Numero 3-2: 2012
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Évaluation de l’efficacité d’un traitement ostéopathique
sur les effets secondaires et la qualité de vie de patients sous chimiothérapie
Introduction
Aujourd’hui, le cancer est devenu un problème de santé
majeur. Cette pathologie constitue, avec 7,6 millions de vic-
times par an, l’une des principales causes de mortalité dans
le monde [1]. En France, il s’agit de la première cause de dé-
cès chez l’homme (32,9 %) et de la deuxième chez la femme
(23,4 %) [2]. En 2010, on estime le nombre de nouveaux dia-
gnostics de cancer à 203 100 chez l’homme et 154 600 chez
la femme. En 25 ans, la fréquence de survenue a quasiment
doublé chez l’homme (+93 %) et fortement augmenté chez la
femme (+84 %) [2]. Chez les femmes, les cancers les plus fré-
quents en 2010 sont dans l’ordre : le cancer du sein, le cancer
colorectal, puis celui du poumon. Chez les hommes, le cancer
de la prostate est le plus retrouvé, suivi de celui du poumon et
du cancer colorectal [3].
Le taux de mortalité toutes localisations confondues a di-
minué d’environ 15 % si l’on compare les périodes 1983-87
et 2003-07. Cette diminution est due à la baisse des conduites
à risques, à la généralisation des dépistages organisés et
à l’amélioration des diagnostics et des traitements [4]. Le
taux de survie relative à cinq ans, tous cancers confondus,
est estimé à 53 % [5]. Toutefois, les évolutions dépendent de
la localisation et du stade de développement au moment du
diagnostic.
Le traitement du cancer requiert plusieurs outils thérapeu-
tiques :
- la chirurgie et la radiothérapie externe, premiers traite-
ments envisagés, sont utilisées dans la plupart des can-
cers localisés ;
- la chimiothérapie, qui permet également de lutter contre
les cancers invasifs ou généralisés, dont le pronostic est
plus réservé.
À ce triptyque de base s’ajoutent des méthodes récentes qui
permettent, dans des cas précis, des traitements plus spéci-
fiques :
- l’hormonothérapie, qui concerne les cancers hormono-
dépendants ;
- la curiethérapie (ou radiothérapie interne) ;
- l’immunothérapie.
Ces thérapies sont utilisées seules ou en association. Elles
visent à guérir la maladie lorsque cela est possible (traite-
ment curatif), ou à augmenter l’espérance de vie du malade
et améliorer sa qualité de vie (traitement palliatif).
La chimiothérapie consiste en l’administration de subs-
tances chimiques, par voie intraveineuse ou orale, qui
permettent de tuer des cellules cancéreuses actives dans
l’ensemble du corps. Cette forme de traitement a connu une
augmentation de 24 % entre 2005 et 2009 [6]. Les molécules
cytotoxiques utilisées lors d’une chimiothérapie agissent sur
les cellules à croissance rapide. Certaines cellules saines vont
donc également être endommagées, ce qui explique l’appari-
tion potentielle de plusieurs effets secondaires. On retrouve
principalement une fatigue importante (symptôme le plus
fréquent) [7], des nausées et vomissements, des troubles du
transit (diarrhées, constipations) et des douleurs [8]. L’en-
semble de ces effets chimio-induits se répercute sur la quali-
té de vie des malades, ceux-ci les considérant parfois comme
plus invalidants que la maladie elle-même. Ils peuvent être à
l’origine de l’arrêt ou de l’espacement des chimiothérapies
en cas de trop grande asthénie.
Des avancées importantes ont été réalisées ces dernières
années dans la prise en charge allopathique des nausées et
vomissements (avec l’association sétrons-aprépitant notam-
ment). Malgré cela, 30 % des patients continuent à éprouver
ce type de symptômes dans la semaine qui suit la cure [9].
L’incidence et la sévérité des signes dépendent du type
de chimiothérapie, des doses, de l’association avec d’autres
médicaments mais aussi de l’état physique et psychologique
du patient, ainsi que de son hygiène de vie [10].
Selon une étude américaine sur 487 patients, près de la
moitié (48 %) des patients traités par chimiothérapie et ra-
diothérapie ont aussi recours à des médecines complémen-
taires [11]. Parmi elles, on retrouve le plus souvent l’homéo-
pathie, la phytothérapie, l’acupuncture et l’ostéopathie [12].
Plusieurs études [13-18] ont montré les bénéfices de ces
thérapies dans la lutte contre les effets secondaires chimio-
induits, notamment en acupuncture.
En ostéopathie, plusieurs études ont récemment abordé
ce sujet. Les résultats se sont avérés positifs sur la qualité de
vie et la diminution des effets secondaires chez des patients
atteints d’un cancer, pendant leur période de chimiothérapie.
Jarry et al. [19] et Doucet [20] ont observé que l’application
d’une technique ostéopathique sur la région hépatique per-
mettait de diminuer l’ensemble des symptômes digestifs res-
sentis par les patients (fatigue, nausées, vomissements, diar-
rhées et constipation). Cependant, les effectifs étaient faibles
dans ces deux études. Menard-Daraillans [21], en utilisant des
techniques dites d’« équilibration des trois diaphragmes »,
d’« équilibration hépatique » et « crânio-sacrées », a obtenu
une diminution des effets secondaires digestifs chez tous
les patients traités. Cependant, son étude ne comportait pas
de groupe témoin ni de critère de jugement référencé. Les
résultats de Meric de Bellefon [22] et de Bertier [23] sug-
gèrent une efficacité d’un traitement ostéopathique sur la
douleur cancéreuse. L’étude de Decoux [24] sur 82 sujets a
établi qu’un traitement ostéopathique pouvait améliorer de
manière significative la qualité de vie des malades, évaluée à
l’aide un questionnaire référencé, le QLQ-C30 [25].
Face au problème de santé publique que représente le can-
cer, il nous semble important de réaliser une étude multicen-
trique randomisée. Une telle approche aura pour avantages
de ne pas rendre l’étude praticien-dépendante et d’intervenir
sur un effectif important de patients.
Toutes les parties du corps sont reliées par la vascularisa-
tion, le système nerveux, le tissu conjonctif, le système lym-
phatique et hormonal. Afin de respecter le principe d’unité
du corps, fondement principal de l’ostéopathie, il nous
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La Revue de l'Ostéopathie