que l’Eucharistie est le pain de la route qui amène à la conversion ; et l’autre qui considèrerait plutôt la
communion comme la « récompense » de cette conversion. Il faudrait être en « état de grâce » pour
communier. Or c’est cette question-là qui est apparue : comment traiter cette vaste question théologique ?
Les personnes divorcées remariées nous interpellent, nous qui pouvons communier. Et sans doute
avons-nous à retrouver une certaine exigence pour nous approcher de l’Eucharistie : à nous confesser et
vivre davantage une certaine cohérence de foi et de vie. À voir la file de communion et la file de
confessions, nous ne pouvons que constater la différence qui devrait être, de fait, une cohérence !
Certes, les personnes divorcées remariées avancent aussi le fait que les prêtres ou les religieux peuvent,
C’est vrai qu’il n’y pas d’incompatibilité théologique entre le mariage et le sacrement deeux, se remarier.
l’ordre reçu. Mais il existe aussi une véritable analogie sacramentelle des vœux religieux, même s’ils ne sont
pas des sacrements. Certes, certains peuvent penser qu’un prêtre est parfois plus aisément relevé de son
engagement qu’un mariage reconnu invalide : cette question a aussi été soulevée au synode ! Je comprends
le « scandale » que peuvent susciter ces « dispenses ». Pourquoi autoriser plus facilement à « divorcer » de
Dieu, se disent-ils ? Les pères synodaux ont donc souhaité que soit mieux traiter cette question, mieux
accompagner et expliquer cette pratique. Au fond, ne faut-il pas la remettre en cause et revenir à une
certaine radicalité de l’engagement et de sa permanence, notamment des vœux religieux ? Là aussi, c’est une
plus vaste question qu’il n’y paraît.
Imiter l’humilité synodale
Ce que je veux dire par là, c’est que certains commentaires et certains avis des uns ou des autres,
parfois, n’ont pas eu ou n’ont pas encore l’humilité des pères synodaux. Une théologie de la spiritualité
conjugale à encore à creuser ; la théologie sacramentaire est à reprendre aussi. Le péché originel n’est pas
qu’un péché individuel : c’est d’abord la communion d’amour de l’homme et de la femme, qui est la
première image de Dieu laissée en notre nature, qui a été blessée. C’est d’ailleurs le premier geste que le
Christ pose, dans l’évangile, au mariage de Cana. Il est venu restaurer cette conjugalité, signe de l’amour de
Dieu, signe de Dieu même !
De la même façon, recevoir les sacrements n’est jamais un pur acte individuel : il irrigue la vie sociale, la
vie de l’Église ; il est « signifiant » pour elle. Le sacrement de mariage est aussi à comprendre comme un
sacrement de « guérison » et de rayonnement de cet amour guéri par la grâce de Dieu. Le sacrement de
mariage n’est pas magique ; il faut aussi accompagner notre nature blessée. C’est toute la mission accomplie
par le Christ ; c’est toute la mission qu’il a confiée à Son Église. C’est évidemment bien plus large que et
c’est cela qui fonde l’humilité actuelle des pères synodaux.
Une théologie prophétique
La théologie conjugale de l’Église est prophétique pour notre monde, je le crois ! Ce n’est pas parce que
la vérité de la foi ne correspond plus aux attentes de la majorité qu’elle doit évoluer : Jésus lui-même n’a pas
d’abord cherché à plaire.
Chacun de nous est appelé à une conversion puisque ce n’est pas à la vérité de se plier à la « réalité » des
choses et de nos vies ; mais bien à nous de nous conformer à la vérité de Dieu et ce qu’il veut pour l’homme
et pour la femme. La miséricorde, en cela, signifie que l’homme peut cheminer vers cette vérité, parfois en
prenant beaucoup de temps, certes … mais en cheminant vers elle quand même ! Par sa théologie conjugale,
l’Église nous montre que notre foi ne peut se vivre de manière désincarnée et combien tout notre corps est
engagé dans notre réponse à Dieu.
Père Cédric +