TROPISME DES VIRUS GRIPPAUX HUMAINS ET AVIAIRES Les grandes pandémies de grippe résultent de la dissémination explosive de souches de Myxovirus influenzae de type A. Elles présentent alors des propriétés antigéniques différentes leur permettant d’échapper à la réponse immunitaire des sujets jusqu’alors exposés aux souches précédentes. Les oiseaux constituent un réservoir naturel important pour ces virus qui peuvent présenter jusqu’à 15 sous-types d’hémagglutinines (HA) et de neuraminidases (NA). La plupart du temps, ces infections prennent la forme d’épizooties. La contamination humaine et plus encore la transmission inter-humaine restent rares, bien qu’elles soient possibles comme lors de l’épidémie de virus aviaire de 1997 à Hong-Kong (18 infections chez l’homme dont 6 décès). Cette barrière d’espèce relative est due au tropisme différent des virus humains et aviaires. En effet les premiers se fixent aux cellules de l’arbre respiratoire sur des glycoprotéines ou des glycolipides au niveau de liaison 2-3 de résidus sialyl-galactosyl alors que les seconds ont une affinité pour les liaisons 2-6. Une équipe allemande a étudié le tropisme de ces 2 types de virus sur des cultures primaires de cellules épithéliales humaines. Les virus humains infectent prioritairement les cellules non ciliées alors que les virus aviaires se fixent aux cellules ciliées. En utilisant des lectines spécifiques, les auteurs ont prouvé que les cellules de l’arbre respiratoire expriment plutôt des acides sialiques avec des liaisons 2-6, cibles privilégiées des virus humains. Toutefois, on retrouve sur une minorité de cellules ciliées des liaisons 2-3, portes d’entrée potentielles des virus aviaires. Ces travaux expliquent donc que certaines souches aviaires puissent trouver des cellules-cibles broncho-pulmonaires. Toutefois, elles restent très minoritaires, ce qui suppose que la quantité de virus inhalée soit très importante pour que l’infection devienne symptomatique ou grave a fortiori. Ceci permet de comprendre la rareté des transmissions inter-humaines de virus aviaires. L’épidémie de virus H5N1 à Hong-Kong relève ainsi probablement de l’exception. PNAS 2004 / 4620 - 4624 1/1