au peuple, les spectacles de gladiateurs s’y déroulent.
Le forum accueillait aussi un marché important.
La grande Basilique est le siège du pouvoir civil. On y rend les jugements. Elle est
haute d’une ou deux galeries. Elle a été construite selon plusieurs ordres hellénistiques : le
dorique et l’ionique.
On a retrouvé à Pompéi 31 m de fresque représentant les activités que l’on pratiquait
sur le forum. Nous rappelons ici que tous les objets ont été retrouvés dans l’état dans lequel
ils ont été abandonné.
9.2.4. L’amphithéâtre.
Ce bâtiment a été inventé par les Romains. Celui de Pompéi est le plus ancien que
nous ayons découvert. On y organise des spectacles de gladiateurs, des courses et même des
combats navals.
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Le plan de ces amphithéâtres est elliptique. Les gradins sont également répartis en
fonction des différentes classes sociales. Ces édifices sont énormes ! Celui de Pompéi peut
accueillir jusqu’à 20 000 personnes.
Le modèle de Pompéi est copié partout en Gaule, notamment à Trèves, pas loin de
chez nous.
A droite de l’amphithéâtre est construit une palestre entourée d’une galerie. C’est un
espace d’entraînement sportif. On y forme des gens qui vouent un culte à l’empereur.
9.2.5. Les thermes publics.
Les thermes sont des espaces architecturaux très complexes, richement décorés. On y
retrouve toutes les couches de la population ; la différence de classe ne s’établit pas ici.
L’organisation du plan est rigoureuse ; il faut respecter un parcours établit comme
étant idéal. Après le vestiaire, on passe dans des zones tièdes, avant d’entrer dans la zone
chaude. Parfois, on repasse par des zones tièdes pour faire la transition avec les zones froides,
qui terminent le parcours.
Souvent les pièces sont chauffées grâce au système de l’hypocauste (chauffage par le
sol). C’est aussi le système de chauffage des piscines.
Les décors sont en incrustation de marbre et en mosaïque. Ces dernières se diffusent
dans tout l’empire. Les motifs qu’elles dessinent sont toujours adaptés au lieu qui les
comporte.
9.3. Maisons et boutiques.
La villa campanienne est composée d’un vestibule, suivi d’un espace d’accueil plus
large : l’atrium. Au bout se trouve une salle dans laquelle le propriétaire garde ses archives et
reçoit pour ses affaires.
La maison est un vrai mélange entre la vie publique et la vie privée. Il en va de même
pour toutes les autres constructions.
Les propriétaires se ménagent des espaces de jardin, qui peuvent aussi être peints sur
les murs d’enceinte.
L’atrium comprend le laraire (cfr. supra) et l’impluvium27. C’est lui qui marque la
transition entre la maison et la rue. Sur un mur, on a retrouvé la célèbre peinture “Cave
Canem”.
27
Bassin recueillant les eaux de pluie.
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Autre partie importante de la maison : le triclinium28. Des lits se combinent et
permettent de prendre les repas. On n’a pas décoré les sols, ni les murs, aux endroits où
étaient les meubles : on travaille à l’économie.
Les habitants se font représenter attablés. Autour de la salle à manger il y a des
chambres et une espèce de bureau.
On retrouve également une cour à péristyle. Parfois, il y a une salle à manger d’été et
des fontaines. La cour est décorée de fresque représentant des jardins luxuriants visibles
depuis le vestibule.
La domus est divisée en îlots, comme la ville. On ajoute des ailes annexes (pour les
esclaves par exemple) à partir d’un plan simple. On en arrive parfois à accoler diverses
parcelles. Les maisons sont alors transformées. On y trouve des bains privés.
Les boutiques et les espaces commerciaux sont les témoins d’un artisanat, mais aussi
d’espaces d’accueil des étrangers. Des sortes de “bars” intérieurs ou extérieurs permettent de
tenir les plats au chaud.
Le commerce du vin était prépondérant durant l’époque romaine. Il était contenu dans
des amphores, mais ces dernières avaient bien d’autres utilités. Leurs formes varient en
fonction de leur contenu.
Les boulangeries de Pompéi ont été très bien conservées. On a même retrouvé des
pains fossilisé, alors qu’on ne retrouve généralement pas d’aliments.
Les sols sont badigeonnés, incrustés de marbre ou de de mosaïques. Celles-ci sont
d’abord polychrome ; elles passeront ensuite au monochrome de noir.
9.4. La sculpture.
Toutes les sculptures romaines sont d’inspiration grecques. C’est d’ailleurs grâce à
cela que nous connaissons les sculptures hellénistiques. Elles ornent les fontaines et les jardins
des maisons.
9.5. Les enduits peints.
On distingue quatre style de peinture, ou systèmes de décoration. Le premier est celui
de la mode grecque. Il dure de 200 à 80 av. n.è.
Le deuxième est un style en trompe-l'oeil. Il y a plus de perspective. Les panneaux
sont séparés par des colonnes. L’architecture deviendra de moins en moins réaliste.
Le troisième style voit la généralisation de l’abstraction. Les couleurs sont vives et on
28
Salle à manger.
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représente des scènes mythologiques et exotiques. On travaille de nouveau par panneaux et on
ajoute encore de la perspective. Parfois, on voit des représentations mythologiques
égyptiennes.
Le quatrième style se développe dans les maisons restaurées. Il date donc d’après 62.
Le fond est noir, la peinture dorée. L’architecture est tout à fait irréelle. Le style devient
franchement fantastique.
Seul le style populaire reprend la vie de tous les jours. Les gens de la haute société se
font représenter hors de leur contexte de vie.
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